Notre enfant intérieur – Psychanalyse – Névrose

  • Notre enfant intérieur – Psychanalyse – Névrose

    Publié par hanae le 30 juin 2020 à 15 h 22 min

    J’ai repris le livre de Raymonde Hazan « Le secret du surdoué » car il y a un sujet qui me tarabiscote.

    Selon elle, certains psychanalystes abordent la surdouance comme étant une névrose, sachant selon Lacan « Tout adulte blessé n’aura de cesse de vouloir retourner dans le monde de la mère ». Et il suffit de faire grandir l’enfant pour annuler les conflits intérieurs.

    J’aimerais savoir pourquoi est-ce qu’on dit qu’un surdoué est un adulte dont le petit enfant à l’intérieur de lui-même ne veut pas grandir. Quel est le danger de vouloir résoudre ces conflits dans une analyse, dans quelle mesure cela risque de faire plus de mal ?

    Elle parle d’« agoraphobie » ou du syndrome d’« Alice au pays des merveilles » et du fait de ne plus se reconnaître dans le regard de son entourage. C’est bien ce qui s’est produit pour moi, mais plus de l’ordre de la phobie sociale. Comment en arrive-t-on là ? Est-ce à force de porter un masque qui ne nous correspond pas qu’on finit par être une personne que les autres ne supportent pas ou bien est-ce juste une projection de leur part. En fait, on se sur-adapte pour notre entourage pour finir par être malgré tout rejeté au final…

    Est-ce que Raymonde Hazan est la seule à émettre cette hypothèse ?

    Comment vous projetez vous par rapport à cet enfant intérieur, avez-vous l’impression d’être parfois trop enfantin ou au contraire trop mature ?
    Pensez-vous qu’il n’y a rien à faire pour devenir un adulte à part entière ?

    Ce n’est pas une discussion qui a pour but de polémiquer telle ou telle pratique thérapeutique mais d’analyser et de comprendre en détail le fonctionnement de l’enfant et de l’adulte surdoué dans son processus de “régression” au monde de la mère et comment il peut en sortir grandit.

    Les retours d’expériences personnels ou professionnels sont les bienvenues.

    hanae a répondu il y a 3 années, 9 mois 3 Membres · 12 Réponses
  • 12 Réponses
  • hanae

    Membre
    30 juin 2020 à 15 h 36 min

    Egalement, pensez-vous qu’une psychanalyse ou une thérapie spécialisée HP permettre de neutraliser le faux self et que l’on puisse de la sorte se montrer pleinement soi auprès des autres ?

  • Membre Inconnu

    Membre
    30 juin 2020 à 15 h 46 min

    Bonjour @Hanae et merci d’avoir ouvert ce sujet.

    En réponse préliminaire, il faut bien se rendre compte que la question que vous posez demande l’étude d’un cas précis, avec justement un observateur impartial pour juger sur la situation. En effet, lorsqu’il y a affect, qu’une ou des parties sont touchées émotionnellement ou sentimentalement parlant, il est fréquent que l’on ne puisse plus se fier à leur sens du jugement.

    Maintenant, pour faire une simple analogie : imaginons une personne affamée. Quelle sera sa réaction lorsqu’elle verra quelqu’un s’empiffrer goulûment tandis que peanuts pour elle ? Eh bien dans le fait d’être heureux dans la vie, c’est la même chose. Quelqu’un de malheureux ne supportera nullement cette outrecuidance que peuvent avoir ces fourbes qui osent être heureux en face d’eux (tandis que eux sont malheureux).

    Dostoievki a dit quelque chose du genre (je paraphrase car je ne me rappelle plus ses mots exacts; l’important n’étant pas ce qu’il a dit, mais l’idée à en retirer) : il y a sur terre l’enfer et le paradis. L’enfer étant pour ceux qui ne savent pas aimer. Le paradis étant offert à ceux qui savent aimer.

    Pour ce cas que je qualifierais de “pseudoagoraphobie” (car ce n’en est pas vraiment), j’ai connu maintes personnes qui selon leurs dires souffraient des foules. Dans certains cas il s’agissait d’un traumatisme de l’appareil auditif, dans d’autre d’une hypersensibilité, dans d’autre une sorte de rejet de l’humanité par perte de confiance (excès de mauvaises expérience, et pas assez de bonne sembla t il). Je n’ai pour ainsi dire jamais constaté de véritable agoraphobie. Et dans certains cas, il a suffit juste d’accompagner pour pratiquer avec confiance. Aller vers les gens. Leur parler. Constater à quel point ils sont courtois et bien aimable. La pratique. L’expérience positive.

  • Membre Inconnu

    Membre
    30 juin 2020 à 15 h 53 min

    Votre dernière question a du apparaître tandis que j’ai écrit.

    Pour cette simple question (merci à @Byaku pour avoir indiqué comment faire les citation) :

    pensez-vous qu’une psychanalyse ou une thérapie spécialisée HP
    permettre de neutraliser le faux self et que l’on puisse de la sorte se
    montrer pleinement soi auprès des autres ?

    Déjà, je pense qu’un suivi “HP” (ou équivalent) n’est qu’une couche supplémentaire par dessus un suivi général. Pour ainsi dire, la prise en compte d’une spécificité. Et le risque, à vouloir neutraliser un “faux self”, c’est de remplacer ce “faux soi” par un autre “faux soi”. (cas déjà expérimenté) Je pense qu’il y a plus un traitement en profondeur qui inculque la compréhension de soi et du monde. Pour ainsi dire, les interactions que l’on a les uns envers les autres. Souvent, proposer une autre perspective permet de dédramatiser, soulager, apaiser, et se recentrer sur l’essentiel dans la vie.

    Voilà pour ce que j’en pense.

  • hanae

    Membre
    30 juin 2020 à 16 h 06 min

    Merci pour ton témoignage 🙂

  • Membre Inconnu

    Membre
    30 juin 2020 à 17 h 33 min

    @Hanae

    “À force de porter un masque qui ne nous correspond pas, on finit par être une personne que les autres ne supportent pas. En fait, on se sur-adapte pour notre entourage pour finir par être malgré tout rejeté au final.”

    J ‘ai modifié la question en affirmation car je connais ça par chœur.

    Or mes amis m’ont suffisamment fait de reproches à ce niveau là qu’il a bien fallu que je travaille dessus. Et le masque (les masques), j’ai appris à m’en servir à bon escient. Je suis moi-même (en tout cas ce que j’arrive à en montrer) quand il y a enjeu relationnel personnel (amis, famille, …), je deviens l’adulte et tout est serein.

    Dans le monde, j’ai des masques, je le trouve factice ce monde, ces gens avec leurs masques, le personnage qu’on leur a dit d’être. Moi, je joue avec. Et du coup, c’est mon côté enfant qui s’amuse, “on jouerait à faire les courses” : je suis d’une politesse enfantine exagérée avec les vendeurs ou caissières. Des trucs comme ça. Je passe pour un doux-dingue parfois, ça me repose que de passer pour le mec qui réfléchit trop tout le temps. C’est bien de devenir soi-même, indispensable. Mais il faut savoir continue à jouer, et jouer c’est entrer comme un gosse dans un personnage. Il faut comprendre quand on joue ou quand on ne joue pas.

    C’est parfois pas très simple mais ça s’apprend. D’où l’importance de savoir ménager solitude et sociabilité, trouver son équilibre.

    Et comprendre que les gens qui t’aiment t’aiment aussi (surtout) sans ton masque.

  • hanae

    Membre
    30 juin 2020 à 19 h 09 min

    Merci pour vos réponses à tous.

    @Yugen , merci pour la vidéo, en effet le système est mal foutu, il est évident que dans les universités on devrait apprendre toutes les disciplines thérapeutiques et c’est aussi à partir d’approches différentes que l’on peut tirer des enseignements et de nouvelles théories. Ils poursuivent avec des thérapies qui ne prouvent pas leurs efficacités car la psychanalyse a le monopole dans le domaine de la santé mentale, c’est comme pour tout le reste, il faut se battre contre les plus puissants pour se faire entendre, mais ça viendra. Du coup il est nécessaire d’avoir le recul suffisant pour se former ensuite à la discipline qui nous parait la plus sensée.

    Ce n’est cependant pas très rassurant pour moi qui suit une psychanalyse basée sur l’interprétation des rêves. Après j’y trouve du réconfort, peut être que le fait de parler me permet de régler des conflits internes. De plus je n’adhère qu’à ce qui me parle, et pour le reste l’inconscient prend ce qui est bon pour lui. Ce n’est pas évident de trouver un thérapeute avec qui on se sent en confiance et qui nous fait avancer. Tant que ça fonctionne pour moi je me dis que je suis sur la bonne voie, pour une fois je suis mon instinct. Et puis il y a l’auto-formation avec la lecture et la fréquentation intellectuelle comme ici qui permet d’apprendre des choses.

    @paradox tu penses alors qu’on ne peut pas se débarrasser de son faux self, tu le modules en fonction de ton environnement. Ça ne t’épuise pas à force ? Car moi je n’y arrivais plus, je crois qu’au final j’ai fini par me perdre.
    Que se passerait-il si tu n’avais plus de faux self selon toi ?

  • Membre Inconnu

    Membre
    30 juin 2020 à 20 h 42 min

    @Hanae

    C’est plus nuancé. Je dis aussi qu’avec les amis et parfois la famille (je les vois pas souvent), je suis moi. Et je me laisse aller à être moi-même avec des marginaux-tarés, le manque total de jugement permet de se libérer.

    Mais je continue à mettre des masques dans la société, mon côté caméléon est indécrottable. Seulement j’ai appris à jouer avec. Ça n’empêche pas de dire ce qu’on pense par moment, au bon moment, par touches pertinentes : on apprend en pratiquant et en ayant pas peur de se prendre des remarques ou reproches, voire des gros vents. Le ridicule ne tue pas, donc nous rend plus fort.

    Là où je m’en sors, où je trouve un équilibre, c’est que j’alterne : différents masques, moi-même entre ami, et des vastes moments de solitude, soit d’introspection, soit de travail créatif et manuel. Savoir se recentrer sur soi est le meilleur moyen d’être bien avec les autres.

    Prendre conscience de son faux self ne veut pas forcément dire que l’on s’en libère mais on peut mieux le maîtriser. Moi je joue avec, c’est mon côté gamin qui ne m’a jamais quitter.

    Et c’est vrai que parfois ça fatigue de trop jouer, alors on arrête de jouer et son être-en-soi prend sa place de lui même. Fatigué mais serein.

    Et pour continuer sur la psychanalyse, c’est vrai que j’aime pas trop en général mais il y a des courants plus séduisants que d’autre. Et puis elle a bien évolué en dehors des dogmes et des écoles.

    Mais j’aime bien ce que dit Tinocco (psy pour surdoué), il n’y a pas de bonnes approches, il y des psys assis sur le savoir et sur leur autorité, et il y a des psys qui t’accompagnent dans ta recherche, cherchent et avancent avec toi. Alors si ta psy te fait du bien, c’est cool. Et puis tu peux aussi parler de ça avec ta psy, de son approche, d’où vous en êtes dans la stratégie et des questions existentielles liées à cela. Ça permet d’avoir un recul sur ce qui se passe et de mieux affiner le chemin de la thérapie avec le psy. Si elle est ouverte à ça, c’est un bon psy : savoir aussi être dans le “ici et maintenant” plutôt que toujours remuer le passé.

  • Membre Inconnu

    Membre
    30 juin 2020 à 20 h 49 min

    Je n’ai pas répondu à la question du “et sans faux-self ? “

    Je crois que je finirai par m’ennuyer. Mais il y a une différence entre subir son faux-self et le connaître.

    Et puis je dois dire aussi que je triche, le monde normal, je le vois pas souvent, si j’ai choisi la marginalité, c’est aussi que le monde social est insupportable au quotidien. Fuir la société a été pour moi La solution à tous ces problèmes.

  • hanae

    Membre
    1 juillet 2020 à 8 h 45 min

    Vous avez l’air d’avoir trouvé un équilibre, de mon côté je sais que je ne pourrais plus revenir à ce faux self qui m’étouffait. Et l’avenir me dira si je pourrais vivre totalement sans masque. Il faut déjà que je m’accepte tel que je suis sans me préoccuper du regard des uns ou des autres.

  • hanae

    Membre
    1 juillet 2020 à 19 h 03 min

    Merci pour tous vos témoignages et conseils.

    On comprend bien que l’enjeu c’est d’être soi-même sans être influencé par les autres.

    Mais pour cela il faut avoir une bonne estime de soi. Pour ceux qui ont été reconnus et aimés pour ce qu’ils sont, qui ont donc été reconnus dans leur identité, tout roule, en général. Ce sont donc des personnalités atypiques épanouies et bien intégrées, souvent entourées d’artistes.

    Pour les autres qui ont connu le rejet depuis l’enfance, par leur famille, leur proches, qui ont connu l’amour conditionnel, c’est plus compliqué. Car il y a une faille dans l’estime de soi, ce sont donc des personnes qui seront dans la culpabilité, cherchant à ne pas décevoir ou peiner les autres pour ne pas être rejeté et mal aimé.

    On sait aussi qu’un surdoué est foncièrement juste et droit et a de belles valeurs, ces qualités faisant de lui une personne brillante aux yeux des autres mais surtout gênante. Dérangeante car extrêmement lucide, à tel point qu’il met toujours le doigt sur ce qu’il est préférable de taire ou ignorer pour son entourage. Alors on aura de cesse que de le rabrouer, de le dénigrer pour qu’il s’abaisse au niveau de ses interlocuteurs.

    Il est probable sachant cela qu’ils seront ensuite des proies faciles pour les manipulateurs et les personnes malveillantes. Car un reproche amènera le surdoué à se remettre en cause et à adapter son comportement pour ne pas être la personne qui gêne l’autre.

    D’où l’importance de la confiance en soi, d’être persuadé de sa valeur, que ce soit bien ancré en soi depuis toujours. On peut connaitre ses qualités comme étant bénéfiques mais ne pas savoir ce que l’on vaut, c’est à travers le regard de l’autre que l’on gagne l’estime de soi, et ça c’est dans l’enfance que tout se joue.

    Il se peut, après une période difficile, une dépression, une période d’inactivité que l’on perde tous ses repères. Tout ce qui faisait que l’on savait qui ont était, ce que l’on valait s’est effondré et on ne perçoit que ce qui est sous nos yeux présentement. On a beau se dire oui on a fait des études, on a réussi professionnellement… mais maintenant qu’est-ce qu’il en est ? C’est là qu’est le problème, c’est comme si l’estime de soi était un réservoir troué qui avait été pansée pendant un temps avant de lâcher.

    Alors comment gonfler cette estime de soi défaillante après un échec de la sorte ? Comment revenir à un état satisfaisant pour bien vivre ? Il suffit sans doute de s’entourer de personnes bienveillantes qui reconnaissent nos valeurs, soit. Mais si on ne peut pas accueillir les compliments car il y a un décalage entre la réalité (ce qu’on nous dit) et le jugement négatif qu’on a de nous-même, alors ce n’est tout simplement pas possible. C’est ce qu’on appelle la dissonance cognitive.

    Sachant cela, si vous avez été confronté à ce cas particulier ou si vous avez tout simplement un avis sur le sujet… Quelles solutions conseilleriez-vous de mettre en place pour améliorer l’estime de soi ?

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