La supériorité de l’intelligence conduit à l’insociabilité

  • La supériorité de l’intelligence conduit à l’insociabilité

    Publié par olbius le 29 août 2018 à 12 h 35 min

    L’homme intelligent aspirera avant tout à fuir toute douleur, toute tracasserie et à trouver le repos et les loisirs ; il recherchera donc une vie tranquille, modeste, abritée autant que possible contre les importuns ; après avoir entretenu pendant quelque temps des relations avec ce que l’on appelle les hommes, il préférera une existence retirée, et, si c’est un esprit tout à fait supérieur, il choisira la solitude. Car plus un homme possède en lui-même, moins il a besoin du monde extérieur et moins les autres peuvent lui être utiles. Aussi la supériorité de l’intelligence conduit-elle à l’insociabilité.

    Ah ! si la qualité de la société pouvait être remplacée par la quantité, cela vaudrait alors la peine de vivre même dans le grand monde : mais, hélas ! cent fous mis en un tas ne font pas encore un homme raisonnable.

    — L’individu placé à l’extrême opposé, dès que le besoin lui donne le temps de reprendre haleine, cherchera à tout prix des passe-temps et de la société ; il s’accommodera de tout, ne fuyant rien que lui-même. C’est dans la solitude, là où chacun est réduit à ses propres ressources, que se montre ce qu’il a par lui-même ; là, l’imbécile, sous la pourpre, soupire écrasé par le fardeau éternel de sa misérable individualité, pendant que l’homme hautement doué, peuple et anime de ses pensées la contrée la plus déserte.

    Sénèque (Ép. 9) a dit avec raison: « omnis stultitia laborat fastidio sui (La sottise se déplaît à elle-même) ; » de même Jésus, fils de Sirach : « La vie du fou est pire que la mort. » Aussi voit-on en somme que tout individu est d’autant plus sociable qu’il est plus pauvre d’esprit et, en général, plus vulgaire.

    Arthur Schopenhauer, Aphorismes sur la sagesse dans la vie

    Bon, je sais, je poste ça sur un site de rencontre 😋

    Membre Inconnu a répondu il y a 4 années, 6 mois 17 Membres · 62 Réponses
  • 62 Réponses
  • Membre Inconnu

    Membre
    29 août 2018 à 17 h 06 min

    On peut arriver assez facilement à la conclusion qu’un individu éclairé sera conduit – volontairement ou non – vers les marges de la société.

    L’intelligence est sans doute la différence la moins admissible dans une structure sociale développée. Elle est synonyme aux yeux de ses composantes d’individualisation, de dissonance, d’étrangeté et donc de danger. Un individu disposant d’une intelligence élevée ne dispose pas beaucoup de stratégies pour contrer les problèmes qu’occasionnera son regard.

    Il pourra choisir l’évitement en se dissimulant derrière un masque (faux self) ou limiter ses interactions sociales professionnelles en optant pour une activité indépendante. Une autre possibilité lui est accessible – bien que fort onéreuse – qui consiste à sur-jouer le système en devenant un dirigeant ou un chef de meute (un individu Alpha). Cette direction implique un investissement sociale difficilement compatible avec le besoin, l’envie, d’élévation intellectuelle. Elle demande aussi beaucoup de distance par rapport à la satisfaction narcissique du “pouvoir” sur autrui.

    Dissimuler ses capacités intellectuelles ou, au contraire, les imposer peut devenir aliénant et n’est pas à la portée de n’importe qui.
    Les deux extrêmes demandent une grande solidité morale.

    Reste la solitude assumée. Elle a de quoi séduire a priori.
    Milton assure qu’il vaut “Mieux vaut régner (seul) en enfer que servir dans le ciel”. D’après lui, la solitude et le pouvoir sur soi seraient digne d’ambition. Mais l’option qui consiste à devenir l’unique maître à bord de sa propre vie n’est pas satisfaisante à long terme car l’intelligence, si elle n’éclaire rien ni personne finit immanquablement par s’étioler.

    L’intelligence se doit donc d’être éclairante et d’être aussi attisée sous peine de devenir effectivement un enfer. On peut considérer ainsi que le mythe de Lucifer (l’ange porteur de lumière) popularisé au dix-neuvième siècle ne veut rien exprimer d’autre que cette vérité.

    L’intelligence peut égarer et conduire, c’est vrai, jusqu’aux affres de l’asociabilité.
    Il existe cependant un tout autre chemin, bien qu’un peu aléatoire, qui consiste à se choisir un monde ou se constituer une société. Fructifier son intelligence peut se faire en s’entourant de personnes privilégiant les rapports assainis, intimes et authentiques. Elle peut s’enrichir aussi en se trouvant des résonnances intellectuelles avec d’autres et devenir ainsi un formidable outil de création ou d’épanouissement.

    Se construire une famille intellectuelle (car il s’agit bien de cela) demande beaucoup de temps, de travail sur soi et de disponibilité.
    Je reste malgré tout persuadé que c’est le seul chemin parmi ceux que j’ai indiqués qui fasse sens…

    P.S. : Je recherche du boulot dans l’éditorial ou l’édition (voir des piges). Merci de me contacter, si vous avez cela en magasin.

  • deepfunpact

    Membre
    29 août 2018 à 19 h 47 min

    L’homme intelligent aspirera avant tout à fuir toute douleur, toute tracasserie et à trouver le repos et les loisirs

    ….ah?

    Ca ne me donne, décidément, pas envie de lire mon compatriote, tout vénéré soit-il. “Fuir toute douleur, toute tracasserie, trouver le repos et les loisirs.” Si c’est un signe d’intelligence, voilà ENFIN la preuve que je cherchais: je ne dois pas être si intelligent que ça.

  • hhspirit

    Membre
    31 août 2018 à 18 h 26 min

    Je n’aurais qu’une phrase à proposer: “Je ne reconnais aucun autre signe de supériorité que la bonté”. Ludwig van Beethoven

  • olbius

    Organisateur
    31 août 2018 à 18 h 27 min

    Mais bonté et insociabilité ne sont pas incompatibles 😉

  • hhspirit

    Membre
    1 septembre 2018 à 9 h 12 min

    Je pense que si.
    Quand une personne est bonne en actes elle est alors bonne envers les autres et elle est donc sociable.
    Si une personne est insociable et bonne j’ai de la difficulté à envisager comment sa bonté s’exprime.
    Je souhaiterais connaître les caractéristiques d’une personne qui serait à la fois insociable et bonne soit à partir de sa description concrète soit à partir d’un exemple de personnage public qui le serait.

  • Membre Inconnu

    Membre
    1 septembre 2018 à 10 h 55 min

    Bonté et insociabilité : est-ce incompatible?

    Je n’ai pas lu tout le contenu des précédents échanges, mais une question a retenu mon attention :
    Comment peut on exprimer “notre” bonté si on est insociable?

    A mon sens, je reformulerais la question de la sorte : comment un individu exprime sa bonté envers les autres, malgré le fait qu’il n’a pas accès à la sociabilité?

    Dans ce cas là, la réponse est simple et sans ambiguïté.

    Nous sommes qui nous sommes au-delà de qui sont les autres. Si une personne est bonne avec les autres, c’est qu’elle laisse exprimer un état d’être inconditionnel (sinon, cela défaitiste chose, que je ne développerai pas ici). Cet état s’exprime à tout moment (envers des inconnus: passants, vendeurs, caissières, facteurs, collègues, ou envers les membres de la famille proche…etc). Mais cela ne veut pas dire avoir accès à la sociabilité… Être sociabilisé par les pairs; avoir le sentiment d’appartenance à un groupe; devoir vivre et réagir selon l’ordre il s’y instaure…

    On a beau être bon envers les autres, ce n’est pas pour autant que l’on se sentirait intégré, compris et ayant une place par et dans le groupe…

    Enfin si, seulement pour notre bonté…quand ils en ont besoin (pas vraiment par manipulation stratégique / exploitation)…. Je dirais simplement, qu’ils n’arrivent à apercevoir que cette facette qui sert leurs intérêts, mais le reste des facettes leur semblent inatteignables….

    À quoi bon se fatiguer à sociabiliser un tel individu?

    Cela ouvre sur une autre question plus pratique, je dirais : comment l’individu se trouve socialisé par le groupe? (La réponse serait une fiche technique, qui ne marcherait pas pour tout le monde…. La preuve!!!).

  • olbius

    Organisateur
    1 septembre 2018 à 12 h 42 min

    @hhspirit

    Quand une personne est bonne en actes elle est alors bonne envers les autres et elle est donc sociable.

    On peut être bon envers les autres sans les fréquenter.
    Simple exemple : tu te balades, tu tombes sur un portefeuilles visiblement perdu, tu le ramasses, tu retrouves l’adresse du propriétaire, tu vas le déposer dans sa boîte aux lettres. Sans jamais croiser personne 😉

  • aceventura

    Membre
    1 septembre 2018 à 13 h 49 min

    L’homme intelligent aspirera avant tout à fuir toute douleur, toute tracasserie et à trouver le repos et les loisirs ; il recherchera donc une vie tranquille, modeste, abritée autant que possible contre les importuns ; après avoir entretenu pendant quelque temps des relations avec ce que l’on appelle les hommes, il préférera une existence retirée, et, si c’est un esprit tout à fait supérieur, il choisira la solitude. Car plus un homme possède en lui-même, moins il a besoin du monde extérieur et moins les autres peuvent lui être utiles. Aussi la supériorité de l’intelligence conduit-elle à l’insociabilité.

    Brrr je frémis à la lecture de ce topic car je me reconnais mot pour mot dans ce paragraphe, c’est terrible. J’essaie de tout anticiper à l’avance pour ne pas avoir à affronter l’autre qui pourrait me mettre dans l’inconfort et me déstabiliser face à une agression extérieure (je suis incapable de réagir correctement quand quelqu’un s’en prend à moi alors que je ne m’y attends pas). Du coup on fait tout pour ne pas déranger, se faire oublier.
    Par le passé mon faux self m’a permis de nouer certaines relations mais comme je suis malléable comme de la pâte à modeler et comme je m’adapte souvent aux volontés des autres (comme ça les arrange) pour ne pas entrer en conflit, il était bien facile de se servir de moi.
    Bref maintenant cet hyper-lucidité me conduit à tout anticiper avant la majorité ce qui fait que j’arrive souvent à m’en sortir tout seul. Problème : l’Homme construit souvent des relations après un imprévu (discussion avec le voisin car mon arbre vient de tomber), un conflit (j’ai malencontreusement heurté quelqu’un avec mon vélo), un événement (j’ai loupé le dernier train de la journée, je dois trouver un endroit où dormir) et comme on évite cela, c’est donc “normal” que l’on se retrouve seul et qu’on ait du mal à nouer des relations.

    Quelques exemples :
    – acheter un produit en magasin : à chaque fois que j’ai à faire à un commercial, j’en sais plus que lui sur le produit ou en tout cas il ne m’apprend rien car j’ai déjà fait toutes les recherches pertinentes. Pire, il peut m’induire en erreur par intérêt commercial du coup j’évite d’aller en magasin.
    – faire un trajet en train : j’analyse à l’avance avec la plus grande rigueur le trajet que je dois faire, les correspondances à effectuer pour éviter de devoir demander à des gens, ayant souvent été déçu par le passé par des informations erronées, imparfaites, même de la part de professionnels de la SNCF. Du coup je suis muet et je ne communique jamais dans le train, casque vissé sur le oreilles.
    – grève dans les transports : les gens aiment bien amorcer des discussions quand il y a un soucis en gare ou en aéroport, et sympathise car ils ont un ennemi en commun (instinct primaire) : la SNCF ou Air France. Bah j’évite toujours de rentrer dans ces discussions que je trouve inintéressantes.
    – croiser quelqu’un dans la rue, nager dans le même couloir qu’un autre, arriver à un carrefour en voiture : je suis toujours le premier à changer de trottoir, à changer de couloir aquatique, à laisser passer l’autre automobiliste pour ne pas entrer en collision avec l’autre et générer une situation de possible conflit (ou de rencontre…)
    – je suis perdu en forêt malgré mes précautions : je préfère demander à mes outils fiables (gps, etc) pour retrouver le chemin plutôt que demander à quelqu’un.
    – un restaurant : j’aime pas demander l’avis d’une personne sur un resto car en général en suivant ses conseils, je suis déçu. Je préfère me faire une idée moi-même, souvent après avoir lu et recoupé plein d’infos qui me garantissent que je ne serai pas trop déçu. Dommage le bouche à oreille est un des trucs préférés de l’Homme pour sociabiliser.

    J’ai quitté mon travail car je n’en pouvais plus de la vie en entreprise. En ce moment je lis, je fais de la musique, je cuisine, je fais du sport, bref du loisir utile et agréable, bon pour le cerveau mais tout ça en solitaire. Je me suis retiré de la vie sociale car les gens m’ont déçu, ne m’ont pas aidé comme je le pensais, et je n’arrivais plus à supporter l’opportunisme, l’intérêt, la superficialité, le faux semblant que je ressens chez beaucoup de personnes quand je discute avec.

    Je m’autosuffis mais manque de relations sociales. Pourtant des fois il m’arrive de trouver les gens très généreux (une famille italienne rencontrée par hasard alors que je cherchais un billet de bus m’a fait visité plein d’endroits touristiques avec leur voiture alors que j’étais sans voiture, j’ai trouvé ça tellement sympathique…). Mais j’ai tellement perdu de temps à avoir fréquenté des gens qui ne me convenaient pas que je me suis totalement enfermé préférant resté seul.

    Comme le dit @jabberwocky, la solution est peut-être bien de “s’entourer de personnes privilégiant les rapports assainis, intimes et authentiques” et “se construire une famille intellectuelle”. Ce site peut être un bon déclencheur 🙂

  • Membre Inconnu

    Membre
    1 septembre 2018 à 14 h 06 min

    Premièrement @hhspirit, @na-za le sujet de la discussion à la base n’est pas celui de la bonté et de l’asociabilité. Je crois ensuite que la bonté, la vraie ou du moins la plus profonde, se pratique en toute discrétion. Elle peut donc tout à fait s’exercer loin du tumulte et dans des espaces intimistes…

    Bref…
    Voilà en un mot (bonté) et un soupçon de moraline, comment pourrir un sujet qui à l’origine se voulait bien plus ambitieux.

  • aceventura

    Membre
    1 septembre 2018 à 15 h 22 min

    Par rapport à mon post précédent, je précise : j’emploie le “je” au lieu de la troisième personne car je ne suis pas encore capable de dire si ces traits de caractère me sont spécifiques ou s’ils concernent “le HP” en général, mais en tous cas les citations de @olbius semblent corroborer les expériences que j’ai vécues et ont fait ressurgir en moi plein de souvenirs/souffrances. A voir si d’autres témoignages confirment tout cela.

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