Bonjour

  • Publié par qine le 3 janvier 2019 à 14 h 09 min

    Bonjour à tous,
    HPI testée depuis des lustres, et Asperger (testée aussi), mes relations à autrui sont forcément relativement compliquées… et plus le temps passe moins je parviens à parler, parfois c’est pesant, mais moins que d’être littéralement assommée (maintenant je m’endors, effet soporifique garanti) par des conversations auxquelles je ne parviens plus du tout à m’intéresser. Comme “qui ne tente rien n’a rien”, disons que rien ne m’empêche de voir si je peux encore être “happée” par quelques conversations virtuelles ou réelles…
    QiNe

    qine a répondu il y a 5 années, 3 mois 2 Membres · 2 Réponses
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  • Membre Inconnu

    Membre
    3 janvier 2019 à 18 h 05 min

    Bonjour et bienvenue à toi @qine ,

    Je tiens d’abord à préciser deux choses avant de poursuivre. Je suis diagnostiqué HP et je dispose de traits autistiques suffisamment éloquents pour qu’une suspicion de syndrome Aspeger ait été émise. Je vais franchir le cap des tests cette année – en prenant le temps, parce que mes revenus sont faibles.

    Ma meilleure amie a été testée haut potentielle et Asperger. Elle est présente sur ce site.

    La question que j’ai envie immédiatement de te poser, c’est : “As-tu un ou des centres d’intérêt restreints et si oui, quels sont-ils ?”

    Je ne sais pas vraiment si cela te rassurera – j’espère que cela te fera rire, tout au moins, mais les conversations usuelles m’angoissent terriblement ; à tel point que je me mets en mode automatique quand je suis englué dedans. Je me déconnecte du présent et de mes sensations, je me laisse gagner par une sorte de torpeur et je pioche dans le répertoire de mes réponses toutes faites pour donner le change.

    C’est ainsi qu’à Noël dernier, je me suis retrouvé dans une petite cabine d’ascenseur avec un quidam qui manifestement, avait besoin de parler pour ne rien dire. Je passe le malaise que me procure la promiscuité d’une personne avec lequel je n’entretiens pas de rapports sexuel…
    Bref, ça balance des “il fait froid, hein ?”, des “on est bientôt arrivé”, des “ceux du cinquième étage monopolisent l’ascenseur, il y a vraiment de l’abus”, des “Vous n’allez pas au sous-sol, non ?”
    Quand la libération arrive avec le rdc, l’homme m’adresse le “Joyeux Noël “ d’usage.
    Et moi de lui répondre depuis mon lointain, “de rien”

    Voilà, j’espère que ce faux-pas te parle… et qu’il t’arrachera un sourire.

    😉

  • qine

    Membre
    3 janvier 2019 à 19 h 57 min

    Bonjour Jabberwocky,

    Ce que tu décris, c’est en effet des traits d’Asperger, après il y en a d’autres. J’ai été diagnostiquée jeune mais de manière purement clinique, les tests psychométriques ne sont arrivés en France qu’en 2015, et pour la Belgique, pays dans lequel je réside, ce n’est pas encore partout le cas. Je suis donc repassée par la case “test”, il y a maintenant 2 ans, confirmation absolue qui m’a provisoirement plongée dans des abîmes d’angoisse, j’avais l’impression d’être condamnée, on m’aurait dit “vous avez un cancer en stade terminal” que ça m’aurait fait le même effet. J’espérais que ce soit plus léger en fait, ben non, pas d’bol !

    Aujourd’hui, j’essaie d’en faire quelque chose, à commencer par un refus de me sur-adapter, ce qui devenait trop lourd sur le plan cognitif, avec une fatigue pour le moins intense. Bref, maintenant je préviens, ça passe ou ça casse, mais je ne m’inflige plus ces conversations pénibles où mon seul objectif était de conserver les yeux ouverts ! Le pire pour moi, au niveau des sens, c’est le bruit, après le toucher bien sur, remède : casque insonorisant.. ça peut sembler bizarre car ça coupe encore plus, mais en fait non, ça me repose, et ça me laisse plus disposée à des interactions, car elles ne sont plus obligatoires mais uniquement quand j’en ai envie. Donc même au resto, toujours le casque à portée de main.

    Pour les intérêts restreints, oui, peinture, écriture (pas vraiment du reproductif, of course !) assez fréquent chez les femmes, parait-il, ce qui me fait au moins un truc ds la norme ! Evidemment, bien souvent la nuit car je parviens à mener une vie professionnelle plutôt dense (mais très très indépendante), bref mes heures de sommeil sont plutôt limitées. Ensuite, quand je suis trop sollicitée, je tombe souvent dans les TOC, lavage principalement, à te nettoyer les plinthes au coton-tige, ou la version neurasthénique qui consiste à larver 2/3 jours.

    Pour la conversation que tu évoques, oui, ça me fait rire, c’est tout-à-fait ça, ça m’arrive tout le temps, y compris au téléphone.. A un moment, je déconnecte, je n’écoute plus rien et je réponds forcément n’importe quoi. Après, y’a aussi l’agacement, quand je ne peux pas m’enfuir, je deviens assez irascible, ça c’est le plus pénible à gérer, valable aussi quand je sens qu’on ne me comprend pas (verbalement ou comportementalement), les gens sont d’une lenteur (pour tout, compréhension, rapidité d’action…) qui me rend totalement dingue. La contemplation oui, mais choisie, à des moments bien particuliers, le reste du temps, bon, on active ? C’est déjà assez pénible comme ça, on ne va pas y passer la journée (mon leitmotiv).

    Tout le monde pense connaître Asperger, les gens te disent “oui t’inquiète pas, je connais, je comprends”.. que dalle ! Ils n’en savent strictement rien… L’angoisse de rencontrer de nouvelles personnes (du moins en groupe), d’aller à une fête où tu connais 2 pelés un tondu, d’affronter n’importe quel mouvement de foule… Ils n’ont pas la moindre idée de l’effet que ça fait. Les pires sont ceux qui te touchent l’épaule, genre “t’inquiète pas moi je comprends”… Ah oui, la preuve ! Ceux qui veulent absolument te parler dans le train, l’avion… Beurk… J’ai trouvé la parade.. que faites-vous ds la vie ? 2 options : huissier ou embaumeuse, en général, ça calme et t’as la paix. Mais je reconnais qu’on ne m’aborde pas souvent, je dois sans doute mettre une sorte de distance qui n’est pas très engageante.

    Bref, je ne sors quasi plus, j’invite quelques amis chez moi (au compte-goutte) et quand j’en ai marre, je vais me coucher, je les laisse entre eux, même en plein milieu de l’après-midi, il faut que je dorme c’est impératif, quand ça me soule trop, eux sont habitués, ils n’y font même plus attention, mais les autres… Bon… Et au boulot… n’en parlons pas.. Et bien sur j’ai droit à “tu n’es pas bienveillante”, parce que chez moi, un chat est un chat et que ma notion de la “délicatesse” est assez différente de celle du commun des mortels.. Donc passer pour la méchante, quasi la perverse, je connais par coeur, c’est une violence dont je me passerais bien.

    Tu as aussi la mémoire plus que sélective, oubli de noter des rdv, oubli d’y aller, oubli de donner l’adresse si c’est toi qui file le rencard, oubli des jours, oubli des anniversaires, oubli de répondre aux mails, de téléphoner… même noter ne sert à rien.

    Bref, une sinécure ! On m’a offert un bouquin, j’ai lu le titre, je l’ai flanqué à la poub direct “Asperger et fière de l’être” plus con tu meures, “tétraplégique et fière de l’être” aussi tant qu’on y est. On n’a pas à en être fier ou pas, c’est un état, on a juste à tenter d’apprendre à vivre avec ce truc… Je ne sais pas ce que ton amie en pense, et toi, tu vis ça comment ?

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