Répondre à: Les wannabe ou les dangers de l’autodiagnostic

  • Membre Inconnu

    Membre
    5 novembre 2021 à 19 h 33 min

    Quelques pensées sur ce que je viens de lire .
    D’abord, pour moi, un HP n’est ni au dessus ni en dessous des autres, il est juste à côté. Toujours humain, déjà martien.

    @azerty_querty Je vais me faire l’avocat du diable (en même temps, quoi de plus normal pour un ENTP ?). On est d’accord que HP veut dire, Haut Potentiel. Le potentiel qualifie quelque chose qui est en puissance ou en devenir ; c’est d’ailleurs pour cette raison que l’idée de HPE est un non-sens. On n’a effectivement pas un « potentiel » d’émotions. Tout ceci me fait dire que le débat sur la supériorité des HP n’a pas lieu d’être. Je pense qu’il s’agit d’un Cheval de Troie dans lequel cohabitent plusieurs généraux Grecs. Il y a en effet la bonne vielle culpabilité judéo-chrétienne qui s’affole dès que l’on a le malheur d’envisager une hiérarchie entre les hommes, d’autres contenus névrotiques (trop long à détailler) et surtout, une volonté plus pernicieuse, plus commerciale dirons-nous, de brader la douance. Je ne dis pas que relativiser le chiffrage du QI n’est pas sain, pas plus que de poser des garde-fous contre d’éventuelles velléités suprémacistes, mais que les HP n’ont pas à culpabiliser de ce qu’ils sont.

    Je ne suis pas heurté à l’idée d’être moins efficient ou moins intelligent qu’un 145 ou 150 de QI. Ce n’est pas cela qui détermine mes qualités humaines et a fortiori, la pertinence ou la fragilité de mes idées. Je ne parle même pas de ma propension à être heureux.

    Pourquoi donc, dans cette logique, ne pas admettre qu’il y ait des gens plus « capables » que d’autres, puisque que c’est bien ce que veut dire « le haut potentiel » ?

    Je me méfie des formules comme celle que tu as utilisée parce qu’elles reviennent à nier les problématiques qui peuvent s’agréger à la douance comme l’inadaptation sociale ou les traits autistiques de défense. Je ne dis pas que c’est ce que tu fais consciemment, mais que c’est typiquement le genre de formule, par trop bienveillante, que j’entends de la part des banalistes. Les banalistes étant ceux qui veulent croire que la douance est strictement culturelle et qu’elle peut être provoquée.

    Tu me diras, à juste titre, que mon laïus est pareil au tien à quelques nuances près. Mais mes nuances se veulent plus radicales que les tiennes parce que je crois que la reconnaissance de l’adulte surdoué est en danger à cause, aussi, d’une forme de politiquement correct.

    Et en ce qui concerne la douance, je pense qu’on n’est décidément pas doués du tout pour bien les poser, les questions probablement parce que ça nous touche de tellement trop près ! Je vous mets ici une citation du trio Tinoco/Gianola/Blasco qui me parle beaucoup :
    “La douance, c’est là où les “surdoués” cessent de l’être.”

    C’est ça que j’entends par « formule toute faite ». Je ne vois pas pourquoi les HP seraient moins aptes à discuter de douance (entre eux). Malgré l’amitié et la gratitude que j’ai à l’endroit de Tinoco, je trouve sa citation creuse parce que lui-même s’est entouré de deux autres surdoués pour écrire son essai. Donc d’un côté, la réunion de surdoués génère de la bêtise et, de l’autre, elle engendre ce qu’il appelle lui-même, « l’effet drapeau ».

    Il y a plein de bonnes idées dans la démarche et les écris de Tinoco, mais il y a aussi des facilités, une certaine méconnaissance du protocole neuropsychologique et des biais liés à son histoire familiale (et des idéaux qui se sont construits sur ce terreau).

    J’entends les arguments pour et les contre, et honnêtement, je comprends les deux points de vue, les arguments sont solides des deux côtés.

    Ben moi je ne trouve pas. Cela revient à niveler l’expertise et, une fois de plus, les individus.

    Imagine. Je me pointe à la CAF et je dis : « Bonjour, je suis aveugle parce que c’est ma propre expertise et ma « sensibilité » qui le disent. Je voudrais maintenant des allocations.».

    Nous sommes précisément les victimes passives du règne du « Moi je ». Toutes les vérités individuelles sont depuis trop longtemps, légitimes et vraies. Il n’y a pas un réel, mais plein de réalités. Or une société qui n’a pas de jalons, qui refuse le débat, avec toutes les violences et les deuils qu’elles engendrent, est condamnée à végéter. La création et les progrès sont les produits de conflits, de renoncement, de travail et de clivages autant de mots qui n’ont pas lieu d’être dans les sociétés hédonistes comme la nôtre.

    Nous sommes bien, à travers l’inventaire de ces détails sémantiques ou rhétoriques, dans une méta discussion dont le but est de mettre en exergue les enjeux politiques.

    Ils (Tinoco et les deux autres) émettent l’hypothèse que le fonctionnement en mode HP (cette autre façon d’être au monde) pourrait être un choix (plus ou moins conscient), plutôt que la résultante unique d’une connexion neuronale atypique. L’un n’excluant pas l’autre !

    Je ne suis pas d’accord avec eux.

    Je pense que c’est le produit d’une connexion neuronale hors norme et d’une « culture » individuelle – j’entends par « culture », la fructification de connaissances. Si la première autorise et agit sur la seconde, je doute que l’inverse soit vrai. Ce qui est exacte, cependant, c’est que le câblage seul ne fait pas la douance.

    …Qu’un typique pourrait fonctionner en mode atypique et vice-versa, que le choix ne se fait pas une bonne fois pour toutes et on n’en parle plus, mais constamment, à chaque instant, pour chaque décision à prendre.

    Pareil, je conteste cela.

    Je suis un homme. Je pense naturellement comme un homme c’est-à-dire, à travers ma condition masculine. Je pense comme un homme, parce qu’il y a aussi une culture masculine (fruit de la condition masculine) et que je l’ai intégrée. Même si ont peut contester l’importance de ces deux facteurs, ils n’en demeurent pas moins réels.

    Je ne suis pas une femme. Je ne peux pas penser le corps ou la biologie d’une femme qui conditionne la femme. Même si je connais la culture féminine, je ne peux pas l’intégrer. Je peux à la rigueur reconnaître l’altérité féminine et essayer d’écouter ce que dit une femme d’elle-même et de ses ressentis, je peux appréhender le monde qui compose une femme, mais je ne pourrais jamais le vivre réellement comme elle le vit.

    Un homme, une femme, c’est l’adition d’une Nature et d’une Culture.

    Il en va de même pour les surdoués et les autres.
    Un neurotypique ne pourra jamais fonctionner avec la tournure d’esprit d’un HP, et inversement, même s’il y a une porosité entre les deux façons d’exister.

    La négation de la Nature, ou du naturel, est symptomatique des logiciels progressistes ou humanistes modernes (Le fameux, “On ne nait pas femme, on le devient” de De Beauvoir en est une illustration). Or Carlos Tinoco est un libéral de gauche qui ne se rend pas compte que sa réflexion est parasitée par ses convictions politiques. Je me permets de dire cela sur la base de notre fréquentation.

    Je ne juge pas ses idéaux. Je m’en fous à vrai dire. Je dis juste qu’ils parlent à travers ses propositions et que cela peut constituer des biais.

    ..Des liens avec les connexions neuronales ? idem, on sait pas.

    Si, depuis on sait. Les IRM ont mis en évidence des différences éloquentes entre HP et neurotypiques. Un jour les IRM remplaceront le WAIS et il n’y aura plus de polémiques.

    Pour le reste, je suis d’accord.