Effet Barnum

L'effet Barnum de Spiderman
L’effet Barnum illustré façon mème Spiderman

Au sein des discussions entre personnes à Haut Potentiel Emotionnel ou entre individus à Haut Potentiel Intellectuel, “l’effet Barnum” est souvent cité.

Et ce, plus encore que les extrêmement populaires biais de confirmation et effet Dunning Kruger !

Il s’agit, en effet, d’un biais cognitif particulièrement important à connaître. Et, comme nous allons le voir, il n’est pas rare que l’effet Barnum soit souvent pointé du doigt par les surdoués / zèbres / Haut Potentiel, car certains “vrais surdoués” se sentent frustrés, menacés, incompris (liste non exhaustive) en raison de ce biais – et de l’exposition, notamment, d’autodiagnostics, de douance qui en résulte.

Rappelons que seul un psychologue spécialisé Haut Potentiel est habilité à vous faire passer un test HPI, basé sur un test de Wechsler (WAIS pour les Adultes, WISC pour les enfants, WPPSI pour les petits enfants). Celui-ci vous permettra de savoir si vous êtes ou non un adulte à Haut Potentiel.

Qu’est-ce que l’effet Barnum ? Définition

Vous croyez en l’astrologie parce que lors d’une rencontre mémorable (il y a de quoi ! 🙂 ), une voyante a lu, a vu votre passé, votre présent, votre avenir ? Vous avez eu la sensation qu’elle a pu lire en vous cmme dans un livre ouvert ? Vous en êtes ressorti troublé et depuis, même si vous vous attachez à conserver un fond de scepticisme, force est de constater que… vous y croyez.

Et si vous aviez été manipulé grâce à l’effet Barnum ?

Comme le rappelle la (courte) page Wikipedia consacrée au sujet :

L’effet Barnum, « effet Forer », « effet de validation subjective » ou « effet de validation personnelle », ou encore « effet puits », désigne un biais cognitif induisant toute personne à accepter une vague description de la personnalité comme s’appliquant spécifiquement à elle-même.

Autrement dit, ce biais s’appuie sur le recours à des généralités dans lesquelles l’immense majorité de la population peut se retrouver. A part dans un Marvel (et encore… 🙂 ), qui se réveille tous les matins en se disant “je suis un méchant et je vais faire du mal aux gentils” ? Autre exemple, pour reprendre un terme à la mode ces dernières années : qui se regarde dans un miroir et se dit à soi-même “je suis un mouton” ? Alors que chacun aime se caresser dans le sens du poil et affirmer, bien au contraire : “je suis un esprit libre, différent, atypique, je ne rentre pas dans les cases”.

Partant, l’effet Barnum sert de socle à de nombreuses professions telles que des pseudo-sciences du type astrologie (coucou les horoscopes de votre quotidien préféré 😉 ), voyance, mais aussi des fonctions commerciales par exemple, puisqu’il peut s’agir ici de flatter à peu de frais l’égo de son interlocuteur et de le convaincre que l’on dispose de LA solution à son problème, tout à fait inédit et unique.

L’effet Barnum est également fortement présent en filigrane des nombreux tests de personnalité, en sachant que les généralités positives sont, quelle surprise, généralement bien mieux accueillies que les généralités neutres ou négatives.

Essayez vous-même d’affirmer à quelqu’un de votre entourage quelque chose comme “tu es introverti” ou “tu es extraverti”. Il y a une forte chance d’obtenir une moue sceptique et d’entendre, en retour, des mots du type “oh, cela dépend des situations, je suis un mélange d’introversion et d’extraversion je pense”.

Faites le même exercice en mettant en avant, vous-même, que votre interlocuteur est à la fois introverti et extraverti, en fonction des situations”, et il y a de fortes chances que vous obteniez un sourire et une approbation. “C’est exactement ça, tu m’as totalement cerné, tu me connais tellement bien !”

La lecture à froid (ou lecture froide) est une grande consommatrice d’effet Barnum. Elle n’est pas toujours malveillante car elle peut permettre, par exemple, de cibler plus rapidement les besoins, latents ou exprimés, d’un individu, et donc de gagner un temps précieux au début d’un échange ou d’une relation.

Bien sûr, de nombreux escrocs, ou encore des gourous de secte, sont des experts en matière d’effet Barnum. Beaucoup d’amuseurs publics en usent également : magiciens, mentalistes, chiromanciens… Même si, bien entendu, les métiers en question n’existent pas nécessairement uniquement pour faire rire.

D’autres métiers d’apparence plus “sérieuse” en sont également friands : politiciens, graphologues, psychothérapeutes, psychologues, psychiatres, psychanalystes, de nombreux catégories de médecins, des hypnotiseurs, des détectives, des interrogateurs, des enquêteurs… La liste est très longue, car on parle ici d’un biais qui peut servir d’outil, et donc être utilisé de multiples façons.

Et que dire des séducteurs professionnels, qui semblent toujours trouver le bon mot pour conquérir l’être désiré ?

Pourquoi parle-t-on d'”effet Barnum” ? Un peu d’Histoire…

Phineas Taylor Barnum (effet Barnum)
Phineas Taylor Barnum

Le nom “effet Barnum” vient de celui de l’homme de cirque Phineas Taylor Barnum, célèbre aux Etats-Unis au XIXème siècle pour sa capacité à attirer, séduire et divertir les foules.

Il a été théorisé au XXème siècle par le psychologue américain Bertram Forer.

Les psychologues Dickson et Kelly ont par la suite mis en évidence trois facteurs qui rendent plus perméables à l’effet Barnum :

  1. le fait que le sujet soit convaincu que l’analyse lui était totalement dédiée
  2. un biais d’autorité, c’est-à-dire le fait que le fait reconnaissance une certaine autorité / légitimité de la part de son interlocuteur
  3. et last but not least, une forte proportion d’éléments positifs, vs des éléments neutres ou négatifs (présents, certes, afin de ne pas éveiller les soupçons… Ne dit-on pas que c’est le dosage qui fait le poison ? 😉 )

L’effet Barnum est souvent exploité pour donner l’impression que des informations personnelles détaillées ont été révélées, alors qu’en réalité, elles sont vagues et applicables à un large éventail de personnes. Il repose sur certaines caractéristiques de la cognition humaine, notamment la tendance à chercher des confirmations de soi et à se reconnaître dans des descriptions flatteuses ou significatives.

Plusieurs facteurs contribuent à la persistance de l’effet Barnum. Tout d’abord, les individus ont tendance à interpréter sélectivement les informations et à ne retenir que celles qui leur semblent pertinentes. Ensuite, l’effet Barnum tire parti de la tendance des gens à oublier les informations génériques et à se concentrer sur les détails qui leur semblent précis. Enfin, l’effet est renforcé par le désir humain de trouver du sens et de la signification dans les informations qui leur sont présentées.

Effet Barnum et douance

Les personnes surdouées peuvent être plus sensibles à l’effet Barnum pour plusieurs raisons.

Voici quelques explications possibles :

Effet Barnum et sensibilité accrue

Les personnes surdouées ont tendance à présenter une sensibilité émotionnelle et intellectuelle plus élevée que la norme. Dans le même temps, elle peuvent avoir développé une forte conscience de leur propre complexité et du caractère atypique de leur personnalité – le fameux sentiment de décalage du surdoué.

Le revers de la médaille est qu’une personne à Haut Potentiel, ce zèbre désormais bien connu, peut volontairement céder aux sirènes de l’effet Barnum, en raison d’un désir de se connaître, de se comprendre, plus fort peut-être que chez les autres êtres humains.

Bien entendu, c’est en particulier durant des périodes de fragilité que l’homme surdoué ou la femme surdouée sont particulièrement susceptibles de se laisser manipuler de la sorte.

Effet Barnum, complexité de la pensée et perfectionnisme

Les surdoués sont généralement en recherche d’excellence, du moins dans les domaines qui les intéressent, qui les passionnent, qui les font vibrer. Un adulte à Haut Potentiel peut ainsi avoir tendance à considérer l’effet Barnum comme une vision excessivement simpliste de sa personne, voire comme une façon de le réduire à quelque chose – peut-être pour le faire entrer dans un moule, ce qu’il a probablement toujours refusé, ou refuse désormais (voir la notion de Faux Self).

On est donc en droit de penser qu’ici une personne HPI et/ou HPE se trouve “protégée” de ce biais cognitif, grâce au caractère perfectionnistes de sa personnalité. Ce n’est toutefois pas toujours si simple, surtout sur la durée…

Le fanatisme est une surcompensation du doute.

Carl-Gustav Jung

Effet Barnum et besoin de validation

Le besoin de reconnaissance d’une manière générale, mais surtout le besoin de validation chez le surdoué, peut être un facteur de fragilité face à l’effet Barnum.

En effet, le zèbre, souvent habitué à se sentir à l’écart du troupeau depuis son plus jeune âge, développe souvent un fort besoin de se sentir compris, dans son individualité. Ce fort désir peut être du pain béni pour l’effet Barnum : puisque l’adulte HP a tant besoin de se sentir validé dans sa différence, sa sensibilité, ou son intelligence, il suffit de le nourrir avec des phrases creuses, vides de sens pour le spectateur averti, mais perçues comme incroyablement adaptées pour le surdoué “en souffrance”.

Bien entendu, cette “fausse validation” ne constitue en rien une base solide pour continuer son chemin dans la connaissance et la compréhension de soi. Raison de plus pour se méfier au maximum des contenus vagues et d’écouter cette petite voix qui vous susurre à l’oreille : “pourquoi pas mais c’est insuffisant, il faut creuser beaucoup plus loin pour éventuellement trouver de l’or…”.

Combattre l’effet Barnum

La détection de l’effet Barnum (et d’autres biais du même genre) est une des armes majeures de la zététique, qui combat les pseudo-sciences.

Bien entendu, un “zététicien” n’est pas à l’abri des biais cognitifs (et l’avenir seul nous dira si une Intelligence Artificielle pourrait l’être, un jour, ce qui semble à l’heure actuelle hautement improbable), ce qui fait dire à certains que c’est une voie sans issue, voire un état d’esprit qui empêche d’accéder à certaines réalités.

Il semble néanmoins que, dans tout cela, l’acceptation du doute, de l’incertitude, soit un élément clé à cultiver pour ne pas se laisser facilement manipuler.

On mesure l’intelligence d’un individu à la quantité d’incertitudes qu’il est capable de supporter.

Emmanuel Kant
(parfois attribuée par erreur à Antoine Houdar de la Motte)

(voir d’autres citations sur l’intelligence)

Pour en discuter, vous pouvez participer à la Discussion nommée l’effet Barnum dans le Groupe Adulte zèbre, ou bien entendu lancer une autre Discussion dans le Groupe de votre choix 🙂