Répondre à: Expérience pratique de la politique…

  • cthulhu

    Membre
    29 mai 2021 à 10 h 50 min

    @argon

    Je ne connais personne ici, donc l’idée même de passer en “ad personam”, comme vous le dites, me ferait plutôt marrer, n’a pas grand sens. L’ultime stratagème, ça ne s’utilise, comme disait Schopenhauer, que lorsque tout a d’ores et déjà échoué.

    Ce qui m’intéresse plus, c’est la structure des idées, leurs conséquences éventuelles, le bruit de fond qui s’en dégage, et les analyses que l’on pourrait peut-être en faire.

    Or là, au milieu de l’espèce de fatras gloubi-boulguesque mélangeant tout et son inverse, et son contraire que je lis ici-même, semble ressortir plutôt l’idée que tout le milieu politique serait nuisible par essence… ce qui me semble revenir à jeter le bébé avec l’eau du bain, à faire un genre de cherry-picking systématiquement négatif (ne considérer que les scandales pour ignorer tout ce qui n’en est pas) et donc systématiquement orienté… et en tout cas assez peu conforme à la réalité constatée à l’intérieur même du monde politique, qui est généralement plus médiante, plus médiocre.

    Je n’ai jamais prétendu que cette réalité était parfaite: la démocratie représentative telle que nous la connaissons en France me semble même fondamentalement améliorable, et d’ailleurs je milite plutôt dans ce sens, notamment pour une déconcentration des pouvoirs (ce qui rejoindra peut-être certaines des réflexions d’Olbius, s’il nous lit), voire pour une sixième république de forme encore à déterminer, mais bien plus participative et inclusive au niveau citoyen.

    Qu’on ne s’étonne pas néanmoins, dans tous les cas, de la progression du vote Le Pen, entièrement favorisé par les réseaux sociaux et la forme même des débats ultra-outranciers qu’ils permettent… ou ne permettent pas d’ailleurs. La même chose est arrivée outre-Atlantique avec Trump, ouvertement favorisé par internet… et il se trouve qu’en France, nous avons tendance à conclure quelques années plus tard ce que nos amis américains inaugurent.

    Ce qui au final m’amuse plus, c’est de constater qu’au sein d’un espace de discussion se prétendant réservé aux “surdoués”, le fond du débat ne décolle pas plus que partout ailleurs, ne prenne pas un peu plus de consistance, et qu’on nous serve invariablement les mêmes clichés éculés et passablement infantilisants, c’est à dire ne permettant, en réalité, aucune forme de débat équilibré et réellement contradictoire.

    Même lorsqu’on est soi-même dans l’opposition par rapport à la majorité gouvernementale actuelle, il me semble fondamental de conserver une forme de dignité républicaine minimale lors de nos échanges publics avec nos compétiteurs, dignité qui seule permet l’échange, qui seule légitime le fait même d’être en opposition. Une dignité qui ne saurait se fabriquer uniquement à coup d’insultes, d’invectives, de mises à l’index, et autres effets de manche… même si l’on est parfois tenté de passer par là, énervement faisant, et surtout lorsqu’on relaie des situations sociales qui, elles-mêmes, sont loin d’être drôles ou réjouissantes.

    Sur ce, je vais aller rejoindre ma chère amie Danielle Simonnet.