Lettre à

  • Membre Inconnu

    Membre
    14 novembre 2020 à 6 h 26 min

    Shan “A mon instinct de proie,
    Qui m’oblige à me méfier de tous les humains.
    Qui s’occupe de gérer le degré de perméabilité de mon cœur.”

    Il m’a protégée de tant de dangers et d’incohérences, et m’a protégée de choses merveilleuses maintenant en suspens dans les méandres d’une vie.

    @shan (approuvée par hanae!!!) Si tu permets un ressenti (qui ne sera vrai que s’il y a consensus, sourire), tu n’es pas seule, tout le monde (y compris certains hommes!) développe un instinct de proie ces temps ci. Ce n’est pas par hasard, mais il faut bien identifier d’où vient la violence, et ne cibler que ceux/celles/ce qui sont à l’origine de cette violence !

    Shan “m’a protégée de choses merveilleuses”

    Et oui car le risque est que tu passes, comme tu le dis toi même, à côté de choses merveilleuses! A quoi cela sert de vivre, ainsi? Regarde nous sommes confinés, nous sommes retournés en quelque sorte dans le ventre maternel, nous avons tout: mais virtuellement! Est ce cela la vie? Sommes nous heureux?

    PS la source de violence, ce n’est qu’un ressenti, viendrait pour moi tout simplement du fait que une partie des gens n’a plus besoin objectivement des autres, et donc que leur droit de d’existence est contester. Cette “violence” de fait, venue du haut, se répercute ensuite à tous le niveaux, à travers note agence de location, notre employeur, notre voisin,…On a de plus en plus besoin de se protéger. De s’abstraire du monde. Un voisin sonne à ce moment là. C’est perçu comme une agression. Nous même répercutons la violence!

    PS2 la solution: oser prendre des risques calculés!

    PS3 cependant (je pense que) une certaine vigilance/non-naïveté reste de mise, par exemple pour les notifications, si on écrit juste @untel, ca ne marche pas, (je pense que) il faut faire en sorte que le bon nom apparaisse dans le menu déroulant, et cliquer le nom dans la liste…

  • shan

    Membre
    14 novembre 2020 à 17 h 20 min

    Mici les filles !

    @norbert

    Oui il a sûrement des choses merveilleuses que j’ai habilement évitées, et tellement que j’ai vécues, et ça c’est peut être goupillé comme ça pour une raison valable, donc je ne me torture pas avec ce genre de pensées, c’est surtout une observation de ma vie, mais je crois qu’en effet on peut tous observer ça, et comme on ne peut pas arpenter tous les embranchements qui s’ouvrent devant nous en même temps, il ne nous reste qu’à l’accepter.

    En revanche je ne comprends pas pourquoi tu parles des hommes, tu fais un distingo homme/femme par rapport à l’instinct de proie ? Je parlais Humain au sens large, Animal même…

    Mon instinct de proie, je n’ai pas l’impression qu’il se développe, j’ai le sentiment d’être née avec, il est là, et peut être éveillé par un contexte, une situation, un mot, un geste, une attitude, un regard, un bruit ou l’absence de bruit, mon environnement me dit si il est sain ou néfaste pour moi.

    La violence ne me donne pas envie de fuir mais de la déjouer, et je pense plus en lien avec chez moi avec une tentative de compréhension et d’analyse mentale que quelque chose purement ressenti…Je ne suis pas sûre qu’elle ait une influence directe sur mon instinct de proie, sûrement sur la manière de gérer le post réaction et de trouver comment me positionner face à ces violences.

    Et je suis ok sur les choses du quotidien et tout ce qu’on pourrait ressentir comme agressif, et surtout sur ta remarque ” nous même répercutons la violence ” si tout le monde avait dans le coeur de respecter l’essence de chacun…l’affect et les blessures font en sorte que c’est impossible, mais nous devons y penser dans nos gestes, nos paroles, nos écrits.

  • Membre Inconnu

    Membre
    15 novembre 2020 à 17 h 30 min

    oui faire attention à ne pas répercuter…

  • ex-nihilo

    Membre
    17 novembre 2020 à 0 h 35 min

    Très bonne idée…

    Je reviens demain avec un petit texte dédié à… je ne sais pas encore 😀

  • Membre Inconnu

    Membre
    24 novembre 2020 à 4 h 08 min

    Lettre à la Vie, à ma Vie

    Tout d’abord, j’écris cette lettre comme une symbolique, un serment que je me fait à moi-même, dans une volonté de changement profond. Ma vie n’a et n’a jamais été objectivement difficile, je suis plutôt bien né et n’ai jamais manqué de rien. Et pourtant, je me suis écarté du “droit” chemin, très tôt. Je sais qu’il y a ici des parcours plutôt difficiles, je vais tenter humblement d’en raconter un peu du mien. Enfant, j’étais tout ce qu’il y a de plus innocent, vraiment, incapable de se défendre ou plutôt de se protéger, de toute cette violence quotidienne, et j’ai donc ingurgité, absorbé sans ne jamais rien dire. J’ étais spectateur, ne comprenant pas, je me rappelle pleurer la nuit seul dans le couloir, ne sachant vers qui me tourner, dans un sentiment de solitude accablant. Pourquoi ne pas m’ être tourné vers mes parents ? Parce-qu’ils étaient bel et bien là… Et bien je ne le sais pas, ou plutôt si, peut-être… Mes parents n’ont jamais été du genre démonstratif, bien que rempli de bons sentiments, mais l’on sait, et c’est de plus en plus décrié qu’un enfant ne reçoit pas de “je t’aime” par télépathie. De plus, leurs tracas et discordes étaient monnaies courantes, et perdurant au fil des ans… Il m’a donc fallu composer avec ceci, sans vraiment m’en rendre compte, la tête complètement immergée. Et c’est donc à petits pas que j’ai cherché le réconfort ailleurs, et je crois bien ne jamais l’avoir trouvé, mais agissant plutôt dans une volonté certaine de fuire, signe que je ressens (pardonnez moi) à présent comme une volonté de mourir. On expérimente la société tout d’abord à travers la famille, ce sont les premiers liens que l’on créé, et je ne sais trop si cela tient à mon tempérament ou bien les agissements au sein de cette famille, mais je ressens un profond manque à l’intérieur, depuis toujours, ne parvenant à créer aucun lien véritable. J’en suis donc arrivé très tôt à chercher à remplir ce manque, par des moyens plutôt destructeurs, et de manière totalement frénétique. Je croyais maitriser, et n’avais guère trop d’autre choix que de tenir. Seulement voilà, à trop tirer sur la corde elle finit par casser. Et ce fut plutôt violent. Depuis ce jour, ou plutôt ces jours ou j’ai totalement craqué et je vous passe les détails, je ne parviens plus à reprendre le contrôle, à donner sens à cette vie, ma Vie, que je sens s’échapper sans que je puisse l’en empêcher, mais ne parvenant qu’à sauver les apparences. Et pourtant j’en prends ma part, de responsabilité, mais tout n’est pas ma faute… Alors je lui demande à cette vie, pourquoi cette injustice, qu’ai-je donc fait ? ou bien cela n’est-il qu’un apprentissage ? Je ne comprends vraiment plus rien pour tout dire, et suis même plutôt dépassé… ne trouvant jamais l’aide nécessaire, ne sachant plus vers où m’orienter. Alors je le dis, ici, le sens profond de cette vie, LA Vie, c’est d’être heureux, tout bonnement, et je décide donc de couper d’avec ces chaines, à partir de maintenant. Il est important je pense parfois d’en lâcher un peu, de remettre les compteurs à zero, de souffler sur ce qui nous pèse… Je vais donc tenter de repartir le coeur léger, en sachant pertinemment que ce n’est et que ce ne sera pas si simple. C’est donc bien égoïstement que je m’allonge ici sur le divan, face à elle, ma Vie, que je reconnais toutes mes erreurs, mais que je lui met également les siennes en face, dans une certaine colère car je ne pense pas avoir mérité tout ça, moi qui était de base si innocent… Ah la la, toi la Vie, je crois qu’il ne faut vraiment pas essayer de te comprendre, qu’on ne peut sûrement que t’accepter telle que tu es, hein… Alors oui, la colère, la rancoeur, ce sentiment d’injustice, d’abandon, et je ne sais quoi d’autre, mais quand cesseras-tu de faire des tiennes ? Ne connais-tu donc pas la clémence, de nous accorder un peu de répit et de paix ? Enfin voilà, je pense en avoir terminé avec toi pour le moment, et ne t’en veux même pas, ou bien juste un peu, c’est mérité forcément… Et puis, on se retrouve tout à l’heure, forcément… Car entre nous, finalement, c’est une sacré histoire d’ amour, et que le lien, qu’on le veuille ou non, il est indéfectible…

  • Membre Inconnu

    Membre
    24 novembre 2020 à 4 h 42 min

    Et certains l’écrive tellement bien.

    Dans une volonté de devenir, car rien n’est jamais figé, qu’on se le dise mais plutôt dans une totale mouvance. Alors oui, LA vie n’est qu’une question de choix, mais le pardon, c’est d’abord à soi qu’il faut l’accorder…

  • Membre Inconnu

    Membre
    24 novembre 2020 à 6 h 02 min

    @Senseed

    J’ai lu un joli texte que je vais te retranscrire:

    C’est l’histoire de deux amis qui marchaient dans le désert. À un moment, ils se disputent et l’un d’eux donna une gifle à l’autre. Ce dernier, endolori mais sans rien dire, écrivit dans le sable : aujourd’hui mon meilleur ami m’a donné une gifle. Ils continuent de marcher puis trouvèrent un oasis dans lequel ils décidèrent de se baigner. Mais celui qui avait été giflé manqua de se noyer et son ami le sauva. Quand il fut repris, il écrivit dans la pierre : aujourd’hui mon meilleur ami m’a sauvé la vie. Celui qui avait donné la gifle et avait sauvé son ami lui demanda : « quand je t’ai blessé tu as écrit sur du sable et maintenant tu as écrit sur la pierre, pourquoi?» L’autre lui repondit : « quand quelqu’un nous blesse nous devons l’écrire dans le sable où les vents du pardon peuvent l’effacer. Mais quand quelqu’un fait de bien pour nous, nous devons le graver dans la pierre où aucun vent ne peut l’effacer»

    Apprends à écrire tes blessures dans le sable et tes joies dans la pierre.

    C’est joli non?

  • Membre Inconnu

    Membre
    24 novembre 2020 à 11 h 05 min

    Lettre à ma Colère,

    Depuis peu je me suis décidée à te regarder en face. Pour mieux te maitriser mais surtout pour mieux te comprendre, toi qui fais partie de moi et qui, tout compte fait, ne m’a jamais abandonné depuis ma naissance. Plus proche de moi que ne l’a jamais été quiconque, à commencer par ma propre mère, puisse-t-elle reposer en paix maintenant. Elle qui a osé me dire depuis mes 5 ans qu’elle ne m’avait jamais désirée. Que mon amie Marie était largement préférable à moi, sous tous les angles. Je me souviens du moindre détail. Était-ce l’atmosphère qui était glacée, le froid qui s’insinuait en moi, les deux peut etre ?

    J’ai ravalé mes larmes et lui ai dit, avec une haine féroce et brutale, que je n’avais jamais demandé à naître, moi. Pourquoi, maman, n’as tu pas passé l’examen pour devenir parent ? Pourquoi n’existe-t-il pas d’ailleurs, alors que c’est, pour moi, le fondement même de la vie ? Comment peut on être aussi irresponsable et donner la vie à un être si fragile et si innocent, si dépendant ?

    Cette dépendance qui ne m’a jamais quitté. Cette soif inextinguible de relations profondes, enfin. Mais cette soif qui n’a jamais été étanchée. Car j’ai eu beau me noyer dans l’alcool, dans les relations d’un soir, dans l’enchaînement des conquêtes sexuelles, rien n’y fait.

    A part augmenter ce vide qui, je le sens, ne tardera pas à me consommer intégralement.

    Toi, colère, qui ne m’a jamais trahie quand, en classe, un camarade se faisait traiter injustement. J’étais là seule, depuis ma brutale enfance qui n’a jamais eu lieu, a me révolter, a taper du poing sur la table et a cracher à la tête du professeur qui d’après moi ne méritait même pas ce titre, s’il était capable de se comporter comme un diable de la sorte, en utilisant des élèves pour les humilier et augmenter sa soif de pouvoir. C’est à ça que se résument les relations humaines? A qui aura le dessus sur l’autre ?

    Moi qui, paradoxalement, au fur et à mesure que ma colère grandissait jusqu’à prendre possession de tout mon être, nourrissait l’espoir de relations éternelles, profondes.

    Je déteste!

    Je deteste ces gens qui viennent et osent te demander si ça va, comme une question banale alors que c’est sensé être sincère !

    Je déteste mes sentiments positifs et mes espoirs vains que personne ne voit, lorsque ma carapace de colérique implacable empêche la perméabilité.

    Je déteste qu’on me tienne tête, car dans toutes les relations que j’ai connues, qui n’étaient que domination, c’était moi qui devais tenir tete pour ne pas couler.

    Mais par dessus tout, je déteste devoir détester. Je déteste n’être que haine et colère et avoir fait de vous mes seuls alliés, car la fidélité ad vitam aeternam est la valeur la plus importante à mes yeux et que, vous, au moins, vous avez su la respecter.

    Je ne parviens pas à me dire, à ressentir avec mes tripes, qu’il faut que cette colère me quitte. Je le conçois simplement, intellectuellement…

    M’est il donne d’espérer ?

  • rodan

    Membre
    28 novembre 2020 à 22 h 44 min

    Lettre à mon esprit, lettre à toi qui partage ma vie (et qui tire un peu trop la couverture à toi) !

    Esprit, cerveau… Peu importe ton nom, tu sais bien que c’est à toi que je m’adresse !

    Je dois avouer que sans toi, mon monde serait vide.
    Un corps qui erre tel un robot sans but, dis-tu ? Ah ! C’est ce que tu crois mais fais-moi confiance que, même sans toi, je serais bien plus que ça !

    Oui, tu as raison. Je t’écris à toi, esprit, et c’est bien grâce à toi que je t’écris. Mais faisons en sorte que cette lettre ne soit pas une simple mise en abîme. Sortons de ce miroir abyssal où s’entrechoquent calculs, projets, questionnements, analyses ou encore contrôles.

    Oui, tu es important ! Oui, j’aime ta façon de fonctionner ! Oui, j’aime ta rapidité ! Oui, j’aime ta curiosité ! Oui, grâce à toi, le monde m’est plus clair ! Oui, le monde m’est plus limpide ! Oui, oui, oui, re-oui ! Mais avec tes projecteurs qui éclairent mon environnement proche mais aussi lointain, on y aperçoit les démons qui rôdent et alors, il ne faut qu’un instant pour que les peurs surgissent. Ce monde que tu as éclairci me paraît dès lors bien si sombre. Et ne crois pas que tu sois assez fort pour contrôler cela ! Non, tu ne peux pas tout contrôler ! Les peurs ne se contrôlent pas ! Elles se domptent, elles s’apprivoisent. Or, tout cela, tu ne sais pas le faire. Mais ne le prends pas mal car ce n’est pas ton rôle. Tu es là pour penser, réfléchir, analyser et comprendre. Pas pour ressentir, goûter ou encore savourer. D’autres sont là pour ça.

    Oui ! Je sais que tu peux identifier ces démons ! Je le sais ! Mais tu es loin d’être infaillible ! Et tu as le droit au repos. J’AI le droit au repos. Alors débranche et viens rencontrer tes frères et sœurs.

    Viens rencontrer mes émotions ! Oui, elles sont fortes, oui, elles me dépassent. Oui, elles peuvent être douloureuses mais comme elles peuvent être d’une beauté sans égale ! Si tu pouvais ressentir ces vagues de bonheur qui peuvent me submerger, ta vision en serait différente ! Viens aussi rencontrer mes sentiments ! C’est ce qui me fait avancer. Et c’est sans ces sentiments et sans ces émotions, que nous ne sommes qu’un robot. La vie serait alors bien terne.

    Tu m’apportes la clarté à ce monde. Laisse-les le colorer.

  • cinematographe

    Membre
    2 décembre 2020 à 22 h 41 min

    <header>

    Merejkowsky/chronique des temps présents

    journal

    Un confiné qui se tient sage

    </header>

    Chronique de ma deuxième assignation à résidence sanitaire


    8 novembre 2020

    D’un seul coup, sans aucune raison, au détour d’une pensée, la panique surgit de nulle part et m’envahit comme le virus invisible et imprévisible.

    J’ai la certitude que le couvre feu et que le confinement qui laissent ouverts les écoles et les bureaux ne ralentissent en rien la propagation du Covid.

    Et je me répète dans une boucle infernale que mes enfants, les mères de mes enfants, N. vont mourir du Covid. Je vais rester seul

    Cet effondrement que je ressens trouve peut être son origine dans les spécialistes de la sphère médiatique qui ont répété que la victoire de Biden sur Trump déboucherait sur une guerre civile aux Etats Unis.

    Biden est élu. Il n’y a pas de guerre civile.

    Alors pourquoi ont ils parlé de guerre civile?

    Pourquoi ont ils développé cette fable terrorisante?
    Pourquoi?
    Cherchaient-ils comme moi à trouver une explication à leur propre panique provoquée par le phénomène imprévu et imprévisible semblable à un virus d’un président de la plus grande puissance qui a nié le réchauffement climatique et l’actuelle pandémie ?

    Mais dans ce cas si ces spécialistes ont prédis une guerre civile aux Etats Unis, comment est ce que je peux croire d’autres spécialistes qui me répètent qu’il faudra trier bientôt les malades aux urgences si les « jeunes » ou si les patrons de bistro » ou si plus récemment les chefs d’entreprise ne se disciplinent pas ?

    Alors que ces mêmes spécialistes syndicalistes n’avaient eu de cesse de nous répéter avant la crise sanitaire que pendant les fêtes de Noêl les services d’urgence étaient saturés.

    Et pourtant je me lave les mains fréquemment et je porte un masque là où ses spécialistes me disent d’en porter.

    Alors je me dis pour calmer ma panique que mes proches ne travaillent pas, à l’exception d’une de mes filles qui est professeur agrégé (mais qui a moins de 65 ans), qu’ils prennent peu les transports en commun, et que dans ces conditions, ils ont peu de « chance » de succomber au Covid contrairement aux populations partageant des logements exigus, aux vieillards enfermés en EPHAD, et je me demande en quoi le pseudo confinement modifie t il ma situation personnelle?

    Peut être est il en fait impossible de séparer sa situation personnelle d’une situation collective?

    D’un autre côté, mais est ce vraiment « un autre côté » ma fille Doucha m’avait dit peu avant de succomber à sa tumeur au cerveau que le fait que les enfants meurent après leurs parents est une statistique, et elle avait ajouté que la statistique n’est pas la vie.

    D’où vient donc ma panique?

    D’autant plus que dans un quart d’heure peut être je serai mort parce qu’un vaisseau aura cédé dans mon cerveau..Et peut être aussi qu’un de mes enfants ou que les mères de mes enfants, ou que N. seront mort dans un quart d’heure pour la même raison mais que comme dans le cas des morts provoqués par le Covid, il est statistiquement peu probable que les vaisseaux des cerveaux de mes proches cèdent tous au même instant.

    C’est une hypothèse peu probable en effet.

    Alors d’où vient ma panique subite?

    D’où vient – elle?

    7 Novembre 2020

    Notre Premier Ministre après avoir désigné comme responsables de la propagation du covid le groupe des « jeunes » a désigné un nouveau responsable. Il s’agit cette fois ci des chefs d’entreprise qui ne jouent pas le jeu du télétravail.

    Même jour

    N. a brusquement interrompu pour une raison que j’ignore sa communication téléphonique avec B. et elle m’a dit de parler avec B. Je lui ai dit pour essayer de lui remonter le moral que Biden était en tête face à Trump. B. a sèchement répliqué que la colistière de B. était une sacrée salope. Je n’ai pas demandé d’explication. Personnellement le succès de Biden correspond à un retour à une norme sécurisante. En ce sens que les Etats Unis auront à leur tête un président qui ne déformera pas la réalité au gré de ses humeurs, ce qui en ces temps de pandémie fondés sur l’ignorance, et donc sur la culpabilisation, est pour moi un point d’équilibre. En revanche je comprends très bien que B. ayant été proche de Mitterand soit plongé dans sa solitude puisque le propos de Mitterand était justement de nier toute forme d’utopie, et que pour cette raison B. préfère se dire que tout va s’écrouler, étant entendu que ce « tout » ne concerne en fait que sa seule personne. Mais naturellement je ne lui dirai jamais le fond de ma pensée. Nos angoisses peuvent parfois s’apaiser lorsque elles se déplacent momentanément sur une écoute apparemment attentive des tourments de mes proches.

    Même jour

    J’ai posé sur Facebook la question suivante en précisant qu’elle était destinée à calmer mon angoisse : Est il plus légitime d’accorder une plus grande importance à une mère qui ne peut voir sa mère assignée à résidence dans une EPHAD plutôt qu’à un père qui ne peut rendre visite à ses enfants assignés à résidence chez leur mère. Et j’ai ajouté « Est il possible de quantifier statistiquement une douleur? » Sur le moment, je me suis senti rassuré par la centaine de commentaires et puis je me suis rendu compte que ces commentaires s’étaient développés parce que à chaque commentaire qui me traitait d’irresponsable, je répétais que mon angoisse m’interdisait d’être dans le jugement, et j’ai fini par me dire qu’il était préférable que je m’abstienne d’écrire sur ce groupe Facebook, laissant ainsi ouvert un espace de commentaire qui ne dépendrait d’aucun animateur responsable ou irresponsable.

    13 novembre 2020

    J’ai finalement fini par comprendre pourquoi je dois cocher la case numéro une sur le formulaire de dérogation de déplacement. Cette case numéro une concerne les déplacements professionnels non salariés, ce qui est mon cas, la fréquentation de mes amis entre en effet dans le cadre précis de mes activités professionnelles non salariées, étant entendu que ma production de biens immatériel n’entre en aucune façon en contradiction avec une production de biens matériels, chacun reconnaîtra en effet que la publication à des milliards d’exemplaires de la Bible est le fruit de pensées d’individus non identifiés et non identifiables. Dans les premières jours de cette seconde assignation à résidence dérogatoire, je m’étais rassuré en me disant que je cocherai la case numéro trois concernant un rendez vous d’urgence médicale, mais je m’étais dit que si le policier contrôleur me demandait d’apporter le justificatif de mon urgence médicale, j’aurais été contraint de déclarer que je me rendais chez la thérapeute psychologue des soins palliatifs qui me suit depuis le décès de ma fille Doucha, et que cette déclaration de détresse psychologique m’enfermait dans une catégorie de névrosés inaptes à la production de biens matériels ou non matériels et que je risquais ainsi d’affaiblir mon système défense. NADEJDA me dit souvent que j’ai des problèmes psychiques et bien que je sois convaincu que ses accusations ne reflètent que son propre déséquilibre psychique qu’elle ne peut s’avouer sous peine de perdre le contrôle de son mode de fonctionnement fondé sur la permanence d’un sentiment de rejet, je suis pour ma part intimement convaincu qu’une case paraphée de sa propre main s’apparente à un texte signé, et donc éternel, et que ce diagnostic de soi-même par soi-même d’une détresse psychique provoquera l’ouverture d’une porte sur ce qu’il convient d’appeler le monde de la folie. Aussi, me sentant paradoxalement réconforté par toutes ces considérations, je m’étais finalement résolu, après de nombreuses hésitations, à cocher pendant notre première assignation à résidence collective la case « visite à personne vulnérable ». J’avais considéré que je devais me rendre visite à moi-même en tant que personne vulnérable. NADEJDA m’avait en effet appelé en pleine nuit pour me supplier de l’emmener à l’hôpital pour passer un test contre le Covid, je lui avais répondu qu’elle respirait normalement, elle avait fini par s’apaiser, et j’avais eu dans la matinée une crise de panique parce que je m’étais brusquement convaincu qu’elle allait m’accuser de ne pas être venu lui porter assistance alors que j’avais plusieurs fois répété que je lui étais très attaché, et qu’elle en profiterait pour me rappeler que notre relation étant fondé sur le mensonge et l’incompréhension elle avait pris la décision de retourner à Bucarest chez sa mère. J’avais fébrilement composé le numéro de téléphone d’une des mères de mes enfants. J’avais éclaté en sanglots dans le téléphone. J’avais répété que je n’avais plus d’issue car je savais qu’il était impossible de franchir les grilles des hôpitaux qui étaient gardées par l’armée, et que c’était cette impossibilité que niait NADEJDA qui me plongeait dans le désespoir puisque en ne répondant pas immédiatement à sa demande, je m’étais rendu coupable d’une indifférence qui s’apparente à celle que je m’étais persuadé d’avoir ressenti à la mort de ma mère. (Je devais par la suite comprendre que la panique réelle de NADEJDA était en fait motivée par le trop perçu que la caisse d’allocation familiale lui avait versé et qu’elle devait tout mettre en oeuvre pour bénéficier des allocations prévues pour les professeurs qui ne seraient pas en état d’être physiquement présent pour cause de Covid dans leurs salles de classe). La mère de mes enfants m’avait ordonné de me coucher sur le dos. Elle m’avait ensuite donné l’ordre de calmer ma respiration. J’avais obéi et ma certitude que j’allais me jeter par la fenêtre avait graduellement laissé la place à une grande fatigue. Mon assignation à résidence sanitaire m’avait interdit de remédier à cette nouvelle crise de panique que je devais fréquemment combattre depuis que ma mère avait effectué un déplacement à Tel Aviv. Il était en effet parfaitement évident que si je refusais de me plier à cette interdiction d’un déplacement dans un train de banlieue en dehors de la limite autorisée du kilomètre de mon lieu de domicile, ma culpabilité ne manquerait pas d’engendrer le châtiment que symbolisait un déplacement criminel puisque en détournant pour mon seul profit le contrat moral de mon assignation à résidence sanitaire, j’allais contaminer des milliers de passants isolés se rendant sur leurs lieux de travail. Mon psychisme était en fait pris dans l’étau d’une culpabilité sanitaire véhiculée par la Radio France Info et d’une culpabilité sexuelle véhiculée par des circonstances qui dépassent le champ de mes compétences. Cette culpabilisation fondée sur la panique fut heureusement tempérée par ma rencontre avec un professionnel de santé. Le pharmacien qui me délivre en parfait accord avec un médecin généraliste mes médicaments placebos m’avait vivement conseillé de faire du vélo afin que je ne succombe pas à une crise d’asthme qui m’aurait immanquablement conduit à encombrer les services d’urgence et j’avais fini par signer de ma propre main une dizaine d’autorisation quotidienne justifiant des achats de première nécessité…Aussi et pour d’autres considérations qui échappent à ma conscience, et peut être fort de mon expérience, cette fois ci, pour cette seconde assignation générale, je ne culpabilise plus. Il faudrait juste que j’essaye de comprendre l’origine de cette sidération qui en engendrant un effet de culpabilisation m’impose un effet d’effondrement définitif les très rares fois où NADEJDA ne me répond pas immédiatement lorsque je l’appelle sur son portable.

    23 novembre

    Je n’ai jamais estimé que la radio et que la télévision étaient comme certains le disent aux mains des puissances occultes, en fait les juifs, ce qu’ils n’osent peut être pas claironner pour des raisons de convenances sociales(socialiques). Je suis convaincu en ce qui me concerne que la presse dominante obéit comme toute entreprise capitaliste à la règle du profit et qu’elle est en ce sens prête à répondre à ce qu’elle appelle la demande du public en s’appuyant sur des critères qui lui appartient. Les journaux télévisés n’ont eu ainsi de cesse de nous rappeler que le COVID pouvait se transmettre par les plus jeunes, puis par les animaux de compagnie, puis par les toilettes des restaurants, (ces éléments sont d’ailleurs peut être exacts, je n’ai aucune compétence médicale) et j’ai eu cet après midi la surprise de constater que la chaîne d’information en continu France Info avait pris la décision de répondre à la demande de ses auditeurs en diffusant toutes les trois heures le spot suivant « En cas de test positif, je m’isole et j’alerte mes amis » Il est donc clair que France Info en m’incitant ouvertement à visiter mes amis alors que l’attestation de déplacement dérogatoire que je signe chaque matin ne m’autorise pas à voir mes amis, soutient une campagne de désobéissance civile qui réunirait à la fois la messe, le restaurant, les agences de voyage, les réfractaires du travail obligatoire vingt quatre heures sur vingt quatre dimanche compris et les utilisateurs des bagnoles électriques nucléaires. Finalement, l’honnêteté intellectuelle m’impose de reconnaître que Lénine dans tout son fatras fondé non sur l’audimat, mais sur l’efficacité du moment, et sur ce qu’il appelle « réalisme » n’avait pas tout à fait tort en affirmant que le système capitaliste était le seul système qui était prêt à vendre la corde qui le pendra.

    25 Novembre

    J’ai téléphoné à D. D. m’a dit qu’il avait commencé à réfléchir à quelques croquis qui pourraient devenir les commentaires sous forme de bande dessinée de mon récit « Ouais tous ensemble » que je lui ai proposé d’adapter (14 Juillet. L’arrêté municipal interdit les jets de pétards sur la voix publique. La centrale nucléaire explose.) Je me suis senti libéré d’un grand poids après notre conversation téléphonique. Le modèle parentale n’est peut être pas la cause de la peur que provoque en moi la poursuite d’une relation amoureuse avec Nadejda. Mon père n’a pas transformé les idées anarchistes de ma mère en une fulgurante ascension sociale. La réalité est plus simple. Mon équilibre interne passe par la création de réseaux autour de mes textes ou des projections de mes films, étant entendu que chacun s’empare de mes propositions suivant les modalités de son choix. Les circonstances actuelles m’imposent en outre de ne pas m’isoler mentalement. Nos représentants élus ont entamé la lecture d’une proposition de loi qui sanctionnerait par une amende de dix milles euros les personnes contaminées qui refuseraient de s’isoler. Comme si me sachant malade, je sortirais volontairement de chez moi pour contaminer le reste de la population et il me semble en outre évident que si cette loi est votée, je refuserais de me faire tester ne voulant pas risquer de devoir ensuite payer une amende de dix milles euros si je ne parvenais pas à présenter aux CRS mon attestation de test négatif. Il est vrai que pour nos représentants élus c’est l’irresponsabilité, la mienne, qui est la cause de mes malheurs. Ils préfèrent fermer les yeux au nom de la majorité silencieuse des retraités sur certaines personnes qui n’ont pas la possibilité de s’isoler, soit parce qu’ils n’ont pas de maison, soit parce qu’ils habitent à cinq dans une même pièce. Et comme d’habitude ils s’affranchissent de leur responsabilité. Ils ne se condamnent pas pour avoir en toute responsabilité voté la fermeture des lits d’hôpitaux qui entraîne les mesures de culpabilisation et de ce second confinement qui obéit je l’espère à une nécessité sanitaire.

    Publié par merejkowsky

    L’artiste n’est pas Dieu. Il est réceptacle. Mes films, mes récits, mes bandes sons, sont commentaires Et espaces de confrontation. En ce sens mes films écrits bandes sons sont libres de diffusion à l’exception des membres des conseils d’administration des sociétés dites d’auteur.

Page 2 sur 3

Connectez-vous pour répondre.