Se sentir en décalage avec les autres

  • Se sentir en dĂ©calage avec les autres

    Publié par olbius le 26 août 2021 at 11 h 00 min

    Se sentir en dĂ©calage avec les autres, j’imagine que ça vous parle 😉 Mais depuis combien de temps se sentir en dĂ©calage avec les gens fait-il partie de votre quotidien ? Et quelle a Ă©tĂ© votre façon de “gĂ©rer” ce dĂ©calage ? L’enfer, c’est les autres ?

    Pour ma part, le tout premier souvenir de dĂ©calage avec les autres qui me vient Ă©tait un jour oĂč, enfant, je jouais dehors avec plusieurs autres petits garçons, dans une forĂȘt pas loin de chez moi.

    Je devais avoir 5 ou 6 ans, je dirais, c’Ă©tait avant le CP de mĂ©moire (mais je peux me tromper Ă©videmment). Et Ă  un moment je me suis fait la rĂ©flexion, en regardant autour de moi, que tous ces petits enfants de sexe masculin prenaient des risques inconsidĂ©rĂ©s… car ils n’avaient, me semblait-il, pas conscience de leur fragilitĂ©, de leur mortalitĂ©, de leur finitude. En gros hein, j’essaie de retranscrire ce que j’ai ressenti Ă  ce moment lĂ , c’est forcĂ©ment un peu dĂ©formĂ© 🙂

    Je les voyais avec leur vĂ©lo, leurs jouets en pierre, en mĂ©tal, sauter au-dessus du ravin, faire des cabrioles, des roulades etc. Et tout ce que je me suis mis Ă  voir c’Ă©tait cette tige en acier qui passait Ă  3 centimĂštres de leur Ɠil droit, ou ce caillou pointu qui n’attendait qu’un genou Ă  briser. Je ne pouvais plus rien voir d’autre. Et je m’Ă©tais donc dit, dans ma petite tĂȘte blonde, qu’ils se comportaient comme s’ils n’avaient pas conscience de ne pas ĂȘtre dans un jeu vidĂ©o, comme s’ils ne rĂ©alisaient pas qu’on n’a qu’une vie et qu’elle peut cesser Ă  tout moment (ou perdre un Ɠil, par exemple, et que l’Ɠil ne repousse pas).

    Plus tard, adolescent, je me suis souvent fait la mĂȘme remarque. En classe de 5Ăšme, un Ă©lĂšve de ma classe est dĂ©cĂ©dĂ© en passant Ă  travers le toit d’une cabane, ou quelque chose du genre, mais ce drame n’a pas modifiĂ©, m’a-t-il semblĂ©, le comportement “des autres”.

    En fait, c’est ça qui me surprenait le plus : mĂȘme aprĂšs que quelqu’un de “proche” ait subi un accident, et mĂȘme si la personne elle-mĂȘme subissait un accident, au fond, rien ne changeait.

    En tĂ©moigne cet autre camarade de classe, quelques annĂ©es plus tard, qui a perdu plusieurs fois le contrĂŽle de sa voiture, mais expliquait toujours qu’il ne roulait pas vite, qu’il Ă©tait prudent, que les autres ne savaient pas conduire etc. A chaque fois, il ralentissait pendant quelques minutes, quelques heures, quelques jours mĂȘme, et puis c’Ă©tait reparti comme si rien ne s’Ă©tait passĂ©. MĂȘme un tĂȘte-Ă -queue sur une voie d’accĂ©lĂ©ration d’autoroute n’y avait rien changĂ©, si ce n’est pendant quelques jours.

    Êtes vous “habituĂ©” Ă  vous sentir en dĂ©calage avec les autres ? Est-ce que c’est quelque chose que vous ressentez en permanence ou seulement lors d’occasions bien prĂ©cises (et si oui, lesquelles 🙂 ) ?

    matty a rĂ©pondu 1 year, 4 months ago 12 Membres · 23 RĂ©ponses
  • 23 RĂ©ponses
  • Unknown Member

    Member
    26 août 2021 at 15 h 05 min

    super sujet. je participerai un peu plus tard, je prends le temps d’explorer le site pour l’instant. Ă  bientĂŽt

  • Unknown Member

    Member
    26 août 2021 at 15 h 10 min

    Ce qui me semble ressortir de vos tĂ©moignages, et je vous rejoins lĂ  dessus, c’est la notion de “groupe”.

    Le groupe a souvent tendance Ă  rabaisser le comportement des individus, ceux-lĂ  mĂȘme qui ont des qualitĂ©s individuellement, mais qui peuvent ĂȘtre de vrais cons en bande. L’effet de groupe, je crois que le zĂšbre y est insensible. En tout cas moi c’est ce que je ressens. Il m’est impossible de me comporter diffĂ©remment en groupe de ce que je ferais tout seul. C’est surtout dans ces conditions que je ressens le dĂ©calage et j’ai tendance Ă  me dĂ©solidariser du groupe.

  • ficello

    Member
    26 août 2021 at 16 h 30 min

    Je n’étais pas conscient de la mort Ă  5 ans mais j Ă©tais prudent car je ne voulais pas me blesser. C’est en apprenant vers mes 9 ans la Shoah et cela m’a provoquĂ© une crise existentielle qui m’a fait rĂ©flĂ©chir Ă  la mort. Je n’ai connu qu’une personne qui est dĂ©cĂ©dĂ©e mais on n’a eu qu’une brĂšve discussion ensemble donc je n’étais pas accablĂ© comme d’autres camarades de classe. Moi aussi, des gens me parlaient parce que Ă  l’écoute, ils me parlaient de leur problĂšmes, j’étais apparemment un bon psy puis aprĂšs ils faisaient comme si qu’ils ne me connaissaient pas. Je me sentais en dĂ©calage mais en mĂȘme temps comment ne pas se penser ainsi vu qu’on m’a toujours dit bizarre, spĂ©cial, alien extraterrestre, erreur de la nature…Au dĂ©but, je ne voyais pas cela d’un bon oeuil car majoritairement dit avec mĂ©pris, avec aversion. J’ai essayĂ© de me normaliser mais je ne pouvais pas. Puis petit Ă  petit je m’y suis habituĂ© mĂȘme apprĂ©ciĂ© ces dĂ©signations. On dit que les criminels ont perdu leur humanitĂ© pourtant ce sont des humains. Celleux qui me harcelaient Ă©tait humains et moi qui ne fais de mal Ă  personne, j’étais le monstre. Alors pourquoi pas pas ĂȘtre un freack ? Je prĂ©fĂ©rais ĂȘtre comme le diable, un ange tombĂ© en enfer que d ĂȘtre injuste. Puis j’ai vu que je ne m’étais pas en fait en enfer et que je n’étais pas seul, vers mes 15 ans, j’ai appris qu’il y’avait autres comme moi, d’autre personnes trans, queer, neurodivergentes. Je suis en contact avec via Internet, je me sens du coup plus autant diffĂ©rent qu’avant, je suis marginal, pas un alien puis j’ai plus d’estime de moi mĂȘme si pas encore au top car mĂȘme si on peux s’engorgueiller d’ĂȘtre diffĂ©rent, l’isolement et le manque de respect, d’estime des autres blesse, dĂ©truit.

  • Unknown Member

    Member
    26 août 2021 at 17 h 34 min

    Je me posais beaucoup de questions existentielles dĂšs l’ñge prĂ©scolaire, mais globalement ça allait, car j’étais dans un milieu qui nourrissait ma curiositĂ© intellectuelle. J’ai vraiment ressenti le dĂ©calage lors de l’entrĂ©e en maternelle, je ne comprenais pas le fonctionnement des autres enfants. Je me souviens avoir Ă©tĂ© harcelĂ©e trĂšs tĂŽt. Je pense que, ne pouvant pas mettre de mots sur ce qui les gĂȘnait, les moqueries se sont surtout orientĂ©es sur mes origines. Un gamin m’avait poussĂ©e dans la cour Ă  4 ans et une petite a voulu me soigner en mettant des feuilles. Je me souviens m’ĂȘtre dit que ça allait s’infecter, que c’était n’importe quoi đŸ˜¶. En bref, le dĂ©calage s’est manifestĂ© dĂšs la petite section de maternelle.

  • Unknown Member

    Member
    26 août 2021 at 18 h 50 min

    Moi je me sens en décalage quand je vois le nombre de personnes qui poste des trucs sur le Rap (la musique la plus conventionnellement chiante, débilisante et stéréotypée qui soit), comme ici : https://rencontre-surdoue.com/groupes/musique/forum/topic/rap-francais/

    😒

  • Unknown Member

    Member
    26 août 2021 at 19 h 37 min

    Questions : ces enfants, n’avaient ils pas plutĂŽt 7 ou 8 ans ? (au lieu de 5 ou 6)
    Par ailleurs, étais tu bien intégré au groupe ? (de mémoire)
    En supposant que tu te sentais alors un peu rejetĂ©, peut ĂȘtre espĂ©rais tu intĂ©rieurement – trĂšs justement – qu’ils se fassent du mal en s’amusant ?
    ParallĂšlement, n’as tu pas pris l’habitude de vivre dans une espĂšce d’excĂšs de prudence ? Si oui et ce faisant – vivant alors dans la peur – ne penses tu pas que tu t’es privĂ© (sciemment et inconsciemment) de belles choses de la vie ? (bien entendu, tout en Ă©vitant quelques Ă©cueils; quand on ne vie pas, on ne vie rien, aprĂšs tout.)

  • Unknown Member

    Member
    26 août 2021 at 19 h 39 min

    C’est quoi le rap-port ?
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Rap

  • ficello

    Member
    26 août 2021 at 19 h 58 min

    Je comprend qu’on puisse avoir une mauvaise image du rap quand j’entends ce qu’écoute mon frĂšre et d’autres jeunes, rien de plus que des insultes misogynes et homophobes. Mais ne jugĂ© pas trop vite, tout le rap n’est pas jeter, il y’a des perles rares qui ont des paroles intĂ©ressantes.

  • cinematographe

    Member
    26 août 2021 at 20 h 15 min

    Je viens de ressentir un dĂ©calage fort Ă©trange juste Ă  l’instant mĂȘme, pour avoir malencontreusement disposĂ© mon casque d’Ă©coute audiophile stĂ©rĂ©ophonique Ă  l’envers, l’oreillette destinĂ©e Ă  gauche portĂ©e sur la droite, et inversement celle prĂ©vue pour la droite portĂ©e Ă  gauche …

    C’est extrĂȘmement rare que j’enfile mon casque d’ordinateur Ă  l’envers pour Ă©couter de la musique, suffisamment pour que cette inversion anodine induise un dĂ©calage dĂ©sagrĂ©able ou dĂ©stabilisant, comme si la perspective sonore n’Ă©tait plus Ă  sa place, qu’il manquait un point d’Ă©quilibre au centre de l’auditorium ?

    Je me demande si je suis le seul Ă  Ă©prouver une telle sensibilitĂ©, ou bien si la manƓuvre serai tout aussi Ă©trange pour quiconque s’y laisserai prendre Ă  son tour ?

  • Unknown Member

    Member
    26 août 2021 at 20 h 18 min

    đŸ€ŁđŸ€ŁđŸ€Ł @jabberwocky alors toi tu n’as pas de demi mesure😁. Je ne suis pas fan de rap non plus mais j’avoue volontiers que j’aime beaucoup Eminem 😉 
. Heu rassurez moi les gars, c’est du rap non? Parce que sinon faut me prĂ©venir 😁

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