Adulte zèbre
Haut Potentiel Émotionnel (HPE) et/ou Haut Potentiel Intellectuel (HPI) ?
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Un lieu pour partager un bout de son histoire
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Un lieu pour partager un bout de son histoire
Bon, ça fait un moment que je veux poster ce type de truc mais que je procrastine… Je sais pas encore trop ce que je vais dire mais je ne doute pas de pouvoir en dire pas mal. Pour ce qui est de pouvoir structurer tout ça par contre… Bref, on verra bien à quoi ça ressemble et où ça nous mène.
J’aimerais qu’on puisse dire un peu d’où on vient, surtout de ce qu’on était avant de devoir endosser le rôle d’adulte.
Alors, je le dis tout de suite : Si ça ne vous intéresse pas ou que vous n’avez pas envie d’entrer dans ce type de truc, pas de soucis. J’espère bien sûr que quelques personnes se sentiront de participer mais si c’est pas le cas, c’est pas trop grave. Au moins, j’aurai donné quelques pistes de compréhension me concernant et ça me permettra d’enchainer sur les quelques sujets que j’ai en tête.
Bref, je commence…
Déjà, quelques infos avant de parler plus précisément de mes conditions de vie :
– 1 grand-frère handicapé suite à un cancer du genou à 6 ans. Il n’a plus de genou à la jambe droite.
– 1 frère jumeau (vrai)
– Famille monoparentale en terme d’éducation et de présence (père absent)
– Maman aide-soignante
– Pas d’éducation religieuse avec ma mère
– Père musulman avec des messages plutôt extrêmes et qui a tenté de nous donner une éducation religieuse stricte malgré le fait qu’on ne le voyait que très peu (nous avons séjourné avec lui une petite dizaine de fois avec lui entre la séparation et nos 18 ans).
– Je n’ai aucun souvenir de mon enfance avant mes 4 ans et mon arrivée en métropole.
– Je suis retourné en vacances à la Réunion tous les 3 ans pendant 2 mois jusqu’à mes 18 ans.
Pour le développement :
Jusqu’à mes 2 ans :
Je suis né à la Réunion et j’ai vécu dans un appartement, dans une grande ville de le réunion avec ma mère et mon père.
A entre mes 2 ans et mes 4 ans :
Cancer de mon grand-frère qui a tout chamboulé. Pour le soigner, il fallait qu’il soit hospitalisé en métropole. Cette décision a été une source de conflit pour mes parents qui se sont séparés. Ma mère est donc partie pour Paris avec mon grand-frère pour qu’il soit pris en chargé à l’hôpital Necker. Tout ce qui s’est passé entre mes parents à ce moment-là est assez flou. Si j’ai bien compris, ma mère a demandé le divorce quand elle était en métropole et mon père a vendu toutes les affaires de ma mère (l’appartement appartenait à ma mère) pendant son absence.
Bref, je disais donc que ma mère est partie à Paris avec mon grand-frère. Pendant ce temps, moi et mon jumeau avons vécu avec nos grands-parents maternels. A la base, l’hospitalisation devait durer 3 mois. Finalement, ça a été 6 mois, puis 1 ans, 2 ans, etc… Jusqu’à finalement atteindre le joli chiffre de 12 ans d’hospitalisation (non continus) pour mon cher grand-frère. Il a fallut lui retirer son genoux puis gérer ensuite une maladie nosocomiale. Les médecins pensaient qu’il allait mourir d’abord de son cancer puis de la maladie nosocomiale mais mon frère n’était visiblement pas tout à fait d’accord étant donné qu’il est toujours là aujourd’hui le con… Ma mère retournait à priori à la Réunion tous les 2 ou 3 mois pour nous voir et pour gérer son divorce. Elle a finalement obtenu le divorce à nos 4 ans et nous a fait venir avec elle quand elle a pu trouver un logement à Paris pendant que mon père restait à la Réunion. Elle a donc fait le choix de quitter définitivement sa vie à la Réunion et toute sa famille pour que mon grand-frère puisse être soigné (il fallait lui péter la jambe tous les ans, maintenir les morceaux en place grâce à un appareil vissé dans jambe pour que les os se ressoude et que sa jambe puisse grandir. Cela jusqu’à ses 18 ans). Avant ça, ma mère vivait en foyer pour familles d’enfant en cours d’hospitalisation, dans le 94 je crois. Ont suivi quelques années d’événements assez improbables qui me font chier sur les personnes qui prétendent que l’altruisme n’existe pas parce que c’est ce qui est écrit dans beaucoup de bouquins très intelligents. Mais bref, ne nous éparpillons pas vu que ça fait un bon mois que je dois poster un sujet là-dessus. Je vais bien finir par le faire…
Entre mes 4 ans et mes 7 ans :
Ma mère a trouvé son logement suite à une proposition d’une connaissance d’une connaissance de connaissance de… Nous avons pu aller habiter dans une ancienne chambre de bonne dans un bel immeuble du 9ème arrondissement de Paris. Alors oui, c’était petit et vétuste mais la dame qui lui a proposé ce logement lui a indiqué qu’elle pouvait payer le loyer qu’elle souhaitait et que si il y avait des mois où elle ne pouvait pas payer, ce n’était pas grave. Donc ce logement faisait un 30ène de m², sans salle de bain et avec les toilettes sur le pallié. Ma mère a fait installer une douche dans le salon et nous a mis un lit superposé dans un grand placard étant donné qu’il n’y avait pas de chambre. Quand il pleuvait, il fallait mettre des seaux d’eau un peu partout parce que la plafond était dans un sale état. Alors, je ne dis pas ça pour toucher vos petits cœurs fragiles, hein. J’ai de très bons souvenirs de cette période de ma vie. J’ai vécu une enfance heureuse dans ce logement.
Dans le même temps, une connaissance de la dame qui a laissé ce logement a contacté ma mère pour lui proposer un poste d’aide-soignante à Necker. Je n’ai pas de détails très précis sur cette période, je sais juste que ma mère n’avait pas de diplôme ( a dû stopper sa scolarité en 3ème suite à un maladie qui l’a isolée pendant plusieurs mois. C’était une très bonne élève. Après ça, elle s’est rapidement mariée parce qu’elle voulait absolument quitter le logement familial). Ma mère a donc tenté sa chance et ça a fonctionné. Elle a passé le concours d’aide soignante et est sortie dans les premières grâce à ses très bons résultats. Elle est donc devenu aide-soignante et l’est toujours 35 ans plus tard.
Ma mère a rencontré dans le même temps un homme qui a vécu avec nous à ce moment-là mais pas toujours. Ce Monsieur était ambulancier au SAMU mais vivait dans l’Indre, à La Châtre, pas très loin du Musée George Sand (sa soeur y travaille d’ailleurs depuis des années). Par contre, son métier l’amenait à se déplacer très régulièrement sur Paris dans le cadre de transferts de patients, notamment de l’hôpital de Châteauroux à celui de Necker. Il avait donc un petit appartement à Paris à Vaugirard dans lequel il vivait presque la moitié du temps. Quand il était à Paris, nous vivions donc avec lui dans l’appartement de ma mère et parfois dans le sien (mais rarement). Ce Monsieur est le cliché du beauf de la France profonde : chasseur qui rôte et qui pète à longueur de temps en lachant des “et v’là son p’tit frère”, qui chante des chansons paillardes longueur de temps, fumeur et alcoolique, footballeur qui passait son temps dans des bistrots et qui aimait bien trop les femmes pour le leur cacher (même si il était profondément amoureux de ma mère). Autant dire qu’entre ma mère qui ne disait rien et pour laquelle il fallait absolument être tout le temps dans de l’excès de politesse et surtout ne rien dire de facheux (et qui nous a bien transmis tout ça) et ce Monsieur, les apprentissages ont été riches 🙂 Il n’y a eu aucune violence entre ma mère et ce Monsieur. Il avait ses défauts mais c’était la figure de l’homme à la fois virile, très protecteur mais aussi très aimant, avec un coeur GROS COMME CA. J’ai profondément aimé cet homme. A noter aussi que ma mère était une bonne gauchiste, très attachée à la figure de Mitterrand alors que ce monsieur était plutôt de droite, voir d’extrême droite (selon ma mère mais je n’y crois pas trop. Il aimait juste beaucoup la France et avait de l’amour pour le terroir, le savoir-faire et la culture française. Chose qui s’est inscrite en moi étant donné que j’ai été très patriotique jusqu’à mes 18 ans. J’ai d’ailleurs bien failli intégrer l’armée mais passons. Je suis content de ne pas l’avoir fait aujourd’hui même si j’aime toujours profondément la France. Quoi qu’il en soit, j’ai appris cette opposition politique entre ma mère et ce monsieur très tard).
Encore dans le même temps, est apparue une dame qui travaillait dans l’humanitaire et qui parcourait les hôpitaux à la recherche d’enfants en situations difficiles pour les amener gratuitement en vacances. Alors je suppose qu’il a fallut du courage pour accepter du courage à ma mère pour accepter qu’une parfaite inconnu parte avec son fils handicapé et d’autres enfants en vacances en Normandie pendant qu’elle continuait à travailler à Paris (oui, les vacances et ma mère, c’était pas trop ça à ce moment là. C’était plutôt semaines de 60h, y compris soirées et week-end pour avoir les sous pour nous éduquer à Paris). Quoi qu’il en soit, elle a eu ce courage et il se trouve que cette dame, non contente d’aider un enfant, a proposé a ma mère de nous prendre moi et mon jumeau avec elle, tout aussi gratuitement parce qu’après tout, il n’y avait pas de raison… Nous nous sommes donc retrouvés tous les 3 ans à partir en vacances dans de grandes maisons en Normandie, avec d’autres enfants de tout âge, accompagnés d’adultes qui nous consacraient tout leur temps en étant déjà à l’époque dans l’éducation non violente mais aussi dans l’éducation assez détachée (beaucoup d’amour mais pas d’assistanat. Non, l’important était l’apprentissage de l’autonomie).
Entre mes 7 ans et mes 12 ans :
A mes 7 ans et à mon entrée au CP, ma mère a déménagé après avoir obtenu un logement réservé au personnel de santé, à Père-Lachaise, dans le 11ème arrondissement de Paris. Je vais être très rapide sur ce passage mais en sautant directement vers un évènement traumatisant pour moi. A mes 12 ans, l’homme qui vivait avec nous et que j’aimais profondément a disparu. En gros, pendant nos vacances à la Réunion, il a fait le choix de promener le chien de ma mère sans laisse, contre l’avis de ma mère. Il y a eu un gros bruit, mon chien a paniqué, a traversé la rue, s’est fait percuter et est mort. Ce Monsieur a été inconsolable, a pris l’avion pour rentrer en France bien plus tôt que prévu et il a disparu de nos vies. Ma mère n’a pas trouvé intéressant de nous parler de cette rupture avant nos… 18 ans peut-être et en nous disant de la merde sur ce Monsieur (J’aime vraiment très fort ma mère hein mais j’ai des choses à lui reprocher). Mon, comme j’étais un bon garçon qui ne faisait surtout pas de vague, je suis passé à autre chose à m’isolant dans une espèce de très autistique qui m’a permis de me dégager de mon affecte par rapport à cette situation.
Au-delà de ça, la dame qui nous amenait en vacances en Normandie a présenté une prof de guitare à ma mère pour mon grand-frère qui voulait s’y mettre. Donc des cours de guitare gratos eux aussi. A côté de ça, moi et mon jumeau avons pu rencontrer une peintre qui nous a appris à dessiner, à peindre et à nous servir de nos mains. Encore gratuitement bien sûr. Nous sommes ensuite devenus ados et nous sommes désintéressés de ces personnes au point que nous avons perdu contact. Heureusement, aujourd’hui j’ai repris contact avec la dame qui nous amenait en vacances et il y a clairement assez d’amour pour que je la considère comme ma deuxième maman et qu’elle me considère comme son fils. Je suis d’ailleurs parti en vacances avec elle et ma fille l’été dernier (toujours gratuitement). Ca a été un moment important pour moi parce qu’il fallait aboslument que ma fille rencontre cette dame. Le fait que ça se passe aux 4 ans de ma mère, exactement au même âge où moi je partais pour la première fois en vacances avec cette dame n’est qu’une rigolerie de plus.
Entre mes 14 ans et mes 21 ans :
A mes 14 ans j’ai pu me mettre à pratiquer la guitare (élément majeur dans mon adolescence tellement il a déverrouiller des choses). Je m’y suis consacré 8 heures par jours 7/7J pendant 2 ans juqu’à arriver à un niveau acceptable par rapport à celui de mon grand-frère et perdre de mon enthousiasme, ceci combiné à ma première rencontre amoureuse qui m’a fait abandonner tout le reste. Ce qui m’a mené à ma première rupture, à la perte de l’idée du bonheur (pour moi le couple c’était pour la vie, quoi qu’il arrive) et à ma première grosse dépression qui a durée 5 ou 6 ans. Je n’avais plus aucune sensation (ou presque), j’étais désagréable avec tout le monde parce que me rendait important de me laisser ce droit. En plus, c’était moi qui faisait mal et pas les autres qui me lynchaient. J’en suis sorti en cherchant constamment des choses capable de me faire pleurer. Jusqu’à y arriver et à me replonger dans mon enfance. Après ça, j’ai cru être neuf et plein mais, si j’ai laissé ma dépression derrière moi, je l’ai fait en rejetant le monde des adultes et en me réfugiant dans le fait qu’au moins les enfants étaient assez curieux et se permettaient de dire ce qu’ils pensaient. J’ai pris conscience de la stupidité de la situation seulement récemment, après ma rupture en 2020 encore un peu après. Non, les adultes ne sont pas que des cons… Faut juste pas penser qu’un enfant névrosé est la représentation de l’adulte… Enfin bref.
Bon, je vais essayer de m’arrêter là même si il y a encore de nombreuses choses à dire. Je pense que la majorité des éléments de compréhension me concernant sont là, à part un dernier pour finir :
J’ai voué un véritable culte à mon grand-frère qui a été un héro pour moi. Malgré son handicape, son hospitalisation longue et douloureuse, c’est bien la seule et unique personne que je n’ai absolument JAMAIS entendue se plaindre. Il avait de bons résultats à l’école, il était doué pour la musique et de ses mains, il disait des choses intelligentes sur le monde qui l’entourait… Fatalement, j’ai voulu faire comme lui et je me suis interdit d’être malheureux pendant des années et années. J’ai été un enfant, un ado et un jeune adulte muet sur mes difficultés.
Voilà voilà!
Ce sujet n’est pas là que pour moi et j’apprécierai que vous puissiez vous y engager, si vous le souhaitez.
Bonne journée 🙂
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