Répondre à: (petite) découverte

  • Membre Inconnu

    Membre
    28 mai 2021 à 20 h 43 min

    L’idée d’une âme immortelle, bla bla bla… je l’ai lu dans nombre de bouquins que j’ai pas sous la main (ethno, psycho, … ), si souvent que c’est pour moi devenu une évidence. Mais bon…

    Et pour définir l’âme et l’esprit, j’aime bien ceci.

    “L’esprit humain émerge et se développe dans la relation entre l’activité cérébrale et la culture. Il devient l’organisateur de la connaissance et de l’action humaine. Il est généraliste, polycompétent, capable non seulement de résoudre mais aussi de poser des problèmes, y compris insolubles. […]
    Aussi, ce ne sont pas seulement le démon de la connaissance et le démon de l’action qui se sont emparés de l’esprit humain, ce sont aussi les démons de l’imaginaire et du mythe. Le démon de la connaissance nous dirige sur toutes choses inconnues, et il s’obstine sur les énigmes de l’univers et de l’existence. […] Le mythe commence également aux origines d’homo sapiens, elle s’est inscrite dans les religions puis s’est transformée aux temps contemporains en aventure de l’idéologie. […]
    L’esprit humain est créateur mais a aussi développé des pouvoirs d’anéantissement. Comme il est à la fois génial et débile, il possède des capacités qui peuvent être terrifiantes s’il lui manque conscience et responsabilité. […]

    L’esprit comporte en lui le psychisme, notion qui porte en lui sa subjectivité affective.

    L’âme humaine émerge à partir des bases psychiques de la sensibilité, de l’affectivité ; en complémentarité intime avec l’esprit, animus, elle est anima. […] Elle n’a pas de frontières, elle n’a pas de fond, elle n’est pas localisable, ni même vraiment définissable. Autant, j’estime nécessaire de rétablir la priorité du cerveau, écartée par le spiritualisme philosophique, pour concevoir l’esprit ; autant j’estime nécessaire de réhabiliter l’âme, chassée par l’objectivisme scientifique. […]
    L’âme est non perceptible par le regard fonctionnaliste et pragmatique. Elle se manifeste par le regard, par l’émotion du visage, et surtout à travers pleurs et sourires. Elle peut s’exprimer dans la parole mais son langage propre est au-delà du langage de prose. C’est celui de la poésie, c’est celui de la musique. […]
    L’âme est intuitive, elle ressent et pressent ; elle est sensibilité, douleur souvent. L’âme est ce qui souffre de douleur morale. Elle est aussi ce qui exalte au-delà de la joie, rayonne dans le bonheur, et peut connaître l’extase. L’âme peut faire de nous des sujets sensibles, compatissants, vulnérables, généreux, ouvert à autrui. Mais que d’êtres humains n’ont pu encore actualiser ses virtualités, pourtant inscrites en chacun de nous !

    Ces vertus que l’on croit premières, l’âme, l’esprit, sont des émergences, c’est pourquoi elles ne peuvent survivre à la mort, qui est désintégration de tout et dispersion de ses éléments.”
    Edgar Morin (cnrs), La méthode, tome 5 : L’humanité de l’humanité.