Pour ma part, je pense que j’ai été amoureux de la mère de mes enfants mais « Je pense » parce que ça remonte à plus de 30 ans en arrière et qu’il m’est difficile de me remémorer précisément ce que j’éprouvais alors… Cela n’aura certainement duré que moins de 3 ans (effectivement) même si on a maintenu notre couple environ 22 ans à la suite. Et il faut aussi le considérer à l’aune de ma jeunesse (19 ans), de mon inexpérience patente (c’était ma première relation sentimentalo-intime avec une femme (les 2 uniques précédents étant des « professionnelles »)), comme de mon ignorance pour ce ressenti spécifique que je découvrais sans vraiment le comprendre…
Dans mon souvenir, c’était une attirance si forte qu’elle s’exonérait du peu de raisonnement dont j’étais capable à cette époque. Elle occupait mes pensées de façon presque « envahissante » et pourtant, cela ne me perturbait pas en ce que j’étais volontaire en mon acceptation objective de cette impression de « submersion mentale »… Pour agréable qu’elle m’apparaissait très probablement.
Quoi qu’il en soit, que je me trompe sur la nature de ce que j’avais ressenti dans ma jeunesse ou non, je suis d’accord pour penser que l’on ne peut encadrer l’amour dans des analyses technico-scientifiques en le réduisant à des observations physiologiques ou à des évaluations mesurables d’une manière générale.
Je crois aussi que « la haine » ne serait qu’une sorte de déviance de ce sentiment amoureux et qu’elle n’existe que par lui.
L’intensité, la profondeur et son caractère invasif ne peuvent évidemment être maintenues indéfiniment et après une phase « d’aveuglement initiale », une réflexion plus posée et rationnelle nous fait réaliser ensuite nos différences avec un discernement retrouvé… Ce qui peut être destructeur pour le devenir d’un rapport qui ne se fondait que sur la puissance d’une perception (que l’on va supposer être partagée par chacun) mais qui semble être quelque chose qui serait le plus souvent « gérable » par les deux individus concernés et ce, pendant un temps plus ou moins long, lui qui dépendrait de la capacité de tolérance et de résilience mutuelle (accepter des « compromis » de soi-même pour l’autre et parce qu’il ou elle nous plait et/ou nous apporte)… Si l’on considère qu’alors, ensuite, il nous faudra « composer » avec ce qu’est l’autre réellement plutôt que de la façon « idéalisée » qu’on le percevait ou en tout cas, expurgé de ses défauts effectifs qu’on se le représentait jusque-là.
Aujourd’hui, je doute de pouvoir ressentir à nouveau ce sentiment puissant au point de transiger sur mon ego pour quiconque. Le « problème », c’est que j’ai beaucoup évolué ces dernières décennies et que désormais, même l’amour d’une femme que j’apprécie énormément et pour laquelle j’aurais un attachement profond est insuffisant pour me conduire à laisser prévaloir mon côté sentimental… Et mon ex est de ce point de vue un exemple assez édifiant (malheureusement).