Faustin et l’avion

  • Faustin et l’avion

    Publié par Unknown Member le 30 novembre 2019 at 18 h 19 min

    Bonjour à toutes et tous, comme vous j’expérimente…je souhaiterais vous raconter une histoire vécue.

    J’étais au Congo en 1978, à l’époque j’étais mariée, et nous travaillions à Pointe Noire. La vie a voulu que nous recueillions et engagions un vrai pygmée, il s’appelait Faustin, sa famille avait péri, massacrée par d’autres tribus (certains africains à cette époque ne les aimaient pas, ils en avaient peur, j’espère que ça a changé)
    Un jour, il était assis, bien triste sur les marches du perron, et je lui ai demandé pourquoi il était si triste ?

    Il m’a répondu “Regarde là les avions qui passent, moi je ne peux pas inventer des choses aussi intelligentes, les blancs vous êtes trop intelligents”

    Alors je lui ai répondu:”Oui mais nous comme tu dis, on ne peut pas aller dans la jungle et survivre”

    Son visage s’est illuminé et il a retrouvé le sourire.

    C’est dans plusieurs moments précieux comme ceux là que je pouvais comprendre à quel point le terme d’intelligence peut être différent entre performance et survie.

    Je ne sais toujours pas survivre dans la jungle, sans aucune technologie…Koh Lanta ? pour lui c’était son quotidien, et il le vivait sans aucun problème. C’était un petit d’homme plein d’empathie pour tout ce qui vit et pour ses contemporains.

    Je n’ai toujours pas la réponse à la question : “c’est quoi l’intelligence” tant le sujet est vaste

    Mais je ne saurai en parler sans l’intelligence du coeur

    Merci de votre attention

     

     

     

    Unknown Member a répondu 5 years, 2 months ago 4 Membres · 9 Réponses
  • 9 Réponses
  • jasper

    Member
    30 novembre 2019 at 19 h 12 min

    @zebrableue, Ton histoire pose beaucoup de questions,  car, 16 ans plus tôt, il n’y avait qu’une personne en qui le premier astronaute américain, John Glenn, avait confiance pour calculer les trajectoires de sa capsule Mercury, cette personne était Katherine Johnson, une femme noire.

    Un roman, “les figures de l’ombre”, qui est d’ailleurs plus une enquête qu’un roman,  et le film très doucereux qui en a été tiré retracent l’histoire de ces mathématiciennes noires (qui étaient appelées “<span class=”st”>colored computers”</span>) qui, en pleine période de ségrégation raciale, se sont montrées indispensables pour  la mise au point du top de la technologie de l’époque : les programmes spatiaux.

    En face, on a toujours beaucoup de blancs qui ne savent toujours toujours pas pourquoi un avion vole, et aussi, à contrario, beaucoup de traders qui ne tiendraient pas deux jours dans le village où vivait leur grand-père, en pleine forêt équatoriale.

    Je crois que cette notion d’intelligence est plus un énorme prétexte à toutes sortes de discriminations, et pomponnage d’égo, qu’une réelle qualité que les uns auraient, et les autres pas. Cette notion manque autant d’une définition sérieuse, que d’un outil de mesure objectif. Heureusement, car il permettrait, pour le plus grand plaisir de certains, de faire une gigantesque purification eugénique de l’humanité. Attention toutefois à ne pas trop en demander, car le risque serait de devoir s’auto-eugéniser.

    P.S. Je parle des traders car il semblerait que les traders sont souvent considérés comme le gratin de l’intelligence. (Cette fois ci, le QI est mesuré selon la méthode Picsou: hauteur de l’or dans leur coffre fort)

  • Unknown Member

    Member
    30 novembre 2019 at 19 h 37 min

    Merci Jasper ! j’aime beaucoup ta réponse ! c’est tellement vrai !

    Je pensais surtout en écrivant cela à l’intelligence des hommes et femmes des forêts, en comparaison à notre technologie ? Les Pygmées, comme les Indiens d’Amazonie, comme les Aborigènes vivent encore comme il y a très longtemps, et nous, malgré notre technologie, ne pouvons pas survivre aux conditions naturelles qu’ils vivent au quotidien…eux sont parfaitement à l’aise dans le “vrai” univers de la Terre

     

     

  • Unknown Member

    Member
    30 novembre 2019 at 19 h 54 min

    Merci pour cette histoire, et le film je vais le regarder

    “En face, on a toujours beaucoup de blancs qui ne savent toujours toujours pas pourquoi un avion vole, et aussi, à contrario, beaucoup de traders qui ne tiendraient pas deux jours dans le village où vivait leur grand-père, en pleine forêt équatoriale” Mdrrr

  • jasper

    Member
    1 décembre 2019 at 0 h 29 min

    @zebrableue, d’abord, je ne suis pas tout à fait sûr que les indiens d’Amazonie vivent tout à fait comme autrefois, et en tout cas ils ne rejettent pas forcément les innovations. Et d’autres sociétés volontairement résistantes au progrès, comme les Amish, ne rejettent pas ce qui leur est utile.

    Ensuite, il me semble que s’il y a progrès d’un côté il y a forcément régression dans un autre domaine. C’est sans doute une évolution normale des sociétés humaines de spécialiser la fonction de chacun :  Les meilleurs dans un  domaine se spécialisent, s’améliorent, font progresser les savoir-faire, et tout le monde progresse avec, mais ils perdent d’autres aptitudes qu’ils n’utilisent pas. D’autres sauront faire à leur place, et ça compensera. On échangera les services rendus par chacun. Si chacun devait savoir tout faire, on en resterait à l’état de troupeau où chacun s’occupe de manger son coin d’herbe ou cueillir les fruits qu’il va manger, sans jamais rien changer. Et encore, ce n’est sans doute pas tout à fait vrai car, dans les troupeaux, tout le monde n’a pas forcément le même rôle. Mais on dira que, en général, ça ne progresse pas beaucoup d’une génération à l’autre.

    Chez nous humains, certains en arrivent donc à ne plus être capable de vivre dans la forêt vierge, mais savent calculer des ailes d’avion. Et d’autres vivent sans encombre dans la forêt. Certains même y sont retournés après des études à Harvard. Rien de tout ça n’est choquant en soi, tant que personne ne vient décider que telle ou telle spécialité est plus valorisante ou plus intelligente, et donc que telle ou telle vie sera plus réussie, ou socialement plus respectable, qu’une autre.

    Alors que, si on essaie de hiérarchiser les métiers, ou les couleurs de peau, ou les sexes, on met en place un système de jugement toxique et contre productif. On incite les gens à aller dans de mauvaises directions, à choisir des fonctions où ils espèrent devenir respectables, alors qu’ils seront mauvais, tandis que des métiers mal considérés, mais où ces personnes auraient produit de l’excellence, manquent de main d’oeuvre.

    C’est encore pire si le jugement repose sur des préjugés comme , par exemple, la crainte des pygmées, ou sur n’importe quelle légende magique ou religieuse colportée sur une catégorie humaine : A un TEDx un jour il y avait le témoignage d’une jeune femme qui avait été accusée de sorcellerie dans son village à la naissance.  Rejetée par tout le monde, et en premier lieu par sa mère, elle a fini sur le trottoir pour survivre. Heureusement, le hasard lui a permis de s’en sortir, de venir en Europe et de s’en tirer.

    Le plus intéressant est sa conclusion , dans laquelle on ne sentait ni haine ni colère. Elle disait juste qu’il fallait que tout le monde ait accès à l’enseignement, car elle avait réalisé que sa mère l’avait rejetée parce qu’elle écoutait aveuglément l’avis du sorcier, car se voyant ignare, elle se croyait inintelligente.

    On en revient à ton pygmée qui, juste pour une histoire de tribu, s’est retrouvé enfermé dans une catégorie inférieure, et s’est lui même persuadé qu’il était moins bon qu’un blanc. Tu lui as simplement montré qu’il avait une  autre intelligence que celle des quelques ingénieurs qui ont calculé les pièce de l’avion. Une intelligence qui l’aide à vivre, avec son groupe, car il comprend la vie de la forêt.  Et il a compris qu’avec toi il avait la possibilité de le penser.

    On croise beaucoup de gens à qui l’on a inculqué de fausses croyances comme ça, contre eux-même. Même si l’on vit dans une environnement plus privilégié. Je pense que c’est important d’arriver à dissuader ces rejetés de croire aux âneries des sectaires, de tous ceux qui évoquent le manque d’intelligence afin de dissimuler leur propre peur de la différence.

  • Unknown Member

    Member
    1 décembre 2019 at 2 h 40 min

    Ya rien de mieux que la bienveillance  😉

  • albertnonime

    Member
    1 décembre 2019 at 16 h 58 min

    J’imagine que si on faisait un micro trottoir, le pourcentage de personnes capables d’expliquer pourquoi un avion vole, serait assez faible (J’ai d’ailleurs lu récemment un article expliquant qu’il y a encore de nos jours des études contradictoires sur le sujet).

    Qui sait comment extraire le métal d’un minerai ? qui sait allumer un feu par frottement ? Qui sait tisser, filer la laine, tanner une peau  etc ? Notre société est de plus en plus une société de spécialistes, mais les savoirs essentiels se perdent au niveau individuel. Il y a une génération, chacun savait épouiller et vider un lapin (…).  A part les survivalistes paranos, il manquerait à la majorité l’intelligence naturelle à la survie sans la béquille de la société civilisée. La collapsologie est un sujet émergeant de plus en plus. Si les oiseaux de mauvais augure ont raison, c’est l’intelligence des Faustins qui sera la plus utile, pas l’intelligence collective.

  • Unknown Member

    Member
    2 décembre 2019 at 13 h 32 min

    Albertnoni me   C’est exactement ça !

  • Unknown Member

    Member
    4 décembre 2019 at 8 h 37 min

    Hello. 

    Et si on parlait de la médecine ?

    Même constat. Spécialisation et élitisme. À ceci près que nous entrons dans l’ère de la médecine préventive. Mais pas celle qui annonce des campagnes à la télé.

    Non je parle de celle qui émerge. Qui a toujours été là. Celle, qui fut un temps, nomions religion, croyance, prière…. Ou meditation.

    Bref je veux parler du parent pauvre de la médecine. La psychiatrie. Plus exactement la neuro-bio-génétique, avec une pincée de physique quantique. Si si. Au revoir médecine qui nous a fragilisé avec ces molécules. Médicaments. Merci les labos. (Sans rire, merci Pasteur, Fleming et autre Currie…). Mais une page se tourne.

    De cette médecine curative et spécialisée nous passons à une pratique personnelle adaptée et préventive. Oui. Si l’expression “se rendre malade” est acceptée, “s’auto-guérir” n’est pas encore dans les esprits. Ridicule ?

    Oui ! Comme toute révolution à ses prémices, Ridicule.

    Nous avons en effet un accès direct à notre génome pour nous créer des cancers et autres maladies auto-immunes célèbres. Alors, est-il absurde d’imaginer le Chemin antagonique guérisseur?  Les “miraculés” de tous temps en témoignent malgré eux. Pourtant c’est un fait. Mais ne dites pas ce que je vous écrit ici à Bayer et consorts. Mdr.

    Mieux que moi pour en parler je citerai Joe Dispenza.

    Si ma présentation alambiquée vous a titillé le cerveau droit je vous invite à vous faire votre idée sur le sujet en googlant notre cher ami sus-cité. Éclatez vous.

    PS. Décidément tout ne va pas si mal sur la grande bleue.
    <p style=”text-align: center;”>Bise à tous.</p>
    Alors on change de paradigme ?

  • Unknown Member

    Member
    4 décembre 2019 at 20 h 06 min

    Bonsoir Etienne,

    Je ne manquerai pas de suivre ton conseil à propos de l’histoire de la médecine.

    Merci.

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