Généralement considéré comme un "bon film", vous, vous n'aimez pas…

  • Généralement considéré comme un "bon film", vous, vous n'aimez pas…

    Publié par fannybellule le 11 octobre 2018 à 12 h 27 min

    Je vous propose ici de contrarier les consensus cinématographiques ! 😉
    L’idée est de proposer votre avis, votre analyse, qui expliquera pourquoi tel film à succès vous a déplu…

    Membre Inconnu a répondu il y a 5 années, 6 mois 5 Membres · 7 Réponses
  • 7 Réponses
  • fannybellule

    Membre
    11 octobre 2018 à 12 h 28 min

    Je ne vais pas me faire beaucoup d’amis, mais …(opinion scabreuse, gros trac !)
    Je n’ai pas aimé Whiplash. Voilà.
    Non, non, pas tout de suite l’attirail de torture pour me faire payer, à tout jamais, l’affront de mon impertinence, pitié !
    Pour détendre l’atmosphère, je vais peut-être commencer par admettre les points positifs dont je lui reconnais le mérite, hein… OK?
    Déjà, il me semblerait malhonnête d’affirmer que Whiplash soit un “mauvais” film (d’où la moyenne), parce que sa réalisation est somme toute très bonne, pas de gros défauts, de belles images, un bon son, un rythme dosé, etc…
    Les moyens actuels promettent au moins une qualité sensorielle respectable de toute façon; quels sont aujourd’hui les films à la réalisation vraiment”mauvaise” en production américaine ?
    Et puis sinon, je dis bravo pour le jeu d’acteur de Jonathan Kimble Simmons, qui interprète de manière assez impressionnante le professeur Flectcher, tyrannique et détestable !
    Enfin, j’en viens à mon dernier compliment : La scène finale du solo de batterie . Esthétiquement, quelle claque ! J’avoue que ces 10 minutes sont superbes.
    Je vous entend d’ici ronchonner, incrédules : “Oui bon alors, il vient ce “Oui…MAIS?!”
    Oui, mais… malgré tout, la magie n’a indubitablement pas opéré sur moi.
    La raison principale, la voiçi:
    Selon moi il manque à ce film le maillon indispensable et précieux pour qu’un film de ce genre (psychologique, drame) puisse être un “bon film”: L’authentique profondeur.
    (Ah ça y est, vous sortez les scies, écarteurs et autres éventreurs ?)
    En fait mon avis commence à se généraliser sur cette dernière décennie, je trouve qu’il y a globalement une nette perte de profondeur dans les films psychologiques américains. Ceux-là même qui pourtant m’ont de nombreuses fois semblé très justes par le passé (Ou se trouvent les Fight Club, Vol au dessus d’un nid de coucou, Donnie Darko? Shining ?)
    Bien souvent la complexité humaine sous toutes ses formes me parait bâclée, ou trop binaire pour être crédible : Les américains ne font pas dans la nuance, question contraste. Ils en font des tonnes (pour attendrir, choquer, ridiculiser) grâce à l’utilisation, quasi-systématique des “ingrédients qui marchent bien” et simultanément ils passent complètement à côté de la subtilité de la psychologies des personnages et des événements. –
    Et puis je suis lasse de ce message très “à la mode” de la réussite sociale, de l’individualisme. “toi-même tu peux réussir, si tu es prêt à tout donner et écraser les autres, car les autres sont tes concurrents, des loups pour toi.”
    “La valeur se mesure à ta rareté, ton degré de sensationnel, de confiance en toi, et de charisme à la manière du “gros connard imbu de lui-même”. Et blablabla…
    Pardon pour le ton sardonique, mais je trouve que ce film empeste littéralement ce que j’appellerai “le culte des idoles” à l’américaine. Et cette vision de la vie s’éloigne grandement de la mienne.
    C’est rigoureusement tout cela que m’a renvoyé Whiplash.
    Un prof non pas juste très autoritaire, mais odieux, morgue…Quelle fatuité ! De l’humiliation, des insultes et autres chaises qui valsent, au nom du charisme je suppose. (mais AUCUN élève qui se rebelle, aucun qui porte plainte? Depuis des années…? Un prof bourrin à souhait qui n’a jamais été viré, ou au moins contrôlé? Mouais. Peu convaincant.)
    Un élève qui se prend au jeu de la performance et de la compétition, bon.
    Mais avait-on besoin d’ajouter des poings en sang?
    Un accident de voiture qui n’arrête même pas le preux garçon, tout obnubilé par sa mission? (une résistance à la One Piece, dites-moi!)
    En effet, Damien Chazelle s’est donné du mal pour faire éclabousser de l’intensité aux personnages… Pourtant je n’ai pas saisi le message de l’histoire, la cohérence (suis-je passée à côté ?)
    Qu’est ce qu’il y a à retenir de leur relation ? Que l’autorité du maître elle nécessaire à son charisme, même s’il dépasse les bornes, car cela est nécessaire pour permettre à l’élève de se surpasser?
    Est-ce au contraire une critique des dérives de la manipulation?
    Est-ce une ode à la folie ou à la faiblesse psychologique?
    Quelle est la position de Andrew face à tout ça au finale?
    Tout ça n’est pas très clair…
    Évidemment, tout ne peut pas être traité dans un film , c’est au réalisateur de donner le ton, le point de vue qui oriente, suggère l’observateur, pour l’aider à cheminer dans son histoire.
    Le souci, c’est que je n’ai perçu aucun parti pris véritable. Tout est vaguement évoqué (Le rôle de l’entourage face au harcèlement, les conséquences d’un traumatisme, la folie des grandeurs, l’impact très complexe d’une personnalité manipulatrice…) mais rien n’a de “matière” à raconter une vraie histoire orientée, même subtilement.
    Pour moi, ce film n’a pas vraiment de substrat, il m’apparaît comme une performance supplémentaire, qui réussit à nous berner à coups d’émotions faciles, de belles images et de dialogues bien placés.
    Et c’est une erreur impardonnable pour moi, lorsqu’on s’attaque à un sujets aussi complexes et potentiellement passionnants à traiter dans le 7ème art : la relation et ses dérives entre le maître et l’élève.

    (copier-coller de mon analyse sur SensCritique)

  • Membre Inconnu

    Membre
    11 octobre 2018 à 12 h 40 min

    Bonjour@fannybellule : Très bonne initiative d’avoir ouvert ce fil qui nous laisse “nager librement à contre-courant”.
    Je n’ai pas regardé Whiplash, donc je ne peux en parler.
    je vais réfléchir à un film 5 étoilé, dont je n’ai aperçu qu’une ou trois étoiles au mieux.
    Au plaisir !

  • astrolabe

    Membre
    11 octobre 2018 à 12 h 59 min

    Je suis d’accord avec toi Fanny! Ce film est bien ficelé techniquement parlant mais l’ambiguïté du point de vue est inacceptable.

    Pour ma part, ce n’est pas un film que je vais critiquer ici mais la série Game of Thrones qui récolte les honneurs partout. J’ai eu beau essayé à plusieurs reprises de regarder cette série (une série aussi bien notée ne peut pas être nulle) je n’y ai vu que nullité technique, vulgarité de porc, histoire minable, cruauté gratuite, bref un dégueulis.

  • Membre Inconnu

    Membre
    17 octobre 2018 à 17 h 32 min

    J’ai détesté l’étrange histoire de Benjamin Button… Et pareil qu’astrolabe, j’ai regardé deux fois la première saison de GOT et j’accroche pas du tout…

  • Membre Inconnu

    Membre
    22 octobre 2018 à 18 h 52 min

    Salut @fannybellule,

    J’approfondirai le sujet un peu plus tard, parce que je trouve ta proposition intéressante et que tu soulèves aussi quelques points qui mériteraient d’être eux aussi examinés. Je tique cependant sur quelques unes de tes affirmations et notamment celle-ci :

    Bien souvent la complexité humaine sous toutes ses formes me parait bâclée, ou trop binaire pour être crédible : Les américains ne font pas dans la nuance, question contraste. Ils en font des tonnes (pour attendrir, choquer, ridiculiser)

    Tu cites plus hauts des films en exemple comme Vol au dessus d’un nid de coucou, Fight Club ou Donnie darko… qui sont américains. Tu fais donc une généralité un peu hasardeuse.
    Il est vrai que le septième art est en crise, justement parce qu’il est de plus plus manichéen ou politiquement correcte, mais je crois que cela ne concerne pas que le cinéma américain. Par ailleurs cela fait déjà presque vingt-ans qu’une bonne partie des bons scénaristes se sont exilés derrière le petit écran (6 Feet Under, True Detective (saison 1), Big Little Lies, Fringe, etc.).
    Il existe toujours un cinéma bis ou d’auteurs (au sens large du terme) qui produit de bonnes choses mais qui, hélas, ne bénéficie pas de réseaux de distribution efficace ou d’une bonne couverture médiatique. Il faut ajouter à cela que la plupart des magazines spécialisés et des critiques ont été éradiqués, au profit du “moi-je”. Un site comme Sens Critique, même si à la base son concept avait de quoi séduire, n’éclaire pas du tout ou peu. Les avis sont rarement argumentés et manquent souvent de distance. J’avais ainsi été dépité par l’extrême indulgence accordée à Fargo (la série) et Outcast. par les fans. Parce qu’il s’agit bien de cela très souvent…
    Les listes de films à thème proposées par le site se basent sur les votes ou le plébiscite ; elles ne tiennent pas compte des défauts ou des qualités filmiques des œuvres. C’est presque toujours des productions très grands public qui les phagocytent. or, quand on vient consulter ces listes, c’est pour essayer de trouver des choses qui nous auraient échappées – du moins, je crois.
    Conclusion, la démocratisation de la critique a finit d’enterrer les créations moins calibrées.

    As-tu entendu parler de Swiss Army Man, par exemple ?

  • fannybellule

    Membre
    25 octobre 2018 à 14 h 16 min

    Salut @jabberwocky !
    Tu soulèves un point intéressant : Il est effectivement possible que la démarche plus pauvre (Au sens non économique du terme^^) ne soit pas l’apanage des films Américains ; en fait je n’en sais rien je suis biaisée par ma connaissance assez limitée des autres (quoique je m’intéresse de plus près au ciné asiatique depuis quelques temps).
    J’en profite pour préciser, les exemples de films américains que j’ai cité devaient illustrer justement un cinéma Américain plus appréciable et de meilleure qualité (à mes yeux), d’il y a 15 ans ou plus (par opposition à un cinéma plus récent)
    Et malgré la généralisation que je fais effectivement, cela n’exclu pas de très belles surprises récentes de films dont l’aspect psychologiques étaient importantes à traiter (j’pense par exemple à Ex machina, The One I Love, Her…)
    Tu évoques le film “Swiss Army Man”. Je dois dire que ce film à parfaitement sa place dans un sujet comme celui-ci ! Ah, ah !
    Il me paraît très improbable de rester indifférent à son visionnage, ce film à -au moins- le mérite de marquer les esprits… Perso, je suis émotionnellement partagée entre le sentiment d’un côté qu’il s’agit là d’un gros bide dégueu et/ou puéril, et de l’autre que c’est un film TRÈS réussi, et juste à plusieurs égards. Il mérite certainement un second visionnage ! (Que j’ai bien envie d’organiser prochainement d’ailleurs)
    SensCritiques à bien sûr pleins de défauts, comme souvent dans les “communautés d’humains”… Avec quelques particularités désagréables quand il s’agit d’un domaine/un lieu un peu “élitiste” dont ce site est un bon représentant, je trouve. L’ambiance est parfois un peu pédante, enrobée d’une rhétorique, d’une littérature qui me semblent surtout présentent pour caresser l’égo.
    Bref, il y aurait un tas de choses à en dire… Et pourtant, je le trouve “pas si mal” malgré tout, en comparaison des sites dits culturels que je connais.
    @soleil : Assez d’accord avec toi sur ce film à priori, n’hésite pas à développer ton analyse si tu es inspirée :p

  • Membre Inconnu

    Membre
    26 octobre 2018 à 16 h 39 min

    Je connais très mal le cinéma asiatique @fannybellule en dehors des classiques japonnais et les production hongkongaises des années 70/80. Je ne sais pas si elles subissent la crise actuelle.

    Je ne suis plus trop au courant de ce qu’il se passe au niveau du circuit des films d’auteurs et du bis depuis une quinzaine d’années. Je sais que beaucoup plus de films sortent directement en DVD qu’avant et que certains ne passent plus qu’à l’occasion de festivals. C’est vrai en France et dans le reste du monde anglo-saxon.

    Comme tu peux t’en douter, j’ai un faible pour le cinéma de genre. Je peux te citer deux exemples de films qui n’ont pas eu de sorties en salle. L’un dispose d’une édition DVD (limitée) et l’autre, non.
    Il s’agit de Je ne suis pas un Serial Killer de Billy O’Brien, et de Tenebrae de Reza Benhadj.

    Le premier titre est signé par un jeune réalisateur irlandais ; c’est son troisième film en 10 ans. Aucun d’eux n’est sorti salle en dépit de la foultitude de prix et de récompenses qu’ils ont reçu. O’Brien est contraint de se limiter au niveau des effets spéciaux et à faire appel à du bénévolat… ou à des complicités (Christopher Lloyd). Son manque de moyen est flagrant. Reste que ses histoires fourmilles d’idées…

    C’est typiquement un de ces réalisateur qui pourrait apporter une patte ou une approche différente du “genre”. Au lieu de cela, on lui préfère des vidéastes issus du clip, de la publicité ou tout simplement, des cinéastes extrêmement formatés (il faut dire qu’O’Brien tient à son indépendance).

    Tenebrae est plus édifiant (j’en parle souvent). Je connais très bien le réalisateur, en outre. Il s’agit donc d’un film fantastique français de 2005 qui lui aussi, a reçu une quantité impressionnante de récompenses. C’est un moyen-métrage en noir et blanc de style expressionniste, qui rend hommage à George Méliès, Jacques Tardi, Tobe Hooper, Franju et Tex Avery (rien que ça !)… C’est un film bricolé avec peu de moyens, mais qui au final n’en souffre pas (voir le passage avec l’anecdote des merguez dans le docu, plus bas).
    Le film n’est jamais sorti en salle, ni en DVD malgré plusieurs tentatives. Le réalisateur n’a jamais plus tourné de films. L’argument qui revenait sans cesse dans la bouche des producteurs étant que la démarche de Benhadj était trop typée…
    https://www.youtube.com/watch?v=57tolNKz3aw
    Dans cette interview le réalisateur balance quelques piques et rend compte des difficultés des jeunes réalisateurs français.

    Je me dis que cette période de disette finira par finir et qu’un jour ou l’autre cette espèce d’aristocratie qui verrouille toute la production du septième art en France, retournera dans le néant dont elle est issue…

    Dans les années soixante-dix / quatre-vingt, il y a avait énormément de petites salles de cinéma en France, qui se risquaient à programmer des productions un peu typées. J’ai même connu l’époque magique où il y avait un film “A” en matinée puis, un film “B” en soirée. J’adorais les “B”, même si les 3/4 n’étaient que des bouses infamantes (- genre, King Kong contre Godzilla le premier n’étant qu’un figurant affublé d’un costume mitée et d’un masque en papier mâché, quant au second…).
    https://www.youtube.com/watch?v=OVwsiIKOBsA
    Attention, ça pique les yeux !

    C’est grâce au programmations tardives que j’ai vu mon premier John Woo (Last Hurra For Chivalry) et que j’ai découvert le giallo.
    https://www.youtube.com/watch?v=iIUas0gFr28

    Tu évoques le film “Swiss Army Man”[…]
    Il me paraît très improbable de rester indifférent à son visionnage, ce film à -au moins- le mérite de marquer les esprits…

    C’est précisément ce que je recherche : des idées, des prises de risques et un regard sur le monde… Même si le film est un peu moyen (comme The Lost de Chris Sivertson), voir carrément raté (comme Bubba Ho-Tep de Don Coscarelli), l’essentiel pour moi se situe dans l’intention en quelque sorte.

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