@zebrableue, d’abord, je ne suis pas tout à fait sûr que les indiens d’Amazonie vivent tout à fait comme autrefois, et en tout cas ils ne rejettent pas forcément les innovations. Et d’autres sociétés volontairement résistantes au progrès, comme les Amish, ne rejettent pas ce qui leur est utile.
Ensuite, il me semble que s’il y a progrès d’un côté il y a forcément régression dans un autre domaine. C’est sans doute une évolution normale des sociétés humaines de spécialiser la fonction de chacun : Les meilleurs dans un domaine se spécialisent, s’améliorent, font progresser les savoir-faire, et tout le monde progresse avec, mais ils perdent d’autres aptitudes qu’ils n’utilisent pas. D’autres sauront faire à leur place, et ça compensera. On échangera les services rendus par chacun. Si chacun devait savoir tout faire, on en resterait à l’état de troupeau où chacun s’occupe de manger son coin d’herbe ou cueillir les fruits qu’il va manger, sans jamais rien changer. Et encore, ce n’est sans doute pas tout à fait vrai car, dans les troupeaux, tout le monde n’a pas forcément le même rôle. Mais on dira que, en général, ça ne progresse pas beaucoup d’une génération à l’autre.
Chez nous humains, certains en arrivent donc à ne plus être capable de vivre dans la forêt vierge, mais savent calculer des ailes d’avion. Et d’autres vivent sans encombre dans la forêt. Certains même y sont retournés après des études à Harvard. Rien de tout ça n’est choquant en soi, tant que personne ne vient décider que telle ou telle spécialité est plus valorisante ou plus intelligente, et donc que telle ou telle vie sera plus réussie, ou socialement plus respectable, qu’une autre.
Alors que, si on essaie de hiérarchiser les métiers, ou les couleurs de peau, ou les sexes, on met en place un système de jugement toxique et contre productif. On incite les gens à aller dans de mauvaises directions, à choisir des fonctions où ils espèrent devenir respectables, alors qu’ils seront mauvais, tandis que des métiers mal considérés, mais où ces personnes auraient produit de l’excellence, manquent de main d’oeuvre.
C’est encore pire si le jugement repose sur des préjugés comme , par exemple, la crainte des pygmées, ou sur n’importe quelle légende magique ou religieuse colportée sur une catégorie humaine : A un TEDx un jour il y avait le témoignage d’une jeune femme qui avait été accusée de sorcellerie dans son village à la naissance. Rejetée par tout le monde, et en premier lieu par sa mère, elle a fini sur le trottoir pour survivre. Heureusement, le hasard lui a permis de s’en sortir, de venir en Europe et de s’en tirer.
Le plus intéressant est sa conclusion , dans laquelle on ne sentait ni haine ni colère. Elle disait juste qu’il fallait que tout le monde ait accès à l’enseignement, car elle avait réalisé que sa mère l’avait rejetée parce qu’elle écoutait aveuglément l’avis du sorcier, car se voyant ignare, elle se croyait inintelligente.
On en revient à ton pygmée qui, juste pour une histoire de tribu, s’est retrouvé enfermé dans une catégorie inférieure, et s’est lui même persuadé qu’il était moins bon qu’un blanc. Tu lui as simplement montré qu’il avait une autre intelligence que celle des quelques ingénieurs qui ont calculé les pièce de l’avion. Une intelligence qui l’aide à vivre, avec son groupe, car il comprend la vie de la forêt. Et il a compris qu’avec toi il avait la possibilité de le penser.
On croise beaucoup de gens à qui l’on a inculqué de fausses croyances comme ça, contre eux-même. Même si l’on vit dans une environnement plus privilégié. Je pense que c’est important d’arriver à dissuader ces rejetés de croire aux âneries des sectaires, de tous ceux qui évoquent le manque d’intelligence afin de dissimuler leur propre peur de la différence.