L’Orgueil. Comment se débarrasser de son “ego” ?

  • farfadet

    Membre
    26 mai 2021 à 14 h 06 min

    @grandadais @paradox je ne connaissais pas Groddeck. J’ai regardé un peu, ça a l’air très intéressant. Le personnage me plaît aussi. Merci pour la référence !

  • Membre Inconnu

    Membre
    26 mai 2021 à 16 h 27 min

    Oyé oyé ! ^^

    Je m’essaie à une réponse collégiale !
    [ça me prendrait trop de temps de quoter individuellement]

    Hum… En même temps j’ai un peu la flemme car c’est un domaine complexe, et mon message risque d’être long et chiant héhé… Je vais essayer de synthétiser car il y a bcp à dire… Je vais y aller franco, j’en ai marre de prendre des pincettes, donc y a peut-être des trucs qui paraîtront étranges, faudra en prendre et en laisser… Cela m’a pris bcp de temps pour capter certains trucs, je n’ai pas non plus la science infuse…

    Donc là, j’ai déjà écrit un paragraphe pour ne rien dire ^^

    Déjà, la notion de l’ego n’est pas propre à la psychologie ou à la psychanalyse. La psycho est une science qui s’est émancipée au début du XXe. Avant elle, il y a eu des penseurs et des courants philosophiques. En l’occurrence, elle est au coeur d’enseignements orientaux (védisme, bouddhisme, jaïnisme, etc.) Peut-être avez-vous entendu parler du gnothi seauton, célèbre expression écrite dans l’ancien temple à Delphes : “Connais-toi toi-même !”.

    Cela inspirera la plupart des philosophes de l’Antiquité, donc voilà voilà pour le petit contexte historique, on n’est pas dans du développement perso hein lol Intellectuellement parlant, que ça soit en Orient ou en Occident (de ce que j’en sais), on a énormément écrit là-dessus. Y a de la ressource quoi… Et c’est avec la plus grande humilité possible que je tente de me baser dessus pour bâtir une pensée, qui se veut la plus cohérente possible…

    Avant de foncer tête baissée dans la réflexion, il conviendrait de se poser et d’analyser notre fonctionnement : quels outils utilisons-nous ? On peut peut-être formuler la chose autrement : qu’est-ce qu’un concept ? Car tous les mots que nous utilisons pour désigner les choses, les idées ou les phénomènes sont des images mentales. Je vais faire simple pour les définitions, y a toujours moyen d’aller plus en profondeur, mais le faire nécessiterait d’écrire un essai, ce n’est pas l’endroit idéal ^^

    L’entendement (au sens de Kant) est notre capacité à produire des concepts. La raison est notre capacité à faire des liens cohérents et adéquats entre les choses ou les éléments. Un concept est ni plus ni moins une définition qui va s’ériger en modèle. Par ex, si vous connaissez le concept de table, vous avez à l’esprit un modèle (abstrait et général) qui vous permettra de reconnaître et de nommer les tables singulières. Je n’entre pas dans le problème philosophique de l’inférence (comment passe-t-on du particulier au général), on va rester pragmatique et considérer la chose comme un état de fait. Nous fonctionnons comme ça (sans préjuger de si c’est correct ou pas du point de vue de la connaissance, disons gnoséologiquement – oué j’adore les termes barbares héhé).

    Pourquoi c’est important de commencer par là ? Hé bien on voit de suite la contradiction dans notre fonctionnement à tenter de déterminer ce que nous sommes, notre “essence”, notre individualité, ce qui fait que nous sommes nous et pas un autre quoi. Pourquoi ? Car c’est antinomique. Car si nous listons nos caractéristiques (on parle de prédicats en logique), elles sont nécessairement liées à un concept. C’est-à-dire que nous faisons de nous-mêmes un concept, une image mentale figée : je suis HP, je suis Breton, je suis ceci, je suis cela, etc. Sauf que toutes ces étiquettes ne sont pas propres à nous-mêmes, d’autres ont les mêmes. C’est le propre d’un modèle, c’est de pouvoir lister un ensemble d’éléments aux caractéristiques communes. Or, ce qui nous intéresse dans notre quête de nous-mêmes, c’est ce qui fait notre singularité, notre originalité…

    Voilà pourquoi nombre de philosophies expliquent que cette voie est une impasse. Il faut se défaire des automatismes de notre entendement. Ce que bcp d’idiots interprètent comme le fait d’abandonner son mental, d’arrêter d’être “trop rationnel”, etc. Bref. Et donc la méthode consiste à lâcher prise, on oublie ces étiquettes qui n’existent que dans notre imagination, afin de ressentir ce que l’on est. Cette sensation indicible, ce sentiment d’être, c’est l’expression de votre Soi (ce que vous êtes) dans l’instant T. Comme je l’ai déjà écrit, l’égo est l’image que l’on a de soi, il s’agit en réalité d’une sorte de concepts. Entre l’égo et le Soi, entre l’image que l’on a de soi et ce que l’on EST réellement, cela fonctionne un peu comme une pellicule avec une image en négatif avec le paysage qui qui a été pris en photo. Plus notre ego prend de l’importance, plus on va s’éloigner de notre véritable nature. Et ça se manifeste très concrètement par une sorte de malaise. Si on écoute ce qu’on ressent, on ne se sent pas épanoui, on ne sent pas libre, etc.

    Donc l’étape d’après consiste à comprendre les mécaniques de cet égo. Et cela repose bcp sur des jeux de miroir. Par exemple, ce sont les autres qui nous donneront une image déplorable de nous-mêmes, on ne le fait rarement spontanément pour le fun. Et cela peut créer des automatismes persistants, avec des principes de compensation (on présentera alors un complexe de supériorité). L’égo est profondément social, tandis que le Soi, il s’en fout, car il voit l’unité. La pensée de l’égo est toujours clivante, on tient à exister, à se différencier, mais dans les faits, penser être original en se conformant à des codes sociaux (genre on décide de devenir émos), bah là encore c’est antinomique. L’égo a besoin de ça, d’entrer dans des cases, de s’identifier et de se différencier. On préférera par exemple un quidam qui va raconter sa vie, plutôt que d’un mec chiant comme moi qui écrit sur des notions abstraites.

    Il ne faut donc pas confondre le Moi (égo) et le Soi. L’un se reconnaît par des sensations qui nous étouffent, qui sont désagréables, Spinoza parlerait de passions tristes, tandis que le Soi au contraire nous donne un sentiment de liberté, d’harmonie avec le reste du monde ^_^ C’est la théorie hein… lol Dans le bouddhisme, il est écrit qu’il faut renoncer à ses désirs, bon… Là encore, c’est très mal compris… C’est-à-dire que dès lors qu’on lâche l’affaire avec le jeu social, ce n’est pas qu’on n’a plus de désirs (genre je veux cette voiture, pour montrer que j’ai réussi socialement et épater les voisins), c’est juste qu’on s’en bat les couilles lol Ce n’est pas qu’on n’a plus de désirs, on trouve juste ça ridicule… Et ça ne signifie pas non plus qu’on ait plus d’ambition, le Soi a besoin de toujours plus s’épanouir, le “bonheur” n’est pas un état absolu, c’est comme l’Amour, ça demande toujours du travail.

    Et tout ce travail nécessite de mettre en pratique ces principes, que j’ai vaguement dressés, à l’échelle individuelle. Et pour changer des situations, pour rompre avec des schémas ou des scénarios, il ne suffit pas de méditer dans son coin, il faut agir dans le réel, concrètement, quitte à couper les ponts avec des gens qui nous blessent. Il existe des techniques de méditations, certaines sont très puissantes, mais il faut TOUJOURS entreprendre un travail intellectuel à côté, étudier, comprendre les principes, etc. Car il y a eu une grosse récupération en Occident par divers courants, où ils se sont débarassés de la philosophie, de ce qui donne du sens à ce qu’on est en train de faire, et ça peut créer des effets tout à fait désastreux. Certaines personnes peuvent se couper totalement de leurs émotions, ne plus être affectées par rien, alors que ce n’est pas le but. D’autres peuvent subir une dépersonnalisation, un état apathique, et vivre leur technique de méditations comme une drogue… Là encore, c’est pas le but… Enfin, pour les personnes qui peuvent souffrir des problèmes psys (schizophrénie, dépression, maniaco-dépression, etc.), les symptômes peuvent s’aggraver…

    Donc voilà, on ne recommande pas n’importe quoi à n’importe qui sans savoir. C’est comme ceux qui font du yoga à un certain niveau et qui n’ont absolument rien étudié, donc leur psychologie n’est pas prête, leur vision du monde peut évoluer par l’expérience, mais ils seront incapables de le gérer intellectuellement, ça peut très vite vriller… La folie peut prendre des formes très inattendues… Enfin, j’entends par “folie” le fait d’être incohérent, ou de ne pas être capable de faire des liens cohérents. Dans cette acceptation de sens, il y a pas mal de gens fous héhé… Mais c’est comme ça qu’on va se retrouver avec des mouvements à la limite sectaire, ce qui est à l’opposé de ce que nous recherchions à la base, c’est-à-dire au contraire une certaine liberté intérieure…

    Bon, j’ai sûrement oublié plein de trucs, finalement je n’ai pas eu besoin d’aborder des trucs trop awares, c’était déjà pas mal long ^_^’

    PS : l’orgueil est le fait d’avoir une haute estime de soi, c’est une image de soi qui se placera au-dessus des autres. C’est une manifestation possible de l’ego, mais ça ne se résume pas à ça. Bon, ça semblera évident au vu de ce que je viens d’écrire, mais j’ai oublié de le préciser.

  • Membre Inconnu

    Membre
    26 mai 2021 à 20 h 29 min

    @grandadais Les conférences de Groddeck, c’est en trois tome. Et c’est fabuleux. Mais il aussi écrit des romans. Je recommande Le chercheur d’âme, ça tue. En vrai je recommande tout ce qu’il écrit (en tout cas ce qui a été traduit en français, si tu lis l’allemand, il y a aussi ses mémoires). Et sa correspondance avec Freud est magnifique.

    Sur lui, je recommande : Groddeck et le royaume millénaire de Jérome Bosh, de Lewinter (son traducteur en français).

    <font color=”#b4aea4″ data-darkreader-inline-color=”” style=”–darkreader-inline-color:#bdb6ac;”>Mais aussi :</font>C. et S. Grossman, L’analyste sauvage Georg Groddeck. PUF.

    Revue L’Arc N°78, Georg Groddeck : 1° trimestre 1980.

    Michèle Lalive d’Épinay, Groddeck ou l’art de déconcerter. Ed. Universitaires.

    Jacquy Chemouni, Georg Groddeck, psychanalyste de l’imaginaire. Payot.

    En écumant les bouquinistes de quartier, j’ai petit à petit trouver tout ça, y a moyen.

  • Membre Inconnu

    Membre
    26 mai 2021 à 22 h 19 min

    Et si la question devait être plutôt : comment se débarrasser de l’égo des autres ?

  • Membre Inconnu

    Membre
    26 mai 2021 à 22 h 28 min

    Et si la question etait juste mal posée. Et si la juste question était comment contrôler son ego afin qu’il nous grandisse au lieu de nous réduire.

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