Empathie

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    10 octobre 2018 à 20 h 37 min

    En complément aux éléments transmis par @darren,

    Etymologie : du latin in, dans, à l’intérieur, et du grec pathos, ce qu’on éprouve, souffrance.

    Le terme “empathie” a été créé en allemand (Einfühlung, ressenti de l’intérieur) par le philosophe Robert Vischer (1847-1933) pour désigner le mode de relation d’une personne avec une œuvre d’art qui permet d’accéder à son sens. Il a ensuite été repris par Théodore Lipps et Karl Jaspers puis par Sigmund Freud avant de s’imposer plus largement, traduit par empathy en anglais et empathie en français.

    En psychologie, l’empathie est la capacité de ressentir les émotions, les sentiments, les expériences d’une autre personne ou de se mettre à sa place.

    Cette attitude nécessite un effort de compréhension intellectuelle d’autrui. Elle exclut cependant toute confusion entre soi et l’autre, tout mouvement affectif personnel ainsi que tout jugement moral. En effet, l’empathie n’implique pas de partager les sentiments ou les émotions de l’autre, ni de prendre position par rapport à elle, contrairement à la sympathie ou à l’antipathie.

    Carl Rogers définit ainsi l’empathie :

    « …être empathique consiste à percevoir avec justesse le cadre de référence interne de son interlocuteur ainsi que les raisonnements et émotions qui en résultent… C’est-à-dire capter la souffrance ou le plaisir tels qu’ils sont vécus par l’interlocuteur, en percevoir les causes de la même façon que lui… »

    L’empathie ?

    https://youtu.be/B6G_VECgkqI

  • Membre Inconnu

    Membre
    10 octobre 2018 à 21 h 37 min

    @omkara a écrit :

    Merci pour tes explications. Cependant, tu dis : ” Si l’autre souffre, nous souhaitons l’aider, non pas par amour, mais parce que nous avons de l’aversion vis-à-vis de la souffrance. Et en mettant fin à la souffrance de l’autre, nous mettons fin à notre propre souffrance, puisque nous sommes tous interconnectés ”
    De mon point de vue, c’ est bien par amour pour l’ autre qu’ on cherche à le soulager. Et donc, je n’ adhère pas vraiment à ta définition.
    A moins que tes intentions ne se situent que dans “le petit véhicule” (notion bouddhiste), je ne comprends pas …”

    Bonsoir !

    Concernant la notion “karuna” dans le bouddhisme (traduit par “compassion”), il ne s’agissait pas de ma définition. C’est un enseignement que j’ai reçu d’un lama Rinpoché. J’expliquais juste en quoi il était incorrect d’associer cela à l’amour. Le bouddhisme n’est pas une philosophie idéaliste ou dualiste, il n’y a pas de notion “d’amour universel” par exemple…

    Mais peut-être que mes explications n’ont pas été claires. Aider quelqu’un parce que nous ne supportons pas sa souffrance, ou aider quelqu’un parce que nous l’aimons, ce sont deux choses très différentes. S’il s’agit d’une personne que nous n’aimons pas ou que nous ne connaissons pas, nous l’aiderons quand même, cela ne nous empêche pas d’avoir de la compassion…

    Maintenant, s’il faut aimer tout le monde pour aider, je doute que nous en aidions beaucoup à la finale… Ce serait trop long à expliquer, mais il y a aussi la notion du karma dans le bouddhisme. Chacune de nos actions nous reviendra. Et les conditions de notre vie actuelle reflètent ce que nous sommes intérieurement ou ce que nous avons été. Et c’est par l’expérience présente que nous pouvons faire évoluer notre conscience…

    Si nous devons avoir de la compassion pour ceux qui se comportent mal, c’est parce qu’ils devront payer leur dette et apprendre de leurs erreurs… Beaucoup pensent qu’ils n’ont qu’une seule vie et qu’il faut en profiter au détriment des autres… Mais ils ne savent absolument pas dans quelles conditions ils se réincarneront dans leur prochaine vie… C’est pour cela qu’il est plus intelligent de s’assurer que tout le monde ait les meilleures conditions de vie possibles dès maintenant…

    L’autre qui gravite autour de nous est un miroir. Il n’est donc pas tant question d’aimer son prochain que de s’aimer soi-même. Et pour s’aimer, il faut s’accepter et se comprendre. Et mieux nous comprendrons nos propres mécanismes, mieux nous serons à même de comprendre l’autre et de l’apprécier pour ce qu’il est. Le cas échéant, nous ne ferions qu’une projection, nous verrions l’autre comme étant une copie de nous-mêmes, et non dans tout ce qui fait sa singularité.

    Les personnes qui prétendent aimer tout le monde, leur universalisme leur conduit souvent à penser que tout le monde est comme eux. Et de fait, ils ne voient pas l’autre pour ce qu’il est. Ils s’aiment eux-mêmes à travers l’image ou l’idée qu’ils se font de l’autre.

    Pour prendre un exemple plus parlant, j’ai déjà vu des personnes qui se disaient universalistes, et qui affirmaient que toutes les religions disaient la même chose. Et paradoxalement, cette idée semblait les confiner dans une sorte de paresse intellectuelle, puisqu’aucune d’entre-elles n’avait vraiment étudié ce qui faisait la particularité de tel ou tel enseignement… Elles s’en fichaient, puisque tout le monde dit pareil… ^_^’

    Je suis donc très méfiant vis-à-vis de ce genre d’idéalisme, car il conduit bien souvent au nihilisme (au risque de paraphraser Nietzsche). Pour le dire simplement, on nie la réalité et on se réfugie dans nos idées. Et comme nous ne confrontons pas nos idées au réel, il y a alors peu de chance d’évoluer dans notre manière de penser…

    Enfin, la différence entre le petit véhicule et le grand véhicule tient surtout aux principes moraux. Dans le petit véhicule, il est recommandé de travailler sur soi-même et de ne pas faire de tort à qui que ce soit. Dans le grand véhicule, il est recommandé de s’ouvrir aux autres et de les aider. Personnellement, j’aurais tendance à recommander la voie du petit véhicule, car aider n’est pas à la portée de n’importe qui…

    Aider spirituellement consiste à donner des clés pour que l’autre puisse se libérer. Or, trop souvent, les gens aident pour se conforter dans l’idée qu’ils sont spirituels ou grands seigneurs. Il y a souvent là un piège narcissique. Avoir le pouvoir d’aider quelqu’un qui est moins bien lôti que nous, peut aussi nous rassurer dans l’idée que nous sommes dans une certaine position de supériorité. Et à coup sûr, cela nous remplira d’autosatisfaction d’avoir aidé celui qui est au-dessous de nous.

    Bon, autant dire que nous sommes très loin de ce qu’est la compassion. Là, nous n’éprouvons aucune aversion contre la souffrance que l’autre éprouve, ce qui nous motive c’est notre égo, notre autosatisfaction, l’idée que c’est bien d’agir ainsi, etc. Et je ne parle même pas des cas où certains aident des personnes qui n’ont rien demandé, et qui leur imposent tout un tas de choses pour leur propre bien… C’était très fréquent durant la période coloniale 😀

    Je pars du principe que nous ne pouvons pas aider l’autre contre lui-même, mais si l’occasion nous est donnée d’aider quelqu’un, il faut d’abord penser à se préserver, puis ensuite être très subtil… De conclure que dans le bouddhisme, il est effectivement dit qu’il faut avoir de la compassion pour tout le monde, mais ça n’implique pas d’aimer tout le monde d’un amour universel. Le bouddhisme est une philosophie très pragmatique.

    @filledelair Excellent ! Merci pour le complément ! 😉

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    10 octobre 2018 à 22 h 49 min

    0darren Si je dis agir par amour pour l’ autre pour le soulager, cela signifie que c’ est un geste qui vient du coeur, et ne signifie pas que j aide une personne parce que je l’aime (d’ ailleurs quand ça m’ arrive, souvent je ne connais même pas l’ autre)
    Et comme je le disais plus haut, aider c’ est donner des clefs à l’ autre, à celui qui est en demande, je te l’ accorde. Mais, je pense que c’ est plus subtil que ça encore, car parfois l’ autre n’ exprime aucune demande, et pourtant … une parole, une présence, un geste …
    On ne touche pas assez les gens …
    Je pense que parfois, on arrive à répondre à un besoin, sans réfléchir, de façon spontanée ( donc moi j’ associe à un geste qui vient du coeur), avec subtilité, parce que si on commence à réfléchir alors il y a des choses qu’ on ne ferait pas, et pourtant …
    Voilà comment je vis les choses, quand parfois j’ aide.

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    11 octobre 2018 à 0 h 29 min

    @Omkara a écrit :

    Si je dis agir par amour pour l’ autre pour le soulager, cela signifie que c’est un geste qui vient du coeur, et ne signifie pas que j aide une personne parce que je l’aime (d’ ailleurs quand ça m’ arrive, souvent je ne connais même pas l’autre)

    Bah cela illustre ce que j’écrivais dans mon premier message : les mots n’ont plus de sens. De plus en plus, on emploie des mots pour dire autre chose que ce que veulent dire les mots…

    La compassion (karuna) est notre capacité à ressentir la souffrance (dukkha) de l’autre. Nous pouvons donc dire que cela provient de notre “sensibilité” ou encore du “coeur”, si nous préférons le vocabulaire de Pascal. Et nous pouvons le faire car c’est dans la définition même de ce qu’est la sensibilité !

    Définition de sensibilité : Propriété de l’être humain sensible.
    Définition de sensible : Capable de sensation et de perception.

    Maintenant, je prends toujours le Larousse, je regarde la définition du mot “amour” :

    Mouvement de dévotion qui porte un être vers une divinité, vers une entité idéalisée ; adhésion à une idée, à un idéal : Amour de Dieu.

    Intérêt, goût très vif manifesté par quelqu’un pour une catégorie de choses, pour telle source de plaisir ou de satisfaction : Amour des objets d’art. Son amour du jeu le perdra.

    Affection ou tendresse entre les membres d’une famille : Amour paternel, filial.

    Inclination d’une personne pour une autre, de caractère passionnel et/ou sexuel : Déclaration d’amour.

    Liaison, aventure amoureuse, sentimentale, galante : Un amour de jeunesse.

    Représentation symbolique des désirs de l’amour par un très jeune enfant ou un petit cupidon

    Bref, comme je le disais, cela n’a rien à voir. Donc voilà, ce n’est même pas une question de point de vue, nous ne nous entendons simplement pas sur le sens des mots. Dire que cela vient du “coeur” pour signifier que ça vient de notre “sensibilité”, je ne peux être que d’accord puisque cela est dans la définition même de ce qu’est la compassion. Dire que la compassion se fait par amour, au regard de la définition de ce qu’est l’amour, je trouve que nous écartons beaucoup de monde. Mais j’ai déjà expliqué tout ça, nulle envie de me répéter 🙂

    Ensuite, nous pouvons ne pas adhérer au bouddhisme, loin de moi l’idée de faire du prosélytisme. Je rectifiais juste certaines mauvaises interprétations qui étaient légion. Mais il est tout à fait possible de ne pas être d’accord, chacun pense ce qu’il veut. Mais je fais remarquer que nous communiquons dans la même langue, nous sommes issus d’une même culture, et nous ne nous comprenons même pas sur le sens des mots en français. Alors imaginez les termes qui sont traduits du sanskrit, provenant d’une autre philosophie, d’une autre culture, et que nous tentons de comprendre à travers un filtre judéo-chrétien dont nous n’avons même pas conscience…

    Il serait intéressant de commencer par là, prendre conscience de notre propre système de pensée, pour mieux saisir la richesse des autres philosophies… Mais cela, je l’ai aussi déjà expliqué.

    Je m’arrête là. Toutes les bonnes choses ont une fin 😉

    Nozvezh vat ! Bonne soirée !

  • Membre Inconnu

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    12 octobre 2018 à 11 h 34 min

    @omkara :

    Je pense que parfois, on arrive à répondre à un besoin, sans réfléchir, de façon spontanée ( donc moi j’ associe à un geste qui vient du coeur), avec subtilité, parce que si on commence à réfléchir alors il y a des choses qu’ on ne ferait pas, et pourtant …

    En accord avec cette absence de “réflexion” dans le domaine de l’Empathie, domaine à l’intérieur duquel (à mon sens) la notion “d’intérêt-objectif-but” ne me semble pas exister.

    L’empathie ne connaît pas l’intention ; elle est elle-même l’INTENTION à la source de sa manifestation dans absolument toute son interactivité avec la totalité de tout ce qui l’entoure.

    L’empathie est une architecture d’Être dont elle est elle-même le pilier essentiel de tous les éléments de sa propre construction en fusion.

    Pendant des années, mon empathie me faisait souffrir de tout ce qu’elle me faisait ressentir par intrusion absorbante de ce qu’elle me transmettait et propulsait dans mes propres substances d’Être.

    C’est une espèce de “logiciel” essentiel par lequel semblent “transiter” des informations extérieures émanant des substances composantes des Êtres pour nous les rendre “visibles” en les connectant directement, sans passer par le circuit “pensée-intention-action”.

    Lorsque l’empathie est en action permanente, elle dessine ses propres mouvements, totalement librement, hors raison, hors contrôle, hors volonté, hors intention ; elle semble s’imposer Naturellement comme l’artère principale de “connexion” à tout son environnement.

    L’Empathie ne dort jamais dans son lit ; est-elle son propre lit de substances ressenties ?

    Elle nous fait ressentir, sans réfléchir, sans jamais nous dire ce que nous devons voir ou percevoir, nous invitant à recevoir, sans passoire, s’échappant des filtres des effets miroirs ?

  • Membre Inconnu

    Membre
    12 octobre 2018 à 12 h 42 min

    Tu dis si bien les choses chère Filledelair, à propos de l’ empathie, mais dans d’ autres domaines aussi…

  • Membre Inconnu

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    12 octobre 2018 à 19 h 07 min

    @Filledelair a écrit :

    Je pense que parfois, on arrive à répondre à un besoin, sans réfléchir, de façon spontanée (donc moi j’ associe à un geste qui vient du coeur), avec subtilité, parce que si on commence à réfléchir alors il y a des choses qu’on ne ferait pas, et pourtant …

    Tu es comme @Omkara : une dualiste ! 😉

    Il n’y a aucun souci en soi à penser les choses dans une forme de dualisme, mais personnellement, fait est que cela ne correspond pas vraiment à ma vision des choses. Vous êtes un peu comme Pascal qui oppose le coeur et la raison, or j’ai plutôt tendance à penser que les deux sont liés.

    Vous pensez également que ce qui vient du coeur est nécessairement de bons sentiments, sauf que la haine, la peur ou la colère proviennent aussi du coeur : ce n’est pas quelque chose qui a besoin d’être analysé de longues heures pour être éprouvés 😀

    Mais même si nous n’aimons pas quelqu’un et que cela vient du coeur, le fait de le voir souffrir nous sera plus insupportable que notre antipathie à son égard. Et c’est là tout le sens de ce qu’est l’empathie (karuna), c’est un élan du coeur qui est plus fort que l’amour ou la haine, nous ne supportons pas de voir quelqu’un souffrir. Dit autrement, c’est notre aversion innée pour la souffrance qui nous pousse à agir de telle ou telle façon. Cela a même été confirmé par les neurosciences, car le simple fait de voir quelqu’un avoir mal, il y a une zone dans notre cerveau qui s’active et qui nous fait ressentir cette douleur (moins intensément).

    Et lorsque nous sommes en temps de guerre, et que nous demandons à des soldats de tuer des ennemis, leur empathie doit les mettre dans une situation inextricable. C’est pour cette raison qu’il n’y a aucune guerre sans une grosse idéologie derrière, c’est-à-dire qu’en manipulant notre manière de penser, en nous convaincant qu’en face c’est le mal absolu, cela influe automatiquement sur nos émotions et notre empathie. Il n’y a pas d’opposition entre le coeur et la tête, les deux sont liés… Ceux qui commettent des actes abominables, ils ont toujours été endoctrinés par des idéologies en amont…

    C’est pourquoi il est important à mes yeux d’avoir une pensée claire, de prendre le temps de définir les concepts que nous employons, de prendre le temps de s’interroger dans quel système de pensée nous raisonnons, car cela conditionne notre façon de comprendre le monde, ainsi que nos émotions (notre sensibilité). Et bien que je sois d’accord avec le fait que nos émotions sont quelque chose qui sont spontanées, elles ne sont pas moins conditionnées par une façon de penser qui peut se décortiquer avec notre tête 🙂

    Là j’habite en pleine campagne, et je n’échappe pas à la visite de quelques insectes. J’ai acheté de la bombe, mais ça m’arrive régulièrement de voir des coccinelles ou d’autres trucs. Instinctivement, si je voyais une bestiole sur mon bras, mon réflexe a toujours été de la tuer. Puis je me suis dit que c’était un peu con, car la plupart sont inoffensifs, et en tant que bouddhiste, c’était moyen lol Et maintenant, quand j’aperçois une bestiole, je lui dis “bon, qu’est-ce que tu es toi ? Qu’est-ce que tu fous là ?” ^^
    Et mon sentiment premier de peur est parti. Je regarde avec curiosité la bestiole, j’ouvre ma fenêtre et je la laisse faire sa vie dehors. Mais c’est parce que je me suis raisonné que je n’éprouve plus la même émotion.

    Et d’expériences, lorsque je rencontre des personnes qui n’ont pas fait ce petit travail au niveau de la pensée, ils ont non seulement des sentiments qui sont parfois contradictoires, ils peinent à exprimer ce qu’ils ressentent, et ils utiliseront des termes souvent vagues pour communiquer le fond de leur pensée. Cela s’explique simplement par le fait qu’ils opposent le coeur et la tête, et que certains partent du principe que le coeur est plus important que la tête. Sauf qu’il s’agit d’un jeu de vases communicants : le coeur influe sur la tête autant que la tête influe sur le coeur. Cela ne signifie pas que nos émotions ne sont pas spontanées ou qu’elles ne viennent pas du coeur. Cela signifie juste qu’elles sont en grande partie conditionnées par notre manière de penser. Toute la nuance est là.

    Et je pense qu’en travaillant sur notre façon de penser, sur notre manière de comprendre ce que nous sommes, sur notre façon de percevoir l’autre, nous pouvons améliorer notre empathie, tout comme nous pouvons l’étouffer. Nos hommes politiques qui sont portés par des idéologies libérales, ils n’ont aucune empathie pour le Français moyen lorsqu’il s’agit de casser ses acquis sociaux. D’aucuns diraient qu’il faudrait qu’ils écoutent un peu plus leur coeur, sauf que c’est ce qu’ils font déjà ! Le problème n’est pas au niveau du coeur, il prend sa source dans leur système de pensée qui est bien souvent mortifère…

    Enfin voili voilou ! 🙂

  • Membre Inconnu

    Membre
    12 octobre 2018 à 21 h 07 min

    Merci @darren, j’ adore être mise dans une case.
    Je te ferai tout de même remarquer que j’ ai associé compassion et intention, dans ce sujet.
    Je n’ irai plus avant, et je peux comprendre ta réflexion.

    Bonne soirée !

  • Membre Inconnu

    Membre
    12 octobre 2018 à 21 h 12 min

    @darren : Tu vas finir par faire voler mes pensées au dessus d’un nid de “coucous” ! Je suis d’humeur taquine et légère ce soir, donc, je te prie de bien vouloir excuser l’absence totale de logique, de raisonnement : testons cette maxime, le cobaye c’est moi bien sûr !

    « Le jus de la vigne clarifie l’esprit et l’entendement, apaise l’ire, chasse la tristesse et donne joie et liesse. »

    Mon empathie serait “dualiste” ou serait-ce ma façon d’essayer de parler de l’empathie telle que je la “vis”, telle que je la ressens qui t’est apparue “dualiste” ?

    Je ne parlais pas du “Coeur”…et encore mois du domaine de la “raison”, ni confrontation, ni opposition en la matière !

    Ceci dit, je pense vraiment que le domaine “Empathie” est extrêmement complexe ; entre le neuro, le coggnito, le cérébro, le spirito, l’Âme Ô, le corps, les deux Coeurs (l’organe et le cerveau) ; reconnais qu’il y a de quoi nous rendre dingues !

    Donc, en ce qui concerne tout ce que je ne réussis à pas à “expliquer”, dont l’empathie, émanant de mon ignorance, en sachant qu’une Vie, ne me suffira jamais à comprendre, je lâche prise, je m’abandonne à mon empathie, je la laisse me porter par ses propres flux et courants ; je lui fais totalement confiance.

    Il n’y a aucun souci en soi à penser les choses dans une forme de dualisme, mais personnellement, fait est que cela ne correspond pas vraiment à ma vision des choses. Vous êtes un peu comme Pascal qui oppose le coeur et la raison, or j’ai plutôt tendance à penser que les deux sont liés.

    Qu’est ce que la raison ? Qu’est-ce que le Coeur ? Et pourrais continuer ainsi, pour absolument tous les champs, substances, matières composantes de l’Être, que j’aime bien dissocier du corps, par simple paresse !

    Bien sûr que TOUT est lié, intra et inter relié ; ce qui n’implique pas de fait une opposition Coeur-Raison ; mais plutôt de désaccords, de disputes, de combats ou d’une véritable guerre entre les deux peut-être.

    Et nos choix, nos actions, nos décisions…en fonction de leur environnement et du degré d’implication de notre “affect” peuvent ainsi échapper au choix de “raison” ; en Âmour par exemple.

    Et l’empathie dans tout cela ? Je développerais demain, mes pensées sont un peu ivres là….

  • Membre Inconnu

    Membre
    14 octobre 2018 à 21 h 23 min

    @filledelair a écrit :

    Tu vas finir par faire voler mes pensées au dessus d’un nid de “coucous” !

    Désolé, c’est une vieille habitude… 😉

    Le dualisme est un mot un peu bateau (comme tous les mots qui se finissent en -isme), qui désigne les systèmes de pensée, les philosophies ou les idéologies qui se basent sur une opposition d’antagonismes. Et sans le savoir, de nombreuses personnes raisonnent de cette façon : c’est un héritage de la pensée de Platon qui a perduré à travers le christianisme.

    Le fait donc d’opposer le corps à l’esprit, le bien au mal, la raison aux passions, le coeur à la tête, la foi à la raison, (etc.) : c’est ni plus ni moins un conditionnement culturel. C’est donc sans surprise si nous retrouvons la chose dans la pensée de Saint-Augustin, de Pascal, etc.

    D’ailleurs, Pascal écrivait que “le coeur a ses raisons que la raison n’a pas”, ça pose bien les bases ^^

    — — — — —

    Ensuite, lorsque nous écrivons que quelque chose vient du coeur, qu’est-ce qu’on entend précisément par là ? C’est quelque chose que nous ressentons, c’est une émotion, un sentiment…

    Penser que seul l’amour universel vient du coeur, c’est à mon sens une erreur, puisque la colère, la haine, l’aversion viennent aussi du coeur… Et je préfère parler de “sensibilité”, car cette notion est tout de même moins confusante.

    Alors j’ai défini la compassion (karuna) comme notre capacité à ressentir la souffrance de l’autre, puis j’ai expliqué que c’était notre aversion pour la souffrance qui nous conduisait à aider notre prochain.

    A partir de là, ce n’est pas compliqué. Si nous raisonnons en mode binaire, on se dit que l’aversion c’est mal, alors que la compassion c’est bien, et comme aider c’est bien, donc non, ça peut pas être quelque chose de mal lol Bref… ^^’

    Alors je ne préjuge pas, si nous sommes d’avis de Saint Paul, nous pouvons très bien chérir la souffrance physique et morale, penser qu’elle purifie notre âme et se dire que c’est quelque chose de bien. On pourra même se référer à la souffrance du Christ sur la Sainte Croix…

    Mais bon… Ce n’est pas vraiment ma façon de voir les choses… Ne pas avoir d’aversion pour la souffrance, à moins d’être masochiste ou sadique, ça me semble un peu tordu…

    — — — — —

    Maintenant, comme je l’écrivais, la compassion se confond avec la notion d’empathie. Etymologiquement, ils sont synonymes. Le premier est construit sur une base latine, le second sur une base grecque. Et initialement, ils ont un sens plus large, puisque ça ne se borne pas à la souffrance. Selon le contexte, le mot “compassion” s’est vu une signification plus restreinte, tandis que l’empathie recouvre l’ensemble des émotions.

    De mémoire, l’empathie est notre capacité à reconnaître en l’autre ses émotions (joie, colère, tristesse, etc.) Tandis que la sympathie est notre capacité à ressentir ce que l’autre ressent. Et donc le sens originel du mot sympathie est devenu la définition de ce qu’on entend par “empathie”. D’ailleurs, la définition que j’ai donnée à la compassion, si je souhaitais être rigoureux, ce ne serait pas notre capacité à ressentir la douleur de l’autre, mais notre capacité à reconnaître la souffrance de l’autre. Le fait que nous la ressentions relève de la sympathie.

    — — — — —

    Il n’y a donc rien de très compliqué, c’est juste que c’est une confusion pas possible au niveau de l’emploi des mots. Par stupidité, le sens commun ne cesse d’employer des concepts dont il ne comprend pas le sens, puis l’usage les fait passer dans le langage courant. C’est la même chose avec des mots comme “cartésien” ou “idéaliste”, l’emploi que nous en faisons ne correspond pas du tout à la pensée de Descartes ou de Platon…

    Et quand je vois ensuite des études psychos sur “l’empathie”, alors qu’il est question de “sympathie”, ça n’aide pas vraiment… D’autant plus que les gens qui vont lire derrière, ils vont prendre ça pour argent comptant… Maintenant, comme le sens originel du mot “sympathie” a été galvaudé, ils préciseront qu’il s’agit d’empathie émotionnelle, puis ils parleront d’empathie cognitive quand il s’agira juste d’empathie… Ce qui est quand même tautologique…

    Pourquoi faire simple quand on peut faire compliquer ?! Et tu parles d’une avancée, les Grecs anciens avaient déjà une analyse dans la sphère humaine que nous n’égalons pas, et un vocabulaire pour désigner tout ça ! Et quand j’écris que nous ne les égalons pas, ce n’est pas pour faire de la provoc’, ils ont plein de notions précises dont nous n’avons aucun équivalent en français. Ne serait-ce que dans le domaine de l’intelligence. Nous, nous avons un seul mot : “intelligent”. Eux, ils ont le concept de mêtis, qui est la ruse de l’intelligence, notre côté stratège dans notre rapport aux autres, etc. Il y a aussi la notion de kairos, l’art de bien agir au bon moment, de savoir user des opportunités. La sophia désigne autant le savoir faire manuel, que la pratique de la sagesse. Etc. Quand nous devons penser le réel et que nous n’avons qu’un seul concept au lieu d’une dizaine, et qu’on se demande de façon binaire si “oui” ou “non” nous sommes par exemple intelligent, ça la fait pas pareil ^_^’

    Pour donner un exemple très con, Bart Simpson possède aussi bien la mêtis que le kairos, alors qu’il est perçu comme stupide vis à vis de sa soeur Lisa, qui elle possède la sophia. Dans l’esprit d’un philosophe grec, ces deux enfants seraient perçus comme très intelligents. Dans notre société, c’est une autre paire de manches…

    — — — — —

    Définir précisément une notion n’est pas si dur, il faut juste éviter de tomber/sombrer dans la psychologie. On ne peut pas partir de son expérience pour généraliser, sinon ce serait faire un sophisme. Si je trouve que les poires sont trop fades, je ne peux pas en conclure que c’est le cas pour tout le monde. Si je vis une situation et que je ressens quelque chose, je ne peux pas en conclure que ce sera le cas pour tout le monde. Et quand on emploie des mots, ils ont un sens qui est le même pour tout le monde, donc si nous souhaitons être précis, il faut s’y référer un minimum… Voire inventer un autre mot si rien n’existe, ça s’appelle conceptualiser…

    Mais quand on emploie des mots pour dire autre chose que ce que veulent dire les mots, là c’est moi qui ait l’impression d’être au-dessus d’un nid de coucous, ça me fait dérailler lol

    C’est un peu comme si je voyais une pelote de laine toute emmêlée, il me faudra tout décortiquer et mettre de l’ordre, histoire qu’on y voit un peu clair ^_^

    Je publie avant de rédiger un trop gros pavé ! 😀

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