Penser c'est dire non

  • Penser c'est dire non

    Publié par olbius le 1 octobre 2018 à 18 h 44 min

    Penser c’est dire non. C’est à la pensée du philosophe Alain que renvoie généralement cette formule :

    Penser, c’est dire non. Remarquez que le signe du oui est d’un homme qui s’endort ; au contraire, le réveil secoue la tête et dit non. Non à quoi ? Au monde, au tyran, au prêcheur ? Ce n’est que l’apparence. En tous ces cas-là c’est à elle-même que la pensée dit non. Elle rompt l’heureux acquiescement. Elle se sépare d’elle-même. Elle combat contre elle-même. Il n’y a pas au monde d’autre combat. Ce qui fait que le monde me trompe par ses perspectives, ses brouillards, ses chocs détournés, c’est que je consens, c’est que je ne cherche pas autre chose. Et ce qui fait que le tyran est maître de moi, c’est que je respecte au lieu d’examiner. Même une doctrine vraie, elle tombe au faux par cette somnolence. C’est par croire que les hommes sont esclaves. Réfléchir, c’est nier ce que l’on croit.
    Qui croit ne sait même plus ce qu’il croit. Qui se contente de sa pensée ne pense plus rien.

    Alain, Propos sur les pouvoirs, “L’homme devant l’apparence”, 19 janvier 1924, n° 139

    Alors, penser est-ce dire non ? Pour Etienne Klein, physicien et philosophe des sciences, cela ne semble gère faire de doute (paradoxal, non ? 😉 ) :

    Pour exercer sa pensée, il faut tomber sur des problèmes. C’est le moteur, le combustible : un problème à résoudre nous oblige à réfléchir. Penser, c’est d’abord dire non à sa pensée.
    […]
    Nous parlons de data, d’intelligence artificielle, cela change tous les métiers. Mais qu’est-ce que le Big Data ? Des données numériques provenant du réel. Ainsi, nous pourrions à partir de ces données expliquer le réel. Mais, ce n’est pas du tout ce que nous révèle l’histoire.
    […]
    Observer ne suffit pas à comprendre.
    […] Les idées réclament une certaine forme de fraîcheur.

    Source : Etienne Klein : “Penser, c’est dire non”

    Alors, penser, selon vous, est-ce dire non ?
    (et si “non”, pourquoi ? 😉 )

    porphyre9 a répondu il y a 5 années, 9 mois 7 Membres · 6 Réponses
  • 6 Réponses
  • rita

    Membre
    1 octobre 2018 à 19 h 18 min

    Penser c est pour moi dire non en effet à sa pensée sur un problème qui surgit à nous et qui de ce fait, me concernant, m amène sans cesse à douter de ce que je suis,sais et de ce que je souhaite developper. Penser c est dire non dans le sens où tu ne restes pas figé sur des certidudes, des sciences et qui te permet d évoluer en quelque sorte. Mais parfois et souvent c est épuisant et trop penser m embrouille me stresse et met dans un état de procrastination. Bref je ne sais pas si on me comprends et si je suis clair dans mes propos….

  • Membre Inconnu

    Membre
    5 octobre 2018 à 11 h 19 min

    Question complexe pour cogiter…

    Je ne pense pas que je puisse réduire l’acte de penser à “dire non”, dans la mesure où se questionner, réfléchir, s’interroger, c’est fouiller aussi, c’est chercher à l’intérieur ou bien à l’extérieur, des voies de réponses possibles.

    Lorsque je pense, est-ce que je dis non ? Et si oui, à quoi dis-je non ?

    Par exemple, lorsque je pense à l’hypocrisie du monde politicien, à tout ce faux que je pense distinguer,à tous ces mensonges et manipulation des masses ; oui, je dis non à cet “extérieur” dont je refuse les mensonges, mais ne dis-je pas oui à ce que je ressens, ne dis-je pas oui à mon espoir et rêves de changement ?

    Penser, serait-ce projeter tous nos “non” dans cet espace où nos pensées cherchent à être façonnées vers leur quête du “transformer” par nos “oui” en perspectives possibles et potentielles ?

    Tout dépend-il de l’environnement du domaine dans lequel se manifeste la pensée ?

    La pensée imagine-t-elle ses propres sens et contre-sens pour les confronter à notre perception de la réalité ?

    Lorsque mes pensées court-circuitent l’une de mes “certitudes ignorantes” (par exemple, je n’ai aucun doute sur la réalité que mon corps physique s’arrêtera de “fonctionner” par son dernier souffle”.
    Et pourtant, je crois que tout est énergie, je crois qu’absolument tout se transforme et mon corps physique après ma mort, subira lui aussi les transformations de sa propre Nature” lorsque mes cellules encore vivantes se mettront à l’oeuvre.

    Alors pourquoi ces transformations peuvent-être suivre des cours évolutifs différents en fonction de l’élément avec lequel le corps physique “mort” est au contact ?

    A quoi mes pensées disent-elles non dans ce cas précis ? Disent-elles oui à ma certitude ou bien disent-elles oui à toute mon ignorance ?

    Penser, ce n’est pas dire que non, penser c’est aussi dire, oui à nos espoirs imaginaires, oui à notre regard projeté sur les non que nous aimerions transformer en oui, sur les oui que nous avons crus non ?

    Lorsque je pense, je ne dis ni oui, ni non ; je dis oui et non ; j’efface tout simplement toute frontière entre entre l’affirmation et l’infirmation ; lorsque je pense, je me nourris de toute mon ignorance….

  • jjblues

    Membre
    30 décembre 2018 à 23 h 40 min

    Bonsoir , mon arrivée fraîche sur ce site et premier post , je pense qu’ a moins d un détachement extrême, chacun aura a parler de soi dans ce sujet . Pour moi l equation coïncide clairement et elle me parler . Dans le sens où penser appele pour moi a quelque chose de profond au sens de ‘ poser les questions , prendre du recul ‘ . Quand on pense ou panse les choses on commence à se poser la question de ‘ est ce que telle information correspond à ma conception du monde ? ‘ cela revient au libre arbitre et à la nécessité de l exercer , loin des conceptions qui nous conditionnent . Penser est remettre en question , tous autant soi que l extérieur , et accepter qu’ a tout moment il y a pu avoir eu une erreur , pour des raisons diverses … le sujet me donne ta’t envie de dire … mais je m’arrête là

  • lucius

    Membre
    31 décembre 2018 à 11 h 41 min

    ce serait valider que la pensée mène une simple opposition.

  • calypso

    Membre
    31 décembre 2018 à 12 h 30 min

    “Je pense donc je suis ”

    si je suis, je peux dire non et oui !

  • porphyre9

    Membre
    1 janvier 2019 à 23 h 05 min

    Selon mon opinion, Penser ce n’est pas forcément dire non. C’est une action qui tend à discerner par l’exercice de la Raison, entre plusieurs conceptions humaines : celle que le monde extérieur tend à nous imposer de manière dogmatique (l’éducation) ou non (l’avis des autres), et celle qui pourrait naître de notre propre réflexion.

    Je pense que le “Sapere Aude” de Kant tient ici sa place : Penser par soi-même, c’est en principe acquérir une Liberté à l’égard de la norme sociale. Nous, les Zèbres, nous avons sans doute plus tendance à être marginalisés que les autres parce que nous pourrions contester une norme, rejeter une autorité communément admise dès lors qu’elle n’apparaît pas légitime selon notre propre vision, car nous pensons parfois différemment. Nous pouvons donc rejeter un système, comme nous pourrions l’accepter. Mais n’y a t-il pas tout de même une limite ? Car, dans les deux cas, je participe à un même système qui me propose un choix de dire qu’une chose est bonne, une autre est mauvaise.

    Je pense que la “non-pensée”, là c’est dire non : c’est dire non à l’illusion de la raison humaine, des dogmes imposés par la société auxquels nous collaborons lorsque nous nous y soumettons. C’est ce qu’on appelle en Orient (et qu’on retrouve chez les néo-platoniciens) “la philosophie de la non-dualité”. La non-pensée, c’est la libération de l’homme des préjugés et de la raison, cause du dualisme. Dans l’histoire, on observe que ce sont les hommes de Paix qui ont fait l’objet de persécution car ils ont rejeté le conflit en ne prenant pas parti : ils s’estimaient au-delà de toute dualité et recherchaient plutôt la conciliation des opposés.

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