Philosophie et spiritualité
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J’aime alors que je ne devrais pas
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J’aime alors que je ne devrais pas
Bonjour,
Je me présente brièvement, je suis un étudiant français de 19 ans, de Montpellier.
Aujourd’hui je ne trouve pas de raison pragmatique de me maintenir en vie.
Avant toute chose je veux préciser que je suis athée, que je ne fais aucune dissociation entre l’esprit et le corps.
L’esprit est, pour moi, un nom trompeur que l’on donne à une conscience qui est simplement un instinct de survie qui se différencie par son caractère indirect et complexe, à une illusion qui fait tout ce que nous sommes et qui a permis à l’Homme d’être plus beau et plus fort par sa capacité à se voir dans l’autre et s’imaginer que ce qui le compose ne se limite pas à son enveloppe charnelle.
Évidemment je n’y crois pas et j’aurais préféré y croire. Voir en moi une véritable Personne, un véritable Individu et pas seulement un animal, un agglomérat de cellules n’ayant pour seul raison d’exister la reproduction.
Je sais que je ne vivrai jamais comme mon corps me le demande, que je n’intégrerai jamais cette illusion, l’illusion qui donne de l’importance à cette vie, à notre corps, à cette boîte à enfanter qui nous dote de tous ces gadgets sophistiqués pour nous faire croire que l’on est plus qu’un sexe.
Camus me dirait de créer ma propre illusion, mais quel intérêt d’essayer tant bien que mal de stimuler des neurotransmetteurs dans le but de rester ici, de faire en sorte que cette machine marche encore.
Je n’ai aucun attachement pour cette planète, pour ce gros caillou infesté de moisissures.
Aucun attachement pour cet Univers dont on ne comprendra jamais le fonctionnement.
Aucun attachement pour tout ce que je pourrais faire ici, qui sera oublié dans quelques décennies si j’ai de la chance.
Aucun attachement pour les gens, qui n’ont pas plus d’intérêt que moi.
J’ai appris tout ce que je voulais savoir, et ce que je n’ai pas appris, je ne veux pas le savoir.
Comprendre l’absurdité de ce monde m’a suffi, je n’en veux pas plus, je me suis fait mon opinion.
Honnêtement je ne pense pas que ma vision du monde soit compatible avec la Vie, avec moi en vie.
Mais là est tout le paradoxe. Je vis, je ne me suis pas tiré une balle. J’écris ici au lieu de le faire immédiatement.
Par manque de courage ? Non.
Je n’en ai pas envie, enfin j’en ai envie mais je ne le fais pas. Peut-être que je n’en ai pas envie en fin de compte.
Ces pensées me hantent, me disent de partir, mais je reste sans savoir pourquoi.
Donc je vis : je me lève, je vais en cours, je mange, je vais en cours, je rentre et je me couche.
Une abominable routine qui me détruit de l’intérieur, que ce soit physiquement et mentalement. Je sens mes capacités intellectuelles s’amoindrir au fil des jours, l’odeur de mon cerveau en putréfaction. Par manque de stimulation, de passion, de relation.
Pourtant, j’aime. J’arrive à aimer. Les gens par exemple, qui eux ne semblent pas m’aimer pour autant. Les choses simples de la vie, une étoile, la ville, les lumières, l’organisation innocente de cette société. Tous ces passants qui marchent d’un pas décidé, pensant que ce qu’ils feront de leur journée a une quelconque importance. C’est mignon, je les aime quand je les vois.
Alors que je ne devrais pas.
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