Je découvre ce sujet en parcourant le forum, et j’ai envie d’y réagir.
La mentalité du sud, déjà, ça ne veut pas dire grand chose. Le sud, il commence où ? En Corrèze ? En Ardèche ? Il s’arrête à la frontière franco-française ou il englobe le Piémont italien, qui est comme la Catalogne le nord du sud ?
Si on parle de mentalité (c’est le terme qui revient souvent) à propos des gens du sud-est, là par contre je comprends mieux. J’entends sud-est par Provence et Haute-Provence, pays niçois, grassois, Côte d’Azur et Marseille que je vois comme une planète à part, distincte de tout ce qui précède en raison de sa culture métissée qui remonte à l’Antiquité et qui a perduré tout le Moyen Age jusqu’à nous – on va résumer par l’appellation technocratique PACA.
Mentalité définirait un état d’esprit propre à un périmètre géographique donné. Cela inclut culture vernaculaire, rapport à autrui, sociabilité, etc.
Moi, ce dont je peux témoigner, pour être né dans une grande ville des Alpes-Maritimes et avoir évolué tant dans différents arrières-pays de ce département que sur son littoral, et pour avoir ensuite émigré en Haute-Provence où je vis actuellement (à cheval entre Haute-Provence et Dauphiné), ce dont je peux témoigner est que les véritables natifs de Paca ne sont plus légions, et cela date quand même de l’immigration italienne, intervenue dès le début du siècle dernier (mes grands parents en étaient), et dans les années 60, des vagues d’immigration nord-africaine et du rapatriement des Pieds-Noirs. Par la suite, la vocation touristique du sud-est et son climat ont attiré nombre de “migrants” de régions moins favorisées, venus pour travailler et vivre leur retraite, et d’autres régions du monde, pour y monter des business, investir dans l’immo, etc.
Ce long préambule pour dire que quand on parle de mentalité par rapport au sud-est, d’état d’esprit typique au sud-est, gardons-nous de toute connotation d’ordre culturel.
Alors, qu’englobe t-on sous ce terme de mentalité ?
L’esprit frime présent sur le littoral, le goût du paraître, de donner le change quand on n’a pas les moyens d’avoir l’air comme le voisin ?
C’est propre à tous les périmètres balnéaires et c’est lié à l’image de la Côte d’Azur. Et c’est vrai qu’habiter la Côte, terre d’élection des people (c’était vrai il y a 25 ans, moins aujourd’hui) même si c’est dans une studette de 10m² louée le prix d’un T3 dans l’Aude, ça peut donner l’impression d’avoir réussi sa vie et incliner à se faire son petit cinéma. C’est ce que j’ai connu autour de moi et que je vois quand il m’arrive de redescendre vers Nice et Cannes, où j’ai vécu, Grasse et Vence et la côte varoise.
Il y a l’obsession de la propriété, qui dresse un clivage entre propriétaires et locataires, même si les premiers en prennent pour trente ans de crédit pour une cahute en agglos véritables, les seconds seront de toute façons vu comme des losers de passage ; l’obsession de l’héritage, qui vient là encore de la spéculation immo. Les anciens avaient acheté trois poignées de figues des terrains rocailleux pour faire y paître leurs troupeaux, lesquels terrains valant désormais plus cher au mètre carré qu’un champ pétrolifère, les héritiers ont tout lieu de se prendre pour des magnats et les Mercedes, Porsche, Audi et autres joujoux à grosse cylindrée se vendent de ce fait super bien dans les Alpes-Maritimes, le Vaucluse et le Var.
Après, il y a le culte du travail. On en parle sans arrêt. On adore le travail dans le sud-est, on vante les mérites de la “valeur travail” chère à tous ceux qui bossent un minimum pour gagner un max de thune pas toujours très clean. Genre les politiciens, les affairistes, les promoteurs. On aime dire qu’on a bossé, trimé, arqué, même si c’est pour un salaire de base qui est loin de couvrir le coût global de la vie dans cette région, qui est plutôt élevé. Mais ça distingue du chômeur considéré comme une feignasse, et pire, de l’assisté, qui en Paca fait partie des bêtes noires au même titre que l’Etranger.
A ce propos, qu’est-ce qu’exactement que cet Etranger, aux yeux des citoyens z’honnêtes de la région Paca ?
Eh bien, ce seraient, selon ce que j’ai compris, les ressortissants d’une immense contrée ennemie que je serais tenté de dénommer l’Etrangie, qui par des voies un peu mystérieuses se débarrasserait de ses populations surnuméraires pour les implanter d’office sur nos territoires z’ensoleillés où elles vivraient aux crochets de la Société.
Ne sont pas reconnus comme tels les ressortissants anglo-saxons, scandinaves, originaires des Emirats ou de n’importe où, du moment qu’ils disposent de capitaux.
Donc c’est peut-être ça qu’on appelle la mentalité, dans le sud-est. Une inclination au culte du fric et de ses corollaires, la frime, le bling-bling, le moi-je et la spéculation, les bonnes vieilles valeurs de droite tendant par endroit vers les extrêmes, à quoi on ajoutera une tendance à la magouille qui reste velléitaire en-deçà d’un certain seuil de relations, et qui s’étalera insolemment à la vue de tout un chacun dès qu’on peut prétendre faire partie d’une certaine élite – magouilles que le bon peuple applaudira des deux mains en affirmant que tel politicien, tel homme d’affaires médiatisé, est le petit malin qu’on aimerait bien imiter et égaler.