Répondre à: Faut-il en vouloir aux "normaux-pensants"

  • cinematographe

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    2 août 2020 à 1 h 55 min

    “Les premières joutes équestres apparurent en France dès le XII<sup>e</sup> siècle. À cette époque, les armures de plates n’existaient pas, les chevaliers étaient vêtus d’une cotte de mailles, d’un casque et d’un écu long en forme de goutte d’eau. Il n’y avait pas de lice pour protéger les concurrents qui s’élançaient et se faisaient parfois face en mêlée. Le risque de blessures graves était très important car les chevaux et les cavaliers pouvaient s’entrechoquer de face et très violemment en plein galop.

    L’Église bannit rapidement ces épreuves de tournois et de joutes. Les papes s’y opposèrent personnellement dès 1193. Certains souverains les interdirent, appréhendant les rassemblements de bandes armées rivales sur un même lieu pendant plusieurs jours. Au XIII<sup>e</sup> siècle, l’équipement s’améliora, les jouteurs portèrent désormais un grand heaume et le bouclier devint plus petit mais les cavaliers se croisaient sans séparation. Les accidents mortels étaient très nombreux et des règles commencèrent peu à peu à s’instaurer. Les armures de plaques firent leur apparition fin XIV<sup>e</sup>, elles commencèrent à se spécialiser. Les armures de joute étaient plus lourdes et moins articulées que celles de guerre, elles pesaient environ 30 kg, et pouvaient aller jusqu’à 45 kg à partir de la fin du XV<sup>e</sup> siècle<sup id=”cite_ref-1″>1</sup>. Un cavalier en armure n’était pas capable de monter à cheval. Il se hissait parfois à partir d’une sorte de marchepied et son écuyer l’aidait juste à mettre le pied à l’étrier car avec un heaume, il était impossible d’avoir une vision rapprochée à moins de deux mètres devant soi. La vision de proximité était très réduite.

    En mai 1389, le roi de France Charles VI se distingua lors d’une joute équestre. Froissart, qui nous rapporte ce fait, est peut-être complaisant. Charles VI n’en est pas moins un authentique passionné et un jouteur plutôt solide. Il transmit le virus à sa descendance. Les compétitions pouvaient durer plusieurs jours et même des semaines entière. En mai 1390, les joutes équestres à Saint-Inglevert durent tout le mois.

    À partir de 1420 environ, une barrière, la lice, apparaît en Italie, principalement pour des raisons de sécurité. Les chevaliers galopaient alors le long de cette lice en sens inverse, chacun ayant la barrière à sa gauche. Initialement, il s’agissait d’une toile tendue sur une corde. Elle fut rapidement remplacée par une solide barrière de bois d’au moins 1,5 m de hauteur<sup id=”cite_ref-2″>2</sup>.

    Les lances sont également sécurisées par un rochet, ce qui les empêche d’entrer dans la vue d’un heaume. Contrairement à une idée reçue, l’objectif du jouteur n’était pas de faire chuter son adversaire. Pour être déclaré vainqueur, il fallait briser le plus possible de lances sur l’armure des autres jouteurs. En cas d’égalité, la longueur du morceau brisé permettait de départager les deux chevaliers. La dangerosité de ce sport nécessitait bien des adaptations, tant au niveau des armures qu’au niveau des lances. Elles évoluèrent également et devinrent de plus en plus lourdes avec une garde et une arrière main qui faisait office de balancier.

    Progressivement on ne jouta plus avec un bouclier, mais avec un simple manteau d’armes rivé sur l’épaule gauche. Il était strié pour favoriser la casse de la lance au moment de l’impact.

    Activité bien moins violente que le tournoi, la joute équestre fut toutefois la cause d’un nombre important de morts et de blessés. Le <time datetime=”1515-02-25″ data-sort-value=”1515-02-25″>15 février 1515</time>, un mort fut à déplorer à l’occasion d’une joute équestre donnée en l’honneur de l’entrée de François I<sup>er</sup> à Paris. Le roi de France était un passionné et y brilla durant sa jeunesse.

    C’est surtout au XVI<sup>e</sup> siècle que les armures devinrent très perfectionnées, ce qui n’empêcha pas Henri II d’être mortellement blessé par son capitaine de la garde écossaise.

    Le <time datetime=”1559-06-11″ data-sort-value=”1559-06-11″>1<sup>er</sup> juin 1559</time> marqua le début des jeux donnés à Paris après la signature de la paix du Cateau-Cambrésis. Ces festivités sportives durèrent tout le mois de juin et comprenaient notamment des joutes équestres. Le 30 juin, le roi de France Henri II fut mortellement blessé au cours d’une joute équestre, signant du même coup l’arrêt de mort des tournois, des joutes équestres et des autres pas d’armes en France. Les épreuves équestres à la lance furent remplacées par des jeux d’adresse martiaux, la quintaine et le jeu de l’anneau ainsi que par divers jeux de simulacres tels que les carrousels.

    Antoine de Pluvinel enseigna l’art de la joute au XVII<sup>e</sup> siècle à Louis XIII. C’est l’un des rares recueils où l’utilisation de la lance et des angles d’attaques sont clairement expliqués.”