Tout savoir sur l’effet rebond (et l’effet Streisand)
Quand on parle d’effet rebond depuis l’invention d’internet, on a tendance à penser à l’effet Streisand. Mais les deux notions ne sont pas exactement synonymes. Nous allons ici nous attacher plus particulièrement au biais cognitif nommé “effet rebond“, qui s’exprime de bien des façons.
Nous nous attacherons ensuite à savoir si l’effet rebond est plus ou moins présent chez les Haut Potentiel Emotionnel et/ou les Haut Potentiel Intellectuel.
Faisons-le point.
Qu’est-ce que l’effet rebond ? Définition
L’effet rebond se produit lorsque la tentative d’inhiber ou de supprimer une pensée spécifique aboutit à son renforcement et à son augmentation de saillance. En d’autres termes, au lieu de diminuer, la pensée que l’on tente de réprimer devient plus persistante et plus difficile à ignorer.
La mesure de l’intelligence est la capacité de changer.
Albert Einstein
(retrouvez d’autres citations sur l’intelligence)
Ce phénomène peut être observé dans divers contextes :
- au niveau individuel, comme dans la gestion des pensées intrusives,
- ou au niveau social, tel que l’effet Streisand où la tentative de censurer une information entraîne une plus grande attention médiatique.
Pour illustrer cet effet, une expérimentation a montré il y a quelques années qu’une communication anti-raciste menée dans un collège suédois durant quelques mois, bien loin de faire diminuer le racisme, l’avait sensiblement renforcé chez une part significative des élèves concernés.
De quoi faire réfléchir, espérons-le, les associations et activistes qui partent parfois (souvent ?) du principe que “le plus est toujours le mieux”, au mépris de nombreux biais cognitifs…
Autrefois, quand on était las et dégoûté du monde, on entrait au couvent ; et lorsqu’on avait du bon sens, on y restait. Aujourd’hui, quand on est las et dégoûté du monde, on entre dans la révolution, et lorsqu’on est intelligent, on en sort.
Georges Darien – Le Voleur
A quoi est dû l’effet rebond ?
L’effet rebond est souvent lié à des mécanismes psychologiques tels que la réaction défensive, où les individus peuvent ressentir un besoin de protéger leurs croyances ou leurs idées, et la suppression mentale, où le simple fait de tenter de supprimer une pensée peut la rendre plus prégnante. Comprendre ces mécanismes peut être utile pour mieux appréhender la manière dont l’effet rebond peut se manifester dans différents contextes.
Dans le cas des acouphènes, par exemple, la médecine n’ayant pas grand chose à proposer à l’heure actuelle, il est souvent conseillé au patient d'”apprendre à vivre avec”… Autrement dit d’y penser le moins possible, sous peine de voir les symptômes se renforcer. Inutile de dire que si, dans les cas les moins sévères, la conscience de cet effet rebond peut être salutaire, elle n’est en revanche malheureusement pas d’une grande aide lorsque les acouphènes sont invalidants.
Autre exemple : si quelqu’un essaie de convaincre une personne d’abandonner un préjugé en présentant des faits et des arguments logiques, cela pourrait parfois conduire à un renforcement de la conviction initiale plutôt qu’à un changement d’opinion.
Comment l’expliquer ? Cela pourrait être attribuable à des mécanismes tels que la réaction défensive, où la personne se sent attaquée et renforce, en réaction, sa position initiale. C’est précisément ce qui s’est passé lors de l’expérience menée en Suède, évoquée quelques lignes plus haut : à force de se faire accuser de racisme, des élèves qui n’en présentaient que peu (voire pas) de trait ont fini par le devenir.
Autant dire qu’à une époque où la polarisation de la société est au cœur de bien des préoccupations, ignorer (voire nier) l’existence de ce biais ne serait pas très raisonnable.
La philosophie est une lutte contre la manière dont le langage ensorcelle notre intelligence.
Ludwig Wittgenstein
En résumé, en matière de biais de raisonnement, un effet rebond pourrait se manifester lorsque les efforts visant à atténuer un biais spécifique ont pour résultat paradoxal de renforcer ce biais. Cependant, il est essentiel de noter qu’en matière de biais cognitif et de raisonnement, l’expression “effet rebond” n’est pas un terme standardisé : l’utilisation précise du terme peut varier en fonction du contexte spécifique de la discussion sur les biais cognitifs et de raisonnement.
Effet rebond et douance
L’effet rebond, en tant que biais cognitif, ne semble pas être spécifiquement lié à la douance. Il est important de reconnaître que les surdoués peuvent être confrontés à d’autres défis spécifiques liés à leur sensibilité, à leurs interactions sociales, et à leurs attentes élevées, mais ces défis ne sont pas nécessairement liés à l’effet rebond en tant que biais cognitif.
Tout du moins, il semble hasardeux, en l’état actuel des connaissances, d’envisager sérieusement un lien direct entre la douance et ce phénomène d’effet rebond.
Quoiqu’il en soit et comme pour tout biais cognitif, chaque individu, indépendamment de ses capacités intellectuelles, peut être sujet à une variété de biais cognitifs. Heureusement, la conscience de ces tendances est une des meilleures façons de contribuer à améliorer la prise de décision et la pensée critique.
Effet rebond et pensée en arborescence
Creusons néanmoins un peu plus la question et abordons la question de la pensée en arborescence…
Cette forme de pensée, également appelée pensée divergente (autant dire qu’elle n’est pas appréciée de tous 😉 ), est un mode de pensée où une idée génère plusieurs idées connexes. Il s’agit souvent d’une pensée exploratoire qui peut être très créative et permet d’explorer différentes perspectives et solutions.
On a tendance à considérer que la pensée en arborescence est plus fréquente et/ou plus développée chez les “zèbres” : elle est ainsi généralement citée parmi les caractéristiques du HPI.
Si la pensée en arborescence est un outil intellectuel formidable, elle peut peut parfois entraîner des associations d’idées qui ne sont pas nécessairement basées sur des faits concrets.
En relation avec l’effet rebond, il est ainsi possible que la pensée en arborescence puisse contribuer à l’aggravation du biais cognitif dans certains cas. Si une personne utilise la pensée en arborescence pour justifier ou renforcer une croyance préexistante, cela pourrait potentiellement amplifier le biais en créant des connexions entre des idées qui ne sont pas nécessairement étayées par des données objectives.
Cependant, la pensée en arborescence en elle-même n’est pas nécessairement la cause de l’effet rebond. C’est plutôt la manière dont elle est utilisée dans un contexte particulier qui peut influencer la façon dont un biais cognitif se manifeste.
En général, la pensée en arborescence peut être une compétence précieuse pour la créativité et l’exploration d’idées, mais comme pour toute méthode de pensée, il est essentiel d’exercer un discernement critique et de s’assurer que les conclusions ne sont pas simplement des rationalisations renforçant des biais cognitifs préexistants.
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