Le déterminisme universel ou radical

  • Membre Inconnu

    Membre
    9 novembre 2018 à 20 h 54 min

    Belle démonstration de déterminisme 😁

    héhé !…
    Personne n’y échappe… 😉

    Enfin c’est une façon de parler, car échapper au déterminisme n’a pas trop de sens. Cela reviendrait à se penser en dehors du temps (le déterminisme repose sur le principe de causalité, qui lui-même est lié aux notions de temps et de durée).

    D’ailleurs, c’est ce que font généralement les partisans de la conception judéo-chrétienne du libre-arbitre : ils raisonnent dans l’absolu, ils se pensent en dehors du réel, tout en s’imaginant qu’ils ont une infinité de possibilités devant eux, susceptibles de combler leurs désirs ou leurs péchés… Imaginer un être omniscient et transcendant (puisqu’il est en dehors du temps, tel un juge extérieur observant passé/présent/futur) participe à cette même logique…

    Mais c’est aussi le fondement de la morale chrétienne/zoroastre : choisir entre le bien ou le mal… Et de là, découlent des sentiments de culpabilité, des névroses, et j’en passe…
    Cela a beaucoup inspiré la psychanalyse au siècle dernier… 🙂

    Enfin, il faut faire attention à ne pas confondre “déterminisme” et “conditionnement”. Le conditionnement repose sur l’habitude, non sur la raison. C’est pourquoi la philosophie, ou l’exercice de la raison en général, permet de se déconditionner de certains schémas de pensée. Quant au déterminisme, c’est ce qui assure une continuité et une certaine logique entre deux événements, cela garantit l’existence de lois, et par conséquent, d’une certaine harmonie…

    Je citais tantôt le vieux débat entre l’innéisme leibnizien et l’empirisme lockien, mais aussi curieux que cela puisse paraître, cela est toujours d’actualité. La forme a juste changé, mais aujourd’hui, nous retrouvons la même confrontation idéologique entre ceux qui voient de la génétique partout (nous sommes déterminés par notre nature), et ceux qui voient du conditionnement partout (c’est uniquement la société, la culture, notre classe sociale, etc. qui forgent ce que nous sommes). C’est aussi ce que nous voyons dans les “récentes” théories du genre…

    Donc pour caricaturer, ceux qui sont partisans du tout sociologique et culturel, si nous nous habituions à manger des excréments ou de la terre, nous finirions par trouver ça bon et ça suffirait à nous nourrir. Moi je pense qu’on continuerait à trouver ça pas bon et qu’on finirait par en mourir, car il y a quand même des lois dans la nature… ^^
    Mais dans une certaine mesure, c’est aussi un fait que si nous appartenons à telle ou telle culture, nous aurions des goûts différents… Mais cela se conjugue également à ce que nous sommes, à notre nature, à nos goûts personnels… Si nous sommes Espagnols, nous ne sommes pas entièrement culturellement déterminés à aimer le chorizo, ça dépend aussi de l’individu…

    M’voilà, je pense qu’il faut être un peu subtil…
    Mais à force de nier ce qui relève de la nature et de ses lois, on finit par sombrer assez rapidement dans une sorte de nihilisme absurde… AMHA… 🙂

    Bonne soirée !

  • Membre Inconnu

    Membre
    12 novembre 2018 à 16 h 19 min

    héhé !…
    Personne n’y échappe… 😉

    Héééé non…

    Enfin c’est une façon de parler, car échapper au déterminisme n’a pas trop de sens. Cela reviendrait à se penser en dehors du temps (le déterminisme repose sur le principe de causalité, qui lui-même est lié aux notions de temps et de durée).

    Tout à fait quoique… ça fait partie de l’illusion, non ?

    D’ailleurs, c’est ce que font généralement les partisans de la conception judéo-chrétienne du libre-arbitre : ils raisonnent dans l’absolu, ils se pensent en dehors du réel, tout en s’imaginant qu’ils ont une infinité de possibilités devant eux, susceptibles de combler leurs désirs ou leurs péchés… Imaginer un être omniscient et transcendant (puisqu’il est en dehors du temps, tel un juge extérieur observant passé/présent/futur) participe à cette même logique…

    C’est ce que tu es en train de faire présentement en pensant prendre du recul.
    Les comportements et modes de pensées des partisans de la conception judéo-chrétienne sont déterminés tout comme les tiens, les miens… donc peut on avoir tort ? Raison ? Ça soulève pas mal de questions, qui n’ont pas de sens, mais qui ne peuvent pas ne pas être posées s’il est ” prévu ” qu’elles le soient.

    Mais c’est aussi le fondement de la morale chrétienne/zoroastre : choisir entre le bien ou le mal… Et de là, découlent des sentiments de culpabilité, des névroses, et j’en passe…
    Cela a beaucoup inspiré la psychanalyse au siècle dernier… 🙂

    Pareil que précédemment

    Enfin, il faut faire attention à ne pas confondre “déterminisme” et “conditionnement”. Le conditionnement repose sur l’habitude, non sur la raison. C’est pourquoi la philosophie, ou l’exercice de la raison en général, permet de se déconditionner de certains schémas de pensée. Quant au déterminisme, c’est ce qui assure une continuité et une certaine logique entre deux événements, cela garantit l’existence de lois, et par conséquent, d’une certaine harmonie…

    Je crois que c’est beaucoup plus simple que cela. Si tout est réellement déterminé, saisis tu ce que cela signifie réellement ? Qu’il n’y a aucune ” liberté ” mais qu’une illusion de liberté, qu’il n’y a donc de fait aucune individualité.
    Et je suis d’accord avec Astrolab. Sauf que si j’ai bien compris son discours, l’important pour lui c’est la sensation de liberté et peu importe si tout est déterminé ou pas puisque de toutes façon, l’homme n’a pas la capacité d’appréhender la totalité des paramètres. Mais le truc le plus fort, c’est que c’est l’ignorance qui crée cette illusion de liberté. Si nous pouvions appréhender la totalité des paramètres, donc avoir la connaissance absolue, nous saurions à coup sûr prévoir le déroulement des événements. Nous prendrions réellement conscience de notre absence de liberté.

    Je citais tantôt le vieux débat entre l’innéisme leibnizien et l’empirisme lockien, mais aussi curieux que cela puisse paraître, cela est toujours d’actualité. La forme a juste changé, mais aujourd’hui, nous retrouvons la même confrontation idéologique entre ceux qui voient de la génétique partout (nous sommes déterminés par notre nature), et ceux qui voient du conditionnement partout (c’est uniquement la société, la culture, notre classe sociale, etc. qui forgent ce que nous sommes). C’est aussi ce que nous voyons dans les “récentes” théories du genre…

    Donc pour caricaturer, ceux qui sont partisans du tout sociologique et culturel, si nous nous habituions à manger des excréments ou de la terre, nous finirions par trouver ça bon et ça suffirait à nous nourrir. Moi je pense qu’on continuerait à trouver ça pas bon et qu’on finirait par en mourir, car il y a quand même des lois dans la nature… ^^
    Mais dans une certaine mesure, c’est aussi un fait que si nous appartenons à telle ou telle culture, nous aurions des goûts différents… Mais cela se conjugue également à ce que nous sommes, à notre nature, à nos goûts personnels… Si nous sommes Espagnols, nous ne sommes pas entièrement culturellement déterminés à aimer le chorizo, ça dépend aussi de l’individu…

    S’il y a déterminisme, ça ne dépend pas de l’individu le fait d’aimer ou non le chorizo tout en étant espagnol. D’ailleurs cette précision n’a en vérité aucun sens.

    M’voilà, je pense qu’il faut être un peu subtil…
    Mais à force de nier ce qui relève de la nature et de ses lois, on finit par sombrer assez rapidement dans une sorte de nihilisme absurde… AMHA… 🙂

    Ce qui est fort, c’est que si l’univers est réellement déterministe, tout ce qui arrive, ne peut pas ne pas arriver ( même si on a l’illusion du contraire) et que ce “déterminisme ” finit par créer des courants de pensées qui le nient, qui “l’auto – nient”. Comme si cet univers qui se déploie à chaque seconde de l’atome à la taille d’une galaxie faisait en sorte de ne pas être connaissable pour lui-même.

    Bon après-midi.

  • Membre Inconnu

    Membre
    13 novembre 2018 à 0 h 32 min

    @doud a écrit :

    Tout à fait quoique… ça fait partie de l’illusion, non ?

    Ouip, il y aurait beaucoup à dire sur la notion du temps.

    Les comportements et modes de pensées des partisans de la conception judéo-chrétienne sont déterminés tout comme les tiens, les miens… donc peut on avoir tort ? Raison ?

    Il ne faut pas confondre déterminisme et conditionnement, mais je ne vais pas réécrire ce que j’ai déjà expliqué. J’ai bien un système de pensée philosophique, mais il ne repose sur aucun conditionnement, c’est là toute la différence… Ce n’est pas une pensée qui s’est construite sur l’habitude, mais sur des démonstrations, sur un raisonnement, ce qui m’a justement permis de me déconditionner de certains schémas qui étaient incohérents…

    Pour ce qui est de la vérité, c’est un sacré bloc… Il y aurait beaucoup à dire là aussi… Je trouve les notions de “vrai” ou de “faux” assez naïves, mais je ne suis ni relativiste (au sens philosophique), ni nihiliste, ni idéaliste, ni mécaniste… Disons que je suis assez proche d’une forme de structuralisme, mais ce serait trop long à expliquer…

    Pour faire très simple, ce qui m’importe, c’est la pertinence.

    Une pensée pertinente se doit d’être non-contradictoire avec elle-même dans les concepts qu’elle emploie, mais elle se doit aussi d’être non-contradictoire avec le réel, car nous communiquons ce réel. Il est tout à fait possible de construire un système métaphysique avec plein de nouveaux concepts, qui soit parfaitement cohérent dans sa structure, avec de bonnes démonstrations, mais qui n’a aucun lien avec le réel… Tout le piège sera ici de donner plus de réel aux concepts qu’aux objets tangibles qui nous entourent… C’est un peu le genre de dérives que nous voyons dans la scolastique…

    Imaginez un gros cylindre. Quelqu’un arrive en face, il dit qu’il voit un cercle. Il a raison puisque son discours est cohérent avec sa perception. Un autre arrive sur le côté, il dit que c’est un rectangle. Idem, il a aussi raison. Sauf qu’il y a entre les deux discours une contradiction. Un objet ne peut pas être à la fois un cercle et un rectangle.
    Mais par déduction, nous pouvons nous dire qu’ils regardent les deux côtés d’une même pièce. Ce sera là le travail du philosophe ou de l’épistémologue. Il faut réussir à choper le bon angle, pour voir les choses de la meilleure façon possible. Et celui qui affirme que c’est un cylindre, il a “aussi” raison, mais son point de vue sera bien plus pertinent, puisqu’il résout le paradoxe des deux autres. C’est bien sûr une image, mais tous les paradoxes philosophiques peuvent être abordés de cette même façon.

    S’il y a une contradiction au niveau de la pensée, cela signifie qu’elle n’est pas cohérente. Si nous nous basons sur un tel système pour interpréter le réel, des faits, des objets ; alors il y a peu de chance qu’on réussise à comprendre ce qu’il se passe. Soit nos concepts ne sont pas bons, soit il nous en manque pour avoir une vue d’ensemble… Tout en sachant qu’il y a des systèmes qui seront moins pertinents que d’autres, mais plus adaptés à ce que nous souhaitons faire, donc la question de la vérité n’a même plus trop de sens…

    Je vais donner un exemple concret dans le domaine scientifique. Depuis la relativité d’Einstein, nous savons que la gravitation courbe l’espace-temps. C’est pourquoi nous utilisons la géométrie riemannienne dans certaines branches de la physique, comme en cosmologie. La géométrie d’Euclide qui utilise les segments et les lignes droites, elle ne nous sert à rien pour comprendre la structure de l’Univers ou de l’espace-temps. Si la géométrie riemannienne est bien plus pertinente que celle d’Euclide, peut-on pour autant en conclure que la géométrie d’Euclide est “fausse” ? L’architecte qui dessine les plans d’une maison, il a besoin de lignes droites pour le sol, des segments, et il n’aura pas besoin de connaître les travaux de Riemann… ^^

    C’est entre autre pour cela que je mettais en garde sur une manière de penser trop “absolue” (ou trop platonicienne), car c’est le contexte qui sera souvent le premier critère de pertinence. Je vois poindre un contre-argument, je vais tenter d’y répondre, mais ça risque d’être peut-être un peu ardu. Peut-être pas. En fait, toute la question est de savoir sur quoi porte notre réflexion. Si elle porte sur la nature d’un objet, alors le travail d’abstraction est incontournable. Nous éliminons volontairement le contexte pour nous intéresser à un seul élément. Cela nous permet d’analyser ses prédicats (ses caractéristiques), de voir si ceux-ci sont essentiels (intrinsèques à sa nature) ou accidentels (passagers), ce qui nous conduit ensuite à créer un concept, une définition qui portera sur une même catégorie d’objets. Là, nous sommes dans le domaine philosophique/épistémologique.

    Or, dans le domaine technique, la réflexion portera sur la fonction de l’objet, à partir de quoi nous pourrons construire des modèles mathématiques. La question n’est donc plus “qu’est-ce que c’est ?”, mais “quelle est sa fonction ?”(pour caricaturer). Et là encore, il peut y voir un paradoxe entre l’idéaliste qui voit dans la chose une essence (mais qui finalement n’existe que dans le mot qui nous sert à la désigner, car la chose est éphémère), et le matérialiste qui voit dans la chose un phénomène produit par des causes extérieures, tout en niant à la chose toute existence propre.

    Je pense que ces deux points de vue, parfois complémentaires, parfois contradictoires, ont tous les deux raison. Mais pour bien comprendre ça, il faut chopper le bon angle : penser en terme de structures. Le domaine de la chimie illustre à merveille ce point. Qu’est-ce que c’est la nature d’un élément chimique ? Ils sont tous composés de protons et/ou de neutrons, alors qu’est-ce qui différencie l’élément or de l’élément cuivre ? C’est leur structure atomique ! Et à partir de cette structure, il y a des propriétés chimiques essentielles, qui ne dépendent absolument pas du milieu. Par exemple, le carbone 12 possède 6 protons et 6 neutrons. Si vous ajoutez deux neutrons, vous changez la structure atomique et vous avez un carbone 14. Et bien même si ça reste du carbone, il n’aura pas les mêmes propriétés (en l’occurrence il est radioactif). Il est lui-même la cause de cette radioactivité, c’est dans sa nature, mais qu’il ne faut pas comprendre en terme d’essence platonicienne, mais en tant que structure.

    Je suis désolé, je devais faire court, et je suis parti dans un truc pas possible… lol
    Donc pour en revenir au déterminisme, c’est la même chose, il s’agit d’une structure dans laquelle les objets (quand je parle d’objets, c’est toujours dans un sens phénoménologique) sont liés entre eux par le “temps”, c’est-à-dire du “changement” qui illustre notre principe de causalité. Mais chaque objet, chaque être, est aussi une structure, qui possède des propriétés agissantes (tout comme le carbone 14 qui est lui-même cause de sa radioctivité). Ce sont des structures imbriquées les unes dans les autres, chacune recevant des effets, qui auront ou non une influence sur leur propre structure, et qui émettra à leur tour des effets… Imaginons qu’il n’existerait aucune propriété essentielle dans ces structures, il n’y aurait alors plus aucune cause, et notre système se verrait complètement figé…
    Ceux qui nient les structures et leurs propriétés intrinsèques, je ne vois pas comment ils peuvent ensuite justifier l’existence de causes, sinon en partant du “principe de causalité” et en raisonnant dans l’absolu, sans regarder concrètement de quoi il s’agit…

    Prenons un cadavre et un individu vivant. Autant nous pourrons prédire dans quel état de décomposition se trouvera le corps dans quelques années, autant nous aurons quelques difficultés à prédire quoi que ce soit au sujet de l’individu vivant. Car il y a des propriétés qui relèvent de la volonté et de la conscience. Et là, je ne parle de libre-arbitre ou de choix, ces notions portent trop de contradictions, il faut les oublier. Donc aucun problème pour affirmer que le libre-arbitre est une illusion, mais je dirais plutôt que c’est une mauvaise manière de penser. Mais bon, j’ai déjà écrit là-dessus, je n’y reviens pas.
    Quant aux notions de volonté et de conscience, je ne peux malheureusement pas approfondir, car leur définition repose sur un paradigme entier, c’est tout un socle philosophique qu’il me faudrait développer. Mais en regardant du côté de Spinoza et de Nietzsche, il y a déjà matière à réflexion.

    Bon, je ne sais pas trop si j’aurais été clair, ce sont des points qui ne sont pas évidents à saisir…
    Mais si ça peut donner de l’eau au moulin à celles ou ceux qui auront eu le courage de me lire, alors tant mieux !
    Sinon, désolé pour le mal de tête ! 🙂

    Nozvezh vat ! Bonne nuitée !

  • Membre Inconnu

    Membre
    14 novembre 2018 à 11 h 44 min

    Bah écoute, on va régler ça rapidement…

    Qui a eu mal à la tête ?

    ( désolé je n’ai pas pu m’en empêcher… 😁)

  • Membre Inconnu

    Membre
    14 novembre 2018 à 14 h 55 min

    @doud a écrit :

    Bah écoute, on va régler ça rapidement…

    Qui as eu mal à la tête ?

    Oulah mon ami…

    Nul besoin de recourir à un Argumentum ad populum
    Je ne suis point politicien et c’était juste une boutade…

    S’il s’avère que je suis meilleur pédagogue que je le pensais,
    alors tant mieux, je le prends comme un compliment…

    J’ai travaillé sur ces questions pendant quelques années,
    cela me faisait juste plaisir de partager quelques points de réflexion…

    — — — — — — —

    Il y a énormément de choses qui auraient dû être abordées, car dans ce que j’ai expliqué succinctement, il y a des implications et des applications très concrètes dans le domaine de la logique, des mathématiques, de la science, etc. Et bien sûr, c’est impossible d’écrire une centaine de pages sur un forum…

    Le problème est que pour aborder certains concepts, qui peuvent parfois paraître ‘exotiques’, il faut déjà s’être déconditionné de certains automatismes de la pensée, et avoir compris une certaine base. C’est exactement comme si nous essayions d’expliquer le concept d’espace-temps. Pour cela il nous faudrait développer la théorie de la relativité, ce qui implique d’abandonner ou de se déconditionner de la physique classique newtonienne. En gros, on oublie la définition du temps donnée par Newton, on passe à autre chose… Et lorsque nous gardons les concepts judéo-chrétiens de libre-arbitre et de choix pour comprendre la liberté dans un cadre déterministe, c’est un peu comme si nous gardions le concept de temps de Newton pour comprendre la relativité d’Einstein…

    Maintenant, lorsque nous nous engageons dans une certaine transmission, nous nous devons de prendre en compte notre interlocuteur. Un échange ou un “débat” implique une confrontation de deux systèmes de pensée. Donc pour être pertinent dans nos réponses, il nous faudrait connaître préalablement le système philosophique ou idéologique de notre interlocuteur. Cela est matériellement impossible sur un forum, puisque nous nous adressons à tout le monde.

    D’ailleurs, nos médias sont une véritable chienlit, car ils nous habituent et nous confinent dans une certaine médiocrité intellectuelle. Il est trop fréquent d’y voir des invités (politiques, essayistes, historiens, etc.), qui vont alors se retrouver dans des “débats”, où ils seront face à des chroniqueurs qui tenteront de pointer des contradictions, ce qui aura pour effet de les discréditer ou de les mettre en mauvaise posture.

    Or, la première chose à faire, serait de demander à ces chroniqueurs sur quel socle idéologique ils raisonnent. Ils répondront peut-être qu’ils ne sont partisans d’aucune idéologie et qu’ils sont “objectifs”, mais c’est de la connerie, il faut bien en être conscient. Pour penser, ils utilisent des concepts, et ces concepts sont produits par des systèmes de pensée. Donc s’ils observent chez vous des contradictions, cela signifie qu’ils vous opposent une autre vision du monde et des rapports humains. Mais comme vous ignorez de quoi il s’agit, l’échange est déloyal.

    Imaginons que le réel soit cylindrique (pour reprendre l’image plus haut). Quelqu’un écrit un livre en expliquant qu’il y a bien l’existence de deux cercles, mais cela va contre les intérêts des chroniqueurs et de leurs employeurs, qui préfèrent que l’on pense que c’est un rectangle. Donc l’invité va expliquer que selon des données objectives, nous avons dû employer la constante PI pour mesurer la circonférence des formes observées, et qu’en conséquence, il n’y a là aucun angle droit. Le chroniqueur ne dit pas ouvertement sa vision du monde, mais se moque en disant qu’il y a bien des lignes parallèles, que tout le monde le sait, etc. Il pourra même citer des spécialistes, qui ont écrit des livres où ils ont démontré qu’ils ont bien mesuré des angles à 90°. Et là, il devient matériellement impossible à l’invité d’exposer son paradigme en quelques minutes…

    Bon, je n’invente rien, Pierre Bourdieu a déjà écrit là-dessus. Mais ça a pris une telle ampleur à notre époque, cela influence tellement les gens, certains devenant de plus en plus dogmatiques/intolérants, qu’il y a de quoi être inquiet…

    — — — — — — —

    Je profite donc d’être dans ma lancée pour écrire deux ou trois trucs au sujet de la vérité, car c’est ce qui me semble le plus important. J’écrivais plus haut que c’était le contexte qui était le premier critère de pertinence, avant de développer au sujet des structures. Cela a des implications importantes dans le domaine des mathématiques et de la logique. D’ailleurs, ce que je vais écrire ne sera en rien une nouveauté, le théorème d’incomplétude de Kurt Gödel date de 1931… Mais pour ma part, je vais juste expliquer ce que ça implique concrètement dans un cadre philosophique/épistémologique.

    Commençons par un exemple tout simple. Si j’écris “2 + 2 = 4”, il apparaîtra évident qu’il s’agit là d’une vérité, en ce sens où il n’y a aucune contradiction dans cette proposition. De même, si j’écris “2 + 4 = 11”, nous serons d’accords pour dire que cette proposition est fausse. Et c’est là que réside le piège, car ces deux propositions peuvent être vraies ET fausses. Tout dépend dans quel système nous raisonnons. Cela est implicite, mais par défaut et par convention, nous avons appris à calculer en base décimale. Mais il est tout à fait possible de changer de base. Le langage machine utilise le binaire. Les Bretons et les Mayas comptent en base 20. Nos horloges sont en base 60. Et si nous optons pour une base quinaire (base 5 dont l’énumération est 1 2 3 4 10 11 12 13 14 20 21 etc.), alors nous nous apercevons que 2 + 4 = 11 est parfaitement correct.

    Cela signifie qu’un élément seul ne peut être ni vrai, ni faux. C’est la structure dans laquelle il est qui va déterminer sa valeur de vérité. Pour employer le vocabulaire de Gödel, nous dirons qu’il s’agit de propositions indécidables. Je n’entre pas dans les détails, mais il faut bien prendre conscience de ce que ça implique : pour n’importe quelle proposition FAUSSE, il existera toujours un système dans lequel elle sera vraie. Et vice versa, pour n’importe quelle proposition juste, il existera toujours un système dans lequel elle sera fausse. Pour cela, il suffit juste de changer de paradigme… Et donc, pour revenir au déterminisme, comme nous l’avons vu, nous pouvons très bien démontrer que nous ne sommes pas libres si nous raisonnons dans tel système de pensée, et démontrer qu’une autre forme de liberté est tout à fait possible dans un autre système…

    De même, une personne qui raisonne dans un cadre capitaliste, peut tout-à-fait justifier rationnellement des délocalisations d’entreprises, le productivisme, les taxes pour rembourser les dettes, et j’en passe. Et il aura parfaitement raison. La question n’est donc pas de savoir si ce qu’il dit est vrai ou faux, c’est de savoir si c’est “pertinent”. Autrement dit, est-ce qu’il n’existerait pas un autre système de pensée qui permettrait d’appréhender différemment notre existence… Or, malheureusement, nous avons plutôt l’habitude de raisonner comme ça : ce que tu dis est contradictoire, donc tu as tort. Et tout est fait pour que nous ne remarquions pas les systèmes de pensée implicites qui vont déterminer notre pensée, qui elle-même déterminera nos actes…

    J’associais plus tôt la liberté métaphysique à la connaissance, avec ce que je viens d’expliquer je peux préciser le fond de ma pensée. Cette liberté repose surtout sur notre activité philosophique, car en modifiant notre système de pensée, nous changeons notre rapport au monde. Cela ne change rien à la question du déterminisme, mais comme je l’expliquais avec le carbone 14, qui est de même nature que le carbone 12 tout en ayant des propriétés agissantes différentes, il en est de même avec notre pensée qui est une propriété inhérente à notre nature/volonté. C’est elle qui va nous “restructurer” de telle ou telle manière.

    Enfin, quant à savoir si une intelligence omnisciente pourrait prédire l’avenir, j’ai été amené à travaillé sur le concept de “noosphère”. Et effectivement, je pense que cela est tout à fait possible. Sauf que dans la mesure où nous avons tous une action sur notre milieu, que ce milieu agit également sur nous-mêmes, avec des effets qui dépendront de notre système de pensée, sans oublier que toutes ces interactions forment un système qui n’échappe pas au principe d’entropie (2e principe de la thermodynamique), alors compte-tenu de tout ça, je pense que cette connaissance de l’avenir doit être mise à jour constamment. Il y a des enchaînements causaux qui sont localement inéluctables, mais dans le cadre d’un tel système/structure, le fatalisme à l’échelle de l’individu m’apparaît peu évident. Après si nous raisonnons de façon plus large, sur une échelle de temps de plusieurs milliards d’années, alors fait est que notre Univers est né à un moment donné, il a une expansion, peut-être qu’il connaîtra une contraction puis une fin. Donc là, ouip, nous pourrions parler de fatalisme.

    — — — — — — —

    Bon, j’ai encore écrit un énorme pavé…

    Cela me prend pas mal de temps à chaque fois, ne pas m’en vouloir si je ne réitère pas 🙂
    Et ce n’est pas toujours évident de partager certaines réflexions…

    Mais si je le fais, c’est que ça me fait aussi plaisir,
    loin de moi l’idée de vouloir vexer qui que ce soit…

    Toutes mes excuses si tel fut le cas.
    Je quitte le fil.

    Portez-vous bien ! La bise ! 😉

  • Membre Inconnu

    Membre
    7 janvier 2019 à 0 h 31 min

    Je pense aussi que tout fonctionne selon le déterminisme universel, mais j’aurais bien aimé que le libre arbitre existe, alors si quelqu’un peut me faire changer d’avis, je suis preneuse

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