Colère et frustration chez les HPI

  • matty

    Membre
    23 mars 2021 à 15 h 53 min

    Je ne résiste pas au plaisir de publier ici la réponse (partielle) d’un internaute sur un autre site, je la trouve d’une grande pertinence.

    Voici :

    “… Je suis quelqu’un de plutôt doux, pondéré, la plupart du temps prêt à arrondir les angles, quoique certes un peu maniaque. Dans mon cas, pas de problème pour entendre un avis différent du mien, surtout s’il est exprimé avec éloquence et humour. Ajoutez-y une once d’auto-dérision, et j’aurais carrément plaisir à discuter. Mais qu’on remplace, dans ton propos, le mot “avis” par (je cherche le terme plus exact, plus concis, pour l’instant j’ai pas) “négation de mon être”, et y’a le Hulk tout vert qui sort de moi (la femme que j’aime parle expressément de “transformation physique”). Là, selon l’intensité de la négation ressentie, ça peut aller du rentre-dedans amusé à la recherche de l’anéantissement total de l’autre. (attention, c’est verbal ET ça se voit physiquement, mais je n’ai jamais tapé ou menacé quiconque, ou même été tenté de, hein…)

    Exemples :
    – un abruti qui s’est garé au milieu du trottoir, empêchant quiconque de passer, notamment les poussettes. Là, généralement, j’interviens, c’est plus fort que moi. Mais celui qui est nié par l’abruti en question, c’est le “moi comme les autres” ; et mes réactions, généralement, amuseront les gens autour, et m’attireront, généralement toujours, des marques de sympathie. C’est un peu le “plus bas niveau” de la négation.
    – j’ai manifesté mon envie de partir au plus vite de cette soirée où je m’ennuie (et c’est moi qui conduis), et l’autre me fait poireauter, poireauter, poireauter… Là, normalement, ça clashe. C’est pas forcément hyper-violent, mais il n’y a plus du tout d’humour ou de second degré. Ca serait un peu le niveau 2 ou 3 de la négation.
    – on m’informe, par texto, donc sans me donner la capacité d’interlocution, qu’en fait, non, ça va pas être possible d’être au RDV dans une heure, on annule, mais on se rappelle, hein ? Ca me rend absolument furax. Si c’est un RDV boulot, l’autre est grillé. Si c’est mon amoureuse, je la rappelle pour la pourrir, ou ne la rappelle pas pendant 3 jours. Ca serait le niveau 4 ou 5. Notez que si, en lieu et place du texto, l’autre m’appelle, ça ne me fera certes pas plaisir, mais ma réaction restera tout à fait “dans la norme”.
    – on m’interdit de parler, a fortiori sur un problème que l’autre m’a amené, et qui n’est pas le mien (ça va, on en a assez discuté, chuis crevé, là), ou on me fait dire ce que je n’ai pas dit.

    Là, le gros bonhomme tout vert débaroule ! Et la seule alternative, c’est ma fuite (qu’est-ce que t’es susceptible !) ou l’anéantissement de l’autre (et c’est violent…). High level.
    Comme de bien entendu, le degré d’intimité, ou, pour être tout à fait exact, d’amour, que je porte à l’autre (ce salaud !) sera non pas une circonstance atténuante (genre on pardonne plus facilement à ceux qu’on aime), mais au contraire un facteur aggravant : plus j’aime l’autre qui – trahison !- me nie, plus forte sera ma rage.

    Le truc, dans mon cas, c’est que c’est (enfin, plus ou moins, c’était, work in progress) totalement inconscient, littéralement “plus fort que moi”. “Explosif”, oui. Et, c’est pas tant que ça “peut” blesser : clairement, le but (et, clairement, inconscient, du moins non avoué !) est de faire très très mal (autant que tu m’as fait du mal), voire d’anéantir (comme tu m’as anéanti). Pour reprendre tes termes, Noun, c’est tout à fait normal que ça “pose problème” : c’est exactement le but recherché ! Et, si je parle pour moi, ce n’est pas tant que “je ne veux pas reconnaître” que c’est blessant, mais plutôt, que c’est parfaitement légitime, de la légitime défense, en fait !

    Un peu grâce à un travail perso préalable fait tout seul ou avec ma psy (ces situations, je les ai vécues dans d’autres histoires amoureuses d’avant), et surtout avec la femme que j’aime aujourd’hui (HQI, oui, et c’est elle qui m’a fait lire mes premiers bouquins sur le sujet…) que j’ai pu autant cerner la chose. Avec elle, j’ai pu constater qu’il s’agissait bien d’une histoire de “négation de soi” ; et, parce que ça, c’est vraiment mon truc, j’ai pu me rendre compte que le pire, c’est lorsqu’il s’agissait de ma parole qui était niée (ou, du moins, que je le perçoive comme tel, of course…) : qu’on me nie, moi, c’est grave ; qu’on nie ma parole, ou ma possibilité de parole, là, c’est l’apocalypse psychologique (marrant, que je prenne ce terme d’apocalypse, quand on sait que ça veut aussi dire “révélation”… bref, je m’égare).

    Au jour d’aujourd’hui, sur le high level, ayé, le mécanisme ayant vraiment été mis au clair (et mon aimée ayant vraiment failli foutre le camp à cause de ça, c’est pas mal, comme révélateur et stimulant !), j’arrive à respirer, à me calmer, et à pondérer.
    Pour les étapes intermédiaires, y’a du mieux, mais c’est pas fini. Pas évident d’arriver à déceler “tiens, je suis en colère, et gravement, mais en fait, c’est parce qu’il s’agit encore de cette vieille histoire de négation du moi… Ca avance, mais, honnêtement, y’a des rechutes.
    Donc, sur le “traitement symptomatique”, je suis pas trop mal.

    En revanche, d’où que ça me vient ? Évidemment, il s’agit d’une histoire d’enfance, de construction de mon moi, d’un rapport à mes parents, tout ça ; mais, précisément, je n’ai pas encore trouvé LA raison, L’origine première. Pour l’instant, je constate, et tâche de pondérer. C’est déjà pas mal.
    Là-dedans, certainement que la douance vient rajouter un adjuvant, une capacité incendiaire supplémentaire à une donnée psychologique. Mais je ne pense pas que la seule douance explique cela.

    Qu’en est-il de ta compagne ? J’en sais rien. Pour moi, en tout cas, je suis sûr qu’il s’agit d’un trouble existentiel lointain, préhistorique. Et que je revis un vieux trauma, que cette situation vient réactiver.

    … à mon sens, il s’agit de bien plus que de simples “efforts”, comme s’il s’agissait de se motiver pour aller faire un jogging ou ne plus mettre les doigts dans son nez… Quelque chose de beaaaaaaaaaauuuuuuuuuucoup plus profond. Qui, oui, peut évoluer, n’est pas immuable, et fixé de et pour toute éternité. Mais y’a du boulot, et si pour ta compagne, je n’en sais rien, je sais que pour moi, je ne suis capable de faire ce boulot que parce que JE le veux. Même si, certes, la femme que j’aime m’est aussi une vraie motivation, et m’aide beaucoup par sa capacité de dialogue, d’analyse, et de pardon. Bref, j’ai bien peur qu’il ne te / vous reste du boulot… Et les efforts que tu consentiras, ou non, ne joueront que sur ta capacité de rester avec elle, ou non. Mais ce ne sont pas TES efforts qui feront avancer le schmilblick. En revanche, peut-être, que tu consentes à plonger avec elle dans les abîmes pour comprendre ce qui se joue là…

    Opération spéléo, banzaï !?”

    Voilà !!! J’espère que vous en aurez apprécié la lecture.

  • Membre Inconnu

    Membre
    24 mars 2021 à 15 h 40 min

    @matty

    bonjour! Ce monsieur ne se sent-il pas agressé, dans des situations où il ne l’est pas vraiment?

  • auroredenuit

    Membre
    10 avril 2021 à 19 h 58 min

    Et rebonjour ! Ça y est je commence à être a l’aise sur ce site ( grosse novice des forums 😁)

  • auroredenuit

    Membre
    10 avril 2021 à 19 h 59 min

    Merci @matty pour ton partage. Je l’ai bien relu deux trois fois car ça m’a bien parlé.

    Surtout sur la question du penser à ma place, me faire dire ce que je n’ai pas dit… Effectivement ça ça peut me mettre également en colère.

    Le problème c’est ma maîtrise du verbe. Une fois qu’on m’a énervé, j’ai des mots et je sais là où ça fait mal chez l’autre. Alors bim, il m’arrive d’être singlante avec mes proches. Je te pique au vif et je te braque. Dans le fond souvent (comme pour tout le monde) ma colère a sa raison d’être mais dans la forme… je cassais mon interlocuteur.

    Depuis quelques temps j’essaie de pratiquer la proposition de Jacques Salomé a savoir : on peut dire/monter sa colère a l’autre mais on ne peut pas jeter sa colère sur l’autre.

    Jai réussi à gérer quelques conflits comme ça…

    Pourvu que ça dur :p

  • Membre Inconnu

    Membre
    11 avril 2021 à 17 h 46 min

    Oh je me reconnais assez dans ce que cette personne a expliqué! MERCI , ça me fait un bien fou 💜

  • matty

    Membre
    11 avril 2021 à 19 h 33 min

    Bonjour Sarah,

    Je viens de lire ton msg dans “colère et frustration”, c’est l’objet de celui-ci, prendre contact.

    J’ignore si ça fait longtemps que tu as réalisé ta singularité HP mais il n’est pas rare qu’une grande mise à jour s’opère à cette occasion. Mise jour sociale, mise à jour historique dans le sens où le film de ma vie se re-déroule avec une nouvelle lecture, une mise à jour personnelle comme un oeil nouveau je me regarde et vois que nombre de mes croyances et espérances étaient le résultat d’une simple envie de me fondre dans la normalité et comprend que mes chances d’y parvenir sur la durée étaient proche de zéro et pire, étaient un jeu malsain perdu d’avance, qui me faisait être la proie de toute sorte de tordus sans comprendre pourquoi…

    Si c’est le cas, alors je me réjouis pour toi d’avoir enfin les bons éléments de compréhension et de rechercher les frères et soeurs du troupeau des zèbres. Ça m’a fait vraiment du bien de trouver et d’échanger avec d’autres “moutons noires”.

    Sur ce site je trouve que c’est possible.

    Bonjour à toi 🙏

  • matty

    Membre
    11 avril 2021 à 19 h 44 min

    @norbert

    Qu’est-ce qu’une agression au final, est-ce l’intention de l’autre, est-ce ma perception émotionnelle, ma compréhension de la situation ?

    Je trouve pour ma part qu’il explique assez bien ses déclencheurs qui sont la négation de son être sous toutes ses formes. En lien avec le poids de la différence que l’on a identifié très tôt ? Avec notre hypersensibilité ou notre abjection de l’injustice ou du déni ? Va savoir en tout cas je fonctionne également comme ça.

  • matty

    Membre
    11 avril 2021 à 19 h 48 min

    Jusqu’à parfois m’en foutre la trouille, celle de franchir sur un coup explosif, le Rubicon et de porter un préjudice sans réparation sous le coup d’un pétage de plombs. J’en arrive souvent à me brider fermement par anticipation de ce que j’imagine pouvoir être le pire.

  • orion653

    Membre
    12 avril 2021 à 7 h 31 min

    @auroredenuit Un grand merci pour ta source hyper parlante

    @matty Merci a toi aussi pour le copier coller, y’avait des liens à faire pour moi.

    Et se film de ma vie qui se déroule…. aie aie aie….. dans mon cas et avec la particularité des échange que j’ai eu au cours de ma vie… je suis très heureux d’avoir contenu cette violence.

    Ok ça m’a couté cher, après j’ai fais de mal à personne dans le sens il n’y a pas eu de victime suite à une réaction violente. Et clairement…. ça aurait pu.
    Se voir serrer, les dents, se retenir et voir qu’on franchi tout de même les paliers d’agacement… Brrrrrrrrrrrrrrrrrr

    Je sais pas vous…. mais j’étais même pas fier de moi d’avoir épargner de la souffrance… je sais que ça valait mieux et que ça valait le coup….. et pourtant la frustration ne me quittait pas.

    Ici aujourd’hui je peux me permettre un ouf……. de soulagement et de compréhension grâce à se que j’ai mis en place. La conscientisation de qui je suis, de mon fonctionnement et ouf… ça fait du bien.

    Comment je vais gérer cette violence maintenant…. ben je trouve que c’est pas pareil à gérer quand tu sais où sont les boutons pour interagir avec ton tableau de bord (le fonctionnement de chacun)……

  • matty

    Membre
    12 avril 2021 à 20 h 12 min

    Ce qui est difficile pour moi c’est de pouvoir agir à temps sur les boutons. Dans ces cas j’ai le sentiment que ça explose avant que j’ai dit ouf ! Il y a bien parfois un oeil qui regarde et me permet d’avoir un poil de recul pendant, mais c’est comme si j’étais emporté par une sorte d’élan et que même si je vois la scène se dérouler et mon oeil magique regarder ça ne modifie qu’à la marge ce qui est déjà lancé.

    Pour l’heure je n’ai pas trouvé mieux que de me mettre sous contrainte auto-surveillée en cas que.

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