Syndrome de l’imposteur

Le syndrome de l’imposteur est connu de tout adulte surdoué, qu’il soit Haut Potentiel Emotionnel (HPE) ou Haut Potentiel Intellectuel (HPI).

Autant que l’effet Barnum, probablement.

Mais de quoi parle-t-on exactement ?

Qu’est-ce que le syndrome de l’imposteur ? Définition

Le syndrome de l’imposteur est connu sous d’autres noms (moins populaires, tout de même 🙂 ) comme, par exemple, “phénomène de l’imposteur“, “syndrome de l’autodidacte“, ou encore “expérience de l’imposture“.

Il intervient lorsque le sujet, en dépit de preuves extérieures, objectives, de compétences et de succès, continue de se sous-estimer. Au point d’avoir dans la tête, chaque jour, au bureau, une petite musique qui lui susurre quelque chose comme “un jour ils vont se rendre compte que tu n’as pas ta place ici, que se passera-t-il alors ?” ou “toute ta vie tu as fait semblant de savoir et de savoir faire, mais un jour ils vont réaliser que tout ça n’est qu’apparence et qu’au fond tu ne sais rien”.

Il y là bien entendu une notion de mérite, ou d’absence de mérite. Ce qui peut donner, à l’extrême, l’impression d’avoir volé la place de quelqu’un (qui, lui, la mérite, évidemment ! 🙂 ). On parle d’ailleurs parfois d’auto-doute… Qui peut donner lieu à une auto-flagellation permanente.

Comment se fait-il que certaines personnes se voient ainsi comme des imposteurs, des fraudeurs, alors même que ce… n’est tout simplement pas le cas ? Les explications sont nombreuses, à commencer par un biais d’attribution : la personne va ainsi, sans s’en rendre compte, attribuer toutes ses réussites, ou tout au moins la plus grande partie d’entre elles, à des facteurs externes (le hasard, le chance, le fait d’avoir profiter des problèmes rencontrés par d’autres… La liste est longue).

Partant, celui qui se perçoit comme un imposteur vit souvent dans la crainte que sa véritable identité (imaginaire, donc) soit révélée au grand jour. Par conséquent, le syndrome de l’imposteur s’accompagne souvent d’une anxiété de performance, voire d’une anxiété généralisée dans les cas les plus douloureux. Forcément… Difficile d’être serein quand vous vivez dans la peur, chaque jour, que tout peut s’effondrer.

Difficile de dire si le syndrome de l’imposteur touche plus certaines catégories de personnes que d’autres, mais il est permis de penser qu’on le trouve facilement au sein de certaines populations, comme par exemple celles des étudiants jeunes diplômés, celles des débutants dans leur métier (quelque soit leur âge, donc), ou encore celle des employés qui viennent de recevoir une promotion.

Néanmoins, il peut exister chez quelqu’un de haut placé, et qui occupe le poste en question depuis plusieurs années… Quelque part, c’est un vrai talent d’être capable de “frauder” aussi longtemps, non ? 😉

Sans surprise, si vous travaillez dans un domaine où la concurrence est féroce, où le niveau d’exigence pour évoluer et monter les échelons est élevé, vous êtes plus susceptibles de vous percevoir comme un imposteur.

Ce syndrome de l’imposteur peut être rapproché d’autres biais cognitifs, notamment l’effet Dunning-Kruger, qui stipule que plus une personne est compétente dans un domaine, plus elle a tendance à se sous-estimer.

Dans tous les cas, il est apparaît nécessaire de cultiver au quotidien sa confiance en soi afin de consolider sa motivation et sa satisfaction personnelle, sous peine de voir s’installer un burn-out, bore-out, brow-out (liste en cours de rédaction 🙂 )…

Syndrome de l’imposteur et douance

Avant toute chose, rappelons qu’il n’y a pas de honte à se faire aider. C’est même peut-être un signe de courage, non ? 😉 SI vous êtes un zèbre et pensez être concerné par le syndrome de l’imposteur, n’hésitez donc à pas à consulter un psychologue spécialisé Haut Potentiel. Celui-ci vous fera peut-être passer dans un premier temps un test HPI qui, s’il ne sera pas la réponse à ce sentiment d’être un imposteur, sera assurément un vrai pas en avant.

Même si aucune étude ne permet d’affirmer avec certitude qu’un lien existe entre ce syndrome et la douance, de nombreux auteurs spécialistes du Haut Potentiel n’hésitent pas à affirmer que celui-ci est réel – il suffit de consulter un livre sur la douance pour s’en convaincre.

Posons alors une hypothèse : parions qu’il existe. A quoi pourrait-il être dû ?

Plusieurs caractéristiques du Haut Potentiel pourraient l’expliquer.

Attentes élevées

Les surdoués, peut-être encore plus s’ils ont été diagnostiqués, sont souvent la cible d’attentes exceptionnelles, à la hauteur de leurs capacités hors norme. Famille, amis, professeurs, mentors, collègues de travail… La pression sociale peut être forte, parfois dès le plus jeune âge.

Celle-ci peut alors amener l’individu à ne pas sentir à la hauteur, et ce de façon chronique.

Et comme le surdoué peut avoir tendance à se sentir obligé de “faire quelque chose” de ce don (ben oui, n’oublions pas que toute réussite est due à des causes externes, n’est-ce pas ? 😉 ), à se sentir investi d’une mission de vie, cette pression externe vient souvent s’ajouter à la pression interne, déjà souvent très forte.

Dans cette condition, l’implosion peut vite arriver…

Et sans aller jusque là, le développement d’un Faux Self, peut passer pour un mécanisme de protection qui permettra peut-être de s’adapter, au moins un temps, à toutes ces injonctions, réelles ou fantasmées d’ailleurs.

Comparaison sociale

L’impression de décalage du surdoué, mais aussi sans doute une volonté d’apprendre à se connaître, dans un monde qui est fort logiquement construit autour d’une normalité dont ils sont en bien des points éloignés, peuvent l’amener à une propension à se comparer à autrui.

N’est-il pas tentant, si l’on est musicien, de s’évaluer par rapport à Mozart ou au Beatles ? Et ce de façon souvent inconsciente…

Et que croyez-vous qu’il arrivât ? Ban oui, si l’on joue au foot, même à haut niveau, et que l’on se compare à Pelé ou Maradona, on a vite fait de se trouver “pas terrible”, pas vrai ? 😉

Pire encore… Même la comparaison avec quelqu’un de pas forcément meilleur, voire franchement moins bon, mais qui est animé par une confiance en soi de haut niveau, peut être difficile à encaisser et amener le HP à se voir moins beau qu’il n’est.

Tout est relatif, comme disait l’autre.

Ce n’est pas que je suis si intelligent, c’est que je reste plus longtemps avec les problèmes.

Albert Einstein

(retrouvez d’autres citations sur l’intelligence)

Perfectionnisme

Continuons sur notre lancée… 🙂 La perfection n’étant pas de ce monde, il y a toujours matière à s’améliorer. Et comme la personne à la fois intelligente, humble et compétente, aura tendance à percevoir très fortement les lacunes et failles dans son univers, elle peut avoir tendance à se sentir imposteur (non, aux dernières nouvelles, “impostrice” n’est pas correct 😉 ).

A cela s’ajoute fréquemment chez le HP le désir d’excellence, souvent alimenté par la passion. Regarder vers le haut, mécaniquement, amène plus facilement à se sentir petit, n’est-ce pas…

Facilité d’apprentissage

Si bon nombre de surdoués sont détectés sur le tard, voire pas détectés du tout (par choix ou n’ayant jamais été réellement confronté à la question), beaucoup ont entendu évoquer certaines “facilités” au moment de leur scolarité.

Alors que l’effort est souvent valorisé, comment ne pas avoir tendance à minimiser ses succès lorsque ceux-ci ont été obtenus sans forcer ?

Sensibilité émotionnelle

Qui n’a pas entendu au moins une fois qu’un surdoué est souvent hypersensible ? Même si le sujet fait toujours débat (et heureusement, c’est comme cela que les connaissances évoluent), on peut imaginer que le surdoué peut ainsi être plus facilement émotionnellement ébranlé dans ces certitudes, et donc se remettre en question.

Naturellement, il peut exister des phénomènes de surcompensation qui peuvent conduire celui-ci à se radicaliser. Tout n’est jamais si simple dans la vie, pas vrai ? 😉

N’hésitez pas à venir en discuter avec nous ! Il y a même déjà une Discussion “Syndrome de l’imposteur” dans le Groupe “Surdoué et travail“. A tout de suite !