Adulte surdoué et dépression

  • Membre Inconnu

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    26 janvier 2018 à 7 h 34 min

    @Olbius : Non seulement ça ne sert à rien, mais ça la culpabilise (un peu plus).

    @paquerettedesbois : La plupart des gens ne se posent jamais, ou pratiquement jamais, les questions métaphysiques qui peuvent obséder certains d’entre nous lors de passages à vide. Sur les comment, les pourquois de la vie, Le sens qu’elle est supposée avoir…
    Ado, je rejetais des valeurs en quoi tout le monde ou presque se reconnaissait, comme le travail, la propriété privée. Et l’autorité, par conséquent. Je ne comprenais pas que les gens acceptaient d’endurer l’usine, le chantier, une vie de guichetière, de femme de ménage, pour se retrouver le soir entassés d’abord dans des bus puants, puis dans d’affreuses barres.
    Les psys des années 70 n’avaient pas grand chose de comparable avec ceux d’aujourd’hui. Ils étaient formés à tapiner sur le mode répressif. Des flics de la Norme, imprégnés d’un freudisme dogmatique vaguement tempéré des divagations gauchisantes en vogue dans cette décade post-soixante-huitarde. Foucault en a très bien parlé dans ses bouquins.
    Donc, quand tu consultais, on ne cherchait pas à savoir où pouvait se tenir ton bien-être, au regard du mal-être que tu venais exposer. Surtout quand tu étais à l’âge des boutons, en bisbille avec tes vieux, en rupture totale avec un milieu social où tu ne te reconnaissais pas. En clair, si tu te trouvais en dissidence, c’est toi qui avais un problème, et ce problème-là, il se règlerait par la prise de stupéfiants légalisés, et si ça ne suffisait pas, c’était l’internement. Pour schématiser, si tu ne te pointais pas au RDV suivant nanti du bleu de travail et du contrat d’esclavage règlementaires, tu étais bon pour le cabanon.
    Autant dire que ça s’est très, très mal passé, la suite.
    Le fait que je sois là pour vous en parler, tient du miracle. A un moment j’ai réagi, comme quand tu coules par le fond et que d’un coup de rein, tu imprimes une poussée pour regagner la surface. L’instinct de vie.
    Ensuite, lorsque j’ai eu besoin de psys, c’est moi qui ai fixé les règles du jeu.
    On revient aux phases sombres. Où tu te poses des questions que les braves gens ne se posent jamais. Genre, mais qu’est-ce que je fous là, à distance de ce populo massé autour de ces caisses moches et bruyantes (hier soir, lors du passage d’un rallye), avec un guignol qui passe dans les rangs pour recuellir leurs impressions dans son micro HF et deux autres pour les filmer à l’intention d’une toute petite télé locale qui passe l’année à chercher des sujets pour meubler l’antenne. Pourquoi je me sens mieux dans une forêt à guetter renards, cheveuils et sangliers, que parmi ceux que je devrais tenir pour mes semblables ? Pourquoi émietter des gratte-gratte le dimanche matin me paraît tenir de la pataphysique pure ? Pourquoi les voir s’exciter sur des footeux me semble relever de la visite d’un zoo ?
    Le paradoxe du zoo, évoqué par Cioran, dont Georges de Caunes (le père de l’autre) avait fait en son temps un champ d’expérimentation (https://www.lci.fr/france/cetait-un-11-juin-le-papa-dune-future-vedette-de-la-tele-devient-la-star-dun-zoo-1204703.html), décliné par Henry Miller dans son Cauchemar climatisé… pourrait résumer ma vie, quand le moral est dans les talons. Le reste du temps, ça balance entre humour noir et indifférence.
    Je crois que le fait d’être HP, HPI, Aspie, nous accule que nous le voulions ou non, et dès la Maternelle, à ce conflit sans merci du Moi vs Les Autres, et l’on passera toute sa vie à apprendre à devenir à la fois des comédiens et des diplomates, par souci de s’intégrer ou pour simplement avoir la paix.

  • paquerettedesbois

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    26 janvier 2018 à 13 h 17 min

    @zebra3 purée comment tu as du morfler… je n’imagine même pas… et oui arriver à te sortir de totu ça relève du miracle… mais tu es là et c’est ta plus belle victoire…
    je comprends tout à fait ce que tu expliques à la fin de ton message, je pense qu’on est beaucoup dans ce cas à avoir ressenti ça pour pouvoir s’intégrer et je te rassure les “fans” de façon générale, je ne comprends pas que ça soit en musique, sport ou autre… c’est un truc qui me dépasse totalement. je ne comprends pas non plus les gens qui ont leur boulot pépère, leur vie pépère et qui s’en contentent parfaitement mais bon tout ça aujourd’hui on sait à quoi c’est du…
    maintenant le truc c’est qu’est-ce qu’on fait avec tout ça? comment on avance? et je suis sûre qu’il y a moyen d’avancer et de faire des choses super…

  • Membre Inconnu

    Membre
    26 janvier 2018 à 14 h 22 min

    Personnellement je pense être dépressif depuis mes 17 ans 🙂 De 17 à 21 ce fut une profonde dépression mais ensuite je pense avoir simplement appris à vivre avec. Alors bien sûr, je peux rire, m’amuser, passer de bons moments mais je peux aussi m’écrouler très vite…Puis rebondir…c’est un peu fatigant 🙂

    La question serait pour moi, comment ne pas l’être avec une telle conscience du monde ? je suis en train de trouver ma réponse dans la résilience, chose que j’ai longtemps refusée car pour moi cela s’apparentait à de la lâcheté mais je sais maintenant qu’il n’en est rien. La résilience n’enlève rien à ma conscience du monde mais me place plutot comme un simple observateur que comme un acteur.

  • Membre Inconnu

    Membre
    26 janvier 2018 à 15 h 53 min

    @Jean : Résilience et je dirais, stoïcisme ne sont point lâcheté. Pars du principe logique que le monde est tel qu’il est et que tu n’as, dans l’immédiat, pas de prise sur cet état de fait. Demain tu seras peut-être écrivain, dramaturge, diplomate, philosophe, cinéaste, héros malgré toi (comme le gars à Nice qui a maîtrisé le fou du camion depuis le marchepied qu’il a accroché avec son scooter), à ce moment-là tu disposeras ou auras disposé d’une toute petite marge de manoeuvre. Mais pour l’heure, recentre-toi sur ce stoïcisme. Tu n’as de prise que sur ton présent et ton devenir. Même en qualité d’observateur, tu ne disposes jamais que des éléments qui te sont fournis par des sources extérieures, toujours sujettes à caution.

    @paquerettedesbois : Non, tu n’imagines pas. C’est même pire que ça mais j’en suis sorti, j’ai été aidé de différentes façons et je redistribue à ma manière ce qui m’a été offert en aidant autant que je le peux les personnes de mon entourage dans le besoin.
    Heu… Cela ne m’empêche pas d’être “fan”, sans pour autant être groupie, de certains artistes par ailleurs disparus. Mais je n’en fais pas pour autant une religion. Là encore, c’est une rencontre de sensibilités, on se reconnaît dans tel type de tonalité musicale, de rythme, de groove, dans ceraine approche de la représentation, qu’il s’agisse de peinture, de narration ou de façon de filmer.
    C’est la vie pépère qui ne rentre pas. Et ça j’ai pu l’expérimenter un temps en couple. Même actuellement je mène en célibataire une vie plutôt pépère qui n’est pas exempte d’ennui et de descentes abyssales dans les profondeurs du blues.
    Qu’est-ce qu’on fait avec tout ça, comment on avance ?
    Là je t’avoue que je ne suis pas très inspiré, mais ça vient sans doute de mes propres barrières que je n’ai pas encore réussi à abattre.
    Qu’est-ce qu’on veut, au fond ? Pourquoi on est là, tous ? Pour se parler, pour échanger, éventuellement se rencontrer -encore que vu l’éparpillement où nous sommes tous, géographiquement et générationnel, risque de mettre à mal quelques possibles ?
    Déjà, l’échange d’expériences, dans tous les domaines, est précieux. Ensuite, chez chacun, l’idée peut surgir à n’importe quel moment et prendre une forme inattendue.
    Laissons grand ouvertes portes et fenêtres…

  • paquerettedesbois

    Membre
    26 janvier 2018 à 16 h 13 min

    @zebra3 mais oui laissons faire les choses, la vie nous emmène toujours là où elle le veut même quand on ne peut pas voir et elle peut être surprenante parfois (dans le bon sens). je suis sûre que tu trouveras quoi faire de tout ça maintenant que tu sais… je te le souhaite… je me le souhaite aussi et je nous le souhaite à tous…

  • Membre Inconnu

    Membre
    26 janvier 2018 à 23 h 10 min

    @zebra3, merci pour ton message. c’est effectivement cette voie que je suis. Et plutôt qu’observateur je devrais dire “témoin involontaire” ou un “simple passant” même 🙂 Je me suis coupé des médias depuis quelques mois déjà par exemple puisque je n’avais de toute façon plus aucune confiance en eux. Mieux encore, j’arrive à ne pas avoir cette impression de zoo dont tu parles quand je suis en société (zoo dont je fais partie bien sûr) …parfois…

    Merveilleuses illustrations de ce zoo (c’est très personnel bien sûr):

    Et au passage, ton message précédent m’a beaucoup parlé même si j’ai eu la chance d’être bien moins stigmatisé. Je me reconnais très bien dans ta vision du monde et cet éternel aller-retour entre l’ombre et la lumière. Lumière qui est de plus en plus présente malgré tout (soyons optimistes) 🙂

  • Membre Inconnu

    Membre
    27 janvier 2018 à 0 h 40 min

    Bonjour!

    Les dessins que tu as postés me font penser à un artiste – Steve Cutts – qui créer des clips en s’inspirant de musique diverses; Voici quelques liens:

    https://www.youtube.com/watch?v=WfGMYdalClU

    https://www.youtube.com/watch?v=tdz4DvDG_gg

    https://www.youtube.com/watch?v=v-7v2WGiTe8

    https://www.youtube.com/watch?v=hlMAKpxN8N0

    “tellement parlant”. A mes yeux. Bien que ca peut donner une perspective réductrice sur nos visions du monde enfin surtout des gens “inconscient”.

  • Membre Inconnu

    Membre
    27 janvier 2018 à 6 h 18 min

    Très vrai tout ça.
    Sur un registre plus humoristique (car c’est l’humour qui nous sauve), ces quelques fresques de Dubout, illustrateur des années 60, que j’adore :



    Les médias, longtemps que je me contente de les survoler. J’ai fini par zapper, même, les blogs que je suivais depuis des années.
    Oui bien sûr, on fait partie du zoo, même si on le considère avec recul, même si on y tient un rôle de composition. Même si personne n’y attend personne.

  • Membre Inconnu

    Membre
    27 janvier 2018 à 16 h 18 min

    @augure, j’aime beaucoup ce que fait Steve Cutts (que je découvre), merci.

    Et merci @zebra3 d’alléger le tout avec ces dessins parce Steve Cutts ne fait pas dans le léger 🙂

  • Membre Inconnu

    Membre
    27 janvier 2018 à 16 h 29 min

    @jean

    La deuxième surtout est assez lourde je trouve, elle m’affecte pas mal car elle fait ressurgir des clichés que j’ai déjà pu voir et qui alimente des pensées assez négative, le style graphique est très bien choisit aussi.

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