Répondre à: Les wannabe ou les dangers de l’autodiagnostic

  • Membre Inconnu

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    18 novembre 2021 à 14 h 24 min

    Là où je ne comprends pas, c’est comment quelqu’un comme toi (ou elle) qui, tu l’as démontré pour moi, déploie une pensée rigoureuse, rationnelle, argumentée, construite, peut prêter le flanc à un test qui m’apparaît comme… simpliste, enfantin même, réducteur, et terriblement politiquement correct. Mais peut-être effectivement tu ne fais que t’amuser ? Comme tu le ferais avec de l’astrologie ? Auquel cas tu peux skipper tout ce que j’en dis en dessous :

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    Merci pour les compliments ! Ahem… Bon, bon. Reprenons @azerty_querty

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    Tout est question d’enjeux et de positionnements.

    Quels sont donc les enjeux du MBTI ? Quelles sont les plus-values de ce test ?

    Contrairement au WAIS, je ne vois pas véritablement d’enjeux narcissiques dans le MBTI. Il n’y a pas une frontière chiffrée qui détermine si un individu est ou n’est pas plus efficient ou s’il a un quelconque potentiel. Les 16 personnalités n’ont pas de valeurs en elles-mêmes. Contrairement aux astrologies, le MBTI ne propose pas de prédictions. Il ne se base pas non plus sur le positionnement et l’ascendances des planètes, ni sur un lien spirituel présupposé avec des animaux parfois chimériques (comme dans l’astrologie chinoise).

    Le test se base sur l’observation des comportements et sur des déductions (toutes discutables, je te l’accorde). Cette différence de démarche me semble importante. Comme dans tous les tests il y a un risque d’effet Barnum et de biais, surtout quand ceux-ci ne sont pas cadrés par un tiers. Je passe les aléas de la traduction que tu as dénotés, qui sont propres à la version gratuite du MBTI (j’insiste sur la différence entre les deux versions).

    Le WAIS est à ce compte tout à fait discutable. Exemple : Le module consacré à la culture général comporte 1 question en lien avec la littérature, aucune sur l’Histoire ou sur les Arts (si mes souvenirs sont bons). L’essentiel des questions sont en rapport avec la géographie, la chimie, la physique ou la biologie. Pire, la réponse valide à l’une des questions en lien avec le corps humain est fausse. Je l’ai indiqué, preuves à l’appui, à la neuropsychologue qui m’a fait passer le test ; cela n’a rien changé à mon score. Cela m’a énormément vexé parce que je peux faire preuve d’orgueil – il est vrai, mais surtout parce ce que sa réaction s’est avérée bête et conformiste.

    La question de la douance est peut-être la plus sujette à l’effet Barnum. On le voit à travers les vidéos sur Youtube, les émissions, les séries, les bouquins de vulgarisation, et les commentaires plaintifs qui fleurissent un peu partout sur notre site préféré qui dénotent bien la grande messe que peut produire le sujet. Pourtant, malgré ces dérives, cela ne t’empêche pas a priori de te reconnaître dedans…

    Nous voici rendu à la question du positionnement et de la plus-value.

    Il y a toujours un danger à « croire » des choses et d’en faire consubstantiellement des vérités, puis des certitudes. Il n’y a en effet qu’un pas entre la croyance et la religiosité et un autre encore, pour tomber dans le fanatisme. Je ne fais pas du MBTI une religion. Je n’y « crois » pas. J’observe simplement une démarche que j’estime à la foi amusante et intéressante, même si je coince sur quelques aspects que je ne détaillerai pas. Je considère ce test comme un outil qui peut être plus ou moins adapté selon tout un tas de configurations et de cas de figure.

    En ce qui me concerne, les résultats collent assez bien à ma réalité. Ils ont pointé des forces et des travers sur lesquels je me suis attardé. J’ai trouvé productif le fait de devoir m’observer d’une autre façon. J’ai en effet tendance à ignorer mes émotions et celles des autres. Chez moi l’intellect et les émotions sont relativement scindés ; J’avais… J’ai donc du mal à admettre que les autres rencontrent des difficultés à se désinvestir de leurs émotions dans les débats ou quand ils se retrouvent face à des problématiques.

    Pour des raisons en lien avec mon histoire – et mes névroses personnelles, j’étais persuadé que ma pensée, qui se veut littéraire, n’était pas compatible avec la rationalité et encore moins, avec la rigueur scientifique telles qu’elles sont communément admises. En d’autres termes, je me sentais illégitime malgré la discipline que je m’efforce d’appliquer dans mes raisonnements. Le MBTI a fait voler en éclat ce biais et m’a permis de dépasser cette bêtise à laquelle je m’accrochais (tel un Phtirius inguinalis à sa gonade).

    Ma meilleure amie a passé la version gratuite elle aussi. Ce fut un bide. Elle ne s’y est pas retrouvé et moi non plus, d’ailleurs. Cela ne reflétait pas du tout ce qu’elle est. Elle a pointé sensiblement, les mêmes choses que toi, cela dit en passant.

    Ma femme l’a passé, elle aussi, mais dans son cas, ce fut conforme à sa perception et à la mienne. Il faut préciser qu’elle l’a passé dans un cadre professionnel. Cela a mis en évidence des points forts et des faiblesses, notamment sa mauvaise gestion des rapports avec la hiérarchie. Je ne pense pas trahir sa pensée en disant que cela l’a aidé à prendre un peu plus conscience d’un problème récurrent.

    Je pointe dans ces deux exemples, non pas la différence entre une passation professionnelle et une autre en dilettante – en dépit des apparences, mais plus que le principe même du test n’est pas pertinent, pas adapté, pour tout le monde.

    J’ai consulté les liens que tu me proposes. Le premier me semble excessif et surtout, inexacte. Quand on est face à une question, il n’y a pas deux choix possibles mais 7, allant de « tout à fait d’accord » à « pas du tout d’accord ». Contrairement à ce qui est affirmé, sans aucune nuance, certains psychologues et DRH l’utilisent. Je vois en outre, dans cette charge, une prise de position très pro-comportementaliste à travers les arguments avancés (obsession des statistiques, prise en otage de la science au détriment du pragmatisme et les arguments d’autorité qui vont avec). Je trouve que cet article et assez scélérat dans la mesure où il prête au MBTI une ambition scientifique qu’il n’a jamais revendiquée. Et encore, de quoi parle-t-on avec le mot « science » ? Comme le dit un peu maladroitement le premier témoignage de ton dernier lien, on peut envisager la science autrement que par les chiffres et les théorèmes, à travers une forme d’empirisme rigoureuse et méthodique notamment. Dommage que je ne peux pas, faute de place, rentrer dans le détail de la guerre idéologique et politique qui a cours actuellement, entre les humanités et les sciences dites dures. Mais passons…

    On peut contester en revanche la démarche de récupération et d’interprétation de la théorie de Jung, sur ce point je peux être d’accord.

    J’entends ta méfiance par rapport aux classifications et aux étiquettes. Je crois qu’il n’y a pas grand-chose à répondre à cela. Je pourrais essayer de te rassurer en te disant que ma femme est une ENTP, comme moi, et qu’elle n’est pourtant pas ma copie conforme. Je trouve effectivement sa recette de Paris-Brest à tomber par terre alors que la mienne provoquerait répulsions et haut-le-cœur à un Éthiopien affamé… Alors que je l’ai séduite grâce à mon curry rouge de poulet à l’ananas et aux agrumes !
    Bref les étiquettes ne me gênent pas, à condition bien sûr qu’elles ne soient pas collées à la cyanolite.

    La Chouette se contredit, le MBTI est simpliste ? Et après ?
    Je plaide pour un droit à l’erreur, à l’approximation et à l’errance – même si je suis le premier à les pointer quand je les relève. Tu évoques à plusieurs reprises C. G. Jung. Je trouve que ses concepts d’archétype, d’inconscient collectif et de subconscient sont prometteurs ou pertinent. Je suis beaucoup plus circonspect par rapport à ses études anthropologiques que j’estime assez laborieuses et même un peu tirées par les cheveux (que je n’ai plus). Quant à ses interprétations des rêves que dire ? Que dire à part « au secours » ? On est là, face d’une prose délirante, presque comique, qui laisse pantois…
    Faut-il pour autant tout rejeter : l’eau du bain et le cul de la crémière ?

    C’est encore la question du tri qui vient se poser et celle de la liberté critique.

    Pire, dans l’article, sauf erreur de ma part, elle dit en substance que quand bien même le MBTI ne serait pas fiable, mais que ça aide des gens, où est le mal ? Attends un peu là… mais, mais, c’est le même argument qu’emploient les wanabee et qu’elle dénonce dans l’article initial de ce fil : “je ne suis peut-être pas HP, et alors ? Où est le mal, si ça m’aide à vivre ? Je ne fais de mal à personne”… or tout l’objet de ce fil est de démontrer que si, ils font du mal aux HP autant qu’à eux-mêmes.

    Les enjeux ne sont pas les mêmes. Le MBTI est un outil qui n’est pas parfait – voire défaillant, qui peut s’avérer effectivement ludique pour certains (dont je fais partie) et dont on peut tout à fait réfuter l’intérêt ou le sérieux.

    Les conséquences d’un test MBTI mal fait ou insatisfaisant sont nulles. Il n’y a pas d’enjeux à être INTP plutôt que INFJ. Se tromper de profil ou se déclarer arbitrairement ENTP n’a pas de conséquences sur les vrais ENTP – si tenté qu’ils existent.

    L’autodiagnostic de la douance engage d’autres conséquences. Cela galvaude un concept qui demeure encore mal définit par l’ensemble des sciences (neurologie, psychologie, psychanalyse, psychiatrie, etc), comme l’atteste d’ailleurs le blog « Over the 130 » dont je t’ai communiqué le lien ou même, le dernier ouvrage de Carlos Tinoco que tu as lu. Il peut masquer ou travestir une pathologie plus ou moins grave, comme la dépression chronique, la bipolarité, la névrose, l’érotomanie, etc, et même la schizophrénie. Il banalise un phénomène et une population minoritaire qui, en raison de sa singularité, peut se retrouver paradoxalement dans une logique d’échecs ou en proie à un environnement inhibant. Etc.

    Tu dis que, je te cite, « Pire, pour la personne concernée, qui veut croire à cette catégorisation, la cumulation de l’effet barnum décrit plus haut avec la tentation d’y croire, peut la pousser, par biais de confirmation et rationalisation, à se conformer à/s’étrécir dans son ‘type’, et à gommer tout ce qui chez elle entre en dissonance avec lui. »

    Personnellement, il me semble énormissime qu’une personne puisse s’inhiber à ce point ou qu’elle calque son comportement (durablement) sur le profil MBTI qui lui est désigné. On retomberait dans ce dernier cas, dans un phénomène de « croyance » pathologique, tel que je l’ai vaguement défini plus haut. Dans la logique qui est la mienne, quelqu’un pourvu d’un tel degré d’inexistence ou de vide ferait religion avec n’importe quoi de toute façon (une star de la chanson, une équipe de foot, les enfants indigo, le Ku Klux Klan, la sociologie, le concept de HPE et même du pastafarisme).

    J’ai de surcroît trouvé les questions biaisées, mal formulées, je ne savais souvent pas quoi répondre car je n’étais d’accord avec aucun des deux pôles (axes de réponses). Moi, très souvent, je voudrais prendre la verticale de cette horizontale, pour reformuler la question.

    Je crois t’avoir prévenu que les questions étaient mal traduites sur la version gratuite. D’ailleurs il y a un test qui est utilisé pour la détection des autistes aserger qui encore plus mal traduit et mal formulé. Une fois de plus le questionnaire sert d’outil ; il n’a qu’un crédit très relatif, voire pas de crédit du tout. Ses résultats ne valident ou n’invalident pas un diagnostic. Il sert juste à pointer des traits qui pourraient être oubliés au cours de l’anamnèse.

    Là encore (et toujours), ce sont les questions du discernement, de la distance et de l’investissement qui émergent.

    Ça ne veut pas dire que je ne me suis pas bien amusée, puis le site est très plaisant graphiquement, mais perso., je trouve cette catégorisation plus pratique pour créer des personnalités ‘stylisées’ de personnages de fiction, et les rendre accessibles/crédibles auprès du public, afin de générer le processus d’identification du spectateur, que pertinente dans la vraie vie.

    Alors ça, ce n’est vraiment une bonne idée ! Je suis très sérieux. Cela pourrait m’être utile dans les nouvelles que j’écris de temps à autre. Il faudra que je fasse l’essai…

    more later… (j’ai le sentiment que j’en aurai jusqu’à Noël à te répondre sur tous tes points)

    Tu parles de Noël 2023, je suppose… 🤪

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