[jasper]

hello @uriel, tu me rappelles quelqu’un qui était par là il y a quelque temps.

Pour apporter un peu d’eau à ton moulin, il me semble que ce que tu appelles “intuition heuristique” correspond à ce que les neurobiologistes appellent “traitement inconscient de l’information”. C’est un concept qui se situe en dehors de l’instinct (comportements reposant sur une base génétique) et “la raison” qui s’appuie sur la pensée consciente.

Ce fonctionnement inconscient est très performant, puisqu’il est capable d’apprentissage d’une part, qu’il a sans doute un fonctionnement très parallèle (au sens parallélisme des ordinateurs, quoique le cliché qui assimile le cerveau a un ordinateur soit complètement fantaisiste), et fonctionne de façon ultra rapide. Son domaine d’activité va jusqu’à l’interprétation des mots (cf les études sur le traitement sémantique inconscient des mots) et à la compréhension des comportements des autres. Il peut en particulier faire des miracles dans l’activité sociale.

Cette “intelligence inconsciente” est capable des mécanismes qui constituent la clef de l’apprentissage et de l’intelligence : la généralisation et l’abstraction, qui sont, pour simplifier, l’aptitude à utiliser des solutions connues dans des situations nouvelles. Capacité que l’on a d’ailleurs mis en évidence chez certaines espèces animales.

Enfin, elle est normalement sous contrôle du conscient, chez l’homme. Mais on peut apprendre à déconnecter le conscient. Ca a sans doute quelque chose à voir avec ce qu’on appelle la “pleine conscience”, qui serait donc en fait plus tôt la pleine inconscience.

On fait plein de choses avec cette “intelligence inconsciente”, il est possible qu’on fasse un bon 90% de nos décisions avec l’inconscient, le conscient ne servant qu’à moduler cet inconscient, et à fournir à posteriori des explications conscientes à des décisions inconscientes. Donc, en fait, à rationaliser.

Ca ne concerne pas tout à fait les passions qui relèvent plutôt d’autres mécanismes.

En ce qui concerne la transmission de pensée, on peut imaginer qu’une partie de la transmission de pensée vient de la capacité de l’inconscient à comprendre ce que la personne en face pense à partir de milliers de petits signes que le conscient ne détecte pas. Evidemment, ça n’est pas ce qui marcherait si la personne est a 1000 km, mais ça peut très bien fonctionner si les personnes ne sont pas trop loin. Et puis ça fonctionne très bien pour anticiper des réactions des autres, cette anticipation étant possible avant même que l’autre ait lui même conscience de sa décision. (par exemple : anticiper la réaction d’un conducteur, alors qu’on ne voit pas ce conducteur, mais uniquement sa voiture, et alors même que ce conducteur n’a pas encore ‘décidé’ de son comportement, ou, plus exactement, “pris conscience de sa décision” )

Tout ça est encore assez flou et polémique, et repose sur des expériences sérieuses, mais qui sont loin d’êtres validées à la sauce Popper, mais des directions intéressantes semblent émerger de ces expérimentations.

[Membre Inconnu]

Pardon j’aurai du me relire et en effet sous l’effervescence j’ai fais des fautes de frappes je comprends ton point de vue mais je ne voulais pas dire “l’homme est la nature” mais “l’homme et la nature” Je ne relate en aucun cas Dieu , Religion , Et Ésotérisme

[Membre Inconnu]

@RoseDesVents 😉

@Jasper Oh, je peux changer de pseudo, j’ai une personnalité bien identifiable héhé…

Me zo hennezh a blij dezhañ skrivañ ar brezhoneg a-wechoù ^^

Je te remercie pour le feedback ! Je suis souvent taquin avec nos amis biologistes, car il y a pas mal de trucs qui me posent problème dans leur façon de faire de l’épistémologie… Par exemple, ils interprètent souvent les phénomènes en ne se basant que sur la chimie (alors qu’il y a aussi de la physique derrière)… Philosophiquement, c’est ce qu’on appelle du mécanisme (“matérialisme”)…

Puis, quand il s’agit de la théorie de l’évolution, là ils deviennent finalistes avec leur sélection naturelle… Ils insistent quand même sur l’importance du hasard, mais d’un point de vue mathématique, des phénomènes aléatoires peuvent être très bien structurés, et parfaitement déterminés par des lois statistiques… Ce qui nous conduit vers une conception du réel proche de l’idéalisme…

Je ne suis pas un spécialiste, je ne suis donc pas le mieux placé pour l’ouvrir. Mais d’un point de vue purement philosophique, il me semble qu’il y a quand même deux ou trois trucs qui mériteraient réflexion… ^^

—

L’emploi de certains concepts n’est pas toujours aisé…

Par exemple, “sympathie” et “compassion” sont strictement synonymes d’un point de vue étymologique. Le premier utilise des racines grecques sym (avec) pathos (ressentir), le second utilise les racines latines com (avec) passion (ressentir). Et en philosophie, nous avons souvent gardé le sens original, ce qui peut créer des malentendus. Les “passions” en philosophie, c’est ce que nous ressentons avec nos sens… Rien à voir donc avec l’envie de ken ^^

D’un point de vue biologique, ça correspond au fonctionnement de notre système nerveux… C’est donc un concept très large, faut bien l’avouer 🙂 Mais comme il y a eu des glissements de sens dans l’usage populaire, hé bien j’ai vu qu’on avait créé tout un tas de nouveaux concepts, comme l’empathie cognitive (qui est un pléonasme), l’empathie émotionnelle (qui devrait s’appeler normalement “sympathie” ou “compassion”), etc. Entre la biologie et la psychologie, il y a eu des emprunts de concepts, ce qui est normal pour ce qui est des neurosciences, mais je trouve que ça donne des trucs un peu maladroits par moment…

Tout ça pour introduire quelques réserves avec l’emploi de l’adjectif “inconscient”. A la base, l’inconscient est un concept issu de la psychanalyse. Et dans les neurosciences, ils ont développé leur propre concept, mais qui n’a rien à voir avec les théories freudiennes. C’est l’inconscient cognitif…

https://fr.wikipedia.org/wiki/Inconscient_cognitif

Et je te remercie pour ton éclairage sur l’intuition heuristique, car l’analyse que j’en avais faite rejoint effectivement. En gros, c’est comme si tu avais déjà toutes les pièces dans ton esprit, mais pas dans le bon ordre, du coup tu ne vois pas la solution. Et d’un coup, c’est comme si quelqu’un avait reconstitué le puzzle à ta place, tu “vois” la solution… C’est super intéressant ^^

Pour la “pleine conscience”, je ne saurais pas trop te dire. J’assimile la chose à des états hypnotiques ou à l’état de flow en psycho positive… On ne voit pas le temps passer, et le cerveau émet des ondes particulières…

https://fr.wikipedia.org/wiki/Flow_(psychologie)

Je suis d’avis que beaucoup de décisions relèvent de l’inconscient cognitif, surtout lorsqu’elles doivent être effectuées rapidement. Et comme c’est le conscient qui le “programme” en amont, bon… Il ne faudrait pas se dire qu’untel a cogné bidule parce que son inconscient n’a pas pris la bonne décision lol Mais lorsque nous avons plus de temps pour la réflexion, je pense qu’une décision peut être pleinement consciente… Et je pense même que c’est essentiel pour bien éduquer son inconscient… Si l’on passe son temps à écouter son “coeur”, on finit par avoir des comportements qui pourront nous échapper… C’est peut-être too much de prendre comme exemple le cas des pédophiles, il devrait y en avoir des plus subtils, mais vous voyez l’idée…

Pour les transmissions de pensée, ce n’est pas quelque chose que j’aime aborder, car ça a été repris par des charlots… Par déf, c’est une communication d’esprit à esprit, et dans la mesure où la recherche est au point mort pour ce qui est de comprendre ce qu’est la conscience (ou la volonté), il faut rester ouvert, mais prudent. Sauf que si tu te renseignes, sur quoi tu vas tomber ? Des trucs ésotériques ou new-ages, des techniques pour développer ton 6e sens, et j’en passe… Le domaine est tellement pourri par ce genre de littérature que c’est impossible d’être pris au sérieux…

Bonne soirée à toi ! 😉

[byaku]

Je ne pas vraiment entrer dans le débat étant complètement dépassé sur le plan de la psychologie ou de la philosophie au vu de ce qui a déjà été dit. J’apprends pas mal de choses intéressantes en vous relisant.

Petit moment sympas en allant sur le lien du ” flow ” proposé par Uriel, et qui m’a rappelé des cours en STAPS sur ce sujet relativement intéressants !

D’ailleurs petite question vis à vis de cela : Qui ici a déjà eu cette sensation d’être ” dans la zone ” ou ” en état de grâce ” lors d’une activité ? Et si oui laquelle et comment l’avez vous vécu si vous vous en souvenez ?

[Membre Inconnu]

@byaku : Cet “état” s’est révélé à moi lorsque je traversais une profonde dépression (existentielle pour reprendre les termes du psy) et que je me suis réfugiée dans le jardinage et l’observation de l’univers végétal.

A cette période, j’étais épuisée d’être en existence et comme je ne sortais jamais de chez moi, je me suis mise à explorer le moindre recoin de mon petit bout de jardin (dont je laissais l’entretien et la tonte de la pelouse à un prestataire de services).

C’était donc la première que je me suis mise à scruter cet espace, comme s’il se montrait à mon regard pour la première fois et j’y ai passé toute la journée. La nuit tombée, je me suis donc mise à faire des boutures et n’ai pas vu le temps s’écouler.

Le problème c’est que c’est devenu, non seulement obsessionnel et je dirais même que c’était comme une “drogue” dont je ne pouvais me passer. L’horticulture était devenue mon seul besoin et ma seule source de Bien-être ; envoûtement est l’image qui me vient à l’esprit.

Lorsque je jardinais, lorsque je prenais soin de mes plantes, les mains dans leur terre, je perdais toute notion de temps, il n’existait plus d’ailleurs. Je ne le ressentais plus et je ne me ressentais plus non plus. Je ne sais comment l’exprimer. Je ne me souviens même pas c’était moi qui étais totalement absorbée par cet “univers végétal” ou si c’est lui qui m’absorbait toute entière.

Toutes mes pensées, toute ma curiosité, toutes mes lectures, mes recherches sur le pourquoi et le comment était exclusivement hyper centrée sur le végétal.

Et cette merveilleuse expérience (découverte rencontrée) m’a sauvée de moi-même et de mes profondeurs dépressives.

C’est ma plus intense expérience de “flow” comme ils disent, en durée et oubli de tout…

[Membre Inconnu]

@byaku j’ai été voir le lien sur le “flow” et j’ai réfléchi aux moments où j’ai l’impression d’être dans cette “zone” . Je pourrais en citer plusieurs , c’est d’ailleurs ce que moi, j’appele “mes outils pour tranquilliser mon esprit quand il part dans tous les sens” (j’espère avoir bien compris cette notion de “flow”)

j’ai cette sensation d’ “immersion” dans ce que je fais, qu’il n’y a pas de “temps”, qu’il n’existe rien d’autres que ce que je suis en train de faire ..

– le coloriage des mandalas

– faire un puzzle (mais je dis toujours de ne jamais m’offrir un puzzle parce qu’il faut que l’image me “parle” sinon je n’y trouve aucun intérêt)

– la lecture le soir dans mon lit : sans aucun bruit (je ne sais pas lire ailleurs que là sinon je ne parviens pas à cette concentration que j’aime en lisant), mais ça n’arrive pas avec tous les livres, même si j’adore lire , et c’est pourquoi j’ai toujours plusieurs livres commencé en même temps (je vais choisir en fonction de mon envie et de ma fatigue, si je suis trop fatiguée, je ne vais pas choisir le livre dans lequel je vais totalement m’immerger parce que justement la fatigue me fera “perdre” une partie d’immersion. Il m’est arrivé de lire des livres où je “ressentais” physiquement ce qui y était écrit, l’endroit, les sensations, les odeurs, les bruits )

– et je pense aussi à des moments où je jouais à des jeux vidéos en ligne .. j’adorais “farmer”, faire ces activités qui paraissent “répétitives” mais qui m’apaisaient (je pense au jeu dofus et j’ai monter tous les métiers jusqu’au niveau maximum, j’étais bien plus intéressée par “farmer” pour monter mon métier que par les combats, je me sentais bien dans ce moment seule à faire qq chose de répétitif, avec cette musique douce de fond et des graphismes qui me plaisaient ) 🙂

En ce qui concerne le “flow en groupe” , dans mes cours de théatre d’impro j’ai été confrontée à ça ( de nouveau si j’ai bien compris la notion de “flow” ) , il est clair que lorsque l’on fait une impro à 2 ou +, si le “flow” n’est pas là, l’impro est totalement ratée , voire “plate” …mais denouveau, lorsque lors d’une impro, une connexion est présente avec l’autre, tout est “fluide”, un peu comme cette comparaison mise dans le lien “une rivière qui coule” et là, c’est un moment de pur bonheur et de “lâcher prise” 🙂

[Membre Inconnu]

@fefe

Dacccouuurd, c’est plus plausible ^^

C’est ce que je me disais aussi ^^

Pour le passage concernant l’écriture, c’est à Uriel que je m’adressais 😉

Petit PS: je pense que tu t’adresses à nous deux à la fin , d’où le “vous” mais je sais pas ^^

Au cas où, tu peux me tutoyer hehe ^^ je ne suis qu’une mioche de 20 ans ^^

[Membre Inconnu]

Petit partage d’un article que j’avais trouvé intéressant 🙂

https://www.sciencenews.org/article/review-dog-is-love-our-dogs-ourselves

[Membre Inconnu]

En parcourant cette discussion en diagonale, je me pencherai dessus quand j’aurais moins de problèmes avec ces satanes insectes qui sucent le sang ?

Sans être spécialement d’extrême gauche et sensible à la finalité par racine, je pense que la nature de la vie est inscrite à partir du moment où le spermatozoïde feconde l’ovule, la question de l’être étant déjà une des séquences génétiques composant l’ADN…