Hugo disait que le bonheur c’est l’inconnu.
Nietzsche disait que le bonheur c’est l’oubli.
J’suis assez d’accord avec les deux.
Moi, je dirais que le bonheur c’est l’innocence.
Ou la fragilité, la capacité à être influencé par nos interactions.
Et, effectivement, il n’est point d’innocence pour celui qui connait, point d’innocence pour celui qu’est conscient.
Sans cette innocence, l’existence est insipide, les événements n’engagent pas de réaction.
Il y a trois ans, j’étais en dordogne, j’avais des poules.
J’essayais de travailler le métal, et je faisais souvent des feux..
Alors mes poules m’acclamaient comme un dieu.
Et, le feu, c’est un truc, ça les travaillait beaucoup, elles étaient curieuses.
On pourrait les traiter de connes, d’inconscientes.
Et qu’ignoraient-elles les propriétés du butane et du magnésium.
Pour moi, de la science anodine.
Pour elles, de la putain de magie.
Et qu’est-ce que c’est, la magie ?
L’indécidable ? L’imprévisible ?
Faut se rappeler que les premiers alphabétisés de l’histoire avaient à cœur de cramer les sorcières.
Tout en utilisant des mots.
Comme une évidence.
Comme si les poules avaient oublié d’avoir des dents, et de mâcher leurs mots.
Et qu’est-ce que la science.
Hier, les gamines admiraient les beaux parleurs, ils parlaient bien.
Aujourd’hui, elles les traitent de pervers narcissique.
Plus d’innocence, plus de magie.
Et cette conscience… aura empêché l’interaction.
La gamine aura perdu son innocence, sans même l’avoir expérimentée.
Elle aura fait de la science, par procuration.
Et aura appris la magie, le mystique, sans l’avoir confronté.
Le beau parleur demeurera un inconnu.
Mais un inconnu qu’il n’est pas utile de connaitre.
Quand il suffit de le savoir.
Quelle joie, de savoir, sans connaitre.
Quelle utilité, quelle vertu, quel bonheur…
De pouvoir apprendre de ses interactions, sans avoir à interagir.
De pouvoir prétendre aux stigmates, à l’experience, sans experience.
De pouvoir prétendre à la théorie de l’existence, sans la pratique…
Oui, la science tue la magie.
En mettant des angles droits, dans les courbes du chaos.
En disant que le feu, c’est normal si c’est chaud, c’est même pas intéressant.
Et tous te le diront, sans jamais avoir mit leur main au feu, que le feu ça brule.
Et comment savent-ils, ces sorciers ?
Leur innocence est morte, sans avoir vécu.
Et leur conscience leur permet d’évoluer, sans expérimenter.
De trébucher, une fois, deux fois… sur la même racine.
Sans crever, sans même se faire mal, encore, la dixième, l’énième fois.
Car la racine est virtuelle.
Et nous n’avons pas attendu le numérique.
Leur innocence est éteinte.
Sans avoir brûlé.
Sans avoir connu l’accident… ils préviennent le danger.
Et l’événement n’a plus cours.