L’Aurore (Sunrise: A Song of Two Humans) — Friedrich Wilhelm Murnau — 1927
« Un fermier s’éprend d’une citadine aux allures de vamp. Sous l’influence de celle-ci, il décide de noyer son épouse, mais change d’avis une fois sur la barque. Effrayée, la femme fuit en ville. Elle est bientôt rejointe par son mari, désireux de se faire pardonner »
Le premier intertitre annonce : « Ce chant de l’Homme et de sa Femme est de nulle part et de partout : vous pourriez l’entendre en tout lieu et en tout temps ». Ce message à vocation universelle, cette femme, cet homme. Vous pouvez les croiser partout, c’est à la fois vous et moi, c’est tout le monde. C’est personne. C’est hier, aujourd’hui et demain.
Ce film narre l’histoire d’un couple qui se déchire et se reforme, un couple de deux êtres qui s’aiment. Un film sur le couple donc, un film sur l’amour surtout.
L’homme, ici montré en position de faiblesse est envoûté par les charmes d’une femme séductrice, aux allures de vampire venue de la ville. La ville, monde de la nuit, monde la fête, symbole des plaisirs et des distractions nouvelles représente l’attrayante nouveauté de l’inconnu. L’homme torturé, manipulé, est progressivement poussé à commettre l’irréparable. Lui, simple fermier, homme de la campagne (la campagne ici symbole d’une vie calme et paisible, simple et routinière où rien ne change, loin des plaisirs futiles) se laisse séduire par la tentation.
Le doute déchirant entre l’attrait irrésistible d’une histoire passagère et destructrice face à un amour profond et véritable, peut être moins évident mais bien présent. Jusqu’où peut-on aller lorsque l’on est sous l’emprise d’une passion destructrice? L’amour établi, qui a subi et fait face à l’épreuve du temps sera t-il plus fort qu’une brève passion passagère? Jusqu’ou peut-on pardonner par amour?
C’est donc aussi l’histoire d’une reconquête pour tenter de réparer le mal causé. Un film sur le pardon et la rédemption. Comment pardonner l’impardonnable, sans rancoeurs, par amour.
« L’aurore est le plus beau film du monde » disait François Truffaut. Et il ne s’est pas trompé
https://www.youtube.com/watch?v=gCxwl8RM9Us