Il fait nuit, au loin brille une lumière, c’est elle. La voici, elle atterrit. Son regard se tourne vers le paysage obscur qui l’entoure. Où est elle? Dans quelle galaxie? Sur quelle planète?
Son cœur se serre car elle sait qu’elle est loin. Elle le devine, sensation de solitude. Elle est loin de ceux qu’elle aime, loin de leur tendresse, loin de leur amour. Alors, pour se donner du courage, elle se souvient des bras qui l’entouraient, des gestes doux, de la musique régulière du cœur de son amant qu’elle perçoit quand elle l’étreint. Oui, elle se souvient.
Mais voilà, elle a dû partir. Déchirée, elle a enfermé la perle du souvenir de son amour au cœur d’une huître pour le protéger car son monde a été trahi, envahi par une horde sauvage et cruelle. Leurs vies étaient en danger, ils se sont donc séparés.
La voilà maintenant seule, perdue dans ce désert. Il fait noir et elle a peur. Alors elle se rappelle encore. Elle sourit devant le souvenir de ce matin d’automne, une table en bois, un café chaud et parfumé, un pain blanc et moelleux, du beurre frais et onctueux, une confiture de myrtilles savoureusement sucrée.
Elle sursaute. Elle a entendu un bruit. Quelque chose a bougé dans la nuit. Quelque chose nage. Elle ne la voit pas mais peut deviner ses déplacements grâce aux bruits des vaguelettes laissées par son passage. Soudain la lune apparaît.
Mais qu’est donc cette chimère? Sa mémoire s’active, elle connaît cette créature, elle l’a étudiée…Oui elle se rappelle! Un ornithorynque !
Elle réalise soudain! Non ce n’est pas possible! C’est la terre! Pas la terre!
Elle tombe, s’effondre sous l’effroyable nouvelle, toute cette souffrance, tous ces efforts, réduit à néant. Elle ne peut survivre sur la terre !
Elle doit trouver un appui, déjà elle sent la déperdition d’énergie vitale grandir. Elle s’assoit contre cet arbre, face à la lune , face à la bête, face à sa mort car elle va mourir, elle le sait.
«Ça aura été un beau voyage malgré tout » murmure t elle tout bas « une belle aventure, une belle destination et oui, un bien bel endroit pour mourir que la terre finalement »
L’aube commence à poindre et l’exposition aux rayons de l’étoile nommée soleil l’anéantira. Elle ferme les yeux, les senteurs du matin caresse son odorat délicat. Sa main se pose sur l’écorce de cet arbre centenaire dans une dernière étreinte. Le soleil l’illumine…
ça y est, elle n’est plus.