Répondre à: Les wannabe ou les dangers de l’autodiagnostic

  • Membre Inconnu

    Membre
    8 novembre 2021 à 15 h 04 min

    Je remarque juste que sur ce type de questions, les posts sont souvent plus emprunts d’émotionnel que d’argumentaire.

    Peut-être aussi, mais là ça se discute carrément, peut-on arguer que moins on a de recul sur un sujet (un HP analysant sa propre douance), plus il est difficile de prendre en compte tous les paramètres et élaborer une réflexion ample.

    De là à dire que seuls des typiques pourraient parler de la douance, ce serait complètement absurde et je m’en garderais bien. Mais peut-être que justement, discuter de la douance avec toute personne concernée par le sujet, qu’elle soit HP ou non, pourrait pallier ce manque de recul ?

    @azerty_querty

    Cela me fait penser à un vieux débat anthropologique (que je trouve stérile, au passage) entre les adeptes de l’anthropologie structurale et ceux de l’anthropologie immersive. On a longtemps tenu un procès à l’encontre d’anthropologues comme Edward Sheriff Curtis sur la base qu’ils ne pouvaient pas comprendre les problématiques amérindiennes – puisqu’il était de culture américaine – et que ses efforts (apprentissages des conventions, langues, mœurs, etc.) ne le préservaient pas de toutes tentatives conscientes ou inconscientes d’influences sur les autochtones. C’est sur cette base que les structuralistes ont critiqué les photographies et les écris de Curtis, en ajoutant que ses témoignages étaient en plus très engagés.

    Même si je ne suis pas d’accord avec la démarche globale des structuralistes (et que j’adore le travail de Curtis), force est de reconnaître qu’un occidental ne peut pas appréhender complètement une tournure d’esprit aussi éloignée que celle d’un Sioux et que son témoignage sera certainement biaisé, voire idéalisé (dans ce cas précis).

    A partir de ce principe, j’imagine mal qu’un “voyant” puisse se mettre dans la peau d’un aveugle et donc, qu’un normo-pensant puisse saisir les préoccupations, les besoins, les manques, les perceptions, etc, d’un HP.

    Parler de la douance, dans le contexte actuel, avec des normaux-pensant, est d’autant plus compliqué qu’il y a ce fameux effet de mode qui d’emblée fausse les débats dans lequel se larve des enjeux narcissiques. Je passe sur les diagnostics de complaisance, la sur-identification du Haut Potentiel* et les faux diagnostics. Je vois mal comment on peut, à ce compte-là, discuter avec de la hauteur et du recul.

    * Ma petite femme (qui fait quand même 1,79 m et qui est plus grande que moi) m’a envoyé ce lien, sur ce sujet : https://revueduzebre.com/quebec-des-neuropsychologues-alertent-contre-la-sur-identification-de-la-douance

    “Nous sommes bien, à travers l’inventaire de ces détails sémantiques ou rhétoriques, dans une méta discussion dont le but est de mettre en exergue les enjeux politiques.”

    Oulà, ça je sens que c’est bien, mais je t’avoue que tu m’as un peu perdue. De quoi parles-tu exactement ? Peux-tu développer ?

    Ce que j’essaie de dire, c’est que derrière les mots et les formules (etc) se cache souvent des motivations économiques, politiques et narcissiques.

    – Certains néologismes (comme le HPE) ou détournement de sens (comme l’empathie ou l’hypersensibilité) servent à vendre des bouquins, des stages, des consortiums, des thérapies, etc.
    – L’idée de surdouance dérange. Elle bouscule certaines convictions basées sur des idées reçues ou une forme dévoyée d’universalisme. Aux Etats-Unis et en France (par le biais de La France Insoumise), on se pose la question d’interdire le WAIS parce ce que la douance impliquerait une hiérarchie entre les individus et que cela pourrait nourrir des velléités suprémacistes.
    – La captation du débat par tout et n’importe qui nourrit le narcissisme et l’individualisme voulus et entretenu par la société de consommation. Etre possiblement HP, HPE, Hyperbisounours, TDAH-Tsoin-Tsoin ou Asperger du Blayais peut procurer un sentiment d’appartenance et de communautarisme. Cela provoque une tour d’ivoire ou un quant-à-soi, une pseudo expertise qui permet de justifier et cimenter un déni d’altérité.

    “Je pense que c’est le produit d’une connexion neuronale hors norme et d’une « culture » individuelle – j’entends par « culture », la fructification de connaissances. Si la première autorise et agit sur la seconde, je doute que l’inverse soit vrai. Ce qui est exacte, cependant, c’est que le câblage seul ne fait pas la douance.”

    Ton opinion est intéressante, mais où sont tes arguments ? Je suis curieuse de les entendre, d’autant qu’en ce qui concerne la mienne, exposée dans mon 1er post, il est bien entendu que bien sûr, je n’ai aucune preuve non plus, ni toutes les données actuelles sur le problème, je suis dans la spéculation pure.

    Mazette ! Cela devrait faire l’objet d’un long paragraphe ou d’une très longue digression. Pour faire court, mon point de vue se base sur une logique qui associe psychanalyse, psychiatrie, anthropologie, épistémologie et observation clinique. A l’instar de ma chérie qui est en train d’étudier certaines perversions, je parts du trauma (et de l’étude structurelle des cauchemars). J’ai observé comment et pourquoi des individus parvenaient à les dépasser alors que d’autres décompensaient. Quand il y a un trauma, certaines personnes vont faire preuve de créativité ou devoir inventer des stratagèmes pour pouvoir verbaliser (matérialiser) et donc agir sur leur souffrance. Je pense que c’est principalement pour cette raison que les HP ne peuvent pas décompenser : leurs capacités ou leur potentiel sont renforcés par les traumas ou les épreuves auxquels ils sont confrontés. Dans cette logique, je pense qu’un HP qui n’a pas ou pas eu l’occasion, pour X ou Y raisons de se confronter à des problématiques de ce type ou qui n’aura pas eu la possibilité d’évoluer dans une environnement stimulant, sera moins efficient qu’un HP confronter à toutes ces formes d’inconforts.
    La culture de l’intelligence – sa fructification – nourrie la terre sur laquelle elle se fait.

    J’espère que je ne suis pas trop alambiqué dans mon raisonnement.

    (A Suivre 3)