Tout savoir sur la théorie des intelligences multiples
Définir l’intelligence n’est pas chose aisée. Il s’agit probablement même d’un fantasme aussi vieux que l’Humanité ! Selon les époques, selon les endroits, certaines types d’intelligence ont été plus valorisés que d’autres par la société. Ainsi, l’époque récente a largement mis en avant les mathématiques alors que les “humanités” étaient parfois perçues comme le top du top il y a seulement quelques décennies. Peut-être parce qu’il serait plus facile d’évaluer “objectivement” certaines formes d’intelligence ? Et, partant, de comparer et de classer individus et segments de population ? Il pourrait ainsi être plus aisé de détecter un Haut Potentiel Intellectuel (HPI, voir les caractéristiques du HPI) qu’un Haut Potentiel Emotionnel (HPE, voir les caractéristiques du HPE), par exemple, le Quotient Intellectuel (le célèbre QI) étant en apparence plus “objectif” que le Quotient Emotionnel (le moins connu QE).
Il y aurait donc des intelligences multiples ? Repartons de la question de base : quels sont les différents types d’intelligence ? Essayons d’y voir plus clair.
Qu’est-ce que la théorie des intelligences multiples ? Définition
Si tout le monde s’accorde à dire qu’il existe plusieurs formes d’intelligence, il reste à définir un cadre qui puisse faire consensus. Bien sûr, chacun peut continuer à affirmer que Ronaldo et Messi disposent d’une grande intelligence footballistique. Mais de qui parle-t-on exactement ?
A ce jour, peu de travaux ont été suffisamment abouti pour susciter un large intérêt de la communauté scientifique. La théorie des intelligences multiples, mise au point par le psychologue américain Howard Gardner dans les années 1980, sort incontestablement du lot (non, il ne figure pas dans la liste des psychologues spécialisés Haut Potentiel 😉 ).
Gardner a ainsi posé un principe préalable : l’intelligence ne saurait être réduite à une dimension globale. Partant de là, il devenait nécessaire de déterminer les différentes composantes de l’intelligence.
Cette théorie propose ainsi de diviser l’intelligence en plusieurs familles, plusieurs formes d’intelligences indépendantes.
Gardner a ainsi identifié 7 grandes familles d’intelligence : chaque individu possède un ensemble unique d’intelligences multiples, qui peuvent varier en termes de force et de préférence.
Attention : Gardner a indiqué que cette liste n’était pas vraisemblablement pas exhaustive et que d’autres formes d’intelligences pourraient également exister. Il ne s’agit donc en aucun cas d’un modèle absolu et définitif – si tant est que cela ait un sens en matière de science 🙂
Selon la théorie des intelligences multiples, l’éducation devrait prendre en compte cette diversité d’intelligences et adopter des approches pédagogiques variées pour répondre aux besoins et aux talents uniques de chaque individu. En reconnaissant et en favorisant ces différentes formes d’intelligence, on peut encourager le développement global des individus et les aider à exploiter pleinement leur potentiel dans divers domaines.
Voici les 7 formes d’intelligence mises en évidence par Gardner… et un peu plus que sept en réalité, comme vous allez le voir 😉 :
Intelligence linguistique (ou intelligence verbale ou intelligence verbale-linguistique ou intelligence verbo-linguistique)
L’intelligence linguistique est la capacité à utiliser les mots de manière efficace, à s’exprimer clairement, à comprendre la signification des mots et à apprécier la poésie et la rhétorique.
Intelligence logico-mathématique
L’intelligence logico-mathématique tient à la capacité à raisonner logiquement, à résoudre des problèmes mathématiques et à comprendre les relations causales.
Intelligence spatiale
L’intelligence spatiale, comme son nom l’indique, désigne la capacité à penser en termes d’images mentales, à percevoir l’espace et les formes de manière précise, et à se repérer dans l’environnement.
Intelligence musicale (ou intelligence musicale-rythmique)
L’intelligence musicale, sans surprise, est la capacité à comprendre et à apprécier la musique, à reconnaître les modèles musicaux, à jouer d’un instrument ou à chanter avec talent.
Intelligence corporelle-kinesthésique (ou intelligence kinesthésique)
L’intelligence kinesthésique désigne la capacité à utiliser son corps de manière habile, à coordonner les mouvements et à s’exprimer par le biais du mouvement physique.
Intelligence interpersonnelle (ou intelligence sociale ou intelligence relationnelle)
L’intelligence interpersonnelle reflète la capacité à comprendre les autres personnes, à reconnaître leurs émotions, à interagir efficacement et à démontrer de l’empathie.
Intelligence intrapersonnelle
L’intelligence intrapersonnelle fait référence à la capacité à se comprendre soi-même, à reconnaître ses émotions, ses forces et ses faiblesses, et à développer une connaissance de soi approfondie.
Intelligence naturaliste
En 1993, soit 10 ans après la parution de son premier ouvrage sur les intelligences multiples, Gardner ajoute une nouvelle intelligence à son modèle, la huitième : l’intelligence naturaliste.
Cette intelligence fait référence à la capacité d’observer, de comprendre et de classifier les éléments du monde naturel, tels que les plantes, les animaux, les phénomènes météorologiques, les écosystèmes, etc.
Les individus dotés d’une forte intelligence naturaliste ont un sens aigu de leur environnement naturel, peuvent identifier et nommer différents éléments de la nature, ainsi que comprendre leurs interactions et leurs cycles. Ils peuvent également développer une sensibilité particulière aux variations de leur environnement et à ses changements.
Les personnes avec une intelligence naturaliste développée peuvent se montrer à l’aise dans des activités telles que la botanique, la zoologie, l’observation d’oiseaux, la géologie, l’agriculture, la météorologie, et autres domaines liés à la nature et aux sciences de la terre.
Intelligence existentielle (ou intelligence spirituelle ou intelligence morale)
L’intelligence existentielle, également connue sous le nom d’intelligence spirituelle ou intelligence morale, concerne la capacité de réfléchir profondément sur les questions existentielles, les significations de la vie, les valeurs morales et éthiques, ainsi que sur les questions liées à l’existence humaine et à la condition humaine en général.
Les individus dotés d’une forte intelligence existentielle ont une sensibilité particulière aux questions philosophiques, spirituelles et morales. Ils se posent des questions profondes sur le sens de la vie, la nature de l’existence, la mort, la conscience de soi, la quête de sens et de valeurs. Ils peuvent être enclins à chercher des réponses dans la philosophie, la religion, la méditation ou d’autres formes de quête spirituelle.
L’intelligence existentielle implique également une conscience réfléchie de ses propres valeurs et de celles des autres, ainsi que la capacité de prendre des décisions morales et éthiques éclairées.
Il est important de noter que l’intelligence existentielle est l’une des formes d’intelligences les moins explorées et les plus controversées dans la théorie des intelligences multiples. Certaines personnes considèrent qu’elle ne répond pas aux critères traditionnels de l’intelligence et qu’elle relève davantage de la sphère de la spiritualité et de la philosophie. Néanmoins, Gardner l’a incluse dans sa théorie pour reconnaître l’importance de cette dimension réflexive de l’expérience humaine.
Limites de la théorie des intelligences multiples
Bien sûr, comme toute théorie, celle des intelligences multiples a des limites, qui n’ont pas manqué d’être soulignées, popularité de la théorie oblige, par de nombreux chercheurs.
Les principales critiques adressées à la vision d’Howard Gardner sont les suivantes.
Validation empirique
Certaines des intelligences proposées par Gardner, en particulier l’intelligence existentielle ou spirituelle, n’ont pas été facilement mesurables ou validées empiriquement.
Ceci dit, Gardner lui-même considérait l’intelligence existentielle comme une “huitième et demi”, suggérant ainsi qu’il ne s’agit pas nécessairement d’une autre forme d’intelligence, mais d’une catégorie qu’il ne parvenait pas à classer dans les 8 déjà existantes dans son modèle.
Manque de support neurologique solide
Si la connaissance du cerveau reste encore très limitée, nous aurions pu nous attendre à ce que les avancées récentes viennent confirmer et valider, au moins partiellement, l’existence des intelligences multiples, via des preuves neurologiques convaincantes, difficilement réfutables. A ce jour, cela n’a pas été le cas.
Il s’agit ici probablement d’une des critiques les plus solides, compte-tenu du fait que Gardner trace une frontière entre les intelligences qu’il a identifiées.
Relations entre les intelligences
La théorie ne clarifie pas clairement comment les différentes formes d’intelligences interagissent entre elles, le cas échéant. Par exemple, l’intelligence linguistique peut-elle être liée à l’intelligence spatiale ? Et si oui, de quelle façon ?
Nature fluide de l’intelligence
Une autre critique très solide vient du fait que de nombreux chercheurs avancent que, par définition et par nature, l’intelligence est fluide et complexe. Ce qui tend à être confirmé par les avancées autour de la notion de plasticité cérébrale.
Mais il ne s’agit pas nécessairement d’une remise en question radicale des intelligences multiples. Il s’agit plutôt de se demander si celles-ci sont aussi indépendantes que Gardner l’avance dans ses travaux.
Éducation pratique
Bien que la théorie puisse offrir des perspectives utiles pour repenser l’éducation, sa mise en œuvre pratique peut être difficile. Adapter complètement les méthodes éducatives pour tenir compte de toutes les intelligences peut être un défi logistique… et intellectuel 🙂 pour les enseignants et les écoles.
Survalorisation des intelligences non-académiques
Là aussi, il s’agit d’une critique à bien considérer. Car à vouloir considérer que “tout se vaut”, on peut aboutir à des absurdités. Qui ne vont pas forcément rendre service aux principaux concernés (“mais non mon fils, tu n’es pas idiot, tu disposes simplement d’une intelligence véritablement à part” 🙂 ).
Si certains prétendent (ce qui est par ailleurs très discutable) qu'”être intelligent est savoir s’adapter”, que penser de la survalorisation de certaines intelligences non-académiques au détriment des compétences essentielles dans le monde moderne, comme la pensée critique, la résolution de problèmes et les compétences en communication ?
Bien sûr, certains répondront que “le monde moderne, c’est mal” et peuvent revendiquer fièrement de ne pas y être adapté. Chacun reste heureusement libre de ses opinions 😉
Intelligences multiples et douance
Contrairement à des clichés qui perdurent, un Haut Potentiel n’est pas nécessairement intelligent dans tous les domaines. Pour le dire autrement, ce n’est pas parce qu’Einstein est considéré comme un des êtres humains les plus intelligents à avoir foulé notre bonne vieille planète qu’il était nécessairement intelligent dans dans tous les domaines. En tout cas, son QI n’était pas forcément homogène.
Cette précision est souvent abordée, ces dernières années, sous l’angle de la distinction entre les HP au profil complexe, qui brilleraient intellectuellement dans certains domaines et moins (voire beaucoup moins) dans d’autres, et les HP au profil laminaire, donc le QI serait plus homogène.
Mais là encore, c’est une vision certainement réductrice, voire simpliste, de la réalité.
Une chose est certaine : un zèbre n’est pas nécessairement intelligent partout, pour tout (et c’est encore plus vrai lorsque l’on parle de culture, de savoir et d’expertise… Gare à l’ultracrépidarianisme 🙂 ).
Autrement dit, les surdoués ont souvent des capacités cognitives supérieures et peuvent exceller dans des domaines tels que la pensée logique, la compréhension rapide de concepts complexes, la résolution de problèmes abstraits, etc. Cependant, ces talents peuvent être plus marqués dans certaines formes d’intelligences multiples, comme l’intelligence logico-mathématique ou l’intelligence linguistique, mais moins développés dans d’autres.
Par exemple, un surdoué peut avoir des compétences exceptionnelles en mathématiques et en résolution de problèmes logiques (intelligence logico-mathématique), mais il peut ne pas être particulièrement doué pour jouer d’un instrument de musique (intelligence musicale) ou pour comprendre les émotions des autres (intelligence interpersonnelle).
La théorie des intelligences multiples reconnaît justement cette diversité dans les capacités intellectuelles d’un individu. Elle met en évidence que chaque personne possède un profil unique d’intelligences multiples, et ces profils peuvent varier considérablement d’une personne à l’autre. Ainsi, un surdoué peut être très compétent dans certaines intelligences et moins dans d’autres, tout comme n’importe quelle autre personne.
Il est important de reconnaître et de soutenir les talents spécifiques d’un surdoué, tout en encourageant le développement global de toutes les formes d’intelligences pour favoriser une croissance équilibrée et épanouissante.
Dans tous les cas, un test HPI pourra certainement vous aider à y voir plus clair.
Intéressé par le sujet ? Vous voulez en discuter, et pourquoi pas passer un rapide test pour en connaître un peu plus sur votre profil ? Rendez-vous sur la Discussion “Intelligences multiples” dans le Groupe “Tests de personnalité“. A tout de suite ! 🙂