Problème de sociabilité

  • asilum

    Membre
    11 mars 2023 à 7 h 23 min

    Bonjour.

    Je me permets d’apporter une réponse, même si tu as supprimé ton compte. Peut-être que tu continues à suivre cette conversation. Sache que tu n’es pas du tout un cas isolé et je rejoins certains messages: C’est en grande partie la dépression qui nous pousse au repli sur soi. On est épuisé, en manque de confiance, pessimiste et écœuré par une société qui a l’air de ne pas vouloir de nous.

    Je te partage un peu de ma maigre expérience: De la maternelle jusqu’à la fin du collège, je n’avais quasiment aucun ami. Je m’entendais bien avec des camarades de classe filles, mais me retrouvais souvent seule à la récréation. Je me souviens que quand j’avais 5-6 ans, je restais devant les grilles de l’école en me disant qu’il ne restait plus que quelques mois à tenir avant d’entrer en primaire. J’étais persuadé qu’un autre monde, bien meilleur que celui des tous petits, m’attendais. Je réfléchissais déjà à ce que je pourrai y apprendre.

    Cela a été une grande désillusion, évidemment. J’étais déjà très introvertie et timide, je ne dirai pas que ce fut pire, mais ça ne s’est pas réellement amélioré non plus. J’ai subi des moqueries, du rejet et j’avais des maîtres/maîtresses très violents (tirage de cheveux/oreilles, règle sur les doigts, humiliations diverses comme un vidage de case devant les autres élèves en me gueulant de ranger. Je me vois encore sur mes deux genoux, en pleurs, en train de ramasser les protecteurs de feuilles A4 transparents. Pendant la pause, je me suis enfermée dans les toilettes pour continuer à pleurer. Quand je suis ressortie, j’ai croisé le maître qui m’a présenté des excuses. J’ai conscience qu’il y a pire, mais ça n’enlève rien au traumatisme).

    Cela a continué au collège, tournant cette fois au harcèlement, avec violences physiques.

    Par choix, j’ai souhaité redoubler ma troisième, n’ayant pas obtenu l’orientation que je souhaitais. Cela a été la meilleure décision de toute ma vie. Cette année a été magique. Je ne saurai décrire à quel point ma classe était en phase. Chacun s’acceptait tel qu’il était, sans jugement. On apprenait à se connaître, partageait des activités, des sorties, très régulièrement, se couvraient mutuellement en cas de (petites) bêtises. On passait quasiment tout notre temps libre ensemble, en fait. Nous étions un groupe d’une quinzaine de personnes avec de grosses affinités et je me sentais vraiment à l’aise avec elles. J’avais aussi quelques amies en dehors de ma classe avec lesquelles je traînais de temps à autre.

    Cette année là, j’ai eu les meilleurs résultats scolaires, pas seulement car j’avais redoublé. J’avais des enseignants très impliqués et ils semblaient vraiment apprécier notre classe. Il y avait généralement une bonne ambiance et tout le monde s’entraidait. Cette seule année reste gravée dans ma mémoire, jusqu’à aujourd’hui. Les suivantes ont été fades, en comparaison. Plus le temps passait et moins ça allait d’ailleurs. Bien que je ne subissais plus de harcèlement, je rencontrai d’autres problèmes (familiaux, santé, matériels…)

    Ma scolarité, mise à part cette année bénie, a été un véritable calvaire. Au point que j’ai développé une phobie scolaire à partir de la première. J’avais une prof principale horrible, qui nous terrorisait. A chaque cours, y avait au moins une personne qui finissait en pleurs. Mais on avait pas le droit de se plaindre, à cette époque, dans ce contexte “précaire”, c’était “normal” que le prof se comporte comme une pourriture et prenne de haut les élèves. On en avait eu quelques autres comme ça, mais elle, c’était vraiment un cas relevant de la psychiatrie. On sentait qu’elle était dégoûtée de nous avoir en élèves et ne se gênait pas pour nous le dire.

    J’aurai aimé continuer mes études, j’ai commencé la fac, me suit fait un ami puis j’ai arrêté les cours, l’angoisse étant trop forte. A ce moment là, j’ai réalisé que je ne pourrai jamais être en couple. Le simple fait de recevoir trop de textos / appels me stressait. Je n’ai jamais été une personne très bavarde oralement et si je voulais avoir une conversation en bonne et due forme à l’écrit, je passais par MSN ou skype. J’ai découvert les “joies” du smartphone en 2014. Je n’aimais pas spécialement les réseaux sociaux. Je m’y implique un minimum depuis 2015 et seulement dans les périodes ou personne ne me parle.

    Concernant la famille, c’est un peu compliquée, sans entrer dans les détails, je n’étais pas désirée par ma mère et elle me l’a bien fait comprendre par diverses violences, parfois très extrêmes. Mes n’étaient pas bien mieux, pour ma sécurité et ma santé mentale, je les ai fui il y a 7 ans. Il me restait quelques amis que j’ai perdu au fur et à mesure du temps. J’ai donc cessé de m’impliquer avec autrui. Ceux qui veulent me parler, me parlent, les autres, je n’irai pas les chercher. Je fais évidemment le premier pas quand j’en ai envie, je ne me prends plus la tête à savoir si la personne apprécie de me parler ou non, si elle aime ma personnalité. J’ai appris à m’auto-suffire.

    J’ai aussi eu de nombreuses rechutes au niveau de la dépression, pris des anti-dépresseurs, fait une dizaine de thérapies, même du coaching et cela a eu des bienfaits, mais pas autant que ce à quoi je m’attendais. Depuis Janvier, après 1 an et demi sans rien, je suis à nouveau sous traitement. Ma psychologue quitte la structure (c’est la seconde fois en 2 ans) et je ne pense pas débuter à nouveau un suivi là-bas, puisque ce n’est pas super fiable et une fois par mois reste une fréquence. Le problème de la santé mentale en France, c’est qu’elle est mal gérée, sous traitée/estimée. Dans ma ville, il n’y a qu’une psychologue en libéral, 0 psychiatre, l’hôpital à proximité est à une vingtaine de kilomètres, très peu accessible en transports depuis ma ville (je ne peux pas conduire, c’est d’ailleurs également une des choses qui fait que j’ai du mal à sortir, ma petite ville de banlieue est elle-même très isolée). </font>

    Je dirai que cela fait 5 mois que je suis dans une phase dépressive aiguë et n’ai plus du tout envie de faire des rencontres, ni réellement discuter. Je pense que tout s’est aggravé avec les confinements et étant non injectée, j’ai subi les restrictions et passes jusqu’à la mi 2022. J’ai l’impression que cela a créé un énième traumatisme, suite à tant de rejet/violence venant des médias, du gouvernement et même de personnes pour lesquelles j’avais un tant soi peu d’estime. Plus le temps passe et plus les quelques repères qui me restent fondent comme neige au soleil. C’est comme cette histoire de wokisme auquel je ne pige absolument rien et dont j’entends parler à longueur de temps.

    Je n’ai pas vraiment de conseils à donner, je ne sais pas si j’arriverai à nouveau à me lier et faire confiance. La seule chose qui m’aide, c’est de me créer une bulle. Depuis petite, je suis happée par mon imagination. J’ai inventé et écrit des milliers d’histoires / personnages, le monde des songes m’a toujours paru plus appréciable que la réalité, car tout y est possible (à une époque, j’étais très impliquée dans les rêves lucides). Etrangement, c’est dans mes rêves que j’ai le plus de relations. Inconnus, anciens amis, famille… Je ne suis quasiment jamais seule et j’apprécie plutôt de passer du temps avec des gens imaginaires avec lesquels je ne me prends pas la tête.

    Si jamais tu souhaites revenir sur le site, ce serait avec plaisir que j’échangerai avec toi. Essaie de ne pas t’isoler encore plus que tu en l’es. Comme il a été dit plus haut, tu as le droit d’être toi-même et t’en foutre de ce que les gens pensent. Peut-être que ton environnement n’est pas adapté à toi. Parfois, le changement fait du bien. Je m’efforce de trouver un endroit ou déménager, car j’ai besoin de prendre un nouveau départ.

    Mes excuses d’avoir autant parlé de moi. Je ne sais pas si mon message aura une quelconque utilité, mais cela m’a fait du bien de le partager à d’autres personnes.

    Bon weekend.

  • felicia

    Membre
    5 avril 2023 à 18 h 21 min

    Je connais aussi des problèmes de sociabilité, pourtant, je suis avenante, je sais comment faire démarrer une relation et l’entretenir au fil du temps. Mais arrive toujours un moment où je ressens le décalage et où cela commence à me poser problème. Concrètement, j’ai peur que les autres finissent par se rendre compte que je réfléchis, quand eux fonctionnent pour la plupart et la plupart du temps sur des modes plus légers :

    – mode 1 : “on s’amuse, pas de prise de tête”

    – mode 2, pour les intellectuels : “on répète tout ce qu’on connait sans avoir besoin de le questionner”.

    J’en viens alors à rationnaliser la relation, à voir ce qu’on peut dire dans telle ou telle situation et à chercher la façon de le dire, et je finis par me lasser, car ce n’est plus naturel et que cela requière de ma part des efforts d’adaptation quasi constants. Peut-être que dans le fond, je crains simplement d’entendre de leur part des phrases que j’ai détestées entendre par le passé : “pourquoi tu te prends la tête ?”, “tu te poses trop de questions”, “on s’en fout de ça” etc etc

    Le souci, avec les relations sociales, c’est que moins on pratique, moins on se sent à l’aise… C’est ensuite un cercle vicieux qui se met en place dont on ne peut sortir qu’en se faisant “violence”, pour ma part en tout cas, cela fonctionne comme ça.

  • manuel2210

    Membre
    5 avril 2023 à 18 h 30 min

    Très bien résumé, j’en suis à m’en vouloir quand je m’aperçois que j’ai été trop loin 😒

  • skhaar

    Membre
    5 avril 2023 à 21 h 49 min

    Bonsoir,

    J’ai mis du temps à répondre parce que je ne l’ai simplement pas pris, et peut-être un peu parce que je ne me sentais pas forcément prêt à prendre la parole, mais qu’à cela ne tienne !

    En l’occurrence, je me retrouve parfaitement sur tous les aspects que tu évoques. J’ai eu plusieurs chances dans la vie (en plus d’être THQI), mais cela n’a pas été sans heurts ! Un ami parfait puisque c’est presque moi (sauf que lui est probablement asperger & hpi), un femme qui a appris à me connaître et qui accepte et tente d’appréhender ma psychologie particulière, mais qui me guide aussi.

    J’ai passé pas mal de temps à apprendre de moi-même, et mon fils miroir m’a forcé la main (sans le vouloir, bien sûr, il est trop petit), et a apporté certains éclairages qu’il me manquait.

    En bref, je pense pouvoir apporter des conseils utiles :

    – un vrai ami ne fait pas que t’accepter : il partage avec toi. Du temps, des expériences, des idées, des émotions. Ses émotions. Et ses interrogations. Un vrai ami ne juge pas, donc ose ! Résultat garanti : c’est un vrai ami, ou tu le supprimes de ta liste !

    – Des gens comme nous, il y en a un peu partout, disséminés. Nous sommes tristes et découragés parce que nous sommes peu nombreux, parsemés, et partiellement rejetés par le reste de la société. Il faut donc multiplier les occasions de découvrir de nouvelles personnes ; tu veux gagner du temps ? normal. Alors, n’hésites pas à bousculer les usages. Franchement, rien à cirer des échanges à la noix (comment je parle bien…). Les gens comme nous ne s’offusquent pas de la franchise et de l’honnêteté. Du langage direct et sans filtre. Ce premier tri est extrêmement rapide ! De plus, tu trouveras plus de gens comme nous (en proportion) dans les activités que les autres fuient : le JdR, les jeux de réflexions, les sciences, etc. Ne te limite pas à ton seul champ de préférence, ce serait jeter des occasions par la fenêtre, sans parler que tu n’élargirais pas tes propres horizons par la même occasion.

    – Garde en tête que tu croises des gens comme nous dans la rue ; tu entends une conversation passionnante ? Introduis-toi ! Quelqu’un ouvre une entreprise hyper technique ? Pose des questions. Agis pour toi ! Fais fi du reste ! L’honnêteté t’apportera ce dont tu as besoin, si tant est que tu recherches suffisamment…

    (Et bien entendu, ce sera plus facile dans une ville qu’en campagne, etc., mais les proportions, tu connais hein !)

    EMM

  • Membre Inconnu

    Membre
    7 avril 2023 à 17 h 18 min

    J’ai une astuce au travail !

    Avant tout le monde me détestait parce que je savais tout sur tout! J’étais solo, j’ observais tout et je posait trop de questions auxquelles personne n’avait jamais pensé !

    # pour qui elle se prends pour perturber notre routine confortable ? Elle veut se montrer! Elle veut être cheffe?Et après on va devoir réfléchir, changer nos habitudes!…c’est fatiguant #

    Moi je voulais faire progresser les choses … comprendre…apprendre encore…

    Et un jour j’étais convoqué par ma directrice qui m’a dit clairement : Vous n’êtes pas payer pour réfléchir! 👑 STOP

    ( mdr c’est son boulot)

    Maintenant quand je vois qu’un collègue vient vers moi, je le félicite sur son travail (tu es rapide! Tu as du doigté! C’est bien ce que tu fais !…ect)

    Nb un peu d’hypocrisie au travail ne fait pas de mal

    je lui pose des questions sur son expérience, je lui demande ses techniques…. bref je m’intéresse à eux … même si des fois (souvent) ce ne sont pas des lumières….🕯ils se sentent bien et le travail est plus facile.

    Je suis plus appréciée 🤪

    Les questions, c’est comme les conseils….une fois de temps en temps…

    Jamais parler de sujets profonds ou perso!

    Quand je travaille je pense à autre chose… et du coup je peux évoluer dans l’entreprise😁

    Bref: les relations sociales sont parfois illogiques et pénibles et c’est comme ça

  • manuel2210

    Membre
    7 avril 2023 à 17 h 30 min

    Merci pour ce message, il me fait un bien fou, je me sentais vraiment perdu, et penser vraiment être perturber. Merci encore !

  • Membre Inconnu

    Membre
    7 avril 2023 à 20 h 01 min

    @FLORA03 on peut flatter l’ego sans forcément passer par du mensonge. On le fait facilement avec les enfants…

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