Je n’ai plus envie de m’ennuyer

  • audrey1910

    Membre
    20 février 2022 à 12 h 34 min

    Merci @azerty_querty , @max et @did pour vos réponses ☺️ Elles sont rafraîchissantes et ça détend d’avoir un peu de lâcher prise vis-à-vis de la « raison pour laquelle nous existons » ou les dites responsabilités que nous avons

    Dernièrement je me prend à ressentir beaucoup d’angoisse face à la sensation d’illusion qu’est le temps et la matière, est-ce que vous ressentez ça aussi?

  • Membre Inconnu

    Membre
    20 février 2022 à 16 h 07 min

    Hmmm… @Audrey1910 , tu poses une question intéressante et complexe, voire très complexe.

    Tes questions sont-elles purement métaphysique ou l’issue anxiogène d’autre chose ? Ou les deux combinées ? Pour être plus explicite, voilà mon expérience : à 7 ans je me suis réveillé une nuit en me demandant ou était le bout de l’univers et tentais, chaque nuit ensuite, de répondre à l’impossibilité de néant ! Bon… j’ai pas trouvé de réponse concrète depuis. À part la relativité du temps et de l’espace qui donne une existence présente bien réelle cette fois, combiné à un mode de vie, de travail et de relations qui est pour moi un véritable sens.

    Mais (parce qu’il y a un « mais ») : La question ne serait-elle pas de justement vivre pleinement nos instants ? Et c’est là que, à mon avis, l’anxiogène qui vient d’autre chose pointe son gros nez de Zombie. En effet, l’être humain, comme tout être, n’est pas fait pour être ni excessivement rassuré, ni sur-sécurisé, ni protégé autrement que dans son environnement le plus naturel.

    Et notre société à fait tout l’inverse, nous détachant du coup de notre lien le plus intense avec notre environnement naturel, notre vivant et le Vivant, lien émotif puissant qui, à mon avis, est notre seul vrai sens de ressenti, de perception, de motivation à vivre.

    J’espère que je suis compréhensible (pas sûr) ? J’essaie de rester dans une globalité là. Le système cognitif humain a cet inconvénient : il tant à supprimer tout danger tandis qu’il se flétrit de ne pas y être confronté !

    Donc, les (des ?) solutions :

    • se reconnecter aux dangers de la vie. Attention, je ne parle pas du tout de sauter du 3e étage ou de tenter de traverser la voie ferrée à l’arrivée du TGV : non non !!! 😅
    • se reconnecter au vivant. Dans l’idéal, cultiver ses patates pour assurer ses repas, faire des cueillettes sauvages, s’immerger dans la nature, etc.
    • et enfin, se reconnecter à la bienveillance. C’est l’un des moteurs humains. Nous avons besoin de soutenir et d’être soutenus. Ce qui a l’autre avantage de développer une intelligence collective (d’ailleurs la seule intelligence à mon avis) !

    Bref, tout ça peut passer par les questions de ses besoins primaires. Quels sont-ils ? Pour nous ? Comment y répondre dans notre civilisation ? Que voulons-nous construire ?

    Ensuite je crois qu’on peut réfléchir sur des moyens d’agir. On a nos préférences et aspirations. Nos élans et nos faiblesses. Tout cela est une force de croyance qui rend la vie tangible et sensée au plus profond de nous-même. Chacun trouve sa réponses et certains, parfois, dans des légendes, des mythes ou des religions. D’autres dans un travail, une mission, leur famille, etc. Il n’y a, selon moi, pas de bon ou de mauvais choix mais juste une réalité personnelle, la seule vérité étant la vie, sa vie.

    Désolé, c’est pas très concret mais notre capacité à agir est peut-être la seule clé contre de nombreux maux : angoisses existentielles, éco-anxiété, etc.

    J’espère que ça t’aidera un peu ?

  • max

    Modérateur
    20 février 2022 à 17 h 06 min

    “l’illusion du temps et de la matière”…

    Je n’ai jamais trop réfléchi à l’illusion de la matière, j’ai bien compris Matrix, mais je me fous totalement de sortir de l’illusion.

    Peut-être que ce que je vois où touche n’est qu’un signal envoyé à mon cerveau, qu’en fait, l’eau, la vitre de la douche n’existe pas, et peut-être que si. Si je me prends un coup, j’ai mal, peu importe que ce soit réel ou illusoire, j’ai mal quand même, alors autant éviter non ?

    Quant au temps… C’est plutôt complexe, il ne me paraît pas être une illusion, mais bien un rythme absolu, c’est ma perception qui change. Quand tu regardes en arrière, que tu vois les années passées à te faire chier dans un boulot pourri, elles sont passées tellement vite ! C’est fou de faire des années si courtes avec des heures si longues ! Tout ça parce que je n’ai pas pu enregistrer d’éléments marquants pour graduer ma mémoire.

  • azerty_querty

    Membre
    22 février 2022 à 23 h 09 min

    @Audrey1910

    Bonsoir,

    Il me semble que ta question est incomplète, et en cela j’appuie ce que te disent @did et @max : métaphysique ou angoisse existentielle ? Ou les deux ?
    A quoi adosses-tu ta sensation d’illusion ? Le concept d’illusion appelle celui de vérité et/ou de réalité, qui mériterait grandement d’être défini. Vérité/réalité relatives, ou absolues ?
    Perso. j’ai beaucoup de mal avec les notions d’absolus, elles mènent toutes immanquablement à l’absolu suprême, c’est-à-dire Dieu, et je suis athée jusqu’au trognon 😆 !

    La matière et le temps tu dis, mais c’est à prendre au sens scientifique ou du ressenti qu’on en a ?

    Dit autrement que max, peut-être bien qu’en effet, nous ne sommes tous que les émanations vaines et vides du rêve d’un dragon (ou d’une autre entité mais perso. j’ai un faible pour les dragons 🐉…). Si j’ai bien suivi, les Inuits considèrent comme acquis que la réalité est un rêve et que le rêve est la réalité.
    Et aucun scientifique ne prouvera jamais le contraire, vu qu’aucune science ne prouvera jamais rien (tout ce qu’elle peut espérer prouver c’est qu’une théorie, la théorie standard du moment, est finalement fausse car infirmée par de nouvelles observations)… ce qui rend (normalement) le scientifique humble devant le caractère peut-être extrêmement vain de son entreprise, chercher à atteindre une ‘vérité’, si tant est qu’elle existe, qui sera toujours tellement faramineuse qu’elle lui échappera toujours, mais c’est aussi là la beauté de la chose, que de chercher quand même, pour la beauté du geste (la recherche scientifique a cela en commun avec l’art)…
    Oui bon d’accord je digresse… avec toujours autant de plaisir.
    Mais si on revient au rêve du dragon, comme dirait l’autre, OK, bon, ben, illusion ou réalité, ça marche pas si mal, pour nous au fond (comme pour la science, au fait, qu’elle soit basée sur du vent, peut-être, mais ça ne l’empêche pas de fonctionner pour autant : technologie, médecine, etc)… et c’est là que je rejoins max.

    La question de la ‘réalité’ de la réalité, j’adore quand ça titille mes neurones, mais perso. je ne peux pas me la poser trop sérieusement, sous peine de m’en trouver paralysée.

    Au bout du bout, reste le ressenti qu’on a. Qu’il soit le résultat de stimuli d’un monde réel ou une illusion dont je n’ai aucun moyen de sortir, à chaque instant je vis une expérience.
    Et c’est ça qui compte, du coup, pour moi.

    Mais ce sont des questions évidemment cruciales, et tellement intéressantes. Sur ce thème, je t’invite à lire (ou relire ?) les romans de Philip K. Dick. Tous ceux que j’ai lus tournent autour d’une seule et même question : qu’est-ce que la réalité ?
    Je te mets aussi ici un lien à une nouvelle d’Andy Weir que je trouve très belle (pour moi athée), en cela qu’elle propose une version de la possible illusion de la réalité qui, pour moi, n’est ni triviale ni déprimante (la vidéo animée est en anglais, c’est le texte original, la traduction est en dessous) :
    https://www.youtube.com/watch?v=h6fcK_fRYaI
    http://www.galactanet.com/oneoff/theegg_fr.html

    Sur le versant de l’angoisse existentielle, apparemment c’est un truc qu’on partage avec tous les êtres humains, quelque soit son câblage neuronal. Tinocco and Co parlent d’une triade existentielle:
    seuls (et finis) face à l’infinité de l’espace (peur d’être insignifiants devant de telles échelles cosmiques),

    seuls (et finis) face à l’infinité du temps (peur de mourir),
    seuls (et finis) dans nos têtes (nous ne sommes pas télépathes, et notre pensée dépasse de loin notre vocabulaire, fût-il très étendu, donc pour la communication/relation avec l’autre, c’est limité).
    De mon expérience, la communication verbale, qui, me semble-t-il, reste la plus efficace qu’on connaisse à ce jour, demeure une entreprise bien périlleuse : pour chaque mot, chacun en forge sa propre version au fil des années et des expériences. Tant qu’on en reste à une définition technique ou usuelle, superficielle, on peut raisonnablement imaginer que tout le monde a la même.
    Mais dès qu’on entre dans un champs plus vaste, plus profond, plus philosophique, là il y a autant de nuances et de subtilités que d’individus.

    Donc oui, le rapport illusion/réalité (ou vérité), je trouve ça passionnant, mais vite angoissant et paralysant. Un de mes amis m’a dit un jour qu’il n’y avait pas de qualité et de défaut, juste des caractéristiques de notre personnalité qu’on parvient à utiliser de façon positive (pour avancer) ou négative (qui nous freinent).
    Je suis vraiment d’accord avec ça : pour la rêverie philosophique, je m’autorise à peu près tout, et c’est très bien, mais dans mon quotidien, si ça me freine, je reviens au ressenti, vivre pleinement l’instant.
    Tout comme did et max.

    Je ne sais pas si nous existons pour une raison. Comme je suis athée, je ne le pense pas. Mais comme je suis athée, je ne vois pas ça comme un problème, mais comme une solution : c’est à nous de la créer, la raison de vivre, et il n’y a aucune raison de croire qu’elle sera la même pour tout le monde.

    J’espère ne pas avoir été trop vaine ni enfoncé trop de portes ouvertes 🙃

  • Membre Inconnu

    Membre
    28 février 2022 à 14 h 28 min

    @azerty_querty L’athéisme n’est ni dogme ni religion mais pas absent de croyance pour autant, comme tu le démontres si bien 😉

  • azerty_querty

    Membre
    28 février 2022 à 22 h 47 min

    @did Merci, perso. je n’aime pas du tout être vue comme ne croyant en rien, ce qui me semble idiot par définition : comme le dit l’autre (Didier Brunner je crois), nous somme des êtres de croyance, ô combien. C’est même ce qui nous permet de faire des choix.

    Et puis la notion de mécréant (celui qui ne croit en rien) est assez péjorative et synonyme de cynique et a/immoral…

    Du coup je préfère de loin dire que je crois en la non-existence de dieu (ce qui est vrai, parce que je bâtis ma conception et mon rapport au monde sur cette croyance) que de dire que je ne crois pas en dieu.

    Quant aux athées qui seraient prosélytes (comme la définition de ce mot semble l’indiquer aux USA), ben là encore, quel non-sens !

    Si on se défie des religions (et des idéologies en général, la religion étant pour moi une idéologie comme une autre), c’est bien parce qu’on rejette le principe de dogme, donc faire de l’athéisme un principe dogmatique est une contradiction dans les termes, je pense.

    Après, entre le dieu des religions et celui des agnostiques, ou des déistes, selon la définition qu’on donne à ces mots, il y a un monde. On peut avoir une spiritualité, croire en une entité supérieure, sans appartenir à aucune religion.

    Bon. Ce n’est pas mon cas. Mais je n’ai pas besoin d’en persuader les autres pour en être convaincue 🙂

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