Biais d’ancrage

Le biais d’ancrage, ou effet d’ancrage, ou biais de point de départ, est un biais cognitif assez populaire, même s’il l’est moins que certains autres comme le biais de confirmation, l’effet Dunning-Kruger ou même l’effet Barnum, ce dernier étant surtout connu des adultes Haut Potentiel Emotionnel (HPE) et Haut Potentiel Intellectuel (HPI).

Qu’est-ce que le biais d’ancrage ? Définition

N’avez-vous jamais remarqué que, dans bien des domaines, le premier pas est souvent le plus difficile ? Bien des raisons peuvent expliquer ce constat. Le biais d’ancrage en fait partie.

biais d'ancrage : information initiale
Biais d’ancrage : information initiale

Ce biais fait référence au besoin de l’être humain d’un point de départ, d’une information “de base” (pour reprendre un tic de langage très à la mode), initiale, pour pouvoir se lancer. Plus exactement, l’Homme a tendance à accorder plus de poids à une donnée obtenue dans un premier temps, avant toutes les autres, et ce même si elle est arbitraire ou incorrecte.

On parle d'”ancrage” pour montrer le fait que nous sommes souvent à la recherche d’un point d’entrée sur lequel nous allons nous arrimer pour construire un raisonnement. Partant, on comprend aisément ce que ce biais d’ancrage peut impliquer.

C’est un peu comme si vous orientez un projecteur dans une direction ou une autre : vous ne verrez pas la même chose, et votre attention sera certainement captée plus facilement par des éléments dans la lumière, plutôt que par d’autres restés à ce moment dans l’obscurité.

Cet ancrage peut se présenter sous différentes formes : une citation, un chiffre, une affirmation, une question, ou n’importe quelle information susceptible de servir de base à une réflexion.

Décidément, l’être humain semble toujours avoir une grande difficulté à se projeter…

Biais d’ancrage : exemple

Le biais d’ancrage est bien connu des vendeurs et commerciaux – et des adeptes de la négociation en général. Ainsi, lors de l’achat d’une voiture d’occasion, le fait que le prix initial fixé par le vendeur soit élevé peut vous emmener à accepter un prix supérieur à votre estimation d’origine – et ce alors même que vous aviez conscience que le vendeur avait placé la barre trop haut !

Les politiques utilisent également beaucoup ce biais d’ancrage pour manipuler l’opinion. Concrètement, placer le curseur de manière forcée en faveur de leurs prises de position peut amener à une victoire sur les deux tableaux : faire passer ses propositions tout en donnant l’impression d’avoir été souple, d’avoir accepté des compromis.

Comment limiter les effets du biais d’ancrage ?

Avant toute chose, comme pour tout autre biais cognitif, il faut avoir conscience de la présence de ce biais d’ancrage. Ce n’est qu’ensuite que l’on peut alors tenter de prendre de la hauteur, du recul, et accorder une attention supérieure à des informations apparues au fil du temps.

Plus difficile encore, il faut accepter, suite à l’apparition de ces nouvelles données, la possibilité de remettre en cause l’ancrage initial, de manière subtile (réévaluation)… ou plus radicale.

Biais d’ancrage et douance

Les caractéristiques cognitives des Haut Potentiel peuvent rendre ceux-ci particulièrement exposés au biais d’ancrage.

Recherche de précision

Comme les zèbres ont tendance à creuser plus que la moyenne, dans leur quête de perfection et de “vérité”, ils peuvent se laisser emporter par leur énergie et leur enthousiasme sans prendre nécessairement le temps de remettre en question la validité de leur ancrage d’origine.

Par extension, le HP peut avoir du mal à traiter avec suffisamment d’attention les informations qui se présentent à lui ultérieurement. Ce qui peut sembler paradoxal de prime abord, justement lorsque l’on ignore l’existence de ce biais !

Pensée rapide

biais d'ancrage et distorsion de perception
Biais d’ancrage et distorsion de perception

Cette capacité à réfléchir rapidement peut être un piège, surtout si l’on n’a pas véritablement appris à réfléchir correctement. Ce qui peut être le cas lorsque, en raison d’une intelligence élevée et de facilités scolaires, on n’a pas vraiment eu besoin de mettre en place des méthodes.

L’absence de conscience de ce biais peut amener le surdoué à partir d’un ancrage et à dérouler un fil, sans être capable de conserver un esprit critique et une ouverture d’esprit développés.

Il n’est pas rare d’entre un surdoué affirmer que “sa première impression est toujours la bonne” ou que “son intuition ne le trompe jamais”, persuadé que c’est la nature et l’intensité de son intelligence qui lui offrent de telles privilèges. Mais, ce faisant, ils se trompent : ils sont alors fortement exposés au biais d’ancrage.

Ce faisant, ils gagnent du temps, du confort… mais certainement pas de la justesse.

Tout en étant, naturellement, persuadés du contraire 🙂

Sensibilité à l’autorité

Il est possible que les surdoués, surtout lorsqu’ils découvrent tardivement leurs spécificités, soient plus sensibles à l’expertise ou à l’autorité intellectuelle d’un individu. Et rejettent, de la même manière, la notion de consensus scientifique.

Le “génie isolé” serait ainsi capable de voir plus clairement, plus efficacement, que la masse, grâce à une intelligence, mais peut-être aussi à une intégrité, hors normes.

Par conséquent, quand un expert académique ou scientifique prend la parole et met en avant un ancrage, certains surdoués peuvent avoir tendance à adopter cet ancrage telle une Vérité Révelée.

C’est peut-être ce qui s’est passé autour de Didier Raoult, à l’occasion de la pandémie de Covid-19, celui-ci ayant été mis en avant par les médias, dès les premières heures, et présenté comme l’Expert Absolu des épidémies à l’échelle mondiale. Difficile alors, après coup, d’accepter que cet ancrage n’était peut être pas aussi juste qu’il était séduisant.

Et peut-être donc, plus encore, pour un Haut Potentiel.

N’hésitez pas à en discuter avec les autres membres, dans un des Groupes de discussion de votre choix. A tout de suite !