@fabo
Il y a la patte de Jeunet avec effectivement une certaine créativité, mais le film reste très loin de son œuvre de jeunesse (Delicatessen)qui mêle humour, noirceur et romance. Tu sembles apprécier la connivence que le réalisateur a réussi à installer avec le spectateur. Le souci, de mon point de vue, c’est qu’elle dérive vers la condescendance. Il en va de même pour l’esthétisme du film qui, lui aussi, fait basculer l’image vers le cliché.
Tu retiens les aspects positifs du film et encore une fois, je n’en discute pas.
Je comprends donc tout à fait que tu puisses avoir été touché par le film, au-delà de mon opinion défavorable à son sujet.
Ce qui m’irrite ce n’est pas que l’on puisse aimer un film (très) moyen et (très) grand public, mais qu’on l’étiquette comme film de surdoué.
Il faudrait déjà commencer par définir ce que cela veut dire.
De mon point de vue et si tenté qu’il y ait des films « surdoués », de telles œuvres affranchiraient les limites du genre. Leur créativité, leur ambition et leurs différentes grilles de lecture les placeraient à part…
A l’instar des hauts potentiel, elles se situeraient dans le hors norme…
Or Delicatessen est un film hors norme : comme je le souligne plus haut, il brasse différents genres, contient plusieurs propos et brille aussi à d’autres niveaux (interprétation, dialogues, décors, etc.).
Mettre de la surdouance partout à toutes les sauces et sans argumentation me semble stupide. Je trouve même que cela à un côté un peu… Mm… Stalinien. Surtout quand je lis des phrases aussi flagorneuses comme “Oui du pur jus de zèbre avec une innocence incorruptible en prime. J’ai pas mal mouillé mes yeux d’émotion.”.
Et je réponds à ta citation par une empruntée à Jacques Ellul :
« L’important n’est pas de savoir lire mais de savoir ce qu’on lit, de raisonner sur ce qu’on lit, d’exercer un esprit critique sur la lecture. En dehors de cela, la lecture n’a aucun sens. »