Poème

  • Poème

    Publié par tybert le 31 octobre 2020 à 9 h 47 min

    Regarder la mer

     

     

    Parfois les yeux dans les vagues

    Racontent aux longs silences

    La danse du ciel des algues.

    Ainsi les yeux parfois pensent

    La sarabande des embruns

    Où bleu et marron ne font qu’un.

     

     

    Sans dégoût ni insistance,

    Si ils regardent l’horizon,

    C’est pour cacher la présence

    De ce qui dort dans ses tréfonds.

    Car dans ce miroir de saphir,

    Où l’on se regarde pour fuir,

     

     

    Nous sommes déjà trop nombreux.

    Parfois les gens que l’on croise

    Ont comme nous dans leurs grands yeux

    De la teinte d’une ardoise

    Le souvenir d’un naufrage

    Et le cri sourd d’un orage.

     

     

    Si la pupille perds ainsi

    Pour un instant sa boussole,

    C’est pour se perdre dans l’oubli

    De ce ciel gris qui s’immole,

    Pour voler un temps la fureur

    Qui brûle toutes les heures.

     

     

    Ainsi les âmes errantes

    Echappent un instant à la chair

    Et contemplent avec espoir

    L’abîme sourde et tentante.

    Comme on retrouve un être cher,

    Certains regardent dans le noir.

     

     

    Il serait bien mal avisé

    De plaindre ceux qui admirent

    Les jambes d’eau et d’écume,

    Les bras d’étoiles enflammés

    Qui font danser les navires

    Sur les draps blancs de la brume.

     

     

    Mais la terrible vérité

    Pour ces pauvres navigateurs

    Hantés à jamais par la mer

    C’est qu’ils ont vu un bout d’enfer

    Et qu’ils ont dû prendre en horreur

    Le simple fait d’y exister.

     

     

    Un jour peut-être ils parviendront

    A arracher à l’océan

    Ce regard de marin perdu

    Et tireront ce brin ténu

    Pour revenir dans le présent

    Mais sans y perdre la raison.

    tybert a répondu il y a 3 années, 5 mois 2 Membres · 2 Réponses
  • 2 Réponses
  • bagayaga

    Membre
    31 octobre 2020 à 13 h 54 min

    Poème extraordinaire^^ Que c’est bon de lire, même si je suis plus sensible à la prosodie que la rime. La teneur ciselée de ton ode aux écueils de l’existence et la résilience humaine me touche et me ravie^^

  • tybert

    Membre
    1 novembre 2020 à 10 h 24 min

    Merci beaucoup ! Oui je préfère me contraindre à des alexandrins ou des octosyllabes sinon c’est trop facile de se disperser, mais vu que je suis qu’un humble amateur c’est les rimes qui en souffrent 🙂

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