

Ecriture
Ecriture différente, créative, passion des poèmes… Vous aimez écrire un roman, une nouvelle ou... Voir la suite
Ben
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Ben
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Les jours s’égrainent étrangement, lorsque l’on n’a pas de but, non ?
On en vient à se poser des questions défaitistes, tout en veillant à bien garder une expression faciale des plus désabusées, pour rester en cohérence avec son intériorité tragique :
« Comment font les gens ?
Comment font les gens pour supporter Cela soixante, quatre-vingt, cent ans ?
Pourquoi et comment restent-ils en vie ?
C’est long. C’est tellement long d’attendre. Encore, et encore, et encore. »
On en vient, également, à tirer certaines conclusions.
« Dès lors que l’existence est absurde, que je suis dans un non-lieu et que je ne m’y plais pas…autant en partir. L’acte de raison, l’acte de charité, de compassion absolue que je peux et dois m’offrir n’est autre que le suicide. Je peux quitter cette ignoble petite salle d’attente dans laquelle je n’ai pas demandé à atterrir.
De toute évidence, aucun praticien ne viendra. Si ce n’est pour me dire que je me suis, effectivement, trompé d’adresse car je n’apparaît pas dans son planning ».
Pour autant, la résolution de quitter le building n’est pas tantôt prise qu’elle se révèle peine perdue. Immédiatement, une force invisible et au marketing invincible surgit de nulle part et vous écrase de son poids plume de tout son long.
Cette force non nominative, ça peut être comme en ce 24 juin 2024.
C’est un retour pieds nus de la fête de la musique, dans le silence et le noir total de votre petit village. Avoir le coeur plein d’avoir autant dansé, d’avoir autant pu rire et échanger. Avoir les pieds complètement meurtris et même trouver du réconfort à ce mal coquet. Sentir l’air lourd et chaud d’avant l’orage appuyer sur votre peau, vos jambes, vos bras et votre visage. Relâcher vos cheveux trempés de la sueur des éclairages. Et puis, d’un coup, sentir la sueur des cieux tomber sur eux. Vivre ce moment où les nuages implosent de s’être trop gardés. Et sous leurs larmes, vous aussi pleurer. Pleurer d’être vivant, d’avoir enfin la paix.
Ça peut être le fait de laisser toute cette eau couler, vous nettoyer. Sentir que ce n’est plus à vous même que vous appartenez.
Ça peut être chacun des pas que vous effectuez. Vous émouvoir, émerveillé, par la belle quiétude du petit pont que vous traversez, qui semble soudain contenir en lui même la définition essentielle de ka beauté.
C’est cette soudaine et inattendue certitude intérieure que tout ce que vous avez traversé, tout ce que avez attendu, avait bel et bien un sens : Vous deviez vivre ce petit moment de béatitude sur ce pont là, dans ce petit village-çi, dans le noir roi. Vous deviez vous rencontrer, c’était écrit. Quelque chose en votre âme scelle cela comme une évidence. Le hasard, le doute ne sont plus du champs des possibles: vous étiez attendu pour vivre ce moment précis. Vous êtes nécessairement né pour vivre ce minuscule et grandiose instant d’éternité. Ce petit pont et vous.
Vidé et rempli comme jamais, vous pouvez enfin poser votre tête sur l’oreiller, avec ce merveilleux sentiment du travail accompli.
Vous avez rempli votre part du contrat de la journée, vous pouvez dormir en paix.
Mais demain… retour dans la salle d’attente du praticien.
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