Tu fais erreur sur un point : tu ne choisis pas de revivre sans arrêt ton traumatisme. Tu ne choisis pas non plus d’arrêter d’y penser. Ou plutôt, si, tu choisis de faire comme si ça n’existait pas, pour survivre à cette situation indicible, mais pour autant, le déni ne protège qu’un temps.
Ma proposition consiste, justement, à passer de la passivité (je suis tenu par ma passion triste), à l’action (je me défais d’elle).
Je n’use pas de mon trauma comme excuse, mais comme explication de mon fonctionnement. Ça ne me dédouane en aucun cas des choix moisis que j’ai pu faire dans ma vie, ça me donne une grille de lecture de ce que je faisais avant d’avoir un suivi psychologique.
C’est pas ce que je dis @hautpotentieldeconneries ou, tout au moins, ce n’est pas ce que je veux dire.
Il y a d’un côté, le fait de graviter à perpétuité autour de son trauma, au point d’en devenir dépendant et de l’autre, par extension, s’en servir comme excuse ou comme support au ressentiment.
Le second phénomène est en lien avec le premier, mais cela ne veut pas dire que toute personne traumatisée va nécessairement reproduire ce type d’attitude.
La culture de la victimisation n’existe pas, c’est juste le retour de bâton merdeux du déni culturel de l’inceste, où de la minimisation du viol, par exemple.
Oui et non.
Je valide le déni du viol et celui de l’inceste : tu as raison, les deux problèmes existent depuis longtemps. Par contre, et comme pour d’autres combats, la reconnaissance de ces traumatismes est devenu un enjeu identitaire.
Je vais te donner un exemple. Ma belle sœur a vécu une adolescence perturbée, marquée par des abus de toute sorte. Aujourd’hui, plutôt que de soigner ce qui mériterait de l’être, elle a choisi de s’investir dans des combats crétins qui ne la concerne d’ailleurs pas directement. Elle m’a envoyé l’autre jour une sorte de pétition à la con pour censurer un auteur de BD (Bastien Vivès), jugé coupable d’apologie de la pédophilie (alors qu’il n’en est rien). Cette véhémence déplacée lui permet de rejoindre un groupe et de se donner de une importance sociale, en plus de légitimer sa propre violence.
En clair, les abus qu’elle a vécus (qui n’ont rien à voir avec la pédophilie), lui servent d’excuse. Excuse de son insignifiance, de son incapacité à exister et à être aimée comme elle le souhaiterait.
Que ça puisse mener à des outrances parfois ridicules, j’en conviens, mais l’outrance initiale est celle du déni, à mon sens.
On est d’accord @hautpotentieldeconneries sauf que pour moi, les deux se valent. Un bêtise n’excuse pas une autre.