Répondre à: Solitude

  • Membre Inconnu

    Membre
    3 septembre 2020 à 13 h 25 min

    Ah la solitude…
    Je pense l’avoir expérimentée sous toutes ses formes héhé…

    D’une manière générale, l’être humain n’est pas fait pour vivre seul.
    Nous sommes des êtres sociaux et de culture.

    Et – attention, la suite va être un peu chiante lol – je pense qu’il y a une forme de solitude qui est volontairement créée par le politique. Dans des sociétés où les richesses sont accaparées par une minorité très influente, leur plus grosse crainte est les mouvements populaires. Donc tout est fait pour isoler les individus d’une certaine classe sociale. Cela est d’autant plus pervers qu’à notre échelle, nous ne nous en rendons pas compte. Et l’on aura tendance à psychologiser, à chercher des causes en nous-mêmes, alors qu’elles sont purement matérielles.

    J’ai vécu dans des endroits qui étaient peu peuplés, avec peu ou pas de transports en commun, dans un environnement culturel et intellectuel proche de zéro. Et là, le “sentiment” de solitude vous bouffe littéralement. Sauf que ce n’est pas du tout un “sentiment”. C’est une condition matérielle. Vous pouvez vous remettre en question, ça ne changera strictement rien ! Et à part se mettre à picoler ou à se réfugier dans les réseaux sociaux, c’est chaud… Et si vous êtes sociable mais que vous avez des problèmes d’argent, vous ne pouvez pas sortir dans des bars ou des restaus, inviter du monde, etc. Vous vous retrouvez cloîtrées chez vous à attendre des jours meilleurs…

    Aujourd’hui, je vis dans une ville de ~ 480 000 habitants. J’ai l’immense chance d’être dans un quartier super calme. Il me suffit de sortir pour voir du monde, et il n’y a pas un seul jour sans que je discute avec quelqu’un. Ma meilleure amie habite à côté. Bah “curieusement”, le moral va quand même beaucoup mieux !! Mais quand je vois le prix des loyers (800/900 euros par mois là où je suis), ça crée une ségrégation sociale, c’est systémique. Et c’est ce qui fait que les voisins ne sont pas “agressifs” (tu m’étonnes !) Et à peine arrivé, j’ai déjà fait une IRL, il y a déjà un petit réseau, avec des gens super adorables. J’ai à peine effleuré le tissu associatif, mais les possibilités sont énormes…

    Du coup, avoir ce regard ou cette expérience donne un sens tout autre à ce qu’on appelle “solitude”. Il m’est déjà arrivé de m’isoler des jours entiers en pleine forêt pour faire des expériences mystiques (héhé), j’avais squatté le mobilhome de mes parents, la mer était à deux pas, bon… Là, la “solitude” se vit extrêmement bien ! Mais si nous nous retrouvons dans un 20m² dans un coin où l’on n’a pas les moyens de sortir, bah ça n’a rien à voir… Cela semble évident ce que je raconte, mais quand j’en lis certains qui ne semblent pas comprendre qu’il y a “solitude” ET “solitude”, il y a un manque d’empathie qui me choque un peu. Car la souffrance est réelle, on a parfois envie de se foutre une balle hein ^_^’

    Et pour l’avoir hélas vécue, la solitude imposée dans un endroit de merde, ça peut rendre un peu taré, car le moindre truc prend une importance démesurée. C’est super difficile de prendre du recul, de passer à autre chose, etc. Quand on ne vit pour personne au quotidien, mais qu’on a quand même envie d’exister, de donner un sens à sa vie, et qu’on se retrouve à être en relation avec des personnes qui nous donnent un peu d’attention, la base n’est déjà pas super saine erf ^_^’ Et si ces personnes sont toxiques, ou se jouent de vous, bonjour les dégâts… On pensait être avec des alteregos, puis on réalise que c’était des quidams qui ont profité de votre temps et de votre gentillesse, avant de vous zapper quand ils n’avaient plus besoin de vous, bah ça fait un peu mal hein, on va pas se le cacher héhé…

    Et donc arrive le cas de figure où la situation matérielle ou géographique ne pose pas de problème, nous évoluons ponctuellement dans un cadre social (familial, amical ou professionnel), mais nous nous sentons quand même “seule”. Je pense que c’est le mot “seul” qui n’est pas ici adéquat. Car factuellement, nous ne sommes pas seule. Mais c’est quoi alors ce sentiment désagréable ? J’aurais tendance à penser que c’est de l’incompréhension, mêlée à une forme de pression sociale. Si tu es passionnée de jazz, que c’est toute ta vie, mais que tu es avec des personnes qui n’y connaissent rien et qui s’en foutent, tu vas mettre ça de côté. Et si ça se met à discuter de football (par exemple), bah tu vas te sentir “seule”. De se poser la question suivante : si ce sont des amies, pourquoi ne s’intéressent-ils/elles pas plus à toi, pour ce que tu es ?

    D’où une conclusion plausible, peut-être un peu cash, mais si tu te sens seule, c’est peut-être parce qu’ils n’en ont rien à faire de ta gueule. C’est pour cela que dans le thread “amour / amitié” j’insistais sur le côté super hypocrite de l’amitié quand elle n’est pas vraie ou sincère. Et avoir une vie sociale riche n’implique pas du tout d’être entourée d’amies. Si c’est pour le boulot ou si c’est par intérêt, les relations sont même plus susceptibles d’être “malsaines”. Alors il y a des fois où il faut le supporter, mais si ce n’est pas le cas, vaut mieux se faire un autre cercle d’amis. Nous ne le faisons pas par peur d’être seule, parce qu’il y a l’habitude qui s’installe quand on côtoie telle ou telle personne depuis X années, mais est-ce que ça en vaut vraiment la peine ? J’en sais rien mais je ne suis pas très convaincu…