Bonjour, j’ai récemment découvert ce genre littéraire qui pour moi s’apparentait à de la BD. Quelle erreur !
Bonjour,
L’erreur, c’est justement d’extraire « le roman graphique » de la bande dessinée. L’expression a été inventé aux USA par un auteur qui ne voulait pas être assimilé au comics. Les français ont adopté l’expression plus par snobisme que pour exprimer une quelconque réalité car, bien avant la vague d’Auteurs (avec un A majuscule pour Arrogant) se réclamant de ce genre, il existait des bandes dessinées pour adulte de très grande qualité.
Tout peut être abordé par un roman graphique qui peut être une véritable œuvre d’art.
Une industrie peut-elle accoucher d’œuvres d’art ? Personnellement, je ne crois pas, d’autant que les romans graphiques sont, pour la plupart et malgré les apparences, très formatés.
Donc si vous avez des suggestions de lecture, n’hésitez pas!
Cela dépend de ce que vous recherchez…
Je peux citer malgré tout :
– L’Arabe du futur de Riad Satouf, un récit auto biographique d’un dessinateur Franco Syrien qui traite du ressentiment des arabes vis-à-vis des occidentaux à travers la figure de son père. La série est édifiante et permet de mieux comprendre certains aspects de l’actualité (dont l’antisémitisme ou la montée de l’islamisme au dépend des régimes autoritaires passés dans les pays musulmans).
– Cruelle de Florence Dupré-La Tour, un autre récit autobiographique qui traite de l’enfance et de la cruauté des têtes blondes à l’encontre des animaux. L’auteur raconte comment, grâce aux rapports qu’elle a pu avoir avec eux, le monstre de cruauté qu’elle était a appris la compassion. Un récit drôle, sans concession et très courageux.
– Sharaz-De de Sergio Toppi, une variation des comptes des mille et une nuit par un des plus grands dessinateurs italiens. L’auteur, passionné d’anthropologie, dépeint les peuples d’orient à travers une suite d’histoires où le chamanisme à une place très importante. Dessins vertigineux et histoires comparables aux fables des grands moralistes.
– Le roi des mouches par Mezzo et Pirus, à travers un récit se situant à la croisée de ceux de Michel Houellebecq et de Bret Easton Ellis, les auteurs racontent les errances de personnages obsédés par le sexe, la drogue et la consommation. Dans cette galerie désespérante, quelques uns essayent malgré tout de se trouver une issue ou un moyen de défaire la quadrature du cercle. Récit politique intelligent qui pointe les travers de la modernité sans pour autant tomber dans les clivages habituels.
– Trop n’est pas assez par Ulli Lust, une adolescente autrichienne fait une fugue pour découvrir le monde. Pétrie par sa vision du monde idéalisée, elle part pour Naples où elle tombe rapidement dans la drogue avant d’être séquestrée et mise sur le trottoir. Malgré la noirceur du sujet, Trop n’est pas assez est l’histoire d’une résilience et d’une volonté de vivre.
Bon, je crois que c’est déjà pas mal, non ?