Répondre à: Recherche Co parente

  • Membre Inconnu

    Membre
    13 août 2021 à 10 h 56 min

    Par contre, me sentant chanceux d’être dans une société plus ouverte en apparence, je n’arrive pas à me dire que cette époque ou l’expérimentation n’avait pas sa place était plus souhaitable que celle que nous vivons là .

    @glen Je ne crois pas que la société soit plus ouverte qu’avant. L’intolérance s’est juste déplacée ailleurs. Tu parles d’expérimentations fort à propos. Aujourd’hui on propose tout un tas de changement dans tout un tas de domaines, à la manière d’apprentis sorcier, sans aucun débat ou en faisant débattre uniquement ceux qui les approuvent. Les dissidents ou les sceptiques sont écartés ou accusés de conservatisme (doux euphémisme).

    Pendant que les gouvernements achètent des bulletins de vote en faisant passer pour des progrès sociaux des réformes qui accentuent les fractures entre les individus, on entérine en loucedé des réformes moins passionnelles, mais au combien désastreuses. C’est ainsi, pendant que tout le monde faisait semblant d’échanger au moment de la question du mariage pour tous, les moyens alloués au Pôle Emploi ainsi que les droits des chômeurs ont été sérieusement revus à la baisse, sans que personne ne bronche.

    Je parle de “question” à propos du mariage pour tous mais en vérité il n’y avait ni interrogation, ni débat. Les jeux étaient fait dès le début ; ce qui en dit long sur le système démocratique et qui me permet d’ouvrir sur un autre sujet que je traiterais plus bas dans ma réponse, à savoir : Le débat.

    […] Je pense que j’ai besoin d’un cadre clair dans le travail et je vois à quel point il est difficile pour un employeur aujourd’hui d’imposer ce cadre dans certains des domaines que j’ai abordé, y compris quand mon responsable était de ta génération.

    Ce qui est devenu compliqué, c’est de faire acte d’autorité ou de poser des règles. Je ne sais plus qui a dit cela, mais nous sommes désormais dans une logique à la Mc Donald (“Venez comme vous êtes”). En d’autres termes, c’est le consommateur qui détermine le cadre ou la règle. Le soucis, c’est qu’il n’y a plus de séparation entre le consommateur et le citoyen – et fortiori, l’employé. Chacun expérimente ses trucs au grès de ses envies, sans se questionner, en faisant fi de la dimension humaines au nom de la liberté (ou du moins, d’une vision tronquée de la liberté).

    Ce qui nous conduit à une société où les déviances prolifèrent.

    Le phénomène des pervers narcissique n’est rien d’autre qu’une conséquence directe de ce déni d’altérité.

    En renonçant aux règles ou aux jalons, c’est un peu comme si on abolissait le surmoi d’un individu.

    Sommes-nous dans une époque décadente ?
    Je serais tenté de dire, oui.

    Je suis un décliniste et je pense, dans cette logique, que notre civilisation est en train de mourir, un peu à la manière de la Rome décadente du premier siècle.

    Bon j’arrête de dévier, pour en revenir à Bartorn, je crois que tu es parti très vite dans des conclusions un peu étranges… Il parle d’expérimenter quelque chose et prenant position pour ça. Je n’ai pas l’impression qu’il ai voulu faire comprendre que c’était mieux dans l’absolu ou alors quand il l’a fait c’était une représentation du fait qu’il soit desabusé

    J’ai d’abord pensé comme toi, qu’il était désabusé et qu’il avait souffert d’une relation sans issue. Mais, sauf erreur de ma part, il a démenti le fait que sa motivation venait de là.

    Personnellement j’accorde une grande importance au langage, aux mots choisis et à la structure d’un texte. J’ai dénoté beaucoup de termes “contractuels” et de phrases vantant son aptitude de père (ou minimisant indirectement le rôle de leur mère). J’en ai conclu que s’il voulait un énième enfant, c’était pour satisfaire son ego ou pour “exister” un peu plus. Pour des questions de pouvoir.

    Je n’ai relevé aucun mot à l’endroit d’une partenaire potentielle, aucun projet pour l’enfant, rien… Il n’y a rien d’autre dans sa prose, dans son argumentaire, que lui et l’objet de sa jouissance.

    Pour cette raison, je trouve cela malsain.

    Mes mots sont forts et tranchants et je sais bien que je peux me tromper.
    Je préfèrerais me tromper…

    Dernière chose, puisque tu parles d’expérimentation : Penses-tu que l’on puisse expérimenter des choses, au grès de son envie, quand il s’agit de l’avenir d’un être humain ?

    Je parle de mon point de vue mais, au pire, ça va fonctionner et tant mieux pour lui et tant pis pour nous

    Tu veux dire, tant pis pour l’enfant…

    Je pense qu’il ne sert à rien d’essayer de convaincre quelqu’un que tu ne pourras pas convaincre et en ce sens je ne vois pas l’utilité de te braquer contre lui.

    Je n’essaie pas de le convaincre, c’est effectivement peine perdue. Je lui dit que son désir ne va pas de soi…
    A la rigueur, j’écris pour réfléchir à haute voix ou pour interpeller ceux qui doutent du bien fondé de sa demande.

    Pour l’aspect consommation, c’est une dérive de ta part de faire le rapprochement sans connaître la personne, je pense. Tu émets une idée, tu positionnes ton point de vue et c’est cool mais il n’y a juste aucun moyen de faire un rapport avec Bartorn. Tu prends le risque de te tromper et tant mieux mais pour le coup je trouve ça très maladroit de ta part. C’est en ça que je trouve que tu dis des choses intéressantes mais que tu te permets ce qui me semble être de la bêtise.

    Le débat :
    Fut un temps, à une époque encore récente, les débats de toutes sortes (journalistiques, politiques, critiques, philosophiques, etc.), relayés dans les médias, étaient d’une violence inouïe. Rien à voir avec ce que tu peux lire ou voir maintenant.

    On parlait de dispute cordiale parce que la rhétorique et les arguments pouvaient être brutaux ; à la fin ou en dehors du ring les gens se serraient la main sans nécessairement éprouver de la rancune. Cette façon si française de discuter, héritée des philosophes des lumières et de la disputatio catholique, était enviée par les penseurs du monde entier. Elle l’est encore, comme j’ai pu le constater quand je vivais au Canada où les intellectuels vivent dans la terreur de l’offense et du politiquement correcte.

    Ce monde là, si anglo-saxon, si tartuffe, je le conchie.

    Je me fous que cela ne te plaise pas (je ne dis pas cela méchamment) ; comme j’aime le répéter à chaque fois que l’on pointe mes propos, c’est peut-être toi qui en l’occurrence a un problème. Lequel ? Je n’en sais rien. Peut-être que ma liberté vient bousculer quelque chose en toi…

    Car si je suis tranchant, parfois moqueur et sans doute arrogant, je n’insulte pas les gens. Quand j’attaque une affirmation ou une idée, c’est frontalement et non pas en biaisant, comme le fait @hautpotentieldeconneries , par exemple.

    J’ai été journaliste pendant 16 ans. J’ai fait mes armes à Charlie Hebdo, sous la férule de Cabu. Cavanna et Charb ont eu aussi une influence importante sur ma vision du monde politique. En dépits du fait que j’étais le seul membre de la rédaction à être de droite (je ne le suis plus aussi clairement ; d’ailleurs le clivage gauche/droite n’existe plus), nous nous sommes souvent retrouvés sur des débats. Je dirais que cela nous a aidé à nous apprécier.

    Quatre de mes amis sont morts dans les conditions que tu connais, au nom d’un droit, d’un devoir, qui consiste à disputer à autrui sa parole.

    Je dispute à @bartorn sa parole. Point barre.
    Je lui reconnais le droit d’être aussi vif que je le suis.

    Cela ne m’empêcherait pas de boire une bière avec lui, dans d’autres circonstances, et de l’approuver sur d’autres sujets.

    Par la suite, j’ai été journaliste critique. Pendant cette période – assez longue – j’ai vécu sans télévision et sans internet. Un jour un auteur de bandes dessinées mécontent que je dise du bien de lui, tout en nuançant sur la réalité historique de son récit, m’a traité de “Zemmour” et a proféré des menaces à mon encontre. Je ne savais pas ce qu’était “un Zemmour”. Au bout de quelques semaines, je me suis renseigné et j’ai su qui était Zemmour. J’ai trouvé que c’était un sacré compliment…

    Même si je ne valide pas tout ce qu’il dit, j’ai une estime certaine pour lui. Pour lui et pour Naulleau, Onfray, Finkelkraut, Elizabeth Lévy, Zineb El Rhazoui, Ivan Rioufol, etc, des gens de toutes les familles politiques, qui ont en commun le fait d’être des agitateurs d’idées.

    Certains noms que je viens de citer sont régulièrement menacés de mort ou de censure ; en cela les terroristes intellectuels, politiques ou religieux se rejoignent. Je pense que le terrorisme que l’on subit aujourd’hui est le bâtard de la société libéral. De cette société libérale où l’on ne peut plus se disputer… où le courage est un crime.

    Je me dis qu’à l’heure où le droit à l’insolence est de plus en plus menacé – ou une critique de bouquin peu te couter des sévices, il est plus que nécessaire d’être féroce.

    Voilà.
    Pardonne la longueur de ma réponse.