Tu te rends compte, des gens sont morts pour ça ?
Et si finalement les personnes qui utilisent ce genre de formule avait tout simplement une peur terrible ?
Cette phrase semble dire, quelque soit tes arguments, ils sont irrecevables à cause des morts mais, je crois, elle dit en vérité je n’ai pas le recul et le détachement suffisant pour en parler sans crainte, sans affects.
C’est aussi, peut-être, un moyen puissant de conservation et de justification des systèmes dans lesquels l’individu s’inscrit. Au nom des morts, il faut préserver ce pour quoi il se sont battu. En effet, tu parlais de l’Allemagne nazie par exemple. Si, pour notre malheur (en tout cas le mien, j’ai un handicap, aller simple pour la Pologne), celle-ci avait vaincu, sans doute aurait-on pu justifier les exterminations au nom des « Héros SS » morts au front contre les alliés.
J’en veux pour preuve la société américaine. On ne pleure pas les victimes amérindiennes, on célèbre plutôt les fiers conquérants de l’Ouest qui ont combattu les sauvages, certains même ont été tués par eux. Alors il faut être fier de l’Amérique, la célébrer et la préserver aux noms de ces héros conquérants.
Pour être plus léger, il n’est pas toujours aisé d’interroger par exemple la notion d’élection et de votes dans notre système politique par exemple. J’ai déjà par exemple expliqué que je n’irai pas élire quelqu’un au poste de président de la République parce que etc présentation d’arguments (inutiles dans cette discussion). La personne m’a simplement argumenté que, quand même , comme tu le dis Max, des gens sont morts pour qu’on est ce droit !!!
Ainsi, il serait interdit d’être critique d’un système et donc, au nom de cette critique, agir en conséquences, en cohérence.
Au nom des morts, on justifie la pérennité d’un système. Ou plutôt on justifie la pérennité d’un système grâce aux morts dont il semble engendré. Il me semble intéressant de noter que, dans certains cas, le système a produit des victimes qu’il transforme en héros pour justifier ces actes. On doit, à tort ou à raison qu’importe, célébrer un patriotisme triomphal, presque ostentatoire, au nom des héros poilus morts en 14. Seulement ces personnes, à qui bien-sûr il faut rendre hommages, doivent en toute logique être célébrées moins comme héros que comme victimes, victimes des dirigeants, quelque soit leur nation, qui donne l’ordre d’envoyer des malheureux tuer d’autres malheureux. Après l’utilisation de leur corps pour défendre les dirigeants, ceux-ci utilisent la mémoire des morts pour justifier leur domination.
Le but n’est-il pas de conserver un état (psychique, sociologique, politique) pour conserver un contrôle sur la situation ?
J’ai envie de rapprocher le sujet de la notion de sacré. Finalement, ici au nom des morts mais cela aurait pu être au nom de Dieu, des Dieux en d’autres temps, on utilise une transcendance pour justifier une situation.
Je dirais enfin que cela évite d’avoir à trop raisonner et que l’on dit cette phrase moins par respect pour les morts que par égard pour soi-même.