La pensée algorithmique et le mathématisme sont-ils les moyens les plus sûr de produire une génération de crétins malfaisants ?

  • La pensée algorithmique et le mathématisme sont-ils les moyens les plus sûr de produire une génération de crétins malfaisants ?

    Membre Inconnu a répondu il y a 2 années, 9 mois 10 Membres · 31 Réponses
  • Membre Inconnu

    Membre
    24 juillet 2021 à 18 h 29 min

    En art, il y a ce que l’artiste a voulu montrer. Et il y a ce que toi tu vois… Et cela peut être sacrément différent en fonction de ce qu’il y a dans ton esprit…

    Ok @foolish_little_bird .
    Mais d’après toi qu’est-ce que représente le tableau de Géricault, au dessus, et qu’est-ce qu’il a voulu dire à travers cette représentation ?
    Même question pour le tableau de Pollock.

    Je pense que tu admettras facilement que l’interprétation de la forme est beaucoup plus restreinte dans le premier cas. Tu pourras assez facilement deviner l’intention du peintre et même t’appuyer sur des documents pour affiner la compréhension de cette peinture.

    Dans le second exemple – celui de Pollock – rien n’est accessible ou identifiable.
    En fait, il n’y a pas d’intention. On est dans la gratuité et le cynisme le plus absolu.

    La subjectivité a bon dos.
    Géricault te montre des têtes coupées. Je doute qu’il y ait beaucoup de gens qui verront des pommes ou des nymphettes se baignant dans une rivière.
    Les entrelacs de Pollock n’ont pas de signifiés. Tu peux y projeter ce que tu veux. C’est toi qui fait le tableau, en quelque sorte.

    Géricault est là pour te malmener, pour bousculer ton regard.
    Pollock et ses coreligionnaires entretiennent finalement un système de reconnaissances narcissiques (d’intersubjectivité, comme tu dis) : Tu le consacres comme artiste et il légitime en retour ta subjectivité.

    Quoi de plus mesquin ?

    La fin du dix-neuvième siècle marque en effet le début d’une tendance qui veut que ce soit le spectateur qui fait l’œuvre d’art. On parle de subjectivité, de la liberté du regard, de la fin de l’académisme formel, mais il s’agit plutôt d’une nouvelle forme d’élitisme qui passe par la glose tant la forme devient alambiquée et le propos de plus en plus hermétique (propos qui devient celui du galeriste ou du critique d’art).

  • Membre Inconnu

    Membre
    24 juillet 2021 à 19 h 11 min

    @jabberwocky :

    Je trouve le premier tableau glauque et il me rend mal à l’aise.
    En ce qui concerne le second, j’adore ce mélange de couleurs, je les trouve bien assorties, et ce tableau est agréable à mes yeux.

    Je n’apprécie pas toujours l’art contemporain et je ne le comprends que peu, et c’est pour cela que je parle de subjectivité, du moins de la mienne, mais je ne partage cet avis de gratuité et de cynisme absolu : je ne
    sais pas ce qu’il y a dans la tête des artistes, et j’ignore quasiment tout de leurs
    motivations.

    Mais cela n’a pas d’importance pour moi. Pourquoi cela devrait-il en savoir ?

    Si je ressens des émotions positives quand je regarde ou visionne une oeuvre, si cela me fait du bien, alors c’est l’essentiel, pour moi. Je ne cherche d’ailleurs pas un sens à tout ni à ma vie. Pour moi ce qui importe, c’est que je me sente bien.

    Après, si on n’y trouve ni sens ni intérêt à certains arts, voire si on ne les apprécie pas, idem pour les personnes, pour moi il suffit de passer son chemin.

    Mais à chacun sa façon de voir les choses.

    Dans tous les cas, quand j’étais enfant et que les adultes débataient du sens de la vie, moi je pensais qu’ils étaient bien aveugles de ne pas comprendre que le sens de la vie n’avait que celui qu’on lui donnait, puisqu’ils avaient tous des avis différents. J’ignorais alors que j’étais tout aussi aveugle qu’eux.

  • Membre Inconnu

    Membre
    24 juillet 2021 à 20 h 07 min

    Je trouve le premier tableau glauque et il me rend mal à l’aise.

    Cela tombe bien @foolish_little_bird , puisque c’est l’effet escompté. C’est une réflexion à propos de la peine de mort. Son titre est : “Les suppliciés”. Le titre est important ; il confère une humanité aux condamnés. Humanité que la sentence de mort a déniée.

    Cette représentation du début du dix-neuvième siècle (c’est important de le préciser) est très engagée. Elle veut dire quelque chose.

    En ce qui concerne le second, j’adore ce mélange de couleurs, je les trouve bien assorties, et ce tableau est agréable à mes yeux.

    C’est donc de la déco. Déco qu’un enfant de six ans – ou n’importe qui – pourrait produire de façon aléatoire, avec de la gouache et un bout de bois pour touiller*. Mais est-ce bien la mission de l’Art de s’abaisser à des gribouillages infantiles et à se montrer complaisant avec le spectateur ?

    Relis Fahrenheit, c’est en effet une des choses que Bradbury pointe dans son roman.

    * C’est d’ailleurs ainsi que Pollock procède.

    Mais cela n’a pas d’importance pour moi. Pourquoi cela devrait-il en avoir ?

    Bah, à ce compte-là, rien n’a d’importance. Peu importe que des auteurs s’échignent à produire des œuvres engagées et exigeantes, pendant que d’autres s’enrichissent en misant sur l’idée que tout est relatif ou que tout se vaut.

    Moi je ne crois pas que tout se vaut. Je crois qu’il y a une hiérarchie et des valeurs – aussi discutables soient-elles – qui distinguent les productions individuelles, les idées, les propositions, etc.

    Après, si on n’y trouve ni sens ni intérêt à certains arts, voire si on ne les apprécie pas, idem pour les personnes, pour moi il suffit de passer son chemin.

    Je ne pense pas que le fond du problème soit là. C’est vrai, après tout, qu’on peut toujours ignorer ce qui nous semble futile, mais quand une tendance ou une idée directrice devient l’horizon indépassable, quand elle règne de façon despotique dans un domaine, c’est là qu’il y a un soucis.

    On parlait, en entame de ce sujet, de la religion du mathématisme et des nouvelles technologies. Penser autrement la société et l’enseignement dans une perspective plus littéraire et refuser la virtualité devient presque impossible, tant on nous martèle que c’est le chemin de la raison et du progrès.

    Ce qui s’est passé avec l’art contemporain est comparable dans le fait qu’une minorité de gens a décidé, elle aussi, que la seule façon d’envisager l’art serait par le biais de concepts expérimentaux compliqués (fumeux), des forme archaïques, laides, simplistes, primaires et des techniques généralement très pauvres.

    C’est d’ailleurs pour cela que n’importe qui peut prétendre faire de l’art. La qualité du dessin, la science de la composition, le propos, la quantité de travail, etc, maintenant on s’en fout.

    Quand Jacque Lang compare MC Solaar à Arthur Rimbaud, on peut se demander si nous ne vivons pas une fin de civilisation.

  • byaku

    Membre
    24 juillet 2021 à 20 h 46 min

    Comme tu le sais je partage totalement ton avis.

    Il fut un temps ou l’art récompensait le talent, la technique, le travail, l’exceptionnel … La différence entre l’art contemporain et ces valeureux prédécesseur, c’est que n’importe qui peut répliquer une bonne partie des ” œuvres ” contemporaines sans grandes difficultés la ou je défie à peu prêt tout le monde de répliquer des peintures réalistes par exemple

    *Ca ne veut pas dire que les peintures contemporaines ne peuvent pas être agréables visuellement, il y a des mariages de couleurs qui sont sympas … C’est juste que pratiquement tout le monde peut s’y adonner, et avec un peu de bol faire une truc qui rend pas mal. C’est juste qu’on a abandonné le talent, le travail, et l’aspect de l’exceptionnel de l’art.

    👇Qu’est-ce qui est le plus long et le plus difficile à produire/reproduire ? 👇

  • Membre Inconnu

    Membre
    24 juillet 2021 à 21 h 37 min

    @jabberwocky :

    J’aime autant Kandisky que Dali ou des peintres dont j’ai pu admirer directement les oeuvres, comme Renoir ou encore Degas (et j’ai été surprise au musée d’Orsay de voir à quel point j’ai aimé ses danseuses et ses jeux d’ombre et de lumière)… Mais bon, comment comparer, puisque je n’ai pas vu les oeuvres des premiers dans un musée…

    J’ai follement envie de retourner au musée d’Orsay, là… 😭

    Renoir… On dirait que ses scènes sont vivantes…

    Je n’aime pas le cubisme. Beaucoup de personnes aiment Picasso, mais moi je n’aime que ce qu’il a fait en dehors de son cubisme.

    J’aime la peinture, j’aime le dessin (et je dessine même un peu), et j’aime aussi la poésie (j’en raffole, même), ou encore le théatre. Et je préfère les oeuvres “anciennes”.

    Mais je ne les aime pas toutes. Loin de là.

    “Curieusement”, je ne suis pas en extase devant un tableau de Van Gogh ou de Gauguin (surtout sa période à Pont Aven…), y compris dans un musée. Alors qu’un tableau dans un musée c’est bien autre chose que de le voir en image numérisée.

    Alors, même si, sans doute, les oeuvres modernes demandent moins de talent, moins de techniques, moins de temps, il y en a que je préfère à des oeuvres “anciennes”, parce qu’elles éveillent en moi des émotions qui me font du bien… Et parce qu’elles sont un vrai plaisir pour mes sens.

  • lutindesbois

    Membre
    25 juillet 2021 à 2 h 41 min

    Le titre est bien trouvé! Et je pense que c’est OUI très clairement! Ils nous font chier la vie! On a cas tout quantifié avec des algorithmes, le PQ, le cerveau, les sentiments, la façon d’apprendre, l’humanité, les pizza, qui peut vivre et qui doit mourir…

  • Membre Inconnu

    Membre
    25 juillet 2021 à 10 h 10 min

    @foolish_little_bird

    “je ne partage cet avis de gratuité et de cynisme absolu”

    avis perso: je pense qu’ils veulent exprimer le cynisme de notre époque..
    mais… il faut bien que quelqu’un l’exprime… perso je pense qu’ils feraient mieux de lutter contre… au lieu de l’intérioriser,….mais c’est un avis perso

    “que le sens de la vie n’avait que celui qu’on lui donnait,”

    Tu es d’accord qu’il y a un “sens” difficile à nier: celui du passé vers le futur?

    “Jacque Lang compare MC Solaar à Arthur Rimbaud, on peut se demander si nous ne vivons pas une fin de civilisation.”

    En effet

    @lutindesbois

    Et je pense que c’est OUI très clairement! Ils nous font chier la vie! On a cas tout quantifié avec des algorithmes, le PQ, le cerveau, les sentiments, la façon d’apprendre

    C’est juste un mauvais usage de l’instrument mathématique… mais ce n’est pas l’instrument lui-même!

  • lutindesbois

    Membre
    25 juillet 2021 à 11 h 44 min

    Oui c’est dans un sens assez juste ce que tu écris à propos de l’instrument / l’outil.

    Et ce besoin de quantifier toute la réalité observable, ce besoin de contrôle “algorithmique” pour gérer la réalité, qu’on en fasse une norme de fonctionnement…c’est pathologique.

    Donne une arme de guerre chargée a un enfant et il se transforme en terroriste!

    Alors quand même j’insiste: l’outil n’a-t-il pas une influence sur celui qui l’utilise? réciproquement bien sûr…

    A-t-on besoin de construire des fusées et d’aller dans l’espace pour bien vivre ensemble sur cette planète?

    A-t-on besoin de disséquer tout le vivant pour essayer de comprendre l’existence?

    Je ne dis pas que la pensé “mathématique” est inutile, mais juste qu’elle est dangereuse quand elle est déshumanisée/centrée sur elle-même. Et donc les matheux, il ne faut pas les laisser décider pour tout le monde! Mais on a quand même besoin d’eux en société, pour créer des algorithmes qui trient les carottes et les pommes de terre…bon ok peut-etre pas pour ça.

    On a besoin d’eux pour que certains ne basculent pas complètement dans le “surréalisme mystique”! et uniquement ça je pense…

    “l’intelligence sans sagesse n’est que ruine de l’âme

  • olbius

    Organisateur
    25 juillet 2021 à 12 h 11 min

    A-t-on besoin de construire des fusées et d’aller dans l’espace pour bien vivre ensemble sur cette planète?

    Besoin, peut-être pas mais ça peut aider non?

  • lutindesbois

    Membre
    25 juillet 2021 à 12 h 31 min

    Je ne sais pas. En me demandant en quoi ça peut aider, je n’arrive pas a trouver le bénéfice commun. Certains y trouvent un bénéfice individuel d’exploration existentiel, au prix de nombreuses ressources materielles qui ne seront plus disponible pour la collectivité, mais les autres? Alors oui c’est interessant de savoir qu’il y a un trou noir au centre de chaque galaxie, qu’il a de l’eau gelé sur un pole de la lune, mais ça ne m’aide pas a cultiver mes carottes et a en donner un peu aux voisins.

    Je pense que cela engendre bien plus de destruction et de malheure, que de bénéfice.

    A partir de quelle limite peut-on estimer que c’est indécent? Je pense que cette question est plus importante que les bénéfices potentiels.

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