Le langage musical, la créativité (et Guthrie Govan)

  • vali

    Membre
    6 octobre 2018 à 18 h 18 min

    Salut Paradigme et Doud. Je me retrouve dans tous ce que vous dîtes ici , dans le pour et le contre.. c’est fou comme on est fous et comme je me sens bien parmis vous ( tous sur ce site d’ailleurs).
    J’aimerai juste m’exprimer et savoir que vous me lisez:
    Depuis mon enfance je rêve du jour ou on inventera une machine de transcription de pensées et de symphonies qui jouent sans arrêt dans ma tête ( je hais les machines pourtant j’arrive à les maîtriser mais uniquement quand j’ai la patience ( chose que je n’ai jamais eût).
    Pour moi ça a tjr été ainsi:
    J’ai l’impression d’être tellrment plus rapides dans ma tête et mon âme que un monde de concret comme celui dont nous vivons me donne l’impression d’être emprisonnée dans ses limites. Et pourtant je ne prétend pas être en avance sur les normeaux pensants.. c’est plutôt mon impatience qui me rend jamais capable de maîtriser un instrument ou un programe digital.
    Et.. et.. et.. bcp de choses à dire par exemple ici et que je n’ai pas la patience de les écrire.. comme mon livre qui ne finira jamais et les oeuvre à écrire et les discours qui se passent dans ma tête qui ne verront peut être jamais la lumière puisque quand je me met à les écrire ils se dispersent et fondent dans le “normal” et perdent leur intégrité et valeur.

    Excusez moi de bcp parler pour dire peu..
    Voilà ce que je voudrais vraiment dire: je n’appartiens pas a cette dimension ” terrestre” et j’attend impatiemment mon retour chez moi ( ce chez moi inconnu mais vrai) et la seule chose , en attendant, qui me rendrai moins malheureuse c’est L’amour. Et c’est tout ce que j’ai à offrir à ce monde de haine.

  • vali

    Membre
    6 octobre 2018 à 18 h 22 min

    La plus grande injustice c’est que nous somme la solution mais personne ne voudrai de nous. Ce qui pose la question fameuse: qu’est ce qu’on fout ici?!
    Et j’en ri.

  • paradigm

    Membre
    6 octobre 2018 à 18 h 58 min

    @Vali 🙂

    Depuis mon enfance je rêve du jour ou on inventera une machine de transcription de pensées et de symphonies qui jouent sans arrêt dans ma tête ( je hais les machines pourtant j’arrive à les maîtriser mais uniquement quand j’ai la patience (chose que je n’ai jamais eût).

    Cette machine peut-être qu’elle existera un jour, mais elle doit être unique pour chaque personne, parce que la façon dont nous représentons les choses mentalement nous est propre.

  • Membre Inconnu

    Membre
    6 octobre 2018 à 19 h 27 min

    “Pas particulièrement, parce que j’ai l’oreille absolue , donc je n’ai pas de mal à restranscrire quoi que ce soit sur le plan/mélodique et harmonique. La seule réelle limitation vient de la mémoire puisque la retranscription est nécessairement plus lente que le temps réel. Là ou je vais avoir également du mal, ça va être pour les structures rythmiques.”

    Si tu avais une maîtrise incroyable du piano, pourrais-tu jouer en temps réel ce que tu entends dans ta tête ? ( et accessoirement placer un magneto dans la pièce pour enregistrer)

    “Aurais-tu des exemples ?”

    Tous les morceaux jazz rock avec des tempis et des mises en place de folie. Il faut savoir que c’est une musique extrêmement écrite. Il n’y a pas une seconde de”liberté ” ça donne une idée du niveau technique des gars mais comme les vidéos de Guthrie Govan d’ailleurs.
    Par exemple, l’album de Dave Weckl : master plan.
    Quand tu joues des trucs comme ça en groupe, c’est comme descendre un rapide en rafting à fond les ballons. Il faut une espèce de concentration intense et parallèlement un lâcher prise nécessaire pour la détente musculaire et éviter la crispation. C’est grisant, intéressant et épuisant. Même à écouter.

    “C’est pour ça que je ne peux pas jouer en groupe, parce que je ne ressens pas la musique de la même manière. Parce que l’émotion musicale transcende la technique et est propre à chacun.”

    Tout à fait d’accord. On ressent chacun à sa sauce. Mais n’est ce pas le fait d’aller justement jouer avec d’autres qui va faire qu’on va créer un projet commun, se mettre au service d’une musique qu’on a envie d’entendre interprétée et surtout de partager ?
    ( là où ça devient compliqué, c’est l’égo de certains qui se prennent pour des stars parce qu’ils ou elles ont fait 5 concerts dans des bars… c’est malheureusement courant mais c’est un autre sujet)

    “Pas de rester dans la tête du compositeur, mais d’y être fidèle.”
    Oui c’est mieux 😁

    “Donc à partir de cet alphabet, de ces notes, on va pouvoir écrire des mots, des phrases qui vont avoir un certain sens, propre à chacun puisque la sémantique n’a jamais été fixée ”

    Entièrement d’accord. On dit donc la même
    chose.

    “pourquoi les accords mineurs vont avoir une conotation triste ? qu’est ce qui va faire que l’on va ressentir des tensions ? C’est précisément là où il y a un croisement de la musique et des neurosciences.”

    Ça c’est une vraie question et je crois qu’il ne faut pas oublier la piste historique qui crée une culture qui nous influence inconsciemment.
    Par exemple, le triton qui a été interdit par l’église à la fin du Moyen-Age et qui le qualifiait de diabolique.

    “Après rien n’empêche de juste écrire les notes n’importe comment ou en suivant des règles complètement arbitraires, mais auquel cas on s’appelle Pierre Boulez. Et ça revient au même que d’utiliser notre alphabet pour écrire “abcd hgfe ijkl m n rqpo stuv zyxw”, peut-être qu’une poignée de personne va trouver ça original et l’apprécier, mais pour tout le reste ça n’aura juste aucune signification et je me place dans ce second groupe.”

    Euh… n’importe comment ? Concernant, la musique contemporaine, je ne pense pas.
    Je pense que ces compositeurs sont des chercheurs. Des précurseurs. Qu’ils inventent et développent de nouveaux concepts. Par exemple la musique sérielle.
    Après que ça dérange, irrite je n’en doute pas ( ce qui est donc une émotion, donc le but est atteint 😉). Je pense qu’ils vont de plus en plus loin dans la dissonance et l’arythmie de manière réfléchie mais que la très grande majorité du public n’a pas les oreilles suffisamment ouvertes et que ça agresse.
    Je me souviens que quand j’ai commencé à m’intéresser aux gammes symétriques, leur sonorité m’agressait car déjà elles vont vers la dissonance. Maintenant j’adore.

    Ce qui pourrait s’apparenter à ce que tu dis est plutôt le free jazz qui est le rejet complet de toutes les règles et donc se positionner comme de la création pure.
    Ornette Coleman par exemple et là c’est chaud. Boulez c’est mignon à côté. Mais il y a aussi une histoire politique derrière l’apparition de ce mouvement.

    “Et le langage musical ne nécessite pas nécessairement un apprentissage, dès le moment où on a la sémantique, on peut apprendre tout seul, sans connaître la grammaire, on va la découvrir par nous même petit à petit. D’ailleurs tu citais toi-même Django Reinhardt.”

    Django avant l’incendie de sa roulotte était déjà un banjoiste de rue mais qui commençait à avoir une petite réputation. Après l’accident, il avait alors 18 ans, un membre de sa famille lui a offert une guitare car il avait la main gauche brûlée et seuls 2 doigts fonctionnaient encore et comme il est resté plus d’un an à l’hôpital, il devait s’ennuyer ferme. Et donc tout ce qu’il joue c’est avec 2 doigts uniquement sur le manche. Ce qui est déjà juste hallucinant. Faut qu’en même se rendre compte de la performance. C’était pour la petite histoire.

    ” Et le langage musical ne nécessite pas nécessairement un apprentissage, ”

    Je pense comprendre ce que tu veux dire.
    Apprentissage dans le sens scolaire où on apprend les règles théoriques, les formules si on parlait de math. C’est ça ?
    Pour moi, l’apprentissage est beaucoup plus vaste et englobe toutes les voies possibles.
    Certains vont apprendre l’harmonie, les gammes etc… puis tenter de mettre tout ça en application, d’autres vont faire un apprentissage plus instinctif, plus tâtonnant. A chacun de trouver la méthode qui lui convient.
    Django avait toujours une guitare à la main, il était toujours en recherche.
    Et tout le monde n’est pas Django.
    Mais beaucoup beaucoup des plus grands improvisateurs ont une connaissance et une compréhension très profonde de l’harmonie.

    Si on considère ce que tu entends dans ta tête comme des improvisations dans l’aspect volatile du truc, il me semble que tu es face à la même difficulté que tous les musiciens qui se sont lancés dans les musiques improvisées notamment le jazz. Comment retranscrire dans l’instant ce que j’entends ? Il y a autant de chemins que d’individus. Et il n’y a pas d’arrivée. Mais une chose est sûre, tous maîtrisent leur instrument.

  • Membre Inconnu

    Membre
    6 octobre 2018 à 19 h 55 min

    Oups bonsoir Vali.

    Comme tu peux le voir, je fais des copiés collés sans faire gaffe que tu est venue te joindre à nous.

    Je ne sais pas faire les guillemets comme Paradigme et je suis très jaloux. Bref les machines et moi…

    C’est intéressant ce que tu dis.
    Je vais prendre le temps de méditer dessus.

  • paradigm

    Membre
    6 octobre 2018 à 20 h 01 min

    Si tu avais une maîtrise incroyable du piano, pourrais-tu jouer en temps réel ce que tu entends dans ta tête ? ( et accessoirement placer un magneto dans la pièce pour enregistrer)

    Absolument. Et c’est déjà ce que j’essaye de faire, sauf que ma technique n’étant pas bonne je perds le fil à chaque difficulté technique ou fausse note et c’est très déroutant. Mais j’ai des dizaines et dizaines d’heures d’enregistrements de fragment de morceaux improvisés. Mais si je ne les retranscris pas rapidement, je perds l’intention d’origine.
    J’aimerais bien être Liszt, c’est sûr.

    Tous les morceaux jazz rock avec des tempis et des mises en place de folie. Il faut savoir que c’est une musique extrêmement écrite.

    Ok, on est d’accord. J’avais compris ta phrase d’origine à l’envers, en croyant que tu parlais des compositions extrêmement simples au contraire.

    Mais n’est ce pas le fait d’aller justement jouer avec d’autres qui va faire qu’on va créer un projet commun, se mettre au service d’une musique qu’on a envie d’entendre interprétée et surtout de partager ?

    Bien sûr, mais si l’on est compositeur un peu (beaucoup) perfectionniste, on va avoir beaucoup de mal à faire interpréter ce que l’on veut comme on veut, surtout si on n’a pas la connaissance technique justement.

    Ça c’est une vraie question et je crois qu’il ne faut pas oublier la piste historique qui crée une culture qui nous influence inconsciemment.
    Par exemple, le triton qui a été interdit par l’église à la fin du Moyen-Age et qui le qualifiait de diabolique.

    Oui, mais la question derrière est de savoir pourquoi le triton a été qualifié de diabolique. Pourquoi est-il dissonant ? Et dans certains cas uniquement, tout dépend du contexte.
    Ca c’est intéressant à étudier.

    Je pense que ces compositeurs sont des chercheurs. Des précurseurs. Qu’ils inventent et développent de nouveaux concepts. Par exemple la musique sérielle.

    Mais à mon sens la musique sérielle est un gros problème d’un point de vue de la créativité. Certes il peut y avoir une prouesse à composer en se rajoutant des contraintes, mais c’est typiquement ce que j’appelle de la composition feuille blanche.
    A mon sens n’importe qui est capable de faire de la musique sérielle, même un ordinateur, les règles de composition imposées seront respectées, il y aura une “musique” produite ; mais où sera l’intention ? l’émotion ?
    J’ai des amis compositeurs qui sont capables de se forcer à écrire de la musique parce que c’est leur boulot. Mais il n’y a aucune spontanéité, est-ce seulement de l’art ?

    Pour moi, l’apprentissage est beaucoup plus vaste et englobe toutes les voies possibles.
    Certains vont apprendre l’harmonie, les gammes etc… puis tenter de mettre tout ça en application, d’autres vont faire un apprentissage plus instinctif, plus tâtonnant. A chacun de trouver la méthode qui lui convient.
    […]
    Mais beaucoup beaucoup des plus grands improvisateurs ont une connaissance et une compréhension très profonde de l’harmonie.

    Oui on peut faire un apprentissage par tâtonnement sans aucune connaissance théorique. Et le cerveau est très bon pour ça. Dès lors où on peut improviser de la musique dans sa tête, on va nécessairement “essayer” plein de choses et petit à petit on va se forger une capacité à créer des choses qui seront “mieux” et se créer un style également.

    Il y a autant de chemins que d’individus. Et il n’y a pas d’arrivée. Mais une chose est sûre, tous maîtrisent leur instrument.

    Sauf qu’il n’est pas donné à tout le monde la capacité de maîtriser un instrument non plus.

  • paradigm

    Membre
    6 octobre 2018 à 20 h 04 min

    @doud pour faire les guillemets, il faut utiliser la balise B-QUOTE.
    Soit tu sélectionnes le texte que tu veux mettre sous forme de citation et tu cliques sur B-QUOTE, soit tu cliques une fois sur B-QUOTE avant d’insérer le texte à citer et une fois après pour finir de délimiter le texte à mettre en forme.

  • Membre Inconnu

    Membre
    6 octobre 2018 à 21 h 04 min

    Est ce que tu es instrumentiste disons quotidienne et je pose la question à Paradigme également. Et ces symphonies que vous écoutez dans votre tête, c’est à quelle fréquence ?

    Parce que personnellement je n’ai pas de musique dans la tête mais en revanche je joue tous les jours depuis 44 ans ( j’ai fait une pause de 18 à la suite de mon diplôme de prof ( enfin bon… d’un organisme privé européen… qui à part la technique instrumentale ne m’a pas appris grand chose) jusqu’à mes 20 ans, date à laquelle j’ai rencontré un gars qui jouait super bien et qui m’a expliqué l’harmonie, enfin bref je digresse je digresse)
    Bref tout ça pour demander, selon vous, serait il possible que je n’ai pas cette musique dans la tête puisque d’une certaine manière, je la fais sortir quotidiennement ?
    Parce que dès que j’ai mon instrument à la main, c’est parti.

  • Membre Inconnu

    Membre
    6 octobre 2018 à 21 h 07 min

    Merci Paradigm.

    Je vais relire plusieurs fois parce que là comme ça… 😂

    Ps : je précise que j’ai un vrai soucis avec ces machines.

  • paradigm

    Membre
    6 octobre 2018 à 21 h 45 min

    Pour ma part je joue quasiment quotidiennement, et 90% du temps ou je joue, je joue justement ce qui me passe par la tête à ce moment là, donc je ne développe pas ma technique.
    La musique j’en ai en presque en permanence dans la tête, c’est même parfois gênant, ça rend la concentration difficile …
    Il peut s’agir de musiques “connues”, de compositions personnelles que j’ai mémorisé ou d’improvisations totales. J’ai remarqué que je suis bien plus propice à la création/improvisation lorsque je suis fatigué/épuisé, après une rude journée par exemple. J’aurais tendance à dire que c’est l’emprise du cerveau gauche qui se libère dans ces conditions et que la créativité surgit. Encore une fois ça serait quelque chose à étudier.

    Parce que dès que j’ai mon instrument à la main, c’est parti.

    Mais tu improvises sur ton instrument ?
    Une façon simple de le savoir je pense c’est est-ce que joues tu pourrais le chanter/fredonner (hors considération technique) ?
    Ca c’est un point assez révélateur, d’ailleurs si l’on regarde des interviews de compositeurs, beaucoup disent que les mélodies parmi les plus célèbres qu’ils ont écrite, ils ont commencé par les fredonner avant de les jouer. Justement parce qu’à mon sens ça permet d’éviter que tout automatisme lié à la pratique de l’instrument ne vienne perturber la créativité.

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