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Mon hospitalisation et l’errance de mon diagnostic de schizophrénie
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Mon hospitalisation et l’errance de mon diagnostic de schizophrénie
Bonjour, c’est la première fois que je mets les pieds sur ce forum. J’ai vraiment envie de m’exprimer par rapport à la détresse qui m’accompagne depuis plusieurs années. Le partager me semble essentiel : j’ai envie de sensibiliser les autres personnes qui se sentent affectés par une situation probablement similaire. Je vais témoigner la situation qui m’a mené à cette détresse psychologique. J’ai actuellement 17 ans, je passe mon baccalauréat mais j’ai cependant aucune perspective d’avenir. J’ai en effet endurée de nombreuses années d’harcèlement persistant. Entre les coups, les remarques sur mon physique, ma manière d’être, cela a réduit mon estime de moi à néant. J’ai toujours eut des difficultés à m’intégrer et à suivre des règles sociales assez strictes. Depuis la primaire, je me faisais constamment punir par rapport à mon comportement, je passais mon temps à faire le pitre pour dissimuler certaines choses qui me dérangeaient. Comme par exemple le fait de rentrer dans le moule. Les professeurs me décrivaient comme une élève remplie de fantaisie et de créativité malgré ma façon de me comporter. J’entretenais une forte proximité avec le dessin et l’écriture. Bien que je ne montrais pas de l’intérêt à travailler sérieusement, j’avais de très bons résultats. Mais les professeurs me reprochaient mon comportement ainsi que l’irrespect des codes sociaux qui nuisent à mon travail pouvant être excellent. À vrai dire j’ai toujours eut des difficultés concernant la vie en société. J’ai également toujours eut du désintérêt pour l’école qui étouffait cette même excentricité. Bien que j’ai toujours apprécié la participation en cours, quand il s’agissait d’être notée, ça me décourageait énormément. Ça m’a encore empêché de libérer mon potentiel. En bref, j’ai passé une agréable enfance malgré certaines petites difficultés pour m’intégrer. Arrivée au collège, j’ai eut l’impression de débarquer dans une fosse aux lions. Ça été le déclenchement de gros problèmes ajouté à cela ma sensibilité excessive. Je prenais les choses de manière si forte que même les adultes n’arrivaient pas à comprendre ma situation. Mais je le vivais vraiment, les gens étaient très critiques avec moi, je voyais bien du dédain dans leur regard. Mais les adultes ne comprenaient pas la manière dont j’analysais certaines situations. Certaines phrases qui pouvaient sembler normales, moi je les analysaient et je me questionnais sur le point de vu de mon interlocuteur. C’est cette incompréhension qui a décrédibilisé mon discours quand les responsables se questionnaient sur mes crises d’angoisses par rapport à l’harcèlement. Les professeurs me disaient que c’était sûrement moi l’erreur quant à ma difficulté à m’intégrer puisque toute la classe s’entendait bien. J’ai toujours senti ce décalage persistant. Les filles aimaient parler de certaines choses dont je ne ressentais pas vraiment de similitudes. J’étais toujours dans mon monde imaginaire de films d’animation, de monstres, de héros, de shonen, d’astronomie, d’histoire, de sciences… Cette imagination m’a permise de me consacrer pleinement au dessin et j’ai pu gagner un concours de dessin organisé au collège en 6ème. J’écrivais également des histoires depuis la primaire. C’était ma première fierté, j’avais gagné de l’argent et ça me rassurait, bien que je me sentais toujours folle en rapport à mes difficultés à m’intégrer. C’est en 5ème que j’ai commencé à douter de ma manière d’être. Je me haïssais et je me questionnais sur ma taille, j’avais baissé en terme de résultats scolaires sans comprendre. Les professeurs me décrivaient comme une élève perdue, toujours dans la lune et précisant sur les bulletins mon désintérêt pour les cours. Je pense que ça ne me correspondait pas vraiment bien que j’appréciais apprendre de nouvelles choses. Je me réfugiais sur internet, j’essayais de tourner de nombreuses vidéos, j’étais très fan de jeux vidéos. Cette fantaisie me nourrissait, en réalité, mon monde me rendait si heureuse ! Cependant, l’harcèlement, je le subissais toujours : une fille a voulu me rejoindre à l’extérieur du collège pour me frapper, on se moquait de moi en imitant le singe. On m’a donné des gifles, on me touchait le derrière. Mes parents en ont parlé à l’administration mais les responsables prenaient vraiment à la légère ce problème puisque j’étais déjà quelqu’un qui causait beaucoup de conflits mais j’étais surtout inadaptée (même vis à vis des professeurs). Jusqu’à l’élément perturbateur, le point culminant : la 3ème. J’étais très instable, j’avais accumulée tous mes sentiments négatifs pendant toutes ces années et mon anxiété était à son paroxysme. C’était une année si chaotique, comme si toute la passivité de mon entourage vis-à-vis de ma manière de ressentir les choses s’est répercutée sur mon harmonie mentale. J’étais rongée par la peur, je me mutilais, je me réfugiais dans le virtuel, à tel point que ce monde comptait plus que la vie réelle. L’harcèlement avait également atteint des sommets : la classe s’est mise autour de moi pour me parler de manière condescendante, à engrener la situation en inventant des paroles que je n’ai pas dites. De nombreux élèves de ma classe ont commencés à me frapper simultanément, me donner des chiquettes, m’inciter à dire des choses racistes pour faire plus de problèmes, on m’insultait par rapport à ma taille, on m’a classé comme la plus laide de la classe. Toujours cet air dédaigneux. Certains élèves ont créé des groupes dans lesquelles ils ont parlé de moi à d’autres personnes d’un établissement du même secteur. Ils disaient des choses pour empirer la situation. Je me faisais également cyber harcelée mais c’était des amitiés virtuelles. C’était des gens très malpolis, qui appréciaient également rabaisser pour blaguer. Moi je trouvais que c’était la norme (je voyais que les gens se faisaient accepter quand ils avaient de la répartie) du coup j’essayais de m’intégrer dans le groupe de ces utilisateurs. Les insultes étaient inimaginables : sale handicapée, suicide-toi, tu as une tête d’enfant de 8 ans, sale conne… C’était insupportable, je n’ai même pas pu me remettre de l’événement de la classe qui m’a entourée pour m’insulter. J’en ai parlé à mes professeurs, ils ont pas vu cet acharnement et ont logiquement cru l’ensemble de ma classe. Les responsables avaient l’habitude de mes problèmes et de mes conflits donc ils ne prenaient pas cette situation très au sérieux. Quand le CPE principal m’a vu il était étonné : encore toi ? Il m’a disputée parce que je faisais encore des problèmes avec les autres. C’est vrai que j’étais réceptive à leurs critiques mais c’était seulement parce que je ne voulais pas me laisser faire. Les professeurs prenaient ça pour de l’insolence. Jusqu’au jour où on m’a convoquée suite à une énorme crise d’angoisse : je me suis retrouvée chez la principale adjointe à lui raconter mon problème. Elle m’a dirigé vers le nouveau principal. Je dû tout lui raconter mais le problème c’est que, suite à cet événement durant lequel on m’a frappé, j’étais très affectée émotionnellement. J’étais énormément anxieuse. Le proviseur a prit ça pour de la bizarrerie comportementale parce que la situation était tellement forte que je n’arrivais plus à raconter correctement ce qui m’arrivait. Cela avait l’air disproportionné par rapport à la situation qui avait l’air si banale… J’insiste bien sur « avait l’air banale » je ne savais pas exprimer pleinement ce que je ressentais mais c’était vraiment la réalité. Mais on m’a fait douter de cette même réalité. C’est ainsi que le proviseur a dit à mes parents de m’emmener à l’hôpital psychiatrique d’urgence parce que j’étais « désorganisée »… Mes parents ont apprit ça, ils étaient effrayés par rapport à mes angoisses et à ma réticence à aller en cours. Ils ont logiquement écouté mon proviseur qui disait que j’étais anormale. Mes parents m’ont vu affectée par la situation, ils se sont inquiétés et ont fait comme me l’a dit mon proviseur : m’emmener en hôpital psychiatrique suite à une crise émotionnelle. J’ai passé un entretien. On m’a dit que j’allais suivre des séances chez le psychologue etc…mais il n’y’avait plus de place pour les prises en charge psychologiques. J’ai repassé un entretien, cette fois-ci avec des psychiatres, on m’a dit que j’allais passer du temps avec des adolescents pour me reposer. Moi j’étais passive, je m’en fichais, j’étais très indifférente, je prenais cette situation à la légère, jamais je n’aurais pensé que ça allait mené à une telle situation. Ça n’avait pas l’air grave après tout…
Résultat : je me retrouve en hospitalisation alors que je l’ignorais. On m’avait seulement parlé d’un centre dans lequel je pouvais profiter de diverses activités pour me reposer. J’avais pensé saisir une certaine occasion pour fuir le collège, j’étais réceptive à toute chose. J’ai vraiment angoissé, je me suis retrouvée dans un couloir sans savoir quoi faire, j’étais avec des gens beaucoup plus affectés psychologiquement. J’absorbais toutes leurs émotions négatives telle une éponge émotionnelle. J’étais tellement affectée et traumatisée que j’avais l’air peut-être (vraiment) bizarre. C’est vrai que je réagis excessivement. Mais ça ne justifie pas cette situation. Je me fais harcelée et finalement c’était moi l’erreur, la bête noire ? Après on m’a évidemment diagnostiqué un trouble très grave : une décompensation psychique. Vous imaginez bien ma réaction. Surtout que je m’étais persuadée de ma propre folie à cause de ma difficulté à m’adapter, ça validait encore plus la vision que j’avais de moi-même. On m’a bourrée de médicaments lourds, j’étais sous camisole chimique pendant 2 semaines alors que mon cerveau était en pleine croissance. J’avais 14 ans. Je n’étais pas au courant de la gravité de la prise d’antipsychotiques. J’ai tout fait pour sortir, je me suis montrée irréprochable. Je suis sortie au bout de 3 semaines. J’ai pris beaucoup de poids. Je n’écrivais pas aussi bien qu’avant. J’avais perdu cette vivacité, ce monde remplit de fantaisie. J’étais aveuglée, on était rassurée de me voir calme, zombifiée. Je paris que j’ai perdu de nombreux souvenirs, je faisais plus de fautes d’orthographe que je ne faisais pas avant ma sortie. J’ai revu des messages avant mon hospitalisation et tout juste après, la différence était flagrante : les phrases étaient beaucoup plus amoindries en terme de mots. La dopamine réduite dans mon cerveau à cause des traitements m’a énormément compliqué la vie. Ma créativité était enchaînée, toujours, avec des chaînes aussi imposantes que la manière dont on m’a rejetée. À mon retour les élèves ont commencé a dire que j’avais grossis, les cyber harceleurs ont vu les photos que je postais, ils commentaient des choses tels que « grosse baleine », « ton ventre je paris que c’est un trampoline », « sale grosse ». Je pleure actuellement en écrivant ces phrases. J’ai ensuite revu de nombreux psychologues à mon retour. On m’a dit que c’était finalement une erreur de diagnostic. Je ne suis donc pas schizophrène ? Que suis-je ? Pourquoi je suis si étrange ? On m’a parlé de précocité, de ma manière de ressentir les choses. Enfin je pouvais poser des mots sur ce qui me dérangeait pendant toutes ces années infernales. J’étais soulagée mais en même temps, je n’y croyais pas vraiment. Comment pouvais-je passer d’un tel diagnostic de décompensation psychique à cela de la part des psychologues ?
Suite à cet événement, j’ai réussi à passer un cap. J’ai changé d’école, de milieu socioculturel. J’ai réussi à me lier d’amitié avec un groupe de personne. J’ai passé cette année, j’ai été accepté dans d’un établissement prestigieux. J’ai pu exprimer mon art. Mais j’ai toujours gardé des séquelles par rapport aux choses en lien avec l’école. J’avais perdu quelques amis. Je n’aimais plus du tout ça, je me forçais à y’aller. En première j’ai aimé un garçon, je voulais m’attacher à une chose qui pouvait me permettre de vaincre ma solitude. J’étais amie avec l’unes de ses amies. Je transgressais toute règle sociale à partir de la première. J’étais infernale. Ces séquelles se sont accumulées, j’ai comme changé drastiquement. Je ne voulais plus rien respecter. J’ai fais une énorme dépression, je n’arrivais plus à me remettre de cet événement. J’avais drastiquement changé de style vestimentaire, j’ai tout fais pour perdre du poids, j’ai commencé à fumer, je sortais faire le mur, je flirtais avec d’autres garçons pour briser cet ennui, je volais des choses dans des magasins, j’essayais de m’accrocher à des groupes de personnes pour ne plus me sentir à l’écart. J’ai rejeté ce que j’étais. J’ai commencé à gagner en popularité. Mais je me détestais. Le garçon m’a envoyée balader quand mon amie, qui était également son amie, lui a tout dit sur mes sentiments. Suite à ça, j’ai arrêté toutes ces conneries. Je me suis renfermée, je ne voulais plus parler à quiconque. J’ai commencé la musculation, j’ai coupé mes cheveux très courts, je les ai teints en noir, j’avais encore plus maigris. J’étais plus en inhibition intellectuelle, j’ai commencé à lire de nombreux ouvrages, à m’intéresser à des chercheurs en sociologie, en psychologie, en astronomie, en histoire… J’ai coupé toute relation. J’avais accumulé des connaissances. Ma famille s’était lassée de ma présence suite à ce que je faisais. Mais je persistais. Actuellement, je n’arrive plus du tout à m’adapter au sein de cette société. J’ai perdu ma lumière intérieur, ma fantaisie, mon imagination, mes souvenirs… Ce qui m’aide encore à persister ce sont mes passions telles que le dessin et l’écriture : écrire des histoires est un réel aspect exutoire concernant mon monologue intérieur. Mais cette camisole, ce conformisme m’empêche de m’adapter. Je ne sais plus si c’est moi qui ne tourne pas rond ou c’est tout simplement le monde qui raffole d’une certaine normalité semblable à une dépendance pathologique d’une drogue. Je suis énormément révoltée. Révoltée contre ce système scolaire machinal et robotique. Révoltée contre cette uniformisation qui rejette chaque once d’humanité chez-nous. Ce rejet social a en effet été compliqué pour moi, d’autant plus que j’ai toujours eut une certaine proximité avec le fait de contrer ces règles imposée. Surtout l’école. J’ai toujours eut un problème avec l’école, j’ai l’impression qu’elle ne m’aime pas. En fait, ce n’est même pas une impression, c’est la réalité. Elle m’a consumée à petit feu. Ce système m’a valu une tentative de suicide. Une obligation est imposée pour chaque individu pour qu’il supporte un tel endroit. Si ce n’est pas le cas, c’est un parias, un marginal, un hors cadre. Je suis tellement fatiguée. Je suis lassée. Je sais que mon discours peut paraître remplie de victimisation, mais c’est vraiment l’intégrité de ma pensée qui s’exprime. Je ne ressens plus la même sensation de monde en couleur d’avant, mes souvenirs se sont envolés pour laisser place à du néant. Avec du recul, j’ai mieux compris la raison de toutes les choses que j’ai pu faire. J’avais l’impression que ce que j’ai vécu m’avait empêché de vivre mon adolescence… D’autres font la fête, d’autres sont en réussite scolaire, d’autres sont appréciés par les autres. Mais moi, je passe mon adolescence à ruminer mes pensées, à me sentir à part, comme si un voile s’était dressé devant moi et les autres. Avec du recul, ça n’a pas réellement changé. Je n’arrive plus à apprécier les relations sociales. Ma meilleure amie m’a abandonné, pourtant, je n’imaginais jamais une chose pareil de sa part. Elle qui me comprenait. Finalement, j’ai seulement besoin d’être comprise. Voilà, j’espère que ce témoignage vous aidera, cela me tient énormément à cause. Je regrette toute cette hospitalisation, tout ce que j’ai vécu, ces médications. J’ai juste peur. Malgré mon intérêt pour le dessin et l’animation, personne ne me pense réellement réussir suite à mon année de première. Je suis actuellement perdue, je veux seulement être rassurée. Merci d’avoir lu ce long message !
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