Exercices de style : le logique, le lyrique et le timide

  • Exercices de style : le logique, le lyrique et le timide

    Publié par Membre Inconnu le 30 avril 2021 à 18 h 24 min

    Bonjour,

    J’ai cru comprendre que de plus en plus de “HPI” déplorent “l’absence de logique” chez leurs compatriotes (d’autant plus quand il s’agit du sexe faible).

     

    Afin de réduire quelque peu leurs tourments et leur épuisement face aux digressions de leurs congénères – je m’étale sûrement déjà trop – je me permets de leur partager cet extrait issu du livre “Exercices de style” de Raymond Queneau, qui devrait, je l’espère, leur plaire. C’est une seule et même histoire, racontée en diverses façons. Voici donc la leur:

    Le style : “Analyse logique”.

    Autobus.

    Plate-forme.

    Plate-forme d’autobus. C’est le lieu.

    Midi.

    Environ.

    Environ midi. C’est le temps.

    Voyageurs.

    Querelle.

    Une querelle de voyageurs. C’est l’action.

    Homme jeune.

    Chapeau. Long cou maigre.

    Un jeune homme avec un chapeau et un galon tressé autour. C’est le personnage principal.

    Quidam.

    Un quidam.

    Un quidam. C’est le personnage second.

    Moi.

    Moi.

    Moi. C’est le tiers personnage. Narrateur.

    Mots.

    Mots.

    Mots. C’est ce qui fut dit.

    Place libre.

    Place occupée.

    Une place libre ensuite occupée. C’est le résultat.

    La gare Saint-Lazare.

    Une heure plus tard.

    Un ami.

    Un bouton.

    Autre phrase entendue. C’est la conclusion.

    Conclusion logique.”

     

     

     

    Voilà ! Simple et efficace ^^

    La lecture s’arrête pour vous ici (si vous n’êtes pas encore partis). 🤣

     

     

    Voici la version “Apostrophe”, peut-être plus au goût des profils ENF… (Oui oui Kévin, c’est pour les “gonzesses” )

    Le style : Apostrophe

    ” O stylographe à la plume de platine, que ta course rapide et sans heurt trace au dos satiné les glyphes alphabétiques qui transmettront aux hommes aux lunettes étincelantes le récit narcissique d’une double rencontre à la cause autobusilistique. Fier coursier de mes rêves, fidèle chameau de mes exploits littéraires, svelte fontaine de mots comptés, pesés et choisis, décris les courbes lexicographiques et syntaxiques qui formeront graphiquement la narration futile et dérisoire des faits et gestes de ce jeune homme qui pris un jour l’autobus S sans se douter qu’il deviendrait le héros immortel de mes laborieux travaux d’écrivain. Freluquet au long cou surplombé d’un chapeau cerné d’un galon tressé, roquet rageur, rouspéteur et sans courage qui, fuyant la bagarre, allas poser ton derrière moissonneur de coups de pieds au cul sur une banquette en bois durci, soupçonnais-tu cette destinée rhétorique lorsque, devant la gare Saint-Lazare, tu écoutais d’une oreille exaltée les conseils de tailleur d’un personnage qu’inspirait le bouton supérieur de ton pardessus?”.

     

     

     

     

    Enfin, je vous partage la version “Maladroit” qui reflète bien, selon moi, le dialogue intérieur que peut connaître le timide.

    Peut-être des personnes qui n’osent pas encore écrire publiquement sur RS s’y reconnaîtront et en riront 🌻😉

    ” Je n’ai pas l’habitude d’écrire. Je ne sais pas. J’aimerais bien écrire une tragédie ou un sonnet ou une ode, mais il y a les règles. Ça me gêne. C’est pas fait pour les amateurs. Tout ça c’est déjà bien mal écrit. Coucher par écrit ne me paraît pas bien fameux. Ça doit être une de ces expressions toutes faites qui rebutent les lecteurs qui lisent pour les éditeurs qui recherchent l’originalité qui leur paraît nécessaire dans les manuscrits que les éditeurs publient lorsqu’ils ont été lus par des lecteurs que rebutent les expressions toutes faites dans le genre “coucher par écrit” qui est pourtant ce que je voudrais faire de quelque chose que j’ai vu aujourd’hui bien que je ne sois qu’un amateur que gênent les règles de la tragédie, du sonnet ou de l’ode car je n’ai pas l’habitude d’écrire. Merde, je ne sais pas comment j’ai fait mais me voilà revenu tout au début. Je ne vais jamais en sortir. Tant pis. Prenons le taureau par les cornes. Encore une platitude. Et puis ce gars-là n’avait rien d’un taureau.

    Tiens, elle n’est pas mauvaise celle-là. Si j’écrivais : prenons le godelureau par la tresse de son chapeau de feutre mou emmanché d’un long cou, peut-être bien que ce serait original. (…) Tiens, j’ai déjà raconté la moitié de mon histoire. Je me demande comment j’ai fait. C’est tout de même agréable d’écrire. Mais il reste le plus difficile. Le plus calé. La transition. D’autant qu’il n’y a pas de transition. Je préfère m’arrêter”.

    Membre Inconnu a répondu il y a 2 années, 12 mois 1 Membre · 0 Réponses
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