Aphantasiste! L’êtes vous? Votre ressenti ? Vos informations ?

  • Aphantasiste! L’êtes vous? Votre ressenti ? Vos informations ?

    Membre Inconnu a répondu il y a 4 années 15 Membres · 150 Réponses
  • isbale

    Membre
    12 février 2020 à 22 h 37 min

    Bonsoir à toutes et tous,

    C’est décidément un sujet très intéressant !

    J’ai eu l’occasion d’en parler depuis hier soir et j’ai eu une réflexion que j’aimerais partager avec vous. Cela tient en compte de mon fonctionnement personnel.

    Depuis toujours, j’ai une mémoire visuelle excellente. Encore aujourd’hui, je suis capable de me souvenir d’instants extrêmement précis et détaillés qui peuvent dater de mon plus jeune âge (dès lorsqu’il est possible de se souvenir ^^). Cela a toujours impressionné mes proches et lorsqu’on partait en quête de vérité (car souvent, en discutant avec ma famille, les souvenirs de l’un contredisaient ceux d’un autre), on me donnait raison.

    Pourtant, je pense très sincèrement être un aphantasiste. Et c’est là que ça devient intéressant : je suis incapable de créer volontairement une image de mon souhait par la pensée, mais j’ai une mémoire visuelle qui me permet de me remémorer des souvenirs (sous forme de “flash”) de façon extrêmement précise et juste.La question que je me suis naturellement posée est la suivante : ne serait-ce pas grâce à mon “aphantasisme” (allez, encore un autre mot !) que je suis capable de me souvenir avec autant de justesse d’instants passés de ma vie et ce, indéfiniment ?

    En effet, si je suis incapable de visualiser ce que je veux par la pensée, je suis incapable d’altérer l’image de mes souvenirs ! Mes souvenirs ne pourraient donc pas être “pollués” par mon “imagination visuelle”, en tant qu’aphantasiste je n’ai pas cette capacité.

    Qu’en pensez-vous ?

  • bagayaga

    Membre
    12 février 2020 à 22 h 49 min

    @isbale

    ^^^^^^^

    Extra et ultra bien vu^^ Ici aussi je mémorise tout un tas de trucs pas forcément utiles. Des fois je balance une info du passé et les gens me disent mais comment ça ce fait que tu te souviens de ça.

    Après pour la précision c’est ultra dur de prouver qu’il n’y a pas eu la fameuse altération.

    On va essayer de décortiquer le principe du souvenir. Et son principe d’altération. En identifiant les structures qui les régissent pour les phantasistes.

    Puis nous pourrons compiler le schéma normal avec shema alternatif ( le notre).

    Et on devrait pouvoir se faire une idée de la validité ou non de ton hypothèse.

  • shan

    Membre
    13 février 2020 à 8 h 25 min

    Réflexion interessante @Isbale , j’attends votre démonstration avec impatience. 🙂


    Ca a éveillé quelques questions plutôt “vie de tous les jours” pour moi :


    – Quand vous lisez un livre, vous ne pouvez pas imaginer les décors et les personnages dans votre tête ? Qu’est ce qu’il se passe quand vous lisez, et est ce que vous aimez lire ?

    – Comment vous faites pour vous endormir le soir ? Il se passe quoi en vous ?

    Les images arrivent elles en phase d’endormissement ou que dans les rêves ?

  • isbale

    Membre
    13 février 2020 à 8 h 57 min

    @shan

    J’aime lire malgré cela. C’est difficile à exprimer… Je dirais que je suis capable d’imaginer ce que je lis, mais pas de le visualiser. J’aurai l’idée d’une scène en tête, mais pas son image. C’est flou, très bref et ça fait appel à un sentiment, une impression… Ce que les phantasistes arriveraient à visualiser nettement, d’une qualité comparable à une photographie par exemple ? Je le verrais comme un tableau de Monet, extrêmement bref et sur lequel je ne pourrais pas m’arrêter pour réellement le regarder.

    Je suis parfaitement capable de m’émouvoir en lisant, d’imaginer un monde à travers les lignes, mais il n’y aura pas vraiment d’aspect visuel. Plutôt des impressions, des idées, des concepts… pas facile de décrire tout ça.

    Quant au dodo, personnellement je m’endors très facilement. Si j’ai de la peine à m’endormir, c’est parce que quelque chose me tracasse et que je vais y penser mais il n’y aura pas vraiment de visuel.

    Quand je dors, je suis capable d’avoir des rêves détaillés et intenses (autant visuellement qu’au niveau des sens et des émotions). Au réveil, je me souviens que c’était ainsi mais je ne peux pas re-visualiser clairement ce que j’ai rêvé. Je peux en garder un souvenir vague mais ce sont surtout les émotions qui vont me rester en tête un moment.

  • shan

    Membre
    13 février 2020 à 9 h 06 min

    @Isbale

    En fait c’est l’émotion dégagée qui vous permet de remémorer l’instant ou la situation vécue.

    Et de cette émotion qui revient vous en faite un souvenir ou une représentation.

    “Ce que les phantasistes arriveraient à visualiser nettement, d’une qualité comparable à une photographie par exemple ?”

    Oui une photo ou un film. Et en mode film – je ne sais pas si c’est pareil pour tout le monde – je peux être sois en version spectateur, soit en version acteur, comme dans les jeux vidéo on peut choisir la vue.

  • isbale

    Membre
    13 février 2020 à 9 h 44 min

    “[…]– je ne sais pas si c’est pareil pour tout le monde – je peux être sois en version spectateur, soit en version acteur, comme dans les jeux vidéo on peut choisir la vue.”

    Ce que tu dis là sonne vraiment comme un super-pouvoir pour moi ^^

    Quelle capacité géniale… Mais l’absence d’une cache peut-être la présence d’une autre. C’est ce que je me suis dit lors de ma réflexion sur ma bonne mémoire visuelle. À approfondir… Mag

  • Membre Inconnu

    Membre
    13 février 2020 à 10 h 45 min

    C’est vraiment génial tout ce que vous expliquez … merci de m’ouvrir encore un “nouveau monde” 🙂

  • bagayaga

    Membre
    13 février 2020 à 12 h 50 min

    @shan

    Extrait de ce que j’adore lire. Car l’auteur fait vivre les mots.

    Daniel Pennac le dictateur dans le hamac.

    “Ce serait l’histoire d’un dictateur agoraphobe. Peu importe le pays. Il suffit d’imaginer une de ces républiques bananières au sous-sol suffisamment riche pour qu’on souhaite y prendre le pouvoir et suffisamment arides de surface pour être fertiles en révolutions. Mettons que la capitale s’appelle Teresina, comme la capitale du Piauí, au Brésil. Le Piauí est un État trop pauvre pour servir jamais de cadre à une fable sur le pouvoir, mais Teresina est un nom acceptable pour une capitale. Et Manuel Pereira da Ponte Martins ferait un nom plausible pour un dictateur.”

    Ce que je ne peux pas lire car les mots sont morts.

    La chartreuse de Parme Stendhal

    “Ce fut dans l’une de ces chambres construites depuis un an, et chef-d’œuvre du général Fabio Conti, laquelle avait reçu le beau nom d’Obéissance passive, que Fabrice fut introduit. Il courut aux fenêtres ; la vue qu’on avait de ces fenêtres grillées était sublime ; un seul petit coin de l’horizon était caché, vers le nord-ouest, par le toit en galerie du joli palais du gouverneur, qui n’avait que deux étages ; le rez-de-chaussée était occupé par les bureaux de l’état-major ; et d’abord les yeux de Fabrice furent attirés vers une des fenêtres du second étage, où se trouvaient, dans de jolies cages, une grande quantité d’oiseaux de toutes sortes. Fabrice s’amusait à les entendre chanter, et à les voir saluer les derniers rayons du crépuscule du soir, tandis que les geôliers s’agitaient autour de lui. Cette fenêtre de la volière n’était pas à plus de vingt-cinq pieds de l’une des siennes, et se trouvait à cinq ou six pieds en contre-bas, de façon qu’il plongeait sur les oiseaux.”

    @isbale

    Je n’ai pas avancé sur l’hypothèse car je me suis endormie.

    Par contre ce matin j’ai eu une intuition.

    Tu sais que le vecteur numéro un de l’encodage des souvenirs c’est l’émotionnel.

    Tu vas mémoriser plus facilement un souvenir intense que un truc lambda.

    Donc puisque nous n’encodons pas de l’image. Déjà au niveau du stockage on est gagnant^^

    Puis secondo, on mémorise de l’émotionnel. Donc comme l’émotionnel favorise l’encodage de

    De la mémorisation. Nous memorisons peut être mieux. Car on encode tout par le biais de l’émotionnel.

    Pour démonstration :

    Je suis avec mon amie Claire. Toute les deux on se fume une clope au parc.

    Quand les copines arrivent elle demandent alors les filles vous avez fait quoi.?

    Claire répond, nous avons fumer et nous avons parlé.

    Moi je répond:

    Ben Claire elle était trop belle car le contraste du soleil et de l’ombre des feuilles faisait danser les paillettes dorée dans le vert et le bleu de ses yeux, y a un canard qui a glissé dans rocher et qui est tombé dans l’eau et ça fait quatre tours de joggeuse blonde qu’on est là.

    Ce souvenir date de mes 16 ans.

    Je l’ai raconté à Claire il n’y a pas longtemps en rigolant. Elle ne s’en souvient plus.

    C’est très triste quand j’évoque tout ces moments pour moi qui sont restés gravés. Ou des souvenirs de mon enfance à la famille.

    Personne ne ce souvient jamais de rien.

    Et moi j’ai tout ces souvenirs et quand je les partages les gens sont septiques.

    J’ai même des souvenirs très précis de moments importants dans ma vie. Où je le suis dit enfants. Ça tu ne l’oublieras jamais.

    Donc je rajoute une hypothèse si à défaut d’avoir une imagination visuelle nous avions une imagination émotionnelle. Poétique. Avec une imagerie lexicale de type métaphorique.

    Du coup ce qu’on raconte de nos souvenirs comme ils sont stylisés pour tout paraissent extrapolés, gonflés ?

    Et par ce biais cette dimension émotionnelle nous encodons tout et n’importe quoi. Sans prioriser.

    Pour l’endormissement il est instantané. Mais c’est quand je négocie avec moi même car je ne suis jamais partante pour dormir.

    Où je tombe de fatigue comme hier soir.

    Je confirme @Isabelle1970 que je regarde en haut à gauche pour m’interroger.

  • bagayaga

    Membre
    13 février 2020 à 22 h 52 min

    @isbale

    J’ai trouvé en parti les réponses potentielles de nos questions !

    Par contre assieds-toi et garde l’esprit bien concentré parce que le domaine de la mémoire est très dense en psychologie cognitive. Et surtout il a différentes écoles^^

    Je te fournis cet article qui est très bien.

    https://www.cairn.info/revue-l-annee-psychologique1-2009-2-page-197.htm

    J’essaye de me le farcir depuis tout à l’heure mais je pars en arborescence toutes les deux lignes! Et maintenant j’ai la caboche saturée.

    J’ai quelques intuition :

    Peut être que nous ne sommes pas passé en mode mémorisation adulte.

    Dans le sens que nous avons gardé la mémorisation de base et que nous l’avons adaptée et enrichie avec la sphère émotionnelle.

    Ce qui nous donnerait cette merveilleuse base de souvenirs. Mais sans images nette. C’est la mémoire des bébés et des enfançons.

    Je me demande dans quelle mesure nous n’aurions pas une immaturité cognitive à la base . Que le cerveau aurait compensé avec d’autres régions du cerveau pour que nous ayons tout de même des souvenirs.

    A la base les souvenirs si on se positionne sur la génétique et la survie. Le souvenir est là pour nous permettre d’analyser une situation. Et si celle ci a déjà été vécue et identifiée comme dangereuse, les hormones sont declanchées et l’afflux nerveux pour que nous ayons un réflexe de fuite.

    Donc originellement le souvenir avait un bute pratique.

    D’où la corrélation émotions/encodage.

    Dans le sens qu’il y a des peurs gravées dans les gènes de chaques espèces.

    Les bébés ont peur du vide.

    Maintenant vu notre cécité mentale. Nous melons peut être mémoire sémantique et mémoire émotionnelle.

    La place que nous alouons à ça est sûrement moins lourdes que du contenu visuel (pdf vs MP4)

    Et là à ce moment de ma réflexion y a encore une autre dimension. Qui est l’usage que l’on fait de notre paleocortex vs le neocortex.

    Je suis vraiment en train de me demander dans quelle mesure nous ne serions pas plus archaïque que le reste de la population. Je tuerais pour avoir mon pourcentage de chromosomes néandertaliens vs homos sapiens.

    Enfin bref. Je suis en totale émulation neuronale à propagation arborescentesque.

    Je n’arrive plus à réfléchir calmement^^

    Il me faudrait travailler dimanche matin sur l’article en prenant des notes pour réussir à me cadrer un peu plus^^

  • shan

    Membre
    14 février 2020 à 11 h 28 min

    @Isbale


    « Ce que tu dis là sonne vraiment comme un super-pouvoir pour moi ^^ »

    Yeaaaaaah, I got tha powaaaaa

    « Mais l’absence d’une cache peut-être la présence d’une autre. C’est ce que je me suis dit lors de ma réflexion sur ma bonne mémoire visuelle. À approfondir… »

    Ah mais c’est sûr j’en suis persuadée quand on voit l’adaptabilité de la vie, après dans quelle mesure, par quel moyens, ça doit être tellement différent d’un être à l’autre…

    @babayaga

    Sympa d’avoir pris le temps d’illustrer ton ressenti de la lecture.

    Je ne suis pas sûre de saisir les différences que font vivre en toi ces 2 textes .

    Ce que je vois en les lisant c’est que l’un semble expliquer une situation, et l’autre plutôt un lieu, c’est beaucoup plus descriptif.

    J’adore toutes tes explications et pistes de réflexion.

    « Tu sais que le vecteur numéro un de l’encodage des souvenirs c’est l’émotionnel.

    Tu vas mémoriser plus facilement un souvenir intense que un truc lambda.

    Donc puisque nous n’encodons pas de l’image. Déjà au niveau du stockage on est gagnant^^

    Puis secondo, on mémorise de l’émotionnel. Donc comme l’émotionnel favorise l’encodage de la mémorisation. Nous memorisons peut être mieux. Car on encode tout par le biais de l’émotionnel. »

    C’est sûrement quelque chose que l’on a tous ressenti en vivant des moments plus ou moins forts.

    Je me demande en quelle proportion ça peut être différent chez vous, si vous ressentez encore plus fort pour encoder, ou si l’émotion prend un autre chemin..?

    La mémoire est liée à l’émotionnel pour beaucoup d’évènements de ma vie, et d’ailleurs j’aime faire les choses si il y a une émotion liée derrière. Si c’est une action qui ne va rien éveiller en moi, je n’ai pas envie de la faire ; c’est d’ailleurs une de mes pistes à creuser (un jour) pour travailler sur ma propension à procrastiner. ^^

    Mais pour vous, ça vous « oblige » à créer une émotion pour apprendre ?

    Quelqu’un qui ne sait pas gérer ou observer ses émotions pourrait avoir des souvenirs « biaisés » ?

    L’émotionnel fait maintenant partie intégrante de l’étude des théories d’apprentissage.

    Je travaille actuellement sur un sujet de recherche auprès d’animaux, et on est en train de voir comment intégrer l’émotionnel à un protocole d’apprentissage d’exercices physiques déjà existant. Nous aimerions intégrer des observables de l’état émotionnel durant cet exercice physique, mettre en place un axe de travail en tenant compte de l’état émotionnel, établir une grille d’observables à remplir d’une séance à l’autre, et nous espérons mettre en avant que l’animal apprend plus vite, de manière plus autonome et peut être avec plus d’envie si on lui donne la possibilité d’être acteur de son apprentissage.

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