Rayures ou pas rayures, telle n’est pas la question

  • Rayures ou pas rayures, telle n’est pas la question

    Publié par marou le 21 juin 2019 à 16 h 02 min

    T’es pressé ? Va a la fin du texte, là ou c’est en gras.

     

    Allez, en mode nombrilesque et collage d’étiquettes. Joie. Bonheur.

    Bonjour, je m’apelle biiip, et je suis phobique sociale. Ah non pardon, et aussi agoraphobe. Ah oui, et d’après les psy, sûrement un zèbre. Et peut-être même autiste asperger encore en plus, même si pour le coup, là j’y crois vraiment pas. Mais handicapé psychique, ça c’est sûr.

    Et après tout le monde se demande pourquoi je ne sais pas répondre à la question de “qui je suis” ?…

    Bref, vous l’avez compris, c’est pas une bonne journée pour moi.

    J’ai passé toute ma vie à essayer de ressembler aux autres pour qu’ils m’aiment. Pas toujours réussi. Pas toujours raté non plus. L’agoraphobie est venu compliquer les choses il y a 11 ans, et m’a beaucoup isolé. Moi qui n’aime rien de plus au monde que les autres gens. Il y a 3 ans j’ai commencé à intégrer une association de phobiques. “Cool, des comme moi !” je me suis dit. Mais c’est raté. Hier on m’a fait comprendre que j’ai une personnalité trop… comment dire ? en mode rouleau compresseur ? Trop passionnée ?

    Prend toi ça les dents Jacqueline !!

    Alors les psy qui m’expliquent qu’il faut être soi-même… Et j’ai beau savoir que ce que fait mon petit cerveau, là maintenant, c’est suivre son biais de confirmation, option croyance si-je-suis-moi-meme-les-autres-vont-me-rejeter… Et bien ça fait quand même hyper mal.

    Donc voilà, je tente de suivre une autre étiquette qu’on m’a collé, histoire de voir si y’a moyen de pas finir seule mangée par mon chat obèse (oui, oui, à peine mélodramatique). Mais pour être honnête j’y crois très moyennement.

    Ni à cette histoire de zébrures… parce que franchement, moi, haut potentiel, laisse moi me marrer. Et je préviens au passage tous les intégristes de “le-bonheur-est-dans-le-test” que, non, je n’ai pas l’intention de payer une petite fortune pour me donner une information qui, concrètement, ne m’aidera pas à remplir mes objectifs, à savoir trouver un p*** de moyen pour me sentir bien, et pour me libérer de mes phobies. (si t’as tout lu sans respierer, tas tou mon respect)

    Ni à cette histoire de site de rencontres amicales… parce que ça fait parti de mes préjugés à la con. Mais comme je suis aussi tout à fait capable de me remettre en question, et que j’ai décidé que ma vie entière serait guidée par cette phrase hautement intelligente “Essayes, sur un malentendu, ça peut marcher”, et bien me voilà, à essayer de triturer les mots pour leur donner un sens par trop con et arriver à intéresser un minimum d’inconnus planqués derrière leur écran.

    Pathétique ?

    Non !  Parce que envers et contre tout, j’ai biberonné du Walt Disney, et je l’imagine très bien, là, ma fin heureuse : “et elle rencontra des gens sympas, relativement tolérants, et ils burent du thé en se racontant leur vie jsuqu’à devenir complètement gâteux.”

    Voilà. J’ai finit de faire croire que je suis quand même à la hauteur intellectuelle des brillants cerveaux qui doivent trainer dans le coin.

     

    Je résume.

    Je sais pas si je suis un zèbre. Mais je veux bien des amis  !

     

     

     

    marou a répondu il y a 4 années, 9 mois 3 Membres · 4 Réponses
  • 4 Réponses
  • Membre Inconnu

    Membre
    21 juin 2019 à 17 h 42 min

    Bonjour Biip Marou Julie

    Au moins tu n’es pas dénuée d’humour et pendant que tu y es tu peu laisser tomber cette croyance sur les hauteurs intellectuelles des sur… de rien (mon appellation personnelle préférée).

    Tenter de ressembler aux autres pour mieux soudain s’en distinguer, chercher des étiquettes pour mieux les décoller, rester persuadée que la question “qui suis-je ?” doit quand même bien avoir une autre réponse que sur le logo d’une collection du PUF (qui évoque pour le “je pouffe” de Desproges si je laisse aller mes pensées dispersées…), croire que ça ne vaut pas la peine mais tenter quand même (ce qui me fait penser à ces vers de Brel : “Voir que l’on est fragile
    Et chanter à nouveau), ne pas vouloir se tester parce que les sous et qu’on sera même pas sûre du résultat et puis après… etc.

    Ça me parle.

    J’ai échappé à trop de Disney, mais j’ai quand même raconté pas mal de belles histoires de survivance heureuse à mes enfants qui faisaient semblant de me croire pour faire plaisir à tout le monde. Et j’aime encore bien le Renard du Petit Prince.

    Alors, puisque passant par ici je suis venu lire ton message, même si je ne bois pas de thé, on peut s’apprivoiser.

    Sourire

     

  • Membre Inconnu

    Membre
    21 juin 2019 à 19 h 58 min

    Salut marou ! L’hypocrisie de l’injonction sociale du “sois-toi même” ça me parle aussi ! Enfin c’est une belle parole dans la bouche des autres, mais de ce que j’y vois quand les gens disent ça c’est plutôt “sois-toi même, mais pas trop fort, pas trop loin, plutôt comme ci, plutôt comme ça”. Parce que pour que cela marche vraiment, il faudrait qu’en face la différence, la diversité soit mieux acceptées par la majorité. Or, on refuse de voir que la force de l’être humain, de l’individu ou du groupe, vient justement de la diversité. La phobie sociale c’est moche, un truc à combattre pour la plupart des gens, mais on le devient pas par l’opération du saint esprit. Non pour faire face à la violence du monde, la contre-violence est mieux admise c’est sûr… Si la tolérance et l’ouverture d’esprit étaient des valeurs plus partagées, y aurait moins de phobiques.

    On dit aussi qu’il vaut mieux être seul que mal accompagné, mais la plupart des gens fuient la solitude comme la peste et préfèrent être avec des personnes, dans des endroits et des jobs qui ne les font juste que vivoter. Y a qu’en étant complètement tourné vers soi qu’on peut réellement apprendre à se connaître, et de se construire une vie qui nous correspond vraiment. La clé est peut-être là pour sortir de cette non-envie de côtoyer les autres. Peut-être que ça peut prendre deux mois, trois ans, dix, y a pas de règle, et plus t’es quelqu’un qui cogite et capte ce qui se passe autour de toi plus c’est compliqué à faire le tri.

    Sinon je suis pratiquement sûre que faire ce qu’on pense être “n’importe quoi” est justement ce qui nous rapproche le plus de nous-même, quand on arrête de vouloir correspondre à un schéma, celui des normes, de nos proches, et surtout de celui dans notre tête. Et si c’étaient les malentendus qui nous amènent le plus à devenir nous-mêmes finalement ?

  • marou

    Membre
    27 juin 2019 à 12 h 29 min

    Ca m’a fait beaucoup de bien de lire ton message. Surtout d’y trouver pèle-mèle Desproges et le Renard.

    J’aurai aimé pouvoir te faire une réponse très bien écrite, en y déclarant à la fois mon amour aux piles, dont il en faut 4, et aux roses. Et y ajouter 2 des plus beaux hommes de ma vie, l’un préférant la cocaine et le violon, l’autre les mots et le panache.

    Mais il fait trop chaud.

    Je me contenterai donc, d’un court, mais très sincère “merci”.

    J’essayerai de suivre le conseil du Renard, et de prendre le risque de pleurer un peu.

    C’est promis.

  • marou

    Membre
    27 juin 2019 à 13 h 22 min

    @blossom44

    Je suis assez perplexe devant ton message.Je ne suis pas sûr d’avoir suivi tout le fil de ta pensée.

    J’avoue que je fais parti des gens qui préfèrent être accompagné, même moyennement bien, que seul. Je n’ai jamais compris pourquoi Platon voulait tellement sorti de cette stupide grotte; le prix à payer me semblait bien trop élevé. Mais je n’ai sûrement pas compris toutes les subtilités de cette allegorie…

    En tout cas, je reste majoritairement totalement fascinée par l’espèce humaine dans son ensemble, et par chaque individu, pris isolément. Et il n’y a rien que j’adore plus qu’être avec des gens, quelqu’ils soient.

    Cela peut sembler paradoxal, puisque que je souffre de phobie sociale.

    Pour moi, cela tend à prouver que l’origine de ce trouble anxieux serait plus à chercher du côté génétique dans un 1er temps. Et qu’ils doivent abordés surtout avec une approche cognitivo-comportementale. Blablabla.

    En gros : Certains psy pensent que c’est parce que mes parents, la société, ou autre, m’ont traumatisés que je suis phobique. Et que je le reste par intérêt inconscient. Et que du coup cela se soigne à coup de psychothérapie trèèès longue. (Vous reprendrez bien une piscine, monsieur le psy ?)

    D’autres psychiatres pensent qu’il y a des causes probables génétiques, et des facteurs aggravants (des parents, des rayures…). Mais qu’il s’agit, pour faire court, d’une maladie. Le traitement consiste en une rééducation des croyances et des comportements (TCC).

    Et après avoir testé la 1ère pendant 10 ans sans résultats significatifs, et l’autre pendant 3 ans avec de bonnes avancées. Et après avoir rencontré plein d’autres phobiques et confrontés nos histoires. A titre perso, mon choix est fait.

    Je te rejoint en tout cas sur un point : notre société gagnerait, en tant que groupe à viser l’épanouissement de chacun de ses membres.  Et ce serait bien plus agréables pour chacun des membres en question.

    Et pour faire plaisir à et-pourtant : “Nous vivons dans une société qui a résolu tous les grands problèmes de notre époque en appelant un chat, un chien!”

    Ou qq chose de ce genre…

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