Avec beaucoup de scepticisme…

  • Avec beaucoup de scepticisme…

    Publié par resonatine le 28 avril 2019 à 14 h 36 min

    Je me sens tellement seule.

    Avec beaucoup de scepticisme, je viens poser ces quelques mots ici parce que, des gens, j’en ai rencontré plein. Des gens qui se disent « surdoués », ou qui disent comprendre ce que je dis, j’en ai entendu pas mal. Mais des gens qui me comprennent quand je leur parle de moi, puis qui restent, ils se comptent sur un doigt ; et encore.

    Cela peut paraître snob, mais c’est en réalité en ressentant un profond désespoir que j’écris cela.

    Je suis très entourée, quoi que de moins en moins depuis que je ne peux plus cacher le fait que « non, ça ne va pas ». Avant, j’avais toujours plein d’appels et de messages en attente, je répondais toujours présente pour aider les autres, leur remonter le moral, faire en sorte que ce soit plus simple pour eux, tout faire pour comprendre leur situation et trouver des solutions pour les aider à s’en sortir. Mais voilà à peu près deux ans que j’ai enlevé le masque social de la fille parfaitement bien intégrée, et depuis, je ne sais plus comment vivre. Et qu’est-ce que j’ai mal de ce décalage !

    Parfois, je regarde les autres agir et vivre avec légèreté, et j’essaie alors de les imiter. Mais immanquablement, je me rétame, encore et encore.

    Comment les gens peuvent vivre aussi légèrement pendant que d’autres, au même instant, se battent sans relâche pour survivre à l’autre bout du monde ? Pendant que des peuples sont en train d’être exterminés ? Pendant que la plupart des ressources que nous utilisons pour produire nos besoins égoïstes sont en train de disparaître ? Je n’y comprends plus rien, je ne sais plus faire « comme si ». Et je sais que j’emmerde profondément les gens autour d’être aussi compliquée. C’est bien pour cela que je suis seule.

    Il y a plus de deux ans, alors que j’étais moi-même à quelques mois d’être diplômée « neuropsychologue », on m’a annoncé que j’étais « surefficiente ». Pas difficile de passer le test vu que je l’étudiais depuis quelques années cette fameuse WAIS, et donc pas surprenant d’obtenir le résultat confirmant les soupçons du psychologue référant qui me suivait, et de ma thérapeute. Sauf que moi, je n’ai rien demandé. Je voulais juste faire comme tout le monde ! Mais je n’y suis pas parvenue. Alors, j’ai abandonné mes études de neuropsychologie, j’étais à 4 mois d’être diplômée, le monde hospitalier est fou, la psychologie ne rime à rien : on se base sur une norme, ce qui n’est en rien tangible (puisque jamais questionné dans la pratique des psys). Tout, j’ai absolument TOUT remis en question.

    J’ai trouvé pas mal de réponses en philosophie (ce qui manque tellement pendant les études de psychologie, le recul sur la pratique…), mais cela ne m’a pas permis de retrouver une vie sociale satisfaisante : car oui, dans cette organisation sociale, il faut gagner de l’argent pour être autonome. Je ne sais réellement plus comment faire, comment interagir. Je vois d’emblée tout ce qui ne va pas, partout. Et même si j’aime énormément les gens, je ne sais plus comment faire pour parler avec eux avec légèreté.

    J’essaie tant bien que mal de me lever le matin, d’essayer de vivre de ma passion (le chant), mais même chanter m’est devenu difficile. A quoi bon ? La plupart des musiciens ont soif de reconnaissance, la plupart des personnes qui écoutent les chanteurs les regardent plus qu’ils ne les entendent… J’ai l’impression de mourir à petit feu. Je sais pourtant qu’il ne tient qu’à moi de créer la vie dont j’ai envie. En tant que thérapeute (ne partez pas en courant, quand on me voit, on n’a pas l’impression que je vais aussi mal à l’intérieur), c’est d’ailleurs ce que j’aide les gens qui viennent me voir à faire : vivre leur vie tel qu’ils l’entendent.

    Mais moi ? Comment j’entends vivre ma vie ?
    Dans un monde meilleur, avec des êtres humains plus compréhensifs, moins jugeant, plus aimants… Sauf que je n’ai de pouvoir que sur mes propres actions. Accepter d’être « différente » de la majorité des gens que je croise est une torture en ce moment.

    * soupire *

    Désolée pour ce mélodrame. J’avais besoin de lâcher la pression quelque part…

    atrahasis a répondu il y a 4 années, 10 mois 6 Membres · 19 Réponses
  • 19 Réponses
  • Membre Inconnu

    Membre
    28 avril 2019 à 21 h 43 min

    Je t’ai lu, je te comprends, et je n’ai aucunement l’idée de fuir.
    En général c’est plutôt moi qui fait fuir les autres lorsque j’arrête de faire le caméléon, et que je montre mon vrai visage, lequel n’est qu’une armure supplémentaire, car le vrai moi je ne le montre jamais. C’est dossier “top secret”.

  • eliane

    Membre
    29 avril 2019 à 0 h 34 min

    Bonsoir @resonatine

    Je ne vois pas de “mélodrame” dans ton post … Juste ton ressenti, que je partage assez …

    Toi aussi tu as du entendre les “tu es trop …”, “trop sensible”, “trop “compliquée”, “trop chiante” et j’en passe ! …

    Comme si on pouvait être renier notre nature profonde, juste pour faire plaisir aux autres … et les rejoindre dans leur monde de NP, tiède, sans relief …

    J’ai même récemment (ré)essayé d’être en couple avec un NP … Echec sur toute la ligne …

    Tu dis être encore relativement entourée … Ayant qq années de plus que toi, de mon côté ça commence à être vraiment désert !! (à part ma mère, que je suis bien contrainte de continuer de voir, mais c’est une autre histoire …)

    Cela dit, je ne m’en porte pas plus mal …(d’être seule) … Au moins ça a éliminé un certain nombre de fréquentations “toxiques”, et je ne parle pas de PN (même si c’est beaucoup (trop) la mode …), y compris au niveau familial

    juste de gens qui pensent savoir mieux que toi comment tu dois mener ta vie, qui te proposent des solutions/recettes toutes faites, qui t’assomment de banalités sans cesse ressassées …

    des gens qui n’ont pas la moindre idée de qui tu es “vraiment” …

    Bon, c’est sans doute au moins en partie de ma faute … mais toutes les fois où j’ai tenté de “parler” vraiment (donc pas de météo, des progrès du petit dernier (j’aime beaucoup les enfants hein, ne vous méprenez pas !) ou de bobologie, ben je me suis heurtée à une telle incompréhension qu’il y a bien longtemps que je ne tente même plus l’expérience !! …

    Alors, bon, je cultive ma bulle … je surjoue à mort au boulot …

    je ne montre que la façade, et surtout pas les questionnements, les interrogations, les doutes, les failles, tout ce qui est “ravagé” à l’intérieur  …

    cette impression de vanité, de “à quoi bon” …

    Tiens, juste pour “rire”, je suis célibataire, sans enfant, des antécédents dépressifs (merci les casseroles accrochées par papa et maman qui m’ont bien savonné la planche et les études de médecine qui finissent de t’achever), et comme un ou deux autres zèbres ici, une double dose puisque porteuse d’une maladie génétique qui a bien tendance à me pourrir le quotidien …

    et paradoxalement, ça va mieux depuis que je suis seule !! 😉 et que j’ai arrêté de vouloir me conformer au moule, aux exigences des autres

    qu’on a enfin posé un diagnostic sur mes problèmes physiques (j’avais aussi droit aux “tu es douillette”, “tu t’écoutes trop”, “tu as tout le temps mal au dos, à la tête…”)

    Quant au mental, je ne sais pas, je ne suis pas testée, et pour le moment je n’envisage pas de le faire, ne voyant pas trop ce que cela va m’apporter …

     

    Bref, voilà, tu n’es pas seule !! 😉

     

     

     

  • Membre Inconnu

    Membre
    29 avril 2019 à 7 h 14 min

    @eliane, je pense que tu n’as pas forcément bien compris son paradigme.
    Déjà, d’une part, si elle conclue par avoir usité d’un ton mélodramatique, après avoir introduit son texte en précisant son profond désespoir, je pense qu’il convient plus d’accueillir avec bienveillance ses questionnements incessants, qui sont plus de l’ordre de rejeter l’ordre établi en place, et la recherche d’une certaine stabilité dans son propre paradigme. N’y aurait il pas un peu de “qui suis je ?”, “qu’est ce que je fais là ?” et autres milles “pourquoi ?” ?

    Fait amusant, j’ai dû constater, jeune, que le seul fait de dire “je me sens déprimé” avec les “potes” signifiait alors presque “j’ai le sida, la peste et le choléra”. Lol ! 😀

    Le désespoir, c’est aussi se dire qu’il n’y a plus d’espoir possible, donc qu’il n’y a plus rien à faire. Mais ce sentiment ne peut être que faux. En effet, on dit souvent que s’il est difficile voir impossible de changer le monde, on peut assurément commencer par se changer soi. On peut toutefois lancer des bouteilles à la mer, des messages inspirant, mettre le doigt sur ce qui ne va pas, mais qu’espérer de plus ? Si on est pas un personnage charismatique capable de juguler les foules, alors il faut se limiter à ce que l’on sait faire, par exemple bien analyser et proposer des solutions. Et peut être se rapprocher, justement, d’une personne charismatique pour être la petite voix de sa conscience et lui donner les “bonnes idées”. Les horreurs et malfaisance de l’humanité, un peu partout sur la planète, génère aussi chez moi des pleurs intérieurs, larmes qui ne coulent pas, comme si je pouvais sentir la détresse et la souffrance de la Terre qui s’essouffle et endure la bêtise humaine. Des fois je me demande si c’est un sentiment réel ou juste le fruit de mon imagination. Car à cela se même aussi des sentiments de joies, d’émerveillement devant la toute beauté de la planète, et de souhait et désir de faire perdurer une vie harmonieuse dessus (le contraire de nombre d’actes irresponsables et irréfléchis de l’humain).

     

    Concernant les choix de vie, l’être individuel dans le collectif, je suis passé par différents stades au cours de ma vie. Je ne souhaites pas les énumérer par pudeurs. Disons pour conclure que, en complément du paragraphe précédent, j’ai choisi de redevenir un peu plus à l’écoute de mon intuition, laquelle était extraordinaire étant enfant (j’étais un boss du jeu “memory” de “ravensburger” par exemple, et de voir une personne en photo ou à la TV je savais presque tout d’elle, comme si je l’avais faite lol). Pour cela, je me met simplement à l’écoute et en harmonie avec mon “âme véritable”.
    C’est un concept assez simple a expliquer, mais qui demande démonstration empirique pour valider la compréhension des personnes à qui j’en parle. Pour d’autre, on parlera simplement d’écouter sa conscience ou d’écouter ses intuitions. Tout le monde n’est pas réceptif à ce qui est de l’ordre de talents médiumniques (même si je n’aime pas le terme à cause du trop grand nombre de charlatans).

    Je ne sais pas comment tu considère les “différences”, mais si ce n’est pas déjà le cas, développer une culture de l’enrichissement par celles ci. Considérer et voir ces dernières comme quelque chose de positif, nécessaire et bénéfique. Vive les différences ! 🙂

     

    Enfin, si le bourdon guette, pose toi la question : qu’est ce qui te rend heureuse ?
    Qu’est ce qui te procure des joies intenses ?
    Qu’est ce qui te motive ?

    Et de te faire une petite liste de rappel.

    Voilà ! Bien souvent, comme tu as dit toi même tout remettre en question, essayer de réfléchir aux différents paradigmes possibles, faire le tri, et choisir le plus bénéfique. En accord à cela, les échanges sont ce qu’il y a de mieux, avec toutes sortes de gens. Ecouter les autres, même lorsqu’ils prodiguent des enseignements contraires aux tiens, c’est toujours la porte vers des univers nouveaux, voir qui complètent ceux existants.

    Et dans tout cela, un facteur important étant le “lâcher prise”, savoir prendre du recul, et cultiver aussi l’humilité et la modestie. Les pièges de l’égo sont ce qu’il y a de plus mauvais, pour soi et pour autrui, sans doute le pire fléau de la planète entière. Il faut, selon moi, un égo fort et puissant, mais comme consistance de l’ensemble. Soi faisant partie d’un tout, et non soi confronté au tout.

    Désolé si je suis beaucoup dans l’affirmative, en vérité je pose beaucoup de question au travers d’affirmation, comme si m’exprimant j’attendais, j’espérais, que l’on remette en question ce que j’écris. Bien que, cependant, avant même d’attendre les réactions d’autrui, et avant même d’écrire un avis, je suis mon propre contradicteur. 😀
    Enfin, c’est quand même dommage de n’avoir pas finalisé tes études en neuropsy à 4 mois de la fin. C’est pas moi qui vais te le reprocher, étant donné que je suis un très mauvais élève ! 😛

     

    Tu parles aussi de philosophie. J’aime bien Platon, cela me fait beaucoup rire. Cependant il y a des passages barbants à l’extrême, rébarbatifs au possible, pour ainsi dire avec peu d’intérêt si ce n’est la rhétorique en elle même, et l’agencement des dialogues et évolutions des idées; plus la manière de procéder que le fond, plus la forme que le contenu. Je garde presque toujours un bouquin pour les cas où je me retrouve quelque part à rien faire. (l’allergie à l’inactivité lol … des fois je sais rester là, immobile, les yeux fermés à rien faire aussi, si ce n’est écouter le monde autour de moi … ce qui s’appelle activité de repos ou méditation)

    Pourquoi avoir choisi psychologie comme orientation au départ ?

  • Membre Inconnu

    Membre
    29 avril 2019 à 11 h 32 min

    As-tu envisagé la piste du syndrome asperger resonatine ?

     

  • Membre Inconnu

    Membre
    29 avril 2019 à 11 h 54 min

    As-tu envisagé la piste du syndrome asperger resonatine ?

    @jabberwocky => vu ses études, et ses tests réalisés, la question serait plutôt “les tests ont ils révélé que … ?”.

    En plus, elle indique que ses amis se comptent sur un doigt … en excluant son mari, cela veut dire qu’elle a 1 ami. Ou alors c’était une façon humoristique de dire qu’il en restait peu tandis qu’il y en avait des tonnes avant (pleins de messages … etc …).
    Or, il me semble que les “asperger” son rarement entouré au cours de leurs vie, ou en tout cas très peu jeune, et éventuellement un peu plus en étant adulte. Je me trompe ? Cela lié au fait que l’expérience de la vie et l’éducation leur permet de mieux comprendre les mécanismes des “normaux”, et ainsi mieux échanger, se faire accepter tout en acceptant, et ainsi avoir des amis. Ce qui est donc l’inverse de sa vie. Ce qui écarte cette hypothèse.

     

    Mince, je suis en train de me rendre compte que j’ai peut être une addiction au décorticage de texte … ou pas ! Ha ha ! 😀
    En fait j’aime les “études de cas”. J’avoue ! 😁

  • resonatine

    Membre
    29 avril 2019 à 12 h 28 min

    Bonjour,

    Merci pour vos réponses… je me rends compte en les lisant que je cherchais de la reconnaissance, ce qui est très dur à admettre pour moi.

    @eliane,
    En réalité, les seuls “tu es trop…” que j’ai entendu me concernant étaient suivis de “gentille”, et puis ensuite, de la part des gens qui cherchaient à me connaître ou qui se pensaient proches de moi, “bizarre”, “sérieuse” et “compliquée”.

    Je ne l’ai pas dit dans mon message, mais j’ai beaucoup de mal avec les étiquettes, et par-dessus tout celle de “surdoué”. Alors parler de “NP” (je suppose “normaux-pensants”) c’est vraiment trop pour moi… Il n’y a pas de “surdoués”, il n’y a pas de “normaux-pensants”, ce ne sont que des mots que l’on pose sur des portions du réel pour essayer de se représenter mentalement sa diversité ; ce qui est impossible. Faire des généralités sur des tranches de la population n’a aucun sens selon moi. D’ailleurs, lorsque j’ai commencé à relever ces incohérences en dernière année de neuropsy, j’ai pris conscience que je dérangeais et n’avais plus ma place parmi les “techniciens” froids. On m’a même explicitement demandé de me taire si je tenais à mon diplôme. Mais je n’y tenais pas, voilà pourquoi (si on omet le fait que j’étouffais à l’université) j’ai renoncé à celui-ci, après 6 ans d’études acharnées.

    Pourquoi es-tu “contrainte” de continuer de voir ta mère ? Elle te menace de mort ? <

    “Des gens qui n’ont pas la moindre idée de qui tu es “vraiment””

    Et qui es-tu vraiment ? 🙂

    La question de l’identité n’est-elle pas vaine, au fond ?

    Aucune provocation de ma part ici, juste l’intention de mieux comprendre où tu te situes dans tes représentations… puisqu’en réalité, il n’y a qu’à propos de celles-ci que nous pouvons échanger.

    Merci en tout cas pour ton partage. Effectivement, nous ne sommes pas seuls finalement à souffrir chacun dans notre coin, incompris… partageant des bribes infimes de nos ressentis alambiqués…

     

    @etienne31,

    Il n’y a vraiment personne à qui tu puisses montrer le “vrai toi” ?

    Tu as raison je crois quand tu dis que je rejette l’ordre établi et cherche de la stabilité dans “mon propre paradigme” (même si je ne suis pas certaine de comprendre ce que tu veux dire par là : l’ensemble de mon système représentationnel ?).

    J’ai beaucoup questionné l’identité ces derniers mois, et intellectuellement, je me dis que je ne peux pas me réduite à cela (une identité). C’est pourtant bien ce qu’on nous demande de manière incessante dans notre organisation sociale. J’ai l’impression de constamment devoir jongler entre la manière dont je me représente le réel et les manières communément partagées de le faire (pour avoir une chance de pouvoir communiquer).

    Les choses ne seraient sans doute pas aussi difficiles s’il ne fallait pas à tout prix avoir de l’argent pour subsister. Les seules activités qui me motivent à me lever le matin (chanter, aider les gens) peuvent très difficilement me rapporter de l’argent. Alors je me retrouve paralysée, incapable de chanter et de développer ma thérapie parce que je ne sais pas (je ne veux pas!) « me vendre », et qu’en réalité je me contrefous de l’argent. Je veux juste faire ces activités parce qu’elles ont du sens pour moi. Le problème est qu’il faut bien que je me nourrisse, que je me chauffe, que je paye le loyer, et toutes ces choses que vous connaissez bien vous aussi… J’ai pensé plusieurs fois à mettre un terme à ma vie, j’ai même très bien élaboré les scénarios ; mais même là, je restais paralysée. La dernière fois c’était il y a une grosse semaine. J’ai passé la journée entière au lit, dans la même position, à délirer sur la manière dont j’allais m’y prendre. A la fin de la journée, quand mon compagnon est rentré, il m’a trouvée le regard dans le vide, incapable de se rappeler de quoi que ce soit concernant la journée, incapable même de prononcer un mot, déshydratée, courbaturée du fait de ne pas avoir bougé… S’il n’était pas là, j’aurais eu l’occasion de mourir de faim ou de soif à plusieurs reprises. Et pourtant, j’hésite à partir vivre seule, dans la rue, ou ailleurs. Au final, je n’ai seulement l’impression que de lui pourrir l’existence à ce pauvre homme qui a décidé de m’accompagner, même si lui m’assure du contraire et que mes états d’âme ne l’empêchent pas d’être libre, indépendant et brillant malgré son propre décalage (ce que je lui envie beaucoup).

    Mais certains jours, je le retrouve, l’espoir. Je le laisse me convaincre que si, après tout pourquoi pas, je finirais bien par trouver une solution pour gagner ma vie en chantant ou en aidant les gens.

    Désolée, j’ai un peu laissé libre court à mes doigts sur le clavier… c’est qu’il y aurait tant à dire. Et j’aurais beau y passer ma vie entière, je n’arriverais sans doute même pas à exprimer ne serait-ce qu’1% de ce que je pense réellement, de ce que je voulais réellement dire au départ.

    Je te rejoins totalement lorsque tu dis : “ Soi faisant partie d’un tout, et non soi confronté au tout”
    Dans les moments où je retrouve l’espoir, c’est justement cet état que je cultive. Mais cela n’est pas évident.

    Platon est effectivement une excellente source de réflexion. J’ai aussi beaucoup trouvé d’aide chez les stoïciens. Je me repose beaucoup sur eux pour aider les gens qui viennent me chercher en thérapie d’ailleurs.

    Je n’ai pas vraiment choisi la psychologie. Je me suis inscrite en licence au départ pour préparer le concours d’orthophoniste. Je voulais concilier mes deux passions : la voix et l’envie d’aider. Mais le concours était bien trop angoissant (je me suis retrouvée parmi 3000 candidats dans un stade de foot pour 30 places), j’ai vite abandonné, et suis donc resté en psychologie par défaut au départ… jusqu’à m’orienter en neuropsychologie parce qu’on me l’avait vendu comme étant complémentaire de l’orthophonie. Sauf que je ne m’y retrouvais pas. J’ai bossé comme une dingue pendant 6 ans pour prouver que je pouvais le faire… mais j’ai explosé quand on a commencé à me remettre à ma place parce que je l’ouvrais trop sur ce qui n’allait pas.

     

     

    @jabberwocky,
    Non, pas vraiment. Je ne pense pas en être atteinte cependant. Même s’il est vrai qu’il m’arrive de vivre de grands replis que je pourrais qualifier d’autistiques…

  • resonatine

    Membre
    29 avril 2019 à 12 h 48 min

    @etienne31

    Comme la plupart des gens que je croise, il est possible que tu idéalises pas mal le métier de neuropsychologue (ou de psychologue tout court). Lorsque j’ai passé les tests, les gens qui m’ont aidé à décortiquer mon profil psychologique n’étaient absolument pas investis et n’en avaient pas grand chose à faire de pousser ou non plus loin les investigations (il n’y avait pas d’argent en vue 😉 )
    Je n’ai pas encore réussi à trouver la motivation d’écrire la critique du cursus, il y aurait tellement à en dire et je n’ai aucune idée pour l’instant de comment organiser mon discours pour qu’il soit entendu, compris, et non pas pris comme le manifeste d’une révolutionnaire frustrée.

    Belle déduction pour le reste, tu as l’air très fin dans tes analyses de texte 🙂
    Et effectivement, j’ai une amie, qui est très angoissée et étouffe elle aussi dans ce monde (elle était avec moi en dernière année de neuropsy et a arrêté deux semaines avant d’être diplômée). Mais on ne se voit quasiment pas, et on échange assez peu.
    Et mon “mari” est la seule personne de qui je sois réellement proche.

  • Membre Inconnu

    Membre
    29 avril 2019 à 14 h 01 min

    Idéaliser les métiers de neuropsy ? Alors là pas du tout. L’ensemble de mes interventions sur les différents forums vont même plutôt dans le sens contraire : rejet des différents tests de QI et autres, rejet de la considération de l’humain rapport à ce qu’est l’intelligence. Je formaliserais plutôt l’humain comme un ensemble de potentiels, avec des circonvolutions autour de l’intelligence du corps, de l’esprit et de l’âme.
    J’ai étudié dans l’informatique, et même là je trouvais beaucoup à redire.
    Le pire étant dans les cours faisant appel à autre chose que de la logique pure, puisque ces derniers étaient somme toute assez peu à remettre en question, tel que les cours d’économie et de droit. Le rejet de l’ordre établi (ou pouvoirs en place) peut être dans tous les domaines. Et trouver une stabilité dans son propre paradigme signifie avoir des certitudes sur ce que l’on croit, si possible assortie d’épreuves pour que cela devienne savoir. En cela, la zététique offre tout un panels d’outils fort utile ! 😀
    Donc mon assertion rapport entre “ordre établi” et “son propre paradigme” entre en relation avec ta capacité à voir, constater, tout ce qui ne va pas partout. Tu refuses d’accepter ce fatalisme et de laisser faire, même si parfois cela te fait te sentir impuissante. En tout cas je le vis parfois comme cela aussi. Mais Rome n’a pas été construite en 1 seul jour.
    Pour ma part, j’assimile, je m’accapare, et recréée mon savoir, à l’opposé de l’apprentissage “par coeur” que je qualifie de bête depuis toujours, même si son utilité est évidente dans certains cas : apprendre un poème, des formules mathématiques, retenir des procédures complexes. Et comme il y a une différence entre “comprendre” et “maîtriser”, il faut parfois pratiquer longuement avant de commencer à maîtriser ce que l’on a compris, de telle sorte que des automatisme se créent dans le cerveau. Je pense que dans ton cursus, il n’y a pas “tout à jeter”, mais juste certaines réalités imposés à essayer de ne pas prendre pour généralité ou vérité absolu. Par exemple, on peut avoir une expérience scientifique, laquelle fait des mesures, observations et conclusions. Il faut bien observer les éléments complet du protocole pour comprendre ce qui a été fait. Les mesures sont elles justes ? Les observations ? Les conclusions ? Si mesures et observations peuvent être correctes, il est aussi possible que les conclusions ne le soient pas. C’est pour cela que même si je ne suis pas favorable aux tests pour classifier une quelconque supériorité ou infériorité entre les individus, je pense néanmoins que cela peut être un étalon pour aider à travailler sur soi concernant d’éventuelles défaillances, ou au contraire mieux exploiter ses qualités.

    Je suis comme toi sur l’aspect de “se vendre”. En fait, même, je n’aime pas vendre quoi que ce soit. Par contre, évaluer et conseiller sur les besoins d’une personne, c’est différent. Ce peut être des objets (TV, téléphone, mobilier … etc …) donc matériel, ou des besoins lié au mental, à la santé, ou la vie de façon générale. Par là trouver ce dont les gens ont vraiment besoin.

    Tu parles de notion d’argent en rapport aux tests aussi. Quelle tristesse de ne pouvoir compter que là dessus pour vivre. J’ai écrit quelques idées et théorie en rapport avec la mutation progressive de notre actuel monde pour réduire le pouvoir et l’impact de l’argent : que celui ci redevienne ce pourquoi il a été créé, c’est à dire un outil d’échange. Assorti à cela des règles strictes pour interdire qu’un individu ait plus que les autres, à l’aide d’éducation justement qu’un monde d’interdépendances ne peut se satisfaire de tous ces abus de bien sociaux déguisés en normalité capitaliste. (parmi d’autres idées et concepts)

    D’ailleurs, cette notion d’équilibre en toutes choses m’a toujours passionné.
    On le retrouve absolument partout. La vie même dépend de cet équilibre atteint dans les cycles et révolutions terrestres.

    Je développe pas trop, car il y a moult sujets sur les forums, et chacun déjà bien ouverts et remplis en la matière.

    Enfin, je pense que réfléchir, exposer ses idées, les développer, les retourner dans tous les sens, et tirer des conclusions, cela équivaut à apprendre. Je confronte ces discours intelligents d’une part des discours de savants perroquets (sorte d’encyclopédie vivante, mais incapable d’une moindre logique), et d’autre part des blablas quotidiens stériles de la plupart des humains (du genre “t’as vu la victoire de la France ? Ouais c’était génial ! Cool ! Tiens buvons une bouteille de Vin pour fêter cela !”. (je suis anti alcool et anti tabac & co)

     

    Enfin, c’est marrant parce qu’en te lisant, je me retrouve mais tu sembles encore plus atteinte que moi lol ! Peut être que le fait d’être seul m’a forcé à certaines formes d’introspections et analyses poussés des situations pour démêler le vrai du faux. J’avais pas mal de potes étant jeune, mais j’ai fini par préférer être seul que mal accompagné vers la 20aine. Je reste très sociable malgré un côté misanthrope. D’ailleurs, s’il m’est arrivé comme toi de préméditer toutes sortes de façon de mettre un terme à ma vie (le meilleurs en date : faire un voyage là où il y a un volcan en fusion, avec une boite de pilules pour supprimer la douleur, et sauter dedans “par accident” lol ! Oui, parce que pour “sauver la face”, je préfère que ce soit un accident lol ! Comme ça les autres n’auront pas l’impression que c’est de leur faute ! Ces minables sans cervelle ! lol ! Peuvent pas utiliser leurs cerveaux un peu ? non ? Mince ! tout est là sous leurs yeux ! Qu’est ce que je me marre !), voir de créer un virus mortel s’attaquant uniquement aux imbéciles (pour éviter un scénario type le film “Idiocracy”), j’adore quand même passer du temps avec les humains, les écouter, les étudier, faire le caméléon … puis disparaître sans savoir si je les reverrais un jour. En fait je sais pas me faire des amis lol.

    Je suis du genre “libre penseur”, plus que “penseur libre”. La vie est une contrainte déjà.
    Tout cela écrit, certains de mes propos peuvent me faire paraître comme une odieuse personne, mais en vrai je suis plutôt sympa. 😉

  • Membre Inconnu

    Membre
    29 avril 2019 à 14 h 10 min

    Le diagnostique asperger est délicat et assez complexe à poser. resonatine et les personnes qui l’ont testées ne sont pas nécessairement spécialistes en la matière.

    Plusieurs indices – bien que très minces – laissent à penser qu’elle pourrait être concernée par la question.

    – Premièrement, elle fait part de ses difficultés à communiquer et de ne pas trouver beaucoup de personnes pouvant intégrer/comprendre sa façon de fonctionner. Le fait que les liens ne se maillent pas en profondeur avec les surdoués peut venir du syndrome asperger.

    – Les aspies ont tendance à sur-analyser les dires ou les comportements des autres. Ils sont doués pour dégager des motifs, des schémas de penser, des récurrences, etc. dès lors qu’ils ne sont pas directement engagé dans le récit ou les interactions qu’ils examinent. Ce sont en général de bons psychologues, mais paradoxalement de piètres communiquant.
    Je ne serais donc pas surpris que resonatine ait été souvent sollicitée pour ses qualités d’écoute et d’analyse, mais que ses propres rapports sociaux achoppent.

    – Les aspies sont davantage sujet à ce que j’appelle, le complexe de Zellig*. Cela consiste à endosser des attitudes très stéréotypées, à imiter des comportements ou des façons de parler afin de pouvoir s’intégrer. Ils se bricolent un déguisement social à base d’observations emmagasinées à droite et à gauche (cela peut aller jusqu’à l’emploi fréquent de répliques de films ou de bribes de dialogues empruntés dans des romans, etc.). Ils leur arrivent parfois de surjouer et de provoquer un sentiment de malaise – ou de fausseté – chez autrui.
    Un petit inventaire des éléments de langage de resonatine me fait penser qu’elle adopte une stratégie d’imitation et de camouflage. Je la cite : “je ne peux plus cacher le fait que « non, ça ne va pas »”,  “j’ai enlevé le masque social de la fille parfaitement bien intégrée […]  je ne sais plus comment vivre“, “je regarde les autres agir et vivre avec légèreté, et j’essaie alors de les imiter“, “Je voulais juste faire comme tout le monde !”,  “je ne sais plus comment faire pour parler avec eux“, etc.
    Elle admet qu’elle a laissé tomber son masque social et que depuis, elle se sent désemparée parce qu’elle doit renoncer à quelque chose qui lui servait de jalon. Tous les apsies que je connais sont passés par cette phase (moi inclus).

    resonatine fait part aussi – me semble t-il – d’un sentiment d’irréalité et de marge –  qui me semble lui aussi très significatif. Chez les aspies le sentiment d’être en perpétuelle observation de la réalité est tenace ; c’est un peu comme si nous vivions “hors du monde”, comme si nous en étions spectateur. Cela provoque en nous des angoisses très profondes parce que plus nous observons et plus nous trouvons les choses absurdes… Or le sentiment d’absurde, comme je l’ai souvent écris, c’est ce qui est au cœur de la dépression et du suicide (Lire à ce sujet Le mythe de Sisyphe de Camus et/ou Le suicide de Durkheim).

     

    Peut-être que j’ai tout faux, mais la question ne me semble pas complètement infondée.

    […] il me semble que les “asperger” son rarement entouré au cours de leurs vie.

    Difficile de généraliser etienne31. Même ce que j’écris au-dessus n’est pas applicable à l’ensemble des aspies. A l’instar des HP quels qu’ils soient, il y a presque autant de caractéristiques que d’individus chez les aspies ; ils ne cochent pas non plus toutes les cases référencées pour diagnostiquer le syndrome. Certains traits apparaissent tardivement, d’autres s’effacent ou s’atténuent avec le temps, d’autres encore ne surviennent jamais.
    Les aspies ne sont pas forcément des ermites ou de personnes peu sociables, ils peuvent disposer d’une grande diversité de liens, mais ces deniers s’avèrent souvent à la longue décevants, frustrants, difficiles à approfondir ou à faire perdurer parce qu’ils ne supportent pas ou mal les interactions “usuelles” – bien plus que les HP en l’occurrence.

    * Zellig est un film de Woody Allen qui parle (en gros) d’un individu caméléon…

  • Membre Inconnu

    Membre
    29 avril 2019 à 15 h 13 min

    @jabberwocky, tu seras sans doute d’accord pour reconnaître que ces aspects de surface de ces comportements, que l’on pourrait presque qualifier de symptômes sans hésiter, peuvent avoir des causes différentes, et qu’il convient de se pencher sur le fond pour déterminer s’il y a effectivement des caractéristiques représentative d’un spectre autistique (perceptions, relations sociales, communication … etc …).
    Parce que j’ai quasiment rien d’un autiste, mais ces comportements qu’elle met en avant et que tu reprends me correspondent presque mots pour mots. (à la différence de présentation d’autres membres) Mais il est aussi possible que ce ne soit qu’une illusion de ma part.
    Donc effectivement, la possibilité n’est nullement a écarter, mais elle seule pourra nous le dire.
    Et tiens, pour rigoler, je suis allé faire un “aspie-quiz” vite fait :
    http://www.rdos.net/fr/index.php

    Avec pour résultat :
    http://www.rdos.net/fr/poly10a.php?p1=37&p2=25&p3=36&p4=0&p5=17&p6=37&p7=35&p8=4&p9=31&p10=43

     

    Mais je suppose que cela ne vaut pas une évaluation réelle effectuée par un pro consciencieux et clairvoyant.
    Effectivement le fait de “faire croire”, “faire semblant”, et de “simuler” une façon de faire en copiant les comportements d’autrui demande à préciser de quelle manière l’on copie ces comportement : est ce par l’observation et reproduction ? ou bien instinctivement sans trop réfléchir ?

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