Rasoir d’Ockham

Parce que même si on est Haut Potentiel Intellectuel (HPI) ou Haut Potentiel Emotionnel (HPE), réfléchir, cela s’apprend, attardons-nous un moment sur un concept populaire : le rasoir d’Ockham.

Qu’est-ce que le rasoir d’Ockham ? Définition

rasoir d'ockham : principe de simplicité
Le rasoir d’Ockham, ou “principe de simplicité”

Egalement connu sous le nom de “principe de simplicité” ou de “principe de parcimonie“, le rasoir d’Ockham tire son nom de Guillaume d’Ockham, théologien et philosophe médiéval.

Il s’agit d’un principe philosophique et épistémologique, et non d’une Vérité Absolue. L’idée est d’adopter de bons gestes au quotidien afin d’être plus efficace, de façon générale, et de ne pas croire tout et n’importe quoi. Bon nombre de théories du complot se déconstruisent ainsi facilement grâce au rasoir, la médiocrité, les erreurs, les imprévus, l’égoïsme, le je-m’en-foutisme, etc. (la liste est longue, très longue ! 😉 ) étant infiniment plus communs que les complots haut de gamme.

Il peut se résumer de cette façon : si plusieurs explications semblent acceptables pour un même phénomène, la plus “simple” est généralement la meilleure. Parce qu’elle requiert moins d’entités ou de suppositions supplémentaires.

Concrètement : si votre oncle gilet jaune est convaincu d’avoir mis à jour un complot mondial Illuminati visant à détruire les classes moyennes, le rasoir d’Ockham ne permet pas de dire qu’il a tort, mais il invite à considérer d’autres hypothèses, dont beaucoup sont certainement bien plus probables.

Quand tu entends des sabots, pense cheval, pas zèbre.

Dr House

(voir d’autres citations sur l’intelligence)

A quoi sert le rasoir d’Ockham ?

Il y a quelques années, un conférencier TedX avait ainsi avancé que si tout le monde avait fait de la gestion de projet dans sa vie professionnelle, il n’y aurait plus de complotiste 🙂

Pour aller plus loin, ce principe d’Ockham nous dit qu’une théorie simple est moins susceptible d’être réfutée ou de donner lieu à des erreurs, car elle nécessite moins de postulats et est plus facile à comprendre. Le rasoir est ainsi un outil de raisonnement et de résolution de problèmes, visant à éviter les explications excessivement complexes ou superflues.

On est donc dans une logique de type “less is more” ou encore de principe KISS (Keep It Simple Stupid).

Nous l’avons vu : le rasoir ne dit pas que la solution la plus simple est systématiquement correcte. Il s’agit plutôt d’une heuristique utile pour orienter la réflexion et la recherche de vérité.

Le rasoir d’Ockham est ainsi utilisé dans divers domaines, comme la science, la philosophie, tout ce qui relève de la logique en somme. A rebours de la tentation des usines à gaz et de la bureaucratie triomphante, il nous incite à privilégier des explications plus élégantes et plus économiques sur le plan conceptuel.

Et, de facto, quelques notions élémentaires de probabilité permettent de comprendre que les explications les plus simples sont effectivement souvent le bonnes 🙂

Rasoir d’Ockham et douance

Cette forme d’hygiène mentale est salutaire pour les surdoués, peut-être encore plus que pour le reste de la population. Nous pouvons en tout cas formuler plusieurs hypothèses.

Pensée critique et discernement

La réflexion critique et l’évaluation rigoureuse des diverses explications possibles sont encouragées par l’application du rasoir d’Ockham.

Un Haut Potentiel dispose, par définition, de capacités intellectuelles au-dessus de la norme. Le risque est alors pour les zèbres de se lancer dans l’exploration de multiples idées complexes, probablement un peu délaissées par les autres personnes, et d’oublier dans le même temps de consacrer suffisamment d’attention aux pistes les plus évidentes. Ce qui peut aussi amener de type “ultracrépidarianisme“.

Le rasoir permet au surdoué de ne pas se perdre dans des sentiers trop loin de ce qui se trouve peut-être sous son nez (avec, au passage, les différents biais cognitifs qui peuvent l’enfermer le dans une bulle et l’enfermer dans l’erreur).

Economie cognitive

Proche du point précédent : comme le surdoué jouit de capacités cognitives élevés, il peut avoir tendance à favoriser des explications (inutilement) complexement et (excessivement) détaillées. Autrement dit, à adopter des grilles de lecture peu efficaces et inélégantes – dans le meilleur des cas.

Le rasoir d’Ockham arrive à point nommé pour que le HP prenne conscience de l’importance de simplifier, d’élaguer, et de sortir d’une illusion de type “plus c’est compliqué, plus c’est brillant”.

Dans un contexte de préservation de la planète et de volonté d’économie d’énergie… Chasse au superflu !

La simplicité est la sophistication suprême.

Léonard de Vinci

Sans oublier qu’en cas de consultation avec un psychologue spécialisé Haut Potentiel il faudra bien être capable de se faire comprendre si l’on veut en retirer quelque chose…

Communication efficace

Le surdoué, peut-être plus encore s’il a été diagnostiqué, peut être tenté de ne pas chercher à communiquer ses idées de manière claire et accessible à un public plus large. Qui n’a jamais eu à l’esprit des pensées du type “il/elle n’est pas équipé(e) pour comprendre, inutile que je me fatigue à expliquer !” 🙂 Déjà que l’existence de la loi de Brandolini peut rendre pessimiste quant à l’évolution des fausses informations and co… Et puis, il y a là encore un danger de Faux Self à ne pas négliger.

Malheureusement, non seulement cette propension peut amener le HP à s’isoler, mais aussi (surtout ?)… Elle joue intellectuellement contre lui.

Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément.

Nicolas Boileau-Despréaux

Le rasoir d’Ockham encourage ainsi à éviter tout excès de complexité et à se rappeler du vieil adage selon lequel “tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin”.

Prise de décision

Certains surdoués indiquent souvent avoir des difficultés à choisir, à se décider entre plusieurs options… Pas forcément parce qu’ils y jouent leur vie… Cela peut arriver au moment de choisir entre deux plats au menu d’un restaurant 🙂

Afin d’éviter de “trop penser”, de suranalyser, de peser indéfiniment le pour et le contre, d’être pollué par des détails en perdant la vue d’ensemble… Vive le rasoir d’Ockham !

Les nombreuses études publiées ces dernières années qui tendant à montrer que les zèbres perçoivent et traitent plus rapidement des informations et données peu évidentes (ce qui n’a pas surpris grand monde)… mais peut-être moins facilement celles qui se voient “comme le nez au milieu de la figure” (ce qui a eu le mérite de sortir au moins en partie d’une lecture linéaire de type “intelligence supérieure” pour se diriger vers une notion d’intelligence de nature différente).

Bref, surdoué ou pas, pour mieux comprendre le monde qui nous entoure, longue vie au rasoir d’Ockham ! N’hésitez pas à le mettre à l’épreuve dans un des Groupes de discussion 🙂 A tout de suite !